Extraits de l'Histoire sainte de Dom Monléon

Doumé
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Abraham, après avoir pris congé de Lot, vint s’établir dans la région d’Hébron, au lieu dit : le chêne de Mambré. Et son premier soin fut d’y élever un autel au Seigneur, pour commémorer la bénédiction qu’il venait de recevoir. C’était avec Sichem et Bethel, le troisième de ceux qu’il dressait ainsi, pour poser les fondements de la foi monothéiste dans la terre de Chanaan. (P.46)
En ce temps-là, en effet, il n’existait encore aucun temple, aucune église, aucun oratoire, où l’on pût se recueillir et prier Dieu. Les sacrifices s’offraient sur des pierres, dressées en plein champ, et c’étaient les seuls lieux de culte. Mais Isaac avait appris, à l’école d’Abraham, que le contact intime entre l’âme et son Créateur ne s’établit que dans la solitude. Quoique vivant sous l’ancienne loi, il appartenait déjà par sa haute perfection à la nouvelle : il était de ces adorateurs en esprit et en vérité que cherche le Père. Il s’éloignait donc, quand il le pouvait, de tout le mouvement de sa smalah, du bruit que faisaient les hommes et les bêtes ; il gagnait un endroit écarté, un lieu qui, de préférence, eût été témoin de quelque manifestation divine, et là, seul en face de son Créateur, il méditait… (P.129)
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Alors, dans son désir de donner quelque chose à Dieu et de lui donner ce qu’il avait de meilleur, il prit la précieuse fiole et il en répandit le contenu sur la pierre. Le geste était charmant de générosité et d’ingénuité : mais il avait, en outre, une valeur prophétique, qui allait se transmettre de siècle en siècle sans s’épuiser, puisque, aujourd’hui encore, l’« onction de la pierre » reste l’acte essentiel de la liturgie catholique quand elle consacre des églises ou des autels. Pour laisser un autre signe de la faveur dont il avait été l’objet, Jacob changea le nom de la ville voisine, qui jusqu’alors s’était appelée Luza. De ce jour, elle devint Béthel, l’un des lieux les plus célèbres et les plus saints de l’histoire juive, au point que Dieu se dira parfois « le Dieu de Béthel ». Quant à la fameuse pierre, précieusement conservée, elle fut placée plus tard, dit-on, dans le temple de Jérusalem, où elle servit de support à l’arche d’alliance. (P.167-168)
Aujourd’hui encore l’autel, dans chaque église, a la même signification. Et l’huile que Jacob répandit sur cette pierre était le symbole de la plénitude de grâce, de cette onction spirituelle que Jésus devait recevoir plus abondamment que tous les autres hommes et qui ferait de lui l’Oint par excellence, l’oint, c’est-à-dire le Christ. Le geste de Jacob est à rapprocher de celui de sainte Marie-Madeleine, quand elle versa, elle aussi, le parfum le plus précieux
qu’elle possédât, sur la tête de l’homme dans lequel elle adorait son Dieu. (P.170)
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Jacob avait un fond de douceur que la colère pouvait bien recouvrir un instant, mais non entamer vraiment. Il acquiesça aussitôt et accepta l’alliance que lui proposait son beau-père. Pour en perpétuer le souvenir, les deux hommes érigèrent ensemble, aidés de leurs fils, un tumulus de pierres qui reçut le nom de Galaad, c’est-à-dire : monceau du témoin. Chacun d’eux s’engagea à ne jamais le dépasser pour aller attaquer l’autre : c’était une manière de traité de non agression. Ils scellèrent cette promesse par un serment suivi d’un sacrifice. Puis, ils dînèrent ensemble et passèrent la nuit l’un près de l’autre. Le lendemain, avant le jour, Laban se leva, embrassa ses filles, ses petits-enfants et s’en retourna chez lui. (P.186)
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Les pierres taillées (suite)
On lit dans la Genèse, dit-il, que le Patriarche Jacob voulant monter sur le mont Béthel, pour y élever un autel au Tout-Puissant et lui offrir des sacrifices, recommanda trois choses à tous les gens de sa maison. La première, de rejeter loin d’eux tous les dieux étrangers ; la deuxième de se purifier, et la troisième de changer leurs vêtements. Ces trois dispositions nous indiquent les devoirs de l’âme qui prétend gravir la montagne de perfection et y faire d’elle-même un autel pour offrir à Dieu le triple sacrifice d’une louange respectueuse, d’une profonde adoration et d’un amour très pur. Pour parvenir sûrement à la cime de cette montagne, elle doit avoir accompli préalablement et dans leur entier les trois commandements que nous venons de rapporter : d’abord rejeter tous les dieux étrangers, qui sont les attaches et les affections du cœur ; ensuite, se purifier, par la nuit obscure des sens, du levain que ces affections ont déposé en elle, et, par son repentir, y renoncer complètement ; enfin, changer de vêtements.

