De Gethsémani au Golgotha

Avatar de l’utilisateur
gabrielle
Messages : 550
Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

De Gethsémani au Golgotha

Message par gabrielle »

LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST

D’après Les prophètes, les Évangélistes et les Pères de l’Église


De Gethsémani au Golgotha

Ou Le Trésor Du vrai disciple De Jésus Crucifié



Avant- propos

En nos tristes temps de haine et révolte contre Dieu et contre son Christ, un immense besoin de protestation est au fond de toutes les âmes restées chrétiennes. Nous ne pouvons assister, indifférents et silencieux, aux scènes d’impiété inouïe, qui se renouvelle chaque jour sur l’un ou l’autre point du monde catholique. Nous ne pouvons surtout étouffer les cris de notre indignation et les gémissements de notre douleur, en face des attentats sacrilèges et des insultes sans nom, auxquels est en butte l’image trois fois sainte de notre Sauveur crucifié.

Les fils de l’enfer, impuissants à faire souffrir davantage l’adorable Victime s’en prennent aujourd’hui a l’instrument glorifié de son supplice, à la croix du Calvaire, éternel monument d’un amour infini et d’une méchanceté sans bornes.

Cette croix, teinte du Sang rédempteur, qui se dresse partout comme le témoin et le héraut de la victoire solennelle de Dieu sur l’armée de Satan, les humilie , les importune et les irrite, par le souvenir sans cesse renouvelé de leur défaire. Aussi ont-ils résolu de la faire disparaître de tous les lieux tombés sous leur domination.

Et les voilà qui s’acharnent à la démolir sur les places de nos cités et sur les chemins de nos campagnes. Déjà ils l’ont détachée des murs de nos écoles et ils ont défendu aux petits enfants bien-aimés de Jésus-Christ de prononcer même le nom de leur Père. Ils ont tenté de l’enlever de nos tribunaux, comme pour signifier aux magistrats, qu’à l’avenir, ils n’auraient plus à redouter le contrôle de l’éternelle Justice, comme pour ôter aux coupables l’honneur du repentir et l’espérance du céleste pardon. On les a vus à, dans plusieurs de asiles ouverts à l’infortune, pousser la fureur jusqu’à l’arracher du chevet des malades, jusqu’à priver l’agonie des pauvres de la consolation d’un suprême regard au Dieu de l’indigence et de la douleur!…

Grâce à Dieu! les vrais chrétiens, révoltés dans leurs affections les plus chères et les plus sacrées, tiennent à cœur de relever ces insolents défis, et ce n’est pas sans une émotion de légitime fierté que nous les votons se grouper, autour de la croix profanée, et lui jurer un amour qui ne se laissera pas vaincre par la recrudescence de rage de ses ennemis.

La Croix, qu’ils commençaient peut-être à délaisser ou qui n’éveillait plus dans leur âme que de vague et stériles réminiscences, ils lui décernent aujourd’hui, dans la sainte et inviolable liberté du foyer, les hommages d’une foi pénétrée et d’un culte attendri; ils la saluent partout où ils la rencontrent, avec une respectueuse émotion; ils en retracent le signe auguste sur leurs membres, avec le recueillement d’une religion sincère; un grand nombre même s’engagent à la porter nuit et jour, comme le sceau de leur filial et inébranlable attachement au Père qui les a aimés jusqu’à mourir entre ses bras.

Ainsi la réparation suit de près la profanation. Aux audaces sacrilèges de l’impiété, le chrétien oppose les généreuses audaces de la foi, et désormais, si les méchants, enivrés de leurs apparents triomphes, viennent railler ses croyances et lui demander avec ironie : « Où est-il ton Dieu ? Ubi est Deus tuus? » --« Mon Dieu ! –peut-il répondre,-- il est toujours sur la croix, car la génération de ses bourreaux n’est pas éteinte!…Il est sur sa croix, expiant vos crimes et sollicitant votre grâce!…Et la croix de mon Dieu, elle est sur mon cœur!…En dépit de votre colère et de vos blasphèmes, elle y restera jusqu’à son dernier battement, elle reposera sur ma poitrine jusqu’à son dernier souffle, elle recevra le dernier baiser de mes lèvres, elle sera dans mon cercueil, la dernière compagne de ma funèbre dépouille!…

