TROISIÈME SERMON POUR LA FÊTE DE LA CIRCONCISION.
Circumcidet Dominus cor tuum et cor seminis tui, ut diligas Dominum Deum tuum in toto corde tuo, et in tota anima tua, ut possis vivere.
Le Seigneur circoncira votre cœur et le cœur de vos enfants, afin que vous aimiez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur et de toute votre âme, et que vous puissiez vivre. Deut. XXX, 6.
Ces paroles, mes très-chers frères, contiennent en abrégé toute l'économie du christianisme. Dans notre divine religion, comme dans toutes les institutions où le dogme s'unit à la morale, il y a deux choses à considérer : la fin que l'on se propose, et les moyens qui nous la peuvent faire atteindre. La fin de la vie chrétienne, c'est la charité ; le grand moyen pour l'acquérir consiste dans l'éloignement de tous les obstacles qui nous éloignent d'elle. Or il n'y en a point de plus grand, que l'amour exagéré de soi-même, et ce qui en est inséparable, le débordement de toutes les passions.
Telle est en deux mots la philosophie chrétienne, et Moïse en a résumé les principaux traits dans ces paroles que vous venez d'entendre : « Le Seigneur circoncira votre cœur et le cœur de vos enfants, afin que vous aimiez le Seigneur votre Dieu. » Circumcidet Dominus cor tuum et cor seminis tui, ut diligas Dominum Deum tuum. En effet, il établit d'abord la nécessité de renoncer à toutes les passions, parce qu'elles sont contraires à la charité ; puis il nous montre la charité comme le but naturel que doit atteindre la circoncision spirituelle de nos cœurs. La suite de ce discours vous fera mieux comprendre cette double vérité. Mais, afin de traiter convenablement ce sujet, implorons avec humilité le secours du Ciel par l'intercession de Marie. Ave Maria.
Je n'ai pas d'autre but dans cette instruction, que de vous expliquer la loi de la circoncision donnée par le Seigneur à nos pères.
Pour mettre de l'ordre dans la suite de mes réflexions, je parlerai en premier lieu de la circoncision de Notre-Seigneur, et du nom auguste qu'il reçut en ce jour; en second lieu, je vous entretiendrai de notre propre circoncision spirituelle, que nous devons tous pratiquer dans nos âmes, quoique l'ancienne prescription ait été abrogée.
(à suivre)