C’est après avoir accompli les deux premières conditions que Dieu lui-même
remplacera ses anciens vêtements par de nouveaux. En lui ôtant l’intellect
du vieil homme, il lui donnera, sur la notion de son être, une nouvelle connaissance, puisée en lui-même. La volonté dépouillée de toutes ses anciennes affections et des inclinations naturelles, recevra un amour nouveau, et c’est alors qu’elle saura aimer Dieu en Dieu. Dans cet heureux état,une nouvelle connaissance et des délices incompréhensibles seront communiquées à l’âme. Toutefois ses anciennes conceptions ayant été rejetées,tout ce qui tenait en elle du vieil homme sera détruit. Les aptitudes naturelles seront remplacées par une force surnaturelle, qui revêtira toutes ses facultés, de manière que l’opération de l’âme se transformera et s’élèvera de l’ordre humain à l’ordre divin. Tel est le résultat de cet état d’union dans lequel le cœur devient un autel où Dieu seul habite, et reçoit un sacrifice d’adoration, de louange et d’amour. (P.221)
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Quand le Christ, dont Jacob était le type, eut dressé son propre corps comme un autel – l’autel unique de la liturgie éternelle –, la Loi de Moïse mourut, au moins dans sa partie cérémonielle. Tous ses rites perdirent leur efficacité, leur puissance de vie, et devinrent lettre morte. Elle fut ensevelie à la racine de Béthel, parce que c’est en elle cependant que plongent les racines de la maison de Dieu, elle sert toujours de fondement au vrai Temple, à celui qui est fait de pierres vivantes, de toutes les âmes qui adorent en esprit et en vérité. (P.222)
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Devant le rayonnement du christianisme, les païens, les adorateurs des
idoles, les hommes esclaves de leurs passions, se sont insurgés. C’est eux ici qui sont figurés par les Philistins, les princes d’Édom, les forts de Moab, les habitants de Chanaan. Ils ont craint de perdre leur empire, ils se sont agités, ils ont déclaré la guerre aux chrétiens. Que la terreur et l’appréhension s’abattent sur eux, Seigneur, devant la puissance de ces bras étendus sur la croix ! Qu’ils deviennent immobiles comme la pierre, incapables de se remuer et de nuire, jusqu’à ce que votre peuple ait passé, ce peuple qui est à vous, parce que vous l’avez racheté au prix de votre sang ! Vous l’introduirez dans votre royaume, vous l’enracinerez sur la montagne de votre héritage, cette montagne où abondent tous les biens ; vous l’établirez dans votre demeure très solide, que vous avez bâtie vous-même sur les fondements des douze pierres précieuses, où l’on n’aura plus à craindre ni les guerres, ni les voleurs, ni les tremblements de terre, dans votre Cité sainte, que vos mains ont assurée à jamais contre les portes de l’enfer. C’est le Seigneur Jésus qui régnera éternellement, et encore au-delà, s’il se pouvait. Le Pharaon a voulu l’attaquer ; il est entré à cheval dans la mer avec ses chars et ses cavaliers, mais Dieu a ramené sur lui les eaux de la mer. (P.101-441)
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Celui-là, qu’il soit bête, c’est-à-dire : qu’il ait une âme de quadrupède, uniquement tournée vers les choses terrestres ; ou qu’il soit homme, c’est-à-dire : qu’il prétende tout juger d’après la seule lumière de sa raison, il mourra. Il faudra l’écraser avec des pierres, c’est-à-dire anéantir ses allégations sous des textes d’Écriture, des décisions de conciles, et autres témoignages aussi durs, aussi indéformables que des pierres ; ou le percer avec des traits, c’est-à-dire chercher à toucher son cœur avec les paroles enflammées des Docteurs et des Saints. Les purifications imposées aux juifs pour être dignes de recevoir la visite de Dieu, montrent avec quel soin nous devons nous préparer à la réception des dons du Saint-Esprit. S’il leur est prescrit de ne pas s’approcher de leurs épouses, c’est pour nous faire comprendre que la vraie pureté intérieure demande que l’on s’abstienne non seulement de ce qui est défendu, mais aussi quelquefois de ce qui est permis. (134-474)
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Lorsque Moïse se fut avancé seul vers la nuée, Dieu lui donna d’abord quelques explications complémentaires au sujet du culte à lui rendre : « Vous ne fabriquerez, dit-il, des dieux ni d’or ni d’argent, mais vous me ferez un autel de terre, sur lequel vous m’offrirez vos holocaustes et vos hosties pacifiques, vos brebis et vos bœufs, en tous les lieux ou la mémoire de mon nom sera établie. Si cependant, faute de terre, vous le faites avec des pierres, que ce ne soit pas du moins avec des pierres taillées. Si en effet vous y employez le ciseau, il sera souillé à mes yeux, car je ne veux rien qui ressemble aux autels décorés et ciselés que les païens fabriquent pour leurs dieux à eux. Enfin, vous n’y monterez point des degrés, de crainte de révéler votre ignominie. (140)
Le Patriarche cependant consigna ce code par écrit, afin de le conserver dans sa teneur exacte. Puis, prenant douze pierres brutes, qu’il marqua chacune au nom de l’une des tribus d’Israél, il en fit dresser, au pied de la montagne, un autel rustique, sur lequel il immola douze veaux, avec l’aide de douze jeunes hommes, et aussi quelques boucs, si nous en croyons saint Paul. Ensuite il répandit la moitié du sang des victimes sur l’autel lui-même ; l’autre moitié, il la mit en réserve dans des coupes. Après quoi, il lut au peuple le texte qu’il avait écrit. (P.141-481)
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Moïse commença par édifier un autel au pied de la montagne avec douze
pierres non dégrossies. L’ordre de Dieu était formel sur ce point, nous l’avons
vu au début du chapitre : les pierres devaient être brutes. Si on avait eu le malheur d’employer le ciseau pour les polir, l’autel aurait été souillé. – Que signifie cette défense ? et comment la concilier avec les textes liturgiques qui proclament aujourd’hui que la Cité de Dieu ne se bâtit qu’avec des pierres taillées ?