C’est pour aider, autant qu’il est en nous au développement de ce culte de protestation et de réparation que nous avons entrepris d’écrire ces humbles pages. La Croix est le symbole des souffrances de toute sorte, endurées par Notre-Seigneur Jésus-Christ durant les dix-huit heures qui ont précédé la catastrophe du Golgotha. Il est donc essentiel pour bien comprendre la Croix, de connaître et d’approfondir l’émouvante histoire d’une si cruelle agonie. Nous avons essayé de retracer, dans le détail navrant de chacun de ces actes, ce drame douloureux qui a commencé sous les oliviers de Gethsémani, pour se dénouer sur l’arbre de la Rédemption.

Plus que personne, nous avons senti notre insuffisance extrême à traiter un pareil sujet. Les Anges qui pleuraient au Calvaire n’auraient pu, eux-mêmes, égaler les lamentations aux inconcevables douleurs de la sainte Victime. Aussi, pour ne pas succomber sous une tâche infiniment au-dessus de nos forces, il ne nous a pas suffi d’interroger les visions des prophètes et les témoignages des évangélistes : nous avons lu et médité les plus belles pages inspirées aux Pères et aux Docteurs de l’Église, par le mystère de l’Homme-Dieu. Le seul mérite que puisse revendiquer notre modeste travail, c’est d’être un écho de ces grandes âmes, éclairées de la double lumière de la sainteté et di génie.


Chanoine Alfred Weber

Verdun, fête de l’Exaltation de la Très Sainte Croix, 1882

Avatar de l’utilisateur
gabrielle
Messages : 550
Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par gabrielle »


Le Divin Fiat

Voix des Prophètes


Nous étions tous comme des brebis égarées ; chacun suivait le chemin qu’il voulait, et le Seigneur a chargé son Christ de l’impiété de nous tous. (Is.,LIII,6)

Prêtez l’oreille à mon humble prière, parce que mon âme est remplie de maux et que ma vie est toute proche de la mort. Votre colère, ô mon Dieu, s’est appesantie sur moi, et vous avez fait passer sur ma tête tous les flots de votre courroux (Ps. LXXXVII, 3,4,8)

J’ai attendu que quelqu’un s’attristât avec moi, mais nul ne l’a fait. J’ai cherché un consolateur et je ne l’ai point trouvé. (Ps.LXVIII,21)

Il y a un baptême dont je dois être baptisé, et combien je languis et je souffre, dans sa trop longue attente ! (N.-S dans saint Luc, XII, 50.)


Notre-Seigneur Jésus-Christ venait, pour la dernière fois, de célébrer la Pâque avec ses disciples. Sachant que l’heure si longtemps attendue de sa Passion était arrivée, il leur avait donné dans la Très Sainte Eucharistie, le gage le plus sacré de son amour.

Le mystère accompli, il rendit grâce à son Père, et, pour se préparer au sacrifice, il se dirigea vers une solitude, voisine de Jérusalem. C’était un vaste enclos, planté de nombreux oliviers, à l’ombre desquels il aimait de venir souvent, pour prier.

Les Apôtres, à l’exception de Judas, l’avaient accompagné jusque sous les murs de cette retraite. Alors il leur dit : « Reposez-vous ici tandis que je vais prier un peu plus loin. »

Toutefois, il fit entrer avec lui Pierre, Jacques et Jean, les trois témoins de sa gloire, au jour de sa transfiguration sur le Thabor : le moment des suprêmes angoisses approchait, et il sentait le besoin de s’entourer des cœurs qui lui étaient les plus dévoués.

Déjà la nuit était avancée. Au firmament quelques étoiles scintillaient, et la lune, émergeant à l’horizon, répandait sur la campagne ses pâles et lugubres clartés. Le calme profond de la nature n’était interrompu que par le sourd gémissement des ondes du Cédron, qui coulait au pied de la colline.

