t.Joseph.M a écrit : ↑mar. 28 nov. 2023 15:55
Les sujets tabous négligés volontairement par les ecclésiastiques
Bonjour Monsieur l'Abbé,
- Je vous écris pour vous demander quelle est la parole de Dieu, la croyance de l'Eglise concernant la forme de la terre ?
(....)
- Pourquoi les prêtres se taisent sur ces sujets basiques ?
Qu’en a pensé un de nos plus grands Pères de l’Eglise du IVe S. ?
« Il est aussi commun de se demander ce qui doit être cru selon nos Ecritures quant à la forme et la configuration du ciel.
Nombreux, en effet, sont ceux qui disputent beaucoup de ces points,
que nos auteurs avec une plus grande prudence ont omis,
comme inutiles à étudier dans l’optique de la béatitude éternelle future ;
et, ce qui est pire, comme réclamant d’eux un temps précieux
qui serait beaucoup mieux employé à des recherches plus salutaires.
En effet, que m’importe, à moi, que le ciel, comme une sphère, renferme la terre placée en équilibre au milieu de l’univers ou qu’il ne la recouvre que d’un côté, comme un disque ? »
(Saint Augustin, de Genesi ad litteram, L. 2, ch. 9)
Et que souligne-t-il du danger de faire de fausses interprétations des Saintes Ecritures en ces matières ?
« Toutefois, comme il s’agit de la confiance que méritent nos Ecritures,
pour la raison que j’ai déjà dite bien des fois,
à savoir que quelqu’un ne comprenant pas l’éloquence divine,
quand il trouve en nos Livres ou en entend citer quelque chose s’y rapportant qui lui parait s’opposer à ce qu’il a perçu rationnellement,
ne veuille plus nullement croire, pour le reste, à leurs utiles recommandations, à leurs récits et à leurs discours,
je rappellerai brièvement, au sujet de la figure du ciel, que nos auteurs sacrés avaient sur ce point des notions conformes à la vérité,
mais que l’Esprit de Dieu qui parlait par eux n’a pas voulu apprendre aux hommes des choses qui ne devaient être d’aucune utilité pour le salut.» (Ibid.)
La façon littéraliste, à la mode rabbinique et protestante,
de déformer la juste compréhension de la Sainte Ecriture,
en prenant tout au pied de la lettre sans savoir distinguer ce qui relève d’une manière divine de se mettre à notre faible portée pour donner à entendre des réalités nous dépassant grandement,
est donc montrée ici néfaste et propre à nuire non seulement à celui qui la déforme ainsi,
mais encore et plus gravement à l’autorité des Saintes Ecritures
auprès de ceux qui, pensant en raison de cette présentation déformée,
qu’Elles semblent dire le contraire d’une vérité justement démontrée par la raison ou la science,
seraient portés à la mépriser et s’en détourner complètement comme si Elles étaient une mauvaise oeuvre humaine.
Quelle sage déduction et leçon en tire notre si prudent Docteur,
en tenant de surcroît les deux bouts de la chaîne ?
« 7. .. Si enim ratio contra Divinarum Scripturarum auctoritatem redditur, quamlibet acuta sit, fallit veri similitudine ; nam vera esse non potest. Rursus si manifestissimae certaeque rationi velut Scripturarum Sanctarum objicitur auctoritas ; non intelligit qui hoc facit, et non Scripturarum illarum sensum, ad quem penetrare non potuit, sed suum potius objicit veritati, nec quod in eis, sed quod in seipso velut pro eis invenit, opponit.»
« 7. .. En effet, si on oppose à l’autorité des Divines Ecritures une raison, aussi pénétrante soit-elle, elle défaille par une apparence de vrai ; car elle ne saurait être vraie.
Par contre, si on oppose à une raison très manifeste et certaine l’autorité des Saintes Ecritures ;
celui qui le fait ne comprend pas,
et ce n’est pas le sens de ces Ecritures, qu’il n’a pu pénétrer,
mais son sens propre qu’il oppose à la vérité,
et ce n’est pas ce qui se trouve en Elles qu’il met en contradiction,
mais ce qui est en lui-même qu’il a estimé trouver en Elles.»
(Saint Augustin, Ep. 143 ad Marcellinum)