Autres explications possibles relativement à ces questions :
Saint Jérôme montre, en son commentaire (cf.a. Saint Bède), que l'on peut attribuer cet étonnement et ces interrogations tant, comme nous venons de le voir, aux bons Anges, qu'aux démons, ainsi qu'aux hommes contemplant ce mystère :
Saint Jérôme a écrit :
« Qui est ce Roi de gloire ? Voix des démons les plus grands, comme pour dire : Nous, nous avons pour roi le diable ; ce Roi de gloire qui est-Il ?
Voix des bons Anges en réponse : le Seigneur fort et puissant ; fort, Lui qui a lié votre prince (Mc. 3,27), fort quand Il a assumé la mort et puissant quand Il a vaincu l'enfer.
Dans le combat, quand, après avoir spolié le Tartare (l'Enfer), il a ramené avec Lui une multitude de captifs.
Il clame à nouveau, et dit : « Levez vos portes, ô Princes, et élevez-vous, portes éternelles ». Que s'élèvent les portes du Ciel éthéré, que s'ouvrent les issues des demeures éternelles.
Car Il n'a pas possédé son immense gloire seulement après la Résurrection, mais Il a eu celle par laquelle Il est égal au Père avant que le monde soit fait. L'adorant donc, en raison d'une telle gloire et de cette puissance unique, ils disent : Qui est ce Roi de gloire ?
Et il leur est répondu : Le Seigneur des Armées est Lui-même ce Roi de gloire. Cela est dit du Christ, parce qu'Il siège au-dessus des neuf Choeurs des Armées célestes....
Levez vos portes. Voix des bons Anges, ou voix du Seigneur aux bons Anges. Levez vos portes, car lorsqu'Adam a péché les portes du Paradis ont été fermées, et un glaive de feu fut donné au Séraphin chargé d'en garder l'accès (Gen. 3,24).
Mais après que le Christ soit venu en ce monde, qu'Il ait lutté avec le diable, ouvert l'enfer et amené avec Lui les âmes des Saints et soit retourné dans les Cieux parmi les bons Anges, alors les portes du Paradis, qui avaient été autrefois fermées, furent ouvertes....
Qui est ce Roi de gloire ? Voix des Anges qui sont toujours restés auprès du Père, comme pour dire : Nous, nous voyons le Père et le Fils toujours ensemble : Ce Roi de gloire, qui est-Il ? Ils disent cela, pour ce qui est de la nature humaine....
Levez vos portes. Voix du Prophète aux Juifs, déposez votre superbe, votre cupidité et votre avarice... La fragilité humaine répond : Qui est ce Roi de gloire ? comme pour dire : Celui-ci est Celui que nous avons crucifié, insulté et tenu pour rien.
Il leur est répondu : C'est le Seigneur des Armées, Lui qui, en raison de la fragilité de sa chair, est certes mort pour un instant, mais qui vit à présent par la vertu de Dieu (II Cor. 13,4).»
(Saint Jérôme in Ps. 23, 9s)
Saint Robert Bellarmin a écrit :
« Par ce verset, il est démontré que le Christ Seigneur est vraiment et proprement Dieu, et non une pure créature comme l'ont prétendu les Ariens et de nombreux hérétiques.
Car Il est nommé ici Seigneur des Armées ou des Vertus, des Forces, Nom qui, dans toute l'Ecriture Sainte, n'est attribué qu'à Dieu seul ; ainsi que Roi de la gloire, c.à.d. Roi de la Jérusalem céleste, qui est le lieu de la lumière et de la gloire maximale et éternelle, ce qui sans nul doute ne peut convenir qu'au seul et vrai Dieu.»
(Saint Robert Bellarmin, in Ps. 23, 10)
Saint Jérôme a écrit :
« En hébreu, il est mis : Seigneur Sabaoth, que les Septante traduisent en un autre passage par Tout-Puissant.
Il mérite, certes, d'être nommé le Seigneur des Vertus, Lui qui pour nous s'est fait homme, s'est livré à la mort, s'est abaissé jusqu'aux ténèbres des enfers ; ce qu'Il a entrepris par clémence, toléré avec patience, surmonté avec force, mené à sa perfection d'une manière admirable. Lui, qui a foulé aux pieds les enfers par sa propre vertu, qui est revenu dans les hauteurs avec triomphe, qui est monté aux Cieux avec gloire, qui siège à présent à la droite de Dieu le Père Tout-Puissant, interpellant sans cesse pour (le pardon de) nos péchés. Amen.»
(Saint Jérôme in Ps. 23, 10)
Saint Augustin a écrit :
« Déjà le Seigneur atteint le Ciel où, Roi de gloire, Il entrera, afin d'interpeller pour nous à la droite du Père.»
(Saint Augustin in Ps. 23, 9s)
(Extraits d'un article publié dans le n̊ 55 de la revue
Sub Tuum Praesidium, lui-même repris au Livre IV de
Consummatum Est en préparation.)