Le Sauveur marchait silencieux, à travers les massifs des grands arbres. Une pâleur mortelle se répandait sur ses traits ; des larmes brûlantes tombaient de ses yeux ; par intervalles, sa poitrine se soulevait, exhalant des soupirs d’immense désolation. Les apôtres le suivaient, pleins d’un morne étonnement, et n’osaient l’interroger. Ah! si vous saviez ma douleur !… dit enfin Jésus. « Mon âme est triste… triste à en mourir ! Attendez ici, et veillez avec moi. »

A peine a-t-il achevé ces mots, qu’il est comme emporté par l’angoisse à la distance qui serait mesurée par le jet d’une pierre. Là, tombant à deux genoux, il lève un regard au ciel : « Mon Père ! s’écrie-t-il, ô mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi !… Cependant, non ce que je veux, mais ce que vous voulez… »

Il venait d’entrevoir, dans une vision horrible, les inexprimables opprobres, les tortures inouïes qu’il était sur le point de subir pour notre salut. Toutes les scènes de la Passion s’étaient déroulées devant ses yeux, comme dans un lugubre et sanglant tableau. Il avait entendu par avance, les imprécations impies des Pharisiens, les railleries insolentes des valets, les clameurs sauvages du peuple, pendant que sa chair volerait en lambeaux, sous les verges de la flagellation, pendant que le sang ruissellerait de son front, transpercé par les épines, pendant que les clous s’enfonceraient dans ses mains et dans ses pieds, pendant que sa Mère pleurerait des larmes d’agonie, au pied de sa croix. La pensée que la Justice de son Père le réservait pour le lendemain à de tels supplices avait comme brisé sa divine énergie. C’est alors qu’il jette ce cri, cet appel suprême à tout ce qu’il y a de puissance et de tendresse en ce Père adoré : « Oh! s’il est possible que ce calice s’éloigne de moi! » Mais aussitôt, il se rappelle, dans son cœur, l’amour qu’il a voué aux hommes, devenus ses frères, et il se résigne au sacrifice : « Non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez!.. »

Puis, il se lève et vient demander un peu de consolation aux trois disciples privilégiés. Mais, ô froideur et faiblesse du cœur de l’homme! il les trouve plongés dans le sommeil.

« Simon, dit-il à Pierre, avec un accent de doux reproche et de tristesse infinie, Simon, tu dors!!!…Toi qui voulais mourir à ma place, tu n’as pu veiller une heure avec moi!…Ah! veillez et priez, car si l’esprit est prompt, s’il s’enflamme de suite pour le bien, la chair est faible, et, malgré les plus ardentes résolutions, elle succombe bientôt, si la vigilance et la prière ne la soutiennent. »

Après ces paroles qui révèlent toute la tendresse de son âme envers ses Apôtres et ses trop légitimes appréhensions sur leur fidélité, il s’éloigne de nouveau et s’absorbe dans une prière encore plus fervente. A ce moment, toutes les générations éteintes lui apparaissent, chargées du fardeau de leurs crimes. Son divin regard parcourt la longue trame des siècles écoulés, et partout il ne rencontre que forfaits et prévarications. Plus il sonde ce passé de quatre mille ans, plus il voit s’élever et grandir la montagne des iniquités humaines…En même temps, il lui semble entendre une voix du ciel qui lui dit : « Veux-tu fléchir la Justice irritée de ton Père?…Veux-tu arracher les hommes aux châtiments qui les menacent ?… Prends sur toi la responsabilité de leurs crimes… Expie-les, comme si toi-même les avais commis. SOIS LE MAUDIT DE DIEU. Sois l’opprobre des hommes!… »

Jésus se trouble; il tressaille d’un immense effroi. Lui! L’infinie pureté, se charger, se couvrir comme d’un vêtement, de toutes les abominations de toutes les turpitudes qui ont souillé le monde!

« Mon Père! Mon Père! s’écrie-t-il, toutes choses vous sont possibles! faites que ce calice s’éloigne de moi!… et pourtant, si, pour votre gloire et le salut de mes frères, il faut que je boive cette ignominie, que votre volonté s’accomplisse, et non pas la mienne! »

