Suis moi

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gabrielle
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Suis moi

Message par gabrielle »

SUIS-MOI

— Enfin, je vous ai trouvé ! Depuis des mois que je parcours la région espérant trouver votre retraite.

— Qui es-tu mon fils ? D'où viens-tu ?

— Je suis un pauvre pécheur. J'ai passé plusieurs années de ma vie à offenser Dieu, sa miséricorde a eu pitié de moi, et sa tendresse infinie m'a relevé de la fange où, par lâcheté, je croupissais depuis des années. Je viens de la ville tumultueuse et froide; vous savez, en ces temps d'apostasie, les villes sont devenues comme de vastes champs de bataille, partout il n'y a que ruine et désolation spirituelles.

— Que me veux-tu ? Quel bien puis-je t'apporter, moi qui ne suis qu'un pauvre et inutile serviteur de Dieu ?

— Je voudrais comprendre. Je cherche un sens à ma vie; certes, j'ai, par la grâce de Dieu, conservé la foi sans tache, mais je pense que Dieu attend autre chose de moi. Tout s'embrouille dans ma tête; parfois, je ne sais plus très bien ce que je dois faire; au fond de moi retentit un appel pressant; j'ai l'impression que Dieu me redit à moi tout comme au jeune homme riche : « suis-moi ». Je veux bien le suivre, mais comment ? J'ai des obligations et je ne peux tout quitter pour aller vivre en solitaire. Comment concilier les deux ?

— C'est quand nous perdons toutes illusions sur nous même, que nous commençons à vivre dans l'humilité, et à nous établir dans la vérité. L'humilité, c'est le rien, ne rien désirer, ne rien s'attribuer et tout retourner à Dieu. Rien ne se passe dans notre vie, sans que Dieu ne l'ait ordonné pour notre salut. Il sait tirer le bien du mal, il fait tout tourner pour sa gloire.

— C'est là tout le problème ! Pour moi, ce sont de grandes et belles phrases, des sortes d'idéaux, mais, dans la vie, dans le concret de mes jours, comment vivre cela ?

— Comment exprimer avec des mots ce qui n'appartient qu'à l'esprit ? Cela est très complexe. Je pense que des paroles ne rendront pas bien : essayons quand même, avec l'aide de Dieu. Le temps se couvre : viens, entrons, la pluie ne devrait pas tarder.

— Mais non ! La météo annonce seulement des passages nuageux, il ne pleuvra pas.

— Vois-tu l'humilité, c'est un peu le contraire de ton réflexe; car, qui connaît bien le fond de l'homme et son ignorance terrible sur les plus petites choses, ne s'appuie jamais sur lui-même ou sur un autre homme . Seul le Seigneur est digne de foi; seul il peut nous montrer la vérité.

Dieu parle sans bruit de parole, il éclaire les ténèbres de l'âme en donnant à l'intelligence une lumière, qui lui fait pénétrer en profondeur la vérité de toutes choses. Il établit ainsi l'âme dans le vrai.

— N'y a-t-il pas un danger d'orgueil ? Vous savez, je suis toujours porté à essayer de m'attribuer les bons coups.

— Si tu réponds à l'appel divin, pour que ton âme ne tombe pas dans le piège de l'orgueil, Dieu te fera sentir ton impuissance, ta misère, ton infirmité, ta grande pauvreté. Cela deviendra comme un état habituel, un poids que tu ressentiras, tout le jour, afin que tu ne t'écartes jamais de ton néant. Quelle grande grâce que Dieu t'offre ! Sans le secours de Dieu, qui fait tout en elle, ton âme est incapable de penser ou d'agir, de faire quoique ce soit de bien. Dans cet état, tu comprendras que tu ne possèdes en propre que le mal, et que tout le reste fait partie du don de Dieu.