Tunsionibus, pressuris
Expoliti lapides
Suis coaptantur locis
Per manus artificis.


Disons tout de suite que le symbolisme des deux cérémonies n’est pas le même. La Cité de Dieu dont il est question dans la seconde, est l’Église triomphante : les pierres vivantes qui entrent dans sa composition représentent les âmes des fidèles. Pour pouvoir s’adapter exactement les unes aux autres dans l’union de la charité parfaite, il faut qu’acceptant de la main de Dieu épreuves et croix, elles perdent peu à peu les rugosités de la nature, les saillies de leurs humeurs, les aspérités de leur volonté propre, pour prendre la forme de la Pierre par excellence, de la pierre qui leur sert de modèle, c’est-à-dire la douceur de l’humilité du Christ. L’autel de Moïse au contraire, sur lequel va se conclure l’alliance de Dieu avec son peuple, représente la vertu de foi : car c’est celle-ci qui est le fondement de la vie spirituelle, c’est en elle que se signe l’union de Dieu avec l’âme humaine : Sponsabo te mihi in fide. (P.143)
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Message par Doumé »

Malgré ce refus et la peine qu’il en avait ressentie, Moïse ne voulait rien
négliger pour assurer dans les meilleures conditions, l’installation des Hébreux, sur cette terre qu’il ne lui était pas permis de fouler. La plupart de ses auditeurs n’avaient pas assisté aux scènes grandioses du Sinaï : ils n’avaient pas entendu la promulgation de la Loi. C’est pourquoi il allait maintenant la reprendre et la commenter point par point.

Il rappela d’abord la crainte que devait inspirer la justice de Dieu, mais aussi l’amour, la confiance, la fidélité dus à sa Bonté. Il insista sur les dangers de l’idolâtrie, sur la nécessité d’en faire disparaître les moindres germes, d’exterminer sans fausse pitié les Chananéens, qui ne manqueraient pas sans cela de leur inoculer le venin de l’idolâtrie. Il ordonna de n’avoir qu’un sanctuaire, au lieu d’ériger partout des lieux de culte, comme les païens. Celui-ci serait placé dans une ville, que Dieu désignerait lui-même, et qui deviendrait, de ce chef, la Ville sainte. On y bâtirait un seul Temple, dans lequel serait élevé un seul autel, fait de pierres non taillées, mais choisies avec tant de soin que, lorsqu’elles seraient jointes ensemble, elles ne laisseraient pas d’être agréables à la vue. Il ne faudrait point monter à ce temple, ni à cet autel par des degrés, mais par une petite terrasse en pente douce ; et il ne devrait y avoir en nulle autre ville ni temple ni autel, parce qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’une seule nation des Hébreux. (P.292-633)
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