Il se lève une seconde fois et revient en chancelant vers ses disciples. Hélas! ils dormaient toujours; leurs yeux s’étaient appesantis; et ils répondaient, sans savoir ce qu’ils disaient. Il les laisse à leur sommeil; mais leur glaciale indifférence achève de briser son courage.
« Ah! se dit-il, avec amertume, s’il en est ainsi de ceux que j’ai comblés des témoignages de mon amour, de ceux qui entendent mes gémissements et qui vont être témoins de mes douleurs; que puis-je attendre de ceux qui n’auront pas connu les accents de ma voix, qui n’auront pas assisté au spectacle de mes angoisses et de ma mort?…J’aurai donc souffert inutilement pour ces pauvres âmes!… J’aurai versé tout mon sang sur la croix… et le péché continuera d’outrager mon Père et peupler l’empire de Satan!.. »

Il succombe à cette pensée. Son cœur éclate. Lui, le Tout-Puissant, la force lui manque pour supporter une pareille affliction…Et voilà qu’une abondante sueur, comme des grumeaux de sang, commence à couler de tous ces membres et à baigner le sol : « O mon Père! s’écrie-t-il, c’en est trop!…faites que ce calice s’éloigne de moi!… Toutefois, ce que vous voulez, ô mon Père, et non pas ce que je veux!… »

Et il épuise, par avance, la lie amère du calice redouté, jusqu’à ce qu’un Ange soit venu du ciel pour le consoler et le fortifier.

Tel fut le drame poignant du jardin de Gesthémani. Le Sauveur descend, l’un après l’autre, les trois abîmes de la méchanceté humaine. Ces hommes qu’il vient sauver, — il les voit durant sa passion s’acharner contre lui, avec une cruauté sans exemple; - il les voit préparer dès l’origine du monde, par leurs iniquités, les abjections et les souffrances qu’il va subir;- il les voit enfin, à travers les âges futurs, insulter à sa croix et fouler aux pieds la grâce de son sang.. En face d’un tel aveuglement et d’une si noire perversité, son cœur se révolte, sa nature tressaille d’épouvante, elle s’affaisse sous le poids du sacrifice. Mais enfin, l’amour l’emporte…et Jésus s’offre en victime pour ceux qui vont le faire mourir, pour ceux qui le crucifieront jusqu’à la fin des siècles !…

O mon adorable Sauveur, ployé sous le faix de nos iniquités, ne permettez plus que je m’unisse à ceux qui vous font pleurer le sang. Inspirez-moi une horreur profondes de toutes mes fautes, dont la seule pensée a noyé votre âme dans un océan de désolation; et faites que désormais, par la pureté de ma vie et le dévouement de mon cœur, je vous console, comme l’ange céleste, des ingratitudes et des blasphèmes de vos enfants révoltés ! Amen.
Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par Abbé Zins »

Le mystère accompli, il rendit grâce à son Père, et, pour se préparer au sacrifice, il se dirigea vers une solitude, voisine de Jérusalem. C’était un vaste enclos, planté de nombreux oliviers, à l’ombre desquels il aimait de venir souvent, pour prier.
Les Apôtres, à l’exception de Judas, l’avaient accompagné jusque sous les murs de cette retraite.


Notre divin Sauveur avait volontairement pris l'habitude de venir là chaque soir, depuis plusieurs jours, afin de prier à l'écart, et avant d'y passer la nuit.

Il importait en effet qu'au moment arrêté par sa divine Providence, à l'Heure choisie, à la fois tant attendue et humainement tant redoutée, Judas sache exactement où Il se trouverait.

C'était en même temps à l'écart de la foule et de la ville, et tout près d'elle, afin de fournir à ceux qui viendraient L'arrêter le maximum de facilité pour le faire plus aisément.

Le lieu appartenait à sa famille terrestre, la famille royale de David.

Tout près se trouve l'immensément profonde grotte qui servait de sépulture familiale. Bientôt, le corps virginal de Notre Dame y serait déposé pour quelques heures, avant d'être emporté Là-haut par les Saints Anges.

Tout à côté, se trouve une autre grande grotte, assez vaste quoique beaucoup moins profonde que la précédente.
C'est là qu'Il passait la nuit depuis quelques jours avec ses Apôtres. Encore un peu de temps, est le terrible évènement alors imminent donnerait son nom significatif à cet abri : la grotte de l'arrestation.

Le Jardin des Oliviers n'est situé qu'à quelques dizaines de mètres plus loin.