Grâce à cet état de misère et d'impuissance que tu éprouveras, tu ne n'attribueras aucun bien; tu le retourneras immédiatement à Dieu. C'est alors que, t'humiliant, te réjouissant de tes infirmités, tu auras de plus en plus conscience de ta faiblesse. Tu seras fort en ton Dieu qui te fortifie ; tu seras revêtu de la force même de Dieu.

— Mais quel acte d'humilité dois-je faire pour me sentir comme cela ?

— Cet état, est une lumière surnaturelle donnée par Dieu, qui éclaire l'âme sur sa misère, son infirmité, son impuissance et son néant, ce qui fait qu'elle recourt sans cesse à lui, dans tout ce qu'elle entreprend. Elle n'est capable de rien de bien, si Dieu ne vient à son secours.

— Ce que vous dites-là doit entraîner des souffrances. Vous savez, moi puis la souffrance ça fait deux. Pour tout dire, je cours pas après, et si je peux l'éviter, eh bien ! je fais le détour.

— Ton esprit est encore rempli de bien grandes ténèbres.
Tout ce que Dieu te présentera : souffrance, mépris, peine, tristesse, angoisse, sécheresse, tribulation, tu seras indigne que Dieu, dans sa grande bonté, daigne te les offrir et te les présenter avec une douceur inouïe. Ce calice amer, auquel il a daigné s'abreuver, pour gagner ton amour, il te le fera partager; ainsi, tu auras une partie de sa souffrance, qu'il a soufferte pour toi; il te rendra, de cette manière, participant de l'œuvre rédemptrice. Tu devras rendre grâce à Dieu, dans toutes tes tribulations, te souvenant sans cesse que tu as péché contre ton Créateur; tu ne mérites pas qu'il se souvienne toi. Connais-tu le Te Deum ?

— Oui, j'ai lu quelque part que c'était le dialogue entre Saint Ambroise et Saint Augustin, lors du baptême de ce dernier.

— Tu m'impressionnes par ton savoir. Mais le récites-tu quelquefois ?

— Bof ! Dans les grandes fêtes avec mes frères.

— Laisse-moi te donner un conseil, à chaque souffrance que Dieu t'enverra, récite-le; quand ton âme se sentira oppressée par la douleur, récite-le; ainsi, Dieu voyant que tu le remercies de ces épreuves, t’en enverra d'autres. C'est comme une ruse pour incliner le cœur de Dieu à nous donner ce qui est le plus précieux sur cette terre : la souffrance, car c'est elle qui nous rend semblable à ce bon Jésus .

— C'est toute une commande ! Mais, en plus, que dois-je faire pour obtenir cette grâce d'union à Dieu ?

— Tu dois correspondre à la grâce de Dieu; tu dois désirer faire le bien que Dieu te propose, repousser le mal, que le démon te suggère; tu dois vouloir de toutes tes forces tout ce que Dieu fait en toi, et ne pas entraver son action. Tu ne dois rien désirer d'autre que ce que Dieu veut : désir manifesté par le moment présent. Tu dois t'appliquer à diriger toutes tes facultés vers Dieu, bannir de ton cœur l'amour des créatures. Ne te rechercher en rien : en un mot, laisser vivre et agir le Christ en toi : mourir afin qu'il grandisse.

— C'est aussi bien de me dire que je dois faire le mort !

— Tu apprends vite, mon fils. Être comme un cadavre qui ne peut rien faire, rien vouloir, rien désirer, et dont tous les sens sont impuissants à voir, à entendre, à sentir, et à goûter. Si je peux m'exprimer ainsi, je dirais que c'est comme une sorte de mort à la vie naturelle, pour ne vivre, que de la vie divine. Laissez l'Être être, et ne pas être ce que tu n’es pas.

Appuyée sur les ailes de l'amour divin et de la foi pure, ton âme devra persévérer au prix de beaucoup de souffrances, de larmes, d'abnégation. Renoncer à tout ce qui n'est pas Dieu, afin d'établir dans la vérité toute sa vie. Elle devra se soumettre à sa sainte volonté, avoir une entière confiance en lui, vivre une vie d'abandon, en se plaçant uniquement entre ses mains pour en arriver à laisser à Dieu toute la place qui lui revient. Puisqu'il est l'Être, et que tout le reste n'est que néant. Elle devra cesser de vivre ici-bas, si elle aspire un jour à vivre éternellement.

