Homélie pour le troisième dimanche de l'Avent.

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Laetitia
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Re: Homélie pour le troisième dimanche de l'Avent.

Message par Laetitia »

Tout ce que vient de nous dire l'historien sacré se passa en un lieu appelé Béthanie ou Béthabara, situé au delà du Jourdain où Jean baptisait. (28. ) Ces paroles, qui paraissent purement historiques, ne sont pas pourtant sans utilité pour nous. Elles servent d'abord à appuyer davantage ce que l'Évangéliste raconte. Il ne rappelait pas des choses anciennes, passées depuis longtemps ; mais un événement récent, qui avait eu lieu en présence de nombreux témoins qui, ayant tout vu et tout entendu, pouvaient le nier s'il était faux, ou le confirmer s'il était vrai. Aussi ne craint-il pas de nommer ces lieux qui fournissaient ainsi une démonstration sûre de ce fait. Ensuite elles nous marquent la sainte hardiesse avec laquelle Jean-Baptiste rend témoignage à Jésus-Christ. Ce n'est point dans l'intérieur d'une maison, ni au coin d'une rue, ni dans un désert, mais sur les bords du Jourdain, au milieu de la multitude du peuple, et en présence de tous ceux qu'il baptisait, qu'il rend son témoignage (S. J. Chrys. ), et publie sa propre bassesse.

Enfin Béthanie signifie maison d'obéissance, de préparation et d'instruction, ce qui nous apprend que c'est par l'obéissance de la foi que l'on parvient à la grâce du baptême (Alc. ), et que le baptême de Jean préparait à Jésus-Christ un peuple saint, parfait et instruit.

Si nous voulons être un jour glorifiés dans le ciel, nous savons la leçon de Jésus-Christ qu'il faut pratiquer, en devenant humbles et petits comme lui, tandis que nous sommes en ce monde. Il est donc de notre devoir de considérer que les plus grands saints, pour se conserver humbles au milieu de leurs profondes connaissances, se sont mis devant les yeux leur propre ignorance, afin que cette considération les empêchât de se laisser aller à l'orgueil, à la vue de leur propre perfection ou de leurs talents. Car, il faut ne jamais s'oublier : Si la science est une vertu, l'humilité à son tour est la gardienne de la vertu et de la science : Scientia etenim virtus est, humilitas etiam custos virtutis. (S. Grég. ) Humilions-nous donc malgré toute notre science et nos connaissances, dans la crainte que le vent de l'orgueil ne vienne dissiper et nous enlever tous les trésors que nous nous étions acquis.

(à suivre)
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Laetitia
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Re: Homélie pour le troisième dimanche de l'Avent.

Message par Laetitia »

Allons même plus loin ; s'il nous arrive de faire quelque bien, de pratiquer quelques vertus, rappelons alors à notre mémoire le mal que nous avons fait, les vices auxquels nous nous sommes abandonnés dans un autre temps. Ce souvenir, nous tenant dans l'humilité et la confusion, nous préservera de la joie déplacée que nous causerait la vue de nos bonnes œuvres. Regardons tous nos frères comme plus grands que nous, comme plus avancés dans les voies de la perfection. Et, si parfois le mal qu'ils font nous frappe, songeons qu'il y a en eux de bien plus grandes vertus que nous ne connaissons pas, et qui échappent à nos regards. Cherchons à être grands, à la bonne heure, mais cependant ignorons-nous nous-mêmes, de peur que cette grandeur que nous nous attribuerions avec arrogance, ne nous fasse perdre tout le bien qui est en nous ; c'est la leçon que saint Paul nous donne après Isaïe : Ne soyez point sages à vos propres yeux. (Isa., V, 21 ; Rom., XII, 16. ) Et l'histoire sainte confirme ces maximes. Lorsque Saül est petit à ses propres yeux, Dieu le met à la tête de son peuple : quand il s'estime et se croit grand, Dieu le rejette et lui enlève la couronne pour la donner à David, l'homme selon son cœur. Ce même David, le plus grand roi d'Israël, lui qui avait fait tant d'actions d'éclat, déclare à la femme Michol qu'il paraîtra vil encore plus qu'il n'a paru, qu'il sera méprisable à ses propres yeux et devant tout le peuple et qu'il s'en fera gloire : Gloriosior apparebo. (II Reg., vi, 22. )

Si donc les saints, ces hommes qui ont fait tant de choses pour la gloire de Dieu et le salut de leurs frères, ont eu de si bas sentiments d'eux-mêmes, ont été si humbles, que diront pour s'excuser ceux, qui, comme nous, s'enorgueillissent sans avoir jamais fait une action de vertu peut-être ? Bien plus, eussions-nous fait les œuvres les plus excellentes, elles deviennent nulles et n'ont aucun prix, aucune valeur, si elles ne sont pas accompagnées, assaisonnées d'humilité. Sed etsi quælibet bona adsint opera, nulla sunt nisi humilitate condiantur. (S. Grég. ) Une belle action avec l'orgueil ne nous élève point, elle nous abaisse et nous souille. Celui qui pratique la vertu sans l'humilité, ressemble à un homme qui porterait des cendres dans un vase par un vent violent. Il croit porter quelque chose, et il n'en est rien : le vent dissipe et emporte les cendres, les jette dans les yeux et aveugle. Donc, encore une fois, dans tout ce que nous penserons, dirons ou ferons, donnons-lui l'humilité pour fondement. Regardons ceux qui sont au-dessus de nous et non ceux que nous nous croyons inférieurs, afin que, nous proposant des exemples de plus en plus parfaits, nous nous élevions ainsi, par l'humilité aux plus grandes vertus et au ciel. C'est la grâce que je vous souhaite, et je vous bénis. Amen.
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