Laissant l'ensembe de ses disciples s'endormir dans la grotte, puis les trois Apôtres choisis au milieu d'une petite clairière parmi les oliviers, le divin Sauveur s'avance seul vers un gros rocher sur lequel Il s'agenouille et entame la prière de sa longue agonie volontaire.
Il venait d’entrevoir, dans une vision horrible, les inexprimables opprobres, les tortures inouïes qu’il était sur le point de subir pour notre salut. Toutes les scènes de la Passion s’étaient déroulées devant ses yeux, comme dans un lugubre et sanglant tableau. Il avait entendu par avance, les imprécations impies des Pharisiens, les railleries insolentes des valets, les clameurs sauvages du peuple, pendant que sa chair volerait en lambeaux, sous les verges de la flagellation, pendant que le sang ruissellerait de son front, transpercé par les épines, pendant que les clous s’enfonceraient dans ses mains et dans ses pieds, pendant que sa Mère pleurerait des larmes d’agonie, au pied de sa croix.
Les Prophètes ont annoncé à l'avance dans les moindres détails tous les phases de cette terrifiante et pourtant si aimable Passion.

Le divin Maître Lui-même en avait rappelé à diverses reprises certains traits très précis à ses disciples, qui ne comprenaient guère alors ce qu'Il voulait dire.

Il en connaissait tous les moindres détails. Mieux que cela, Il se les était choisi avec la plus grande minutie, tout en respectant le libre-arbitre et le libre agir de ses bourreaux !

Là est le doigt de Dieu !

Il ne les subissait pas, mais les assumait pleinement.

Pourtant, Il voulait aussi les ressentir dans toute la réalité de sa sensibilité humaine, la plus exquise et la plus fine qui fût jamais !

C'est pourquoi, commandant parfaitement tous ses sens, Il commença non moins volontairement que très réellement à s'affliger et à ressentir tous les effets d'une crainte d'appréhension connaissant d'avance au détail près tous les atroces supplices par lesquels sa chair et son âme humaines allaient passer dans les quelques heures à venir !
Avatar de l’utilisateur
gabrielle
Messages : 550
Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par gabrielle »

Chapitre II La trahison (première partie)

Voix des Prophètes

« L’homme avec lequel je vivais en paix, auquel j’avais donné toute ma confiance et qui mangeait mon pain, a fait éclater sa trahison contre moi.» (Ps. XL, 10)

« Ils pesèrent trente pièces d’argent pour ce que je méritais. Et le Seigneur me dit : « Va jeter à l’ouvrier en argile cet argent, cette belle somme qu’ils ont pensé que je valais, lorsqu’ils m’ont mis à prix. Et j’allai dans la maison du Seigneur les porter à l’ouvrier en argile.» (Zach., XI, 12,13)

« J’ai été trahi, et je ne me suis pas échappé des mains de mes ennemis.» (Ps, LXXXVII, 9,10.)


Fortifié par la pleine acceptation du sacrifice et par la visite mystérieuse de l’ange, le Fils de Dieu surmonte les angoisses de son agonie et retourne à ses trois apôtres Pierre, Jacques et Jean. Cette fois, ils s’éveillent à son reproche. : « Oh! maintenant, vous pouvez dormir, -- leur dit-il d’une voix qui trahissait toute la peine ressentie de leur indifférence. – Vous m’avez laissé seul veiller et gémir… Vous n’avez pas su donner un mot de consolation à ma douleur… J’épuiserai, seul aussi, la coupe d’amertume que m’offre la justice de mon Père… Reposez-vous donc ; abandonnez-moi !… »

Les apôtres étaient profondément affligés de ces paroles : « Eh! bien ! reprend Jésus – si vous m’aimez encore, levez-vous : l’heure est venue. Le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs. Celui qui doit me trahir approche.»