— Y-as-tu des trêves dans cette guerre impitoyable contre moi-même que vous me proposez ? Qu'en est-il de mes passe-temps, de mes repos ? Il est vrai que je porte un intérêt pour ce qui se passe dans le monde… on ne sait jamais, un jour y aura peut-être une nouvelle, qui indiquera le retour prochain du Seigneur. Prenez quand les tours ont été percutées à New York, ç’aurait pu être le début d'une grande guerre, qui aurait été elle-même le prélude de la fin…

— Pourquoi cherches-tu une grande guerre, alors que le monde est devenu un véritable camp d'extermination spirituelle ? Ne cherche pas une guerre entre hommes; la guerre, c'est Satan qui la livre présentement, et nul esprit humain ne saurait dénombrer les victimes de cet holocauste. Que t'importe le reste, ce n'est que des bruissements légers que les hommes font entendre à d'autres hommes.

— Je sais bien, mais ce n'est rien de mal ce que je fais.

— Il n'est jamais bien de remplir son esprit des bruits de ce monde, cela dissipe l'âme et la trouble. Elle se met à conjecturer le dénouement possible, et, pendant ce temps, elle perd de vue sa fin qui est d'aimer Dieu. Ces connaissances ne rapprocheront pas ton âme de Dieu; elles ne sont, en fait, qu'une science vaine et trompeuse.

— Oui, mais si je coupe avec tout cela, quelle distraction, quel repos aurais-je ? Ne dit-on pas qu'il est bon d'avoir un délassement pour ensuite mieux prier ?

— La télévision, les journaux, la radio ne sont en fait que de puissants hauts parleurs dont Satan se sert pour diffuser sa corruption. Pourquoi espères-tu trouver une distraction au milieu de l'ordure ? J'ai connu une femme que Dieu, dans sa miséricorde, avait remplie de son esprit; elle conseillait comme passe-temps : la retranscription de l'Évangile, disant que cela occupait l'esprit à des choses saintes, et permettait de graver bien au fond de son cœur les paroles qui donnent la vie. J'ajouterai, dans le même esprit d'union à Dieu, les cantiques, l'écriture de poésies qui ont pour sujets ce si bon Seigneur et sa sainte Mère, dessiner son image, s'instruire en lisant Mi ca EL…

— Je ne suis pas très bon en écriture et en dessin…

— Qu'importe, as-tu toujours besoin d'exceller pour faire une chose ? Tu joues bien au golf et tu n'es pas un champion ! Du moment que cela plaît à Dieu, il ne te demande pas d'être un as, mais de te préoccuper toujours de lui et de ne pas laisser ton esprit se distraire de lui; une bonne petite marche en égrenant son chapelet sont d'excellents passe-temps. En plus de récréer le corps et l'esprit, ils sont utiles à l'âme. C'est une mentalité fausse qui, au cours des siècles, s'est installée dans l'esprit des chrétiens à savoir : qu'on devait prendre du temps dans une journée où notre esprit n'était pas tourné vers Dieu, sous prétexte qu'il avait besoin de repos. Que dirais-tu d'un homme qui, sous prétexte de faire reposer ses poumons, arrêterait de respirer pendant, ne serait-ce, qu'une heure par jour ? Dieu est plus nécessaire à notre âme que l'air à nos poumons. Tu dois t'oublier complètement, ne t'occuper que des choses divines : prières, oraison, lecture, écriture, méditation, récréation; tout doit t'approcher de Dieu.

— Un coup que j'aurai fait tout cela, que va-t-il m'arriver ?

