SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
II. 1. La première est rapportée en Matth. 16:13-19 (cf. Marc 8:27-28, Luc 9:18-20). C'était pendant la dernière phase du ministère de Notre Seigneur, plus particulièrement occupée par la formation de ses Apôtres. Ils avaient bien compris qu'il était le Messie ; mais leur entendement était encore encombré d'idées mondaines sur le royaume qu'il était venu fonder. Il insista donc sur la correction de ces erreurs, pour les préparer à sa Passion et à sa mort. Profitant de l'absence des multitudes environnantes, il leur demanda :
Matth. 16:13-19 a écrit : Que disent les hommes touchant le Fils de l’homme ? 14 Ils Lui répondirent : Les uns, qu’Il est Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; les autres, Jérémie, ou quelqu’un des prophètes. 15vJésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que Je suis ? 16 Simon Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant [cf. Jean 6:67-71]. 17 Jésus lui répondit : Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais Mon Père qui est dans les Cieux. 18 Et Moi, Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre Je bâtirai Mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. 19 Et Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les Cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les Cieux.
Résumé de théologie dogmatique, Livre VII : L'Église et les Sacrements
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SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
II. 1. (a) À cette occasion, Notre Seigneur s'adresse à S. Pierre en utilisant son nom propre, "Simon, fils de Jonas" ; il en avait fait de même quand il lui a confié le soin des brebis de son troupeau (Jean 21:15-17). Il le fait pour faire ressortir plus clairement la grande dignité à laquelle l'Apôtre allait être élevé, connotée par son surnom. "Mon Père t'a fait connaître ma divinité, et moi, je te fais connaître ta primauté (excellentiam)" (S. Léon, Serm. iv. 2).
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SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
Il y eut une époque où les Protestants attachaient une grande importance à la différence de genre entre Πέτρος et πέτρα (cette différence est soulignée aujourd'hui encore dans la Revised version de la Bible) ; cependant Notre Seigneur parlait en araméen, et en cette langue le même mot kephas est utilisé dans les deux cas.
Catholic Dictionary d'Addis et Arnold, à l'article 'POPE' a écrit : L'argument que Πέτρος ne veut pas dire "roc" mais seulement "pierre", et que pour "roc" il faudrait dire πέτρα, est souvent avancé. Cependant, une philologie sérieuse ne peut approuver ni cet argument ni les conséquences qu'on en tire. Cela est franchement reconnu par Meyer, l'un des spécialistes les plus éminents de l'ancien Testament ... Il donne une liste de citations démontrant que les textes classiques disent souvent Πέτρος pour "roc" : Platon, Ax., p. 371 ; Soph., Phil., 272; O. C., 19, 1591; Pind., Nem., iv. 46 ; x. 126. M. Meyer nous explique que "le Christ appelle Pierre un rocher en raison de sa foi forte en lui", et que "la ruse souvent utilisée dans les controverses avec Rome, de dire que le « roc » désigne non pas Pierre lui-même, mais sa foi et sa confession, n'est pas juste, puisque l'expression démonstrative « sur ce roc » ne peut s'appliquer qu'à l'Apôtre lui-même." Ajoutons que kephas (כֵיפָא) est un mot couramment employé dans les Targums chaldéens avec le sens de "rocher". La forme syriaque apparaît très-fréquemment dans la Peshitta, où elle signifie (1) roc, (2) pierre, (3) Pierre. Ainsi, dans le texte qui nous concerne, les termes grecs Πέτρος et πέτρα sont rendus par un seul et même mot : "Tu es Képhas, et sur cette Képhas je bâtirai mon Église".
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SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
La métaphore utilisée ici est transparente. Le Christ, le grand bâtisseur, est en train de fonder son Église, maison de Dieu ("Vous êtes l'édifice de Dieu", 1 Cor. 3:9), et pour qu'elle résiste aux tempêtes qui vont l'assaillir, il décide de la fonder sur un roc, comme l'homme sage de la parabole (Matth. 7:24). Ce rocher, cette pierre est Simon, qui portera dès lors ce nom, parce que l'Église est bâtie sur lui : "Tu es pierre, et c'est sur cette pierre (autrement dit, sur toi) que je bâtirai mon Église". C'est Pierre et non les autres Apôtres qui est cette pierre : "Je te dis que tu es Pierre".
Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre VII : L'Église et les Sacrements
SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
Or, la fondation d'un bâtiment est ce qui lui donne force et stabilité ; ce qui tient les diverses parties ensemble ; ce sans quoi toute partie s'effondre. C'est donc de Pierre que l'Église tient sa force et sa stabilité ; c'est lui qui unit tous les membres ensemble ; et ceux qui ne s'attachent pas à lui périront. Ce n'est pas la confession, mais l'autorité de Pierre qui est le roc qui fonde l'Église, parce que c'est l'autorité qui maintient unie une société ou un édifice social.
Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre VII : L'Église et les Sacrements
SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit : II. 1. (b) Comme l'Église est très-solidement fondée sur le roc de Simon-Pierre, "les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle (πύλαι ᾅδου οὐ κατισχύσουσιν αὐτης)". Que l'on entende ce mot d'enfer (Αἵδης, שְׁאוֹל) comme lieu d'habitation des démons ou des damnés, ou simplement le domaine de la mort, cela ne change pas grand-chose au sens du passage (cf. §203). Les forces des ténèbres ou de la mort ne parviendront pas à détruire l'Église fondée sur le roc. L'enfer essaiera de son mieux, la mort, qui a conquis tout le reste, aura beau faire ; l'Église du Christ tiendra contre toutes leurs attaques et durera à jamais.
Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre VII : L'Église et les Sacrements
SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
II. 1. (c) Simon n'est pas seulement la fondation de l'Église ; il a aussi juridiction et souveraineté sur elle : "Je te donnerai les clefs du royaume des cieux". Nous avons déjà vu ci-dessus au §233, I que le "royaume des cieux" désigne l'Église, qui est le royaume spirituel et céleste du Christ sur la terre. "Les clés" sont une métaphore orientale courante pour la souveraineté : les portes symbolisent le pouvoir, et les clés d'une porte symbolisent la possession de ce pouvoir :
(description du remplacement de Sobna par Eliacim à la direction du temple).Isa. 22:22 a écrit : Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David ; il ouvrira, et personne ne fermera, et il fermera, et personne n’ouvrira.
Apoc. 1:17-18 a écrit : Je suis le premier et le dernier (...) je suis vivant pour les siècles des siècles, et j’ai les clefs de la mort et de l’enfer.Ainsi, quand le Christ donne les clés à Pierre, il fait de lui son vicaire et son représentant, lui déléguant son pouvoir propre.Apoc. 3:7 a écrit : Le Saint et le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre et personne ne ferme(ra), qui ferme et personne n’ouvrira (n’ouvre).
Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre VII : L'Église et les Sacrements
SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
II. 1. (d) Les mots, "ce que vous lierez", etc. se réfèrent à la juridiction. En langage rabbinique, lier et délier veut dire interdire et permettre, c'est une allusion aux diverses questions que l'on soumettait pour résolution aux rabbis. Il s'agit donc encore une fois du pouvoir des clés, mais avec cette fois une insistance spéciale sur l'autorité d'enseignement ; et le Christ promet que cette autorité sera ratifiée au Ciel — ce qui est une preuve manifeste de son infaillibilité.
Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre VII : L'Église et les Sacrements
SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
II. 2. Parmi tous les avertissements donnés aux Apôtres lors de la Cène, il y en a un adressé spécialement à Pierre mais qui concerne également les autres :
Luc 22:31-32 a écrit : Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés, pour vous [ὑμᾶς, pluriel = vous les Apôtres] cribler comme le froment ; 32 mais j’ai prié pour toi [σοῦ, singulier = toi, Pierre], afin que ta foi ne défaille pas ; et toi, lorsque tu seras converti, affermis tes frères.S. Léon, [i]Serm.[/i] iv., [i]in Natal. Ordin.[/i], c. 3 a écrit : Le danger et l'épreuve de la peur concernait tous les Apôtres sans distinction, qui avaient tous également besoin de protection divine ... Et pourtant Notre Seigneur s'occupe plus particulièrement de Pierre, il prie spécialement pour la foi de Pierre, comme si le reste des Apôtres n'avait rien à craindre du moment que la foi de leur chef n'était pas altérée. Ainsi, protéger Pierre c'est les protéger tous, et l'aide de la grâce divine est disposée de telle sorte que la fermeté conférée à Pierre par le Christ est conférée par Pierre aux Apôtres (Ut firmitas quae per Christum Petro tribuitur, per Petrum apostolis conferatur)
Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre VII : L'Église et les Sacrements
SWS, Livre VII, I, C3, §236 a écrit :
Notre Seigneur informe donc S. Pierre que Satan a demandé et obtenu (ἐξῃτήσατο) la permission d'éprouver les Apôtres, comme il l'avait fait pour le patriarche Job. Et comme anciennement, Dieu glorifiera et purifiera ceux que Satan voulait humilier et détruire. Pour contrecarrer les machinations du Malin, le Christ prie non pas pour tous, mais pour Pierre, l'homme-roc, qui va ensuite affermir ses frères : "et toi, lorsque tu seras converti (ἐπιστρέψας, quand tu seras revenu à Moi de ton péché) , affermis (à ton tour) tes frères".
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