En effet, on entendait, à quelque distance, un bruit des pas, accompagné de sourdes imprécations. Une troupe de Pharisiens, de soldats et de valets, armés d’épées et de bâtons, s’avançaient dans les ténèbres. Un apôtre les précédaitC’était le traître !…

Dès longtemps, le Sauveur avait pénétré son noir dessein. Il l’avait averti en plusieurs rencontres, avec une miséricorde ineffable. Il l’avait prévenu des plus délicates industries de sa tendresse, il l’avait enfin dénoncé publiquement, mais toujours avec des ménagements infinis, comme étant l’homme de perdition et de scandale, l’homme souillé, dont la naissance devait être pleurée à l’égal du plus grand des malheurs. Le cœur de Judas s’était obstinément fermé à toutes les avances et à toutes les menaces du divin Maître. Exaspéré à la fin de ses pressantes et paternelles instances, furieux surtout de voir sa perfidie dévoilée, il avait brusquement quitté la table, où pour la première fois, Jésus venait de nourrir les siens de sa Chair sacrée et de les abreuver de son Sang…
Marc
Messages : 23
Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par Marc »

Grand MERCI à Gabrielle pour tous les textes que vous publiés.

Ils sont EXCELLENTS !!!

Dans les Saints Coeurs de Jésus et Marie.

Marc.
Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par Abbé Zins »

Cornelius a Lapide a écrit :« Trente pièces d'argent...

C'était à ce prix qu'était estimé la vie d'un esclave accidentellement tué, et que l'on devait verser à son maître en compensation (Ex. 21,32).

Le Christ et sa Vie furent donc équiparés par les Juifs et Judas à un esclave et sa vie...

De la même manière, le pécheur évalue et estime Dieu à vil prix.

Car il équipare Dieu.... et même préfère à Dieu, le Souverain Bien, un aliment, une pièce d'argent, un mauvais désir, un point d'honneur, etc..»

(Cornelius a Lapide, in Zach. 11,12)
Si les princes des prêtres juifs évaluèrent ainsi la Vie du Christ-Seigneur à celle d'un esclave, en acceptant ce vil prix Judas estima la Vie de son divin Maître d'une valeur plus de dix fois moindre que celle de l'essence de parfum répandu par Sainte Marie-Madeleine sur la Tête du Sauveur.

Il s'exclama alors, en effet, plein de colère et d'indignation :
« Pourquoi ce gaspillage de parfum ?

Car on aurait pu vendre ce parfum plus de 300 deniers.» (Mc. 14,5)
Si la Vulgate mentionne plus de 300 deniers (Mc. 14,5) et 300 deniers (Jn. 12,5) et 30 pièces d'argent (Mt. 26,15), il faut savoir, comme cela est unanimement admis, que ces 30 pièces d'argent sont 30 deniers :
« argentiis, id est denariis »
écrit le Docteur Commun (Saint Thomas, in Mt. 26,15),

tandis que Saint Jean Chrysostome (hom. 80 in Mt.) parle d'abord

des 300 pièces d'argent comme prix évalué par Judas pour l'essence de parfum,

puis des 30 pièces d'argent proposées par les grands prêtres,

conservant donc deux fois le terme grec arguria employé dans le passage de Saint Matthieu (26,15) qu'il commente alors,

plutôt que celui de denarion employé par Saint Jean (Jn. 12,5) et Saint Marc (14,5).

En outre,
« Les 30 deniers de Judas » (Petit Robert, 1985)
sont tristement célèbres.

Voilà donc le rapport établi par Judas entre

une essence de parfum

et Notre Seigneur :

plus de 300 deniers... 30 deniers !


(Extraits de mon livre Consummatum Est, tome 3 sur les Prophéties concernant la Passion et le Sacrifice de la Croix, p. 222 et 237)
Avatar de l’utilisateur
gabrielle
Messages : 550
Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par gabrielle »

La trahison (deuxième partie)

Et, pendant que les apôtres, ses frères savouraient dans une ravissante extase, les délices de leur Première Communion; pendant que le bien-aimé disciple reposait tendrement la tête sur le sein du Maître chéri, Judas s’en allait, par les rues de Jérusalem, portant dans une âme sacrilège, l’Hostie Sainte qu’il venait de manger avec sa propre condamnation !...

