Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1988)

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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite L GS du 17/9/1987

DEUX POINTS DE DETAIL

J'aurais bien d'autres choses à dire sur la dizaine de pages que vous avez consacrées à Saint Bellarmin dans votre lettre du 28 Avril mais je veux me limiter et je n'examinerai plus que deux points de détail.

1̊ - Votre "démonstration" comporte ceci :
Il n'est pas possible qu'un grand saint et un grand docteur ait pu commettre un sophisme ; DONC il n'en a pas commis et c'est Michel Martin qui se trompe en prétendant que Saint Bellarmin a enfreint les règles de la logique. Vous donnez de plus un argument frappé de sophisme comme vous allez le voir. Je vous cite (c'est moi qui souligne)

"Si donc, par une soi-disant inattention, il était lui-même tombé dans le "sophisme" que vous croyez découvrir dans son raisonnement, ce saint Docteur aurait démoli en un instant une des principales démonstrations de son traité pour la défense du Saint-Siège, démonstration qui serait alors inutilement fondée sur 5 longs chapitres, détruits comme un château de cartes par une inattention bien fâcheuse et étonnante. Et personne ne l'aurait vu avant vous ? ... Pas même ces hérétiques qui cherchaient la moindre faille chez ce docteur qui les martelait si fortement, non plus que les Papes qui l'ont tant loué, particulièrement pour cet ouvrage.”

Ce texte appelle de ma part deux observations :

Il est inexact que je sois le seul à avoir rejeté le "Depositus est" pour illogisme. J'en ai souvent parlé au regretté Abbé Raymond Dulac que j'ai connu intimement (il a même habité chez moi à Versailles). Or, il pensait exactement comme moi.

Dans l'oeuvre immense de Saint Bellarmin et Saint Alphonse, cette question du Pape hérétique n'occupe que quelques lignes ou quelques pages que les "sedevacantistes" ont regardé à la loupe et en laissant souvent croire, comme vous, qu'elles sont la cheville ouvrière de leur oeuvre. Il me parait de plus difficile de penser que ce soit cette question du Pape hérétique qui ait été capitale pour la défense des prérogatives du Saint Siège contre des théories hérétiques.

Saint Bellarmin (ainsi que Saint Alphonse) ayant été déclaré docteur de l'Eglise, je n'ai aucune peine à vous croire lorsque vous me dites que tout ce qu'il a écrit pour la défense du Saint Siège et qui lui ont valu de vives félicitations, notamment les 5 chapitres que vous mentionnez, est très remarquable.

Mais conclure comme vous le faites que ces 5 chapitres auraient été démolis "comme un château de carte" si Bellarmin s'était trompé sur le "Depositus est" est inexact. Il faudrait pour cela que le "Depositus est"
découle de ces 5 chapitres par un raisonnement rigoureux. Or, ce n'est pas possible puisque, d'une part, la théorie du "Depositus est" est fausse et que, d'autre part, aucune théorie fausse ne saurait découler légitimement d'une théorie juste. L'oeuvre magistrale de Saint Bellarmin n'a donc rien à craindre de la fausseté du "depositus est".

J'ai dit que la question de la perte du Pontificat par un Pape hérétique était "sans intérêt pratique" à l'époque et vous me répondez que c'est inexact parce que Saint Bellarmin s'en est servi contre les hérétiques. Je vous crois sur parole mais je doute qu'il ait fondé cette réfutation sur cet unique argument. De toute manière, aucune réfutation efficace d'hérésies ne peut être fondée sur une théorie fausse et je suis bien persuadé, a priori, que Saint Bellarmin a "martelé" les hérétiques avec de meilleurs arguments.

Mais, de toutes manières, comment ne voyez-vous pas qu'il n'y a aucune commune mesure entre la réfutation nécessaire des hérétiques à l'époque et les formidables problèmes posés par les Papes Paul VI et Jean Paul II ?
Je maintiens donc que si Bellarmin avait vécu sous ces deux pontificats, il aurait prêté attention aux arguments de ceux qui n'admettent pas sa thèse et il l'aurait retirée.


2̊ - J'avais donné au mot "manifeste" son sens actuel de "totale évidence". Vous me dites que c'est inexact et que dans les écrits de Bellarmin, "hérésie manifeste" s'oppose simplement à "hérésie occulte".
Je suis incapable d'en juger et je vous crois sur parole.

Mais si vous aviez réfléchi sérieusement sur ce que j'ai écrit, vous auriez vu que cela renforce ma critique au lieu de la diminuer. Je n'expliquerai pas ici pourquoi car je vous estime capable de le trouver tout seul mais je reste à votre disposition si vous en aviez besoin.

Encore une fois, j'aurais encore bien d'autres choses à dire sur tout ce que vous m'avez écrit sur Saint Bellarmin mais ayant dit ici l'essentiel, je préfère m'en tenir là.

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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Abbé ZINS
TOURS

à M. Georges SALET
à Chatelguyon

Saint Matthieu, Apôtre et Evangéliste
Lundi 11 [en fait, le 21 ! ] septembre 1987

Monsieur,

L'expédition du n° 9 de "Sub Tuum" allant me préoccuper dès demain ou après-demain, je vous réponds maintenant que j'ai bien à l'esprit votre lettre et vos arguments.

Au risque de vous étonner, votre lettre du 17/9/87 me montre que vos arguments sont de plus en plus faibles au fur et à mesure de notre correspondance.

En effet, votre tentative de démonstration d'un sophisme en forme de cercle vicieux chez saint Robert Bellarmin pourrait impressionner un idéaliste, mais pas un réaliste thomiste. Je m'explique.