— À force de persévérance, de fidélité, dans cette voie de l'amour, il arrivera que, par la toute-puissance du bras divin, ton âme soit transportée, élevée au-dessus de la terre, comme si Dieu, l'introduisait dans le palais où réside sa Majesté divine. Ainsi, plusieurs de tes journées s'écouleront dans ta véritable demeure, en compagnie de la Vierge, des saints anges et des saints: adorant continuellement la Majesté infinie de Dieu.

— Ayoye ! On sent comment dans le palais du Roi !

— Sensation étrange, où le corps habite encore la terre, mais où l'âme n'y est plus. Il y a comme une séparation qui se fait entre les deux, dès ici-bas, si je puis dire ainsi. Dans l'action, le corps travaille, mais l'âme, ne se donne à rien, puisqu’elle est complètement absorbée à chanter les louanges de son Dieu, et, cela, au milieu de la souffrance, comme de la joie. Elle est complètement séparée du monde dans lequel, pourtant, elle vit.

— Oui, c'est beau tout cela, mais n'est-ce pas un peu dangereux pour s'imaginer toutes sortes d'affaires ?

— Lorsque toutes nos facultés sont dirigées vers Dieu, il ne peut y avoir d'illusion, on ne peut pas errer; c'est directement Dieu qui prend soin de nous; il conduit notre vie. Il faut cependant le laisser agir, à sa manière, et non pas comme on voudrait; il ne faut se rechercher en rien, même sous le prétexte de bonnes œuvres...

— En parlant de bonnes œuvres, moi j'aime bien faire des petits téléphones aux membres de ma famille, question de savoir comment ils vont, cela est certainement de la charité.

— Quand tu prends de leurs nouvelles comme tu dis, est-ce dans le but de les rapprocher de Dieu ?

— Pas toujours ; en fait, je leur ai dit plusieurs fois toute la situation de l'Église, mais ils ne veulent pas comprendre…

— J'ai connu un prêtre, que Dieu avait choisi pour une œuvre d'une importance capitale, puisque c'était sa dernière œuvre. Ce prêtre avait essayé, par lettre, de ramener un pécheur vers Dieu ; ce dernier se refusait à tout amendement, mais continuait d'écrire à ce prêtre pour échanger sur différents sujets ; ce prêtre, croyant pratiquer la charité envers cette âme, lui répondait, glissant quelques fois un mot sur son état, disant que peut-être cela portera fruit…

— Fantastique ! C'est exactement ce que je fais, et dans le même but en plus…

— Ne te réjouis pas trop vite, écoute bien ce que le Seigneur lui a dit : « … ton Père n'aurait pas dû lire cette lettre, car c'était perdre son temps. Il n'avait qu'à détruire tout cela, sans même en prendre connaissance. C'était le seul service qu'il aurait pu lui rendre. » Il vient un temps où la seule charité qui existe est de couper les contacts. Je sais que mes paroles te semblent dures, mais il faut perdre toute illusion sur nous-mêmes, ne s'appuyer, ne compter que sur Dieu seul, savoir aller puiser à la source de l'Amour la patience, la charité, la force, le courage, l'humilité…. Enfin, tout ce que nous ne possédons pas par nous-mêmes, et que nous ne retrouvons qu'en Jésus- Christ. Il faut être prêt à souffrir beaucoup, car l'amour est souffrance, et la mort à nous- même est toujours très douloureuse. Va voir le dossier "Les inimitiés divines" tu comprendras beaucoup de choses.

— Rien qu'à y penser, je me sens quasiment à l'agonie.

-Tu m'étonnes mon fils par ta perspicacité. Il y a une agonie, où l'âme se sent mourir peu à peu; elle réalise que tout lui échappe, ici-bas, que tout s'évanouit dans le néant. Elle éprouve un grand vide; souvent, elle a peur, elle est angoissée. Elle doit réciter souvent, avec Jésus au jardin de l'agonie, la même prière que son divin Maître : « non pas ce que je veux Père, mais ce que vous voulez ». Dans tout ce qu'elle entreprend, Dieu se plaît à la contrarier, pour en arriver à briser sa volonté. Il lui enlève toutes joies, tout bonheur. Tout ce qu'elle goûtait autrefois dans les créatures, elle n'y trouve à présent qu'amertume et dégoût. Par cette vie de souffrances et d'abandon, Dieu brise tout en elle; c'est ainsi que l'âme arrive à mourir au monde ici-bas. C'est alors que le Christ commence à vivre en elle, et à renverser le mur qui la séparait de son bien-aimé.