Sa course était précipitée…il avait hâte de consommer son crime. Il arrive à la porte du palais où s’était réuni le grand conseil des Juifs…il entre, et, s’adressant aux docteurs de la loi : « Vous m’avez promis—leur dit-il –trente pièces d’argent, si je vous livrais mon Maître. C’est, tout au plus, le prix d’un esclave. Mais il faut en finir! L’occasion est opportune : suivez-moi ! »

L’escorte est promptement organisée. On se munit de quelques armes, en cas de résistance de la part des disciples fidèles. Une vile populace éclaire la marche avec des torches et des lanternes, Judas est à leur tête!…

Judas !.. l’apôtre choisi entre tant d’autres, pour être le héraut de La Bonne Nouvelle, pour convertir les âmes et les gagner à l’amour de Jésus-Christ… Judas !.. l’ami du Sauveur, le confident intime des ses plus doux entretiens, l’objet de ses plus tendres prévenances.. Judas! … le témoin émerveillé de tant de miracles, thaumaturge lui-même, par la puissance de Jésus… Judas enfin! Les lèvres encore humides du Sang qu’il vient de vendre, l’âme encore troublée du grand mystère d’amour qu’il vient de profaner! … Judas l’Iscariote marche en tête de la tourbe, immonde et lâche, qui va surprendre son adorable Bienfaiteur, dans un honteux guet-apens !!! …
Avatar de l’utilisateur
gabrielle
Messages : 550
Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par gabrielle »

La trahison ( fin)

On était arrivé proche du Jardin des Olives, quand le commandant de la troupe, s’adressant au traître : « Dis-nous, au moins, à quel signe nous reconnaîtrons Celui que tu nous livres? »
« Je m’avancerai seul dans le jardin, -- répond le perfide – et Celui que je baiserai sera Jésus. Saisissez-le aussitôt, et emmenez-le avec précaution; car il a déjà réussi à s’échapper des mains de ceux qui voulaient le prendre »

Et, se détachant de ses ignobles compagnons, il aborde Jésus, avec les démonstrations du plus tendre respect. « Bon Maître,-- lui dit-il, je vous salue!… » Jésus, d’une voix pleine de larmes lui répond : « Mon pauvre ami, que viens-tu donc faire ici… »

Mais l’hypocrite est descendu au fond de l’abîme : rien ne saurait plus le toucher!… Il enlace ses bras autour du cou de Jésus… et il le baise!… Jésus ne détourne pas la tête !… Les lèvres impures de Judas demeurent collées sur sa face adorable… Jésus le souffre!… Bien plus ! Il presse une dernière fois sur sa poitrine son apôtre perdu; et, tirant de son cœur des accents capables d’attendrir l’âme la plus endurcie et la plus barbare : « Judas! O Judas! Lui dit-il à voix basse, -- tu trahis le Fils de l’Homme par un baiser !… »

Anges du ciel, voilez-vous la face de vos ailes pour ne pas voir la Pureté sans tache, unie dans une douloureuse étreinte, au vice le plus hideux!… la Miséricorde infinie, épuisant ses dernières ressources, pour vaincre une méchanceté sans égale !… la lutte suprême de l’Amour d’un Dieu contre une âme révolté e!… Et c’est la haine qui triomphe !!… C’est la méchanceté qui l’emporte !!… C’est Jésus qui succombe, impuissant à sauver Judas !!!…

O mon tendre Sauveur, victime de la plus infâme trahison, votre sainte Âme, au contact de ce baiser impur, ressentait par avance, la douleur et la honte des baisers sacrilèges que vous infligeraient, dans la suite des siècles, les lèvres souillées des profanateurs de vos Sacrements. Vous voyiez d’indignes prêtres, héritiers de la perfidie de Judas, gravir les degrés de votre autel, avec une conscience flétrie !… vous voyiez des chrétiens hypocrites, s’agenouiller à la table des Anges, avec un cœur de démon !… Vous voyiez le gage suprême de votre tendresse, se changer en sceau de réprobation pour vos enfants ingrats !… ( Par la nouvelle messe sacrilège on a changé le gage de salut en un signe de damnation. Pauvre Seigneur ! ) Oh ! qui pourrait concevoir les flots d’amertume dont cette navrante pensée fit déborder votre coeur.
Table Sainte de la Communion, Autel sacré du sacrifice, vous seuls pourriez nous dire les gémissements, les larmes et le martyre de l’Hostie profanée !…
Souffrez, ô Dieu Trois fois Saint, que vos fidèles enfants unissent aux vôtres, les gémissements, les larmes et, s’il le faut, le martyre d’une réparation fervente et dévouée des outrages, que les fils de Judas ne cessent de vous infliger. Amen.
Avatar de l’utilisateur
gabrielle
Messages : 550
Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par gabrielle »