— C'est aussi bien de dire que je signe une déclaration officielle de guerre contre moi-même !

— Dans ce travail de l'âme, la nature est portée à la rébellion, mais il y a un puissant moyen que Dieu m'a fait connaître par son humble servante. Le Seigneur nous dit que lorsqu'on est porté à trouver le fardeau trop lourd, il faut nous humilier, et réciter plusieurs fois par jour, s'il le faut, la prière : « Je reconnais devant vous, Seigneur, que je ne suis rien et que sans vous je ne peux rien. Je vous remercie de ce que, par un effet de votre miséricorde, vous avez daigné jeter les yeux sur ce rien que je suis. Faites Seigneur, que je demeure en face de ce rien, afin que, vous servant de moi pour accomplir vos desseins, vous en obteniez la plus grande gloire .» Je te la donnerai avant que tu partes.

— C'est aussi bien dire que je vais passer mes journées à réciter cette prière.

— Au début, tu la diras sûrement très souvent, mais en faisant cela, tu t'apercevras que ton âme devient de plus en plus affermie dans cette voie de l'amour, parce que, s'étant humilié sous la main de Dieu, ayant pris sa véritable place, face à sa Majesté, il l'inonde du bienfait de sa grâce: petit à petit, ta nature se calmera, et se soumettra avec docilité à son Créateur.

— Et après ? Allez-y : je suis prêt à tout entendre ; je me dis que ça peut difficilement être pire.

— Alors, l'âme embrasse tout ce qu'il y a de plus pénible pour celui qu'elle aime, parce que l'amour rend doux ce qu'il y a de plus amer. Elle brave sans peine tous les obstacles, les embûches de la route, parce qu'elle a foi dans la puissance de celui sur qui elle s'appuie. En lui, elle a mis toute sa confiance et son espérance.

Affranchie des liens de la terre, elle court, elle vole amoureusement dans le chemin de la perfection. Elle ne s'arrête, ne se lasse jamais de battre des ailes afin de s'élever, toujours de plus en plus haut , dans l'altitude, pour conquérir, dans un court moment, le sommet de l'amour.

Elle tend la main vers l'infini, pour saisir au vol son bien-aimé, qui, comme un aimant, ne cesse de l'attirer, de la presser intérieurement de son tendre amour. Elle est audacieuse, elle se croit tout permis, parce qu'elle aime l'Amour, et qu'en lui seul elle puise toute son énergie.

— C'est beau ce que vous dites ; j'éprouve au fond de moi comme un désir ardent d'aimer Dieu de cette manière, mais êtes-vous certain que cette quête de l'infini ne cache pas une petite souffrance d'extra ?

— Sans doute en virevoltant dans les hauteurs, dans la sombre nuit des tempêtes intérieures, tu éprouveras vivement au plus profond de ton cœur d'effroyables vertiges, tu frissonneras dans ce vide terrifiant.

Mais ton âme ne se découragera pas, ne s'abattra jamais de rien, parce qu'elle vivra de foi pure. Dans cette obscurité, les yeux fixés vers l'éternelle félicité, se pointera à l'aurore l'avènement d'un jour meilleur. Elle s'abreuvera à la source de l'amour divin, qui, par sa grâce , la régénérera, et la vivifiera, pour lui redonner un second souffle de vie. Elle refera ses forces en son Dieu qui la soutiendra.

— Mais je n'y arriverai jamais !

—C'est vrai ! Tant que tu diras « je », tu n'arriveras jamais, mais la journée où tu diras sincèrement au Seigneur : « Voici mon être ô mon Maître, je vous l'offre sans restriction, qu'il soit le prolongement du vôtre », ce jour-là tu auras la moitié du chemin de fait.

— Bon, mais en quoi consiste l'autre moitié ?

— Dans l'amour. L'amour vient à bout de tout; il tente plus qu'il n'est capable. Ton âme, embrasée du feu brûlant de l'amour divin, n'aura plus qu'un seul désir, qui l'habitera et la brûlera : être consumée entièrement au feu dévorant de l'amour. Elle n’aspirera qu'à s'envoler à son divin séjour, où, dans l'éternelle fête, elle pourra chanter sans fin, les louanges de son Divin Roi.

— Vous savez quoi, c'est bien cela que je veux : oui, je veux l'aimer de toutes mes forces ce divin Seigneur.

— Voilà la prière que je t'ai promise ; et, tiens, prends cela aussi.

— Que voulez-vous que je fasse avec un panier vide ?

— Tu le rempliras avec ta sainte Mère, la douce Vierge Marie. Tu déposeras tes bonnes actions, tes joies, tes peines, tout ton être dans ce panier, tous les jours, et, le soir, tu le présenteras à Marie, en lui demandant de bien vouloir le présenter à son Divin Fils ; ainsi, parfumé de ses vertus, il sera agréé par Jésus. Souviens-toi toujours de ceci : c'est ta mère seule qui peut te guider dans le chemin qui conduit vers Jésus. Allez, va maintenant ; ne regarde pas en arrière ; fixe tes yeux sur le Divin Crucifié et suis-le. Souviens-toi que la véritable dévotion, la vraie vie spirituelle, consiste dans la méditation et l'oraison; quelque soit ta répugnance pour ce genre d'exercice, il faudra que tu y persévères avec patience et humilité, en te défiant de toi et en désirant uniquement plaire à Dieu en ce faisant.

Et le cœur joyeux, le jeune homme s'en retourna chez lui, confiant et prêt, maintenant, à tout, pour faire de Dieu l'amour de sa vie. Les années passèrent, puis, un jour, la mort vint; avant de mourir, notre jeune homme, rendu un vieillard, couché sur son lit de souffrance, les yeux tournés vers son crucifix, murmurait doucement : « Non, je ne regrette pas de m'être livré à l'amour ». Près de son lit, un vieux panier défait, dans lequel son chapelet était déposé ainsi qu'un billet portant ceci : « O ma douce Mère je dépose aujourd'hui ma dernière offrande : ma vie; présentez-la à Jésus : couverte de vos parfums, elle lui sera agréable… je t'aime, ô ma Mère… je t'aime »
Marc
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Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

Re: Suis moi

Message par Marc »

Merci infiniment pour ce magnifique dialogue !!!

Je l'imprime.

Dans les Saints Coeurs de Jésus et Marie.

Marc.
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Laetitia
Messages : 2607
Inscription : ven. 20 oct. 2006 2:00

Re: Suis moi

Message par Laetitia »

Merci beaucoup, chère Gabrielle, pour ces lignes tant émouvantes qu'édifiantes.
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Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Suis moi

Message par Monique »

Chère Gabrielle,

Je ne cesse de lire et de relire votre merveilleux dialogue, '' SUIS-MOI '' c'est une abondance de spiritualité et de renoncement totale pour son Dieu tout-aimant.

Tout comme Marc, je l'ai imprimée moi aussi pour ne cesser de le lire et le méditer tous les jours de ma vie.

Je suggère à tous, humblement, lecteurs et membres, d'avoir ce cachet de méditation à sa portée de tous les jours car c'est le vécue de tous pécheurs repentants et sincères car :


'' RAPPELEZ-MOI SOUVENT, SIMPLEMENT,

QU'UN GRAND AMOUR M'ATTEND ''



Amitiés en la douce miséricorde de Dieu.

monic
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