Chapitre III L’arrestation (suite)

Un moment, cette foule parut hésitante et indécise sur ce qu’elle voulait faire : tant l’ineffable douceur de la Victime l’avait émue ! Tant la noire et cruelle perfidie du traître l’avait révoltée ! Mais le Sauveur se présente lui-même au-devant de ses ennemis :
- « Qui cherchez-vous ? » leur dit-il
- « Jésus de Nazareth ! »
- « C’est moi ! »

A ce mot, tous reculent de terreur et tombent à la renverse. La grandeur, la puissance et la majesté rayonnaient alors de toute l’adorable personne de Notre-Seigneur. A l’autorité de son accent, à l’éclair de son regard, les soldats et le peuple avaient pressenti l’Homme-Dieu. Et cette révélation soudaine les avait foudroyés.

Quelques mois auparavant, les apôtres voguaient péniblement sur le lac de Génézareth par une nuit d’orage. La barque fragile qu’ils montaient, menaçait à tout moment de s’engloutir au sein des flots. Soudain, ils virent apparaître, à la lueur des éclairs, une forme humaine, marchant sur les vagues et se dirigeant vers eux. D’abord, ils furent saisis de frayeur; mais une voix, qu’ils connaissaient bien, dissipa aussitôt leurs alarmes : « Ne craignez pas, disait Jésus, C’est moi ! »
Avatar de l’utilisateur
gabrielle
Messages : 550
Inscription : dim. 10 déc. 2006 1:00

Re: De Gethsémani au Golgotha

Message par gabrielle »

Chapitre III L’arrestation (suite)

Suave parole que toutes les âmes croyantes ont entendue après les jours de désolation et d’épreuve, quand elles ont levé les mains vers Celui qui commande aux vents et à la tempête… « C’est moi » ineffable assurance qui comblera le cœur des justes d’une joie pleine d’ivresse, quand ils franchiront le seuil des tabernacles éternels.
Mais, quel effroi, quelle épouvante à ce mot du Souverain Juge : « C’est moi » quand il apparaîtra aux pécheurs et aux impies dans toute l’indignation de sa Justice outragée et de son Amour méconnu! Alors, ils seront terrassés pour jamais, ces contempteurs superbes de sa loi, ces insolents profanateurs de sa grâce. Ils se précipiteront d’eux-mêmes, avec des hurlements de désespoir, dans les gouffres embrasés, où retentira d’échos en échos, où les poursuivra d’abîme en abîme, cette parole vengeresse : « C’est moi !…C’est moi !… »


Jésus renouvelle sa question à la foule tremblante et consternée :

- « Qui cherchez-vous ? » leur dit-il
- « Jésus de Nazareth ! »
- « e vous ai dit que c’est moi!… Puis donc que c’est mois que vous cherchez, laissez mes disciples se retirer en liberté. »

Les Juifs se remettent bientôt de leur frayeur, grâce aux insinuations des Pharisiens, qui attribuent à je ne sais quelle vertu magique, le miracle qui venait de les renverser. Ils s’approchent, mettent la main sur Jésus et se saisissent de lui. Témoins de cette profanation, les apôtres ne se contiennent plus :
« Seigneur, - s’écrient-ils – si nous frappions de l’épée ? » Et, ce disant, l’impétueux Simon lève son arme sur un valet de Caïphe, appelé Malchus, et lui fend l’oreille.
« Arrête, » lui dit Jésus ; puis, il touche l’oreille du blessé et le guérit. Alors fixant Pierre avec sévérité : « Remets ton épée dans le fourreau ; car quiconque tirera l’épée, périra par l’épée… Ne faut-il pas que je boive le calice que mon Père m’a préparé ? Ah! si je voulais l’éloigner des mes lèvres, mon Père m’enverrait pour me défendre, plus de douze légions angéliques, mais comment les péchés du monde seraient-ils expiés? et comment se vérifieraient les Écritures qui ont prédit tout ce qui va s’accomplir ? »
Répondre

Revenir à « Doctrine et débats sur les principes »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Ahrefs [Bot] et 0 invité