La réalité d'un fait ne dépend pas du jugement que nous en avons. L'existence, la nature et les diverses qualités d'un tapis persan n'attendent pas que madame Simone de Beauvoir se réveille la nuit pour "les penser" à nouveau pour être ou subsister. (Ce serait, avec Descartes et ses successeurs, s'attribuer la puissance de Dieu qui crée toutes choses lorsque sa pensée le juge bon.)

De même l'hérésie publique de quelqu'un, son schisme, ses actes d'idolâtrie, sont ou ne sont pas des faits objectifs indépendants de nos raisonnements et de notre jugement.

Or ce que vous essayez de démontrer en vue de "boucler" un cercle vicieux (c entraîne a), ne serait juste que si l'hérésie de Paul VI ou de J.P. II, ou les actes idolâtriques de ce dernier, dépendaient de notre jugement ou de celui de l'Eglise.

Votre erreur à ce sujet a probablement sa source dans une erreur sur la nature de l'hérésie publique (à ce sujet, cf. "Sub Tuum" n° 3, p. 12 à 15 résumant la doctrine catholique).

Un 2e. fondement probable de cette erreur est sans doute une des trois erreurs dénoncées (ibid. p.17 à 21) qui découlent de la première.

Donc si, dans votre raisonnement, a + b entraîne c, il est, par contre faux que c entraîne a + b : il s'agit de votre part (en p. 4 et 5) d'une forme de sophisme très courante, bien expliquée par vous à la page précédente (p. 4) :

"Une forme très courante de sophisme consiste à prétendre que s'il est vrai que A (ici a + b) entraîne B (ici c) alors B entraîne A. C'est souvent vrai, mais pas toujours".

Vous voilà donc réfuté par vous-même.

Car si la déchéance du Pontificat du fait d'une hérésie publique entraîne qu'une déclaration et un jugement subséquents sont possibles, ce ne sont point du tout cette déclaration et ce jugement qui entraînent la déchéance, et encore moins l'hérésie !...

(En outre, il ne faudrait pas confondre un jugement de l'esprit constatant un fait objectif, avec un jugement juridique condamnant un coupable.)

Qu'un jugement antérieur ou une déclaration antérieure entraîne ensuite comme conséquence la déchéance du Pontificat sont respectivement les erreurs, fondées sur un sophisme, de la thèse du "deponendus est" classique et celle particulière de Suarez (cf. ma lettre du 28/4/87 p.7 à 9).

La doctrine du "depositus est" ne voit dans la déclaration qu'une constatation postérieure d'un fait objectif, constatation utile et quasi nécessaire néanmoins pour le bien commun (cf. ibid. et p. 10).

C'est donc, une fois de plus, vous qui raisonnez mal et "sophistiquement", et non pas saint Robert et moi-même à sa suite.

J'en profite pour vous faire remarquer ceci : Vous avez affirmé plusieurs fois, en tentant parfois de le démontrer comme dans votre dernière lettre, que je faisais des sophismes. Je me suis à chaque fois appliqué à vous montrer qu'il n'en était rien.

Tandis que j'ai démontré que vous avez fait plusieurs sophismes dans vos réponses, et vous n'avez point cherché à réfuter ces démonstrations...
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite et fin L Ab Z du 21/9/1987

Venons-en à ce que vous nommez les deux points de détail.

Vous dites que "de nombreux théologiens ont bien senti ce sophisme et ont, pour cette raison, rejeté le raisonnement de saint Robert" (p. 5). Or vous n'en citez, encore une fois, aucun ! Ou plutôt, de façon plus réaliste, qu'un seul : "Il est inexact que je sois le seul à avoir rejeté le "depositus est" pour illogisme... L'abbé Dulac... pensait comme moi" (p. 7).

En outre, vous ne vous êtes sans doute pas rendu compte de la grave implication de vos propos (en p. 6) : "tous les théologiens de bon sens ont rejeté le "depositus est" pour cette raison".

Ils reviennent en effet à prétendre que S. Robert et S. Alphonse ne sont pas des théologiens de bon sens, non plus que tous les anciens Pères sur lesquels s'appuie S. Robert, comme le montrent plusieurs citations faites dans ma lettre du 28/4 et dans les précédentes.

D'autre part, les 5 chapitres de S. Robert seraient démolis comme "un château de cartes" non pas, comme vous le dites, uniquement si "le "depositus est" en découlait par un raisonnement rigoureux. En effet, tel n'est pas l'objet propre de ces chapitres, y compris du 5e., comme je l'ai montré dans ma lettre du 28/4, p. 6.

L'objet de ces 5 chapitres est la démonstration que le Saint-Siège n'est jugé par personne. Si, dans la dernière preuve que S. Robert fait à ce sujet, s'était glissé le sophisme que vous dites, les hérétiques qu'il réfutait s'en seraient servi pour tirer argument de là et prétendre montrer que le Pape (toujours Pape) pourrait bel et bien être jugé en cas d'hérésie, et donc qu'il pourrait arriver que le Saint-Siège soit jugé au moins en ce cas : ce qui aurait donc rendu inutile ces 5 chapitres s'appliquant à démontrer qu'en aucun cas le Pape (toujours Pape) ne peut être jugé.

(Vous me faites dire, une fois de plus, tout à fait autre chose que ce que j'ai pourtant expliqué clairement en p. 6. sans sourciller de dire que l'on ne peut juger le Pape en aucun cas, alors que vous ne cessez de porter des jugements défavorables - et publiquement - sur celui que vous tenez pour Pape ! )

Notons encore, comme je l'ai déjà indiqué (lettre du 28/4, p. 14), que ce n'est pas le Christ qui déposerait le Pape, cela n'étant pas nécessaire puisqu'il s'agit d'une incompabilité de nature entre l'hérésie publique et l'appartenance à l'Eglise que ce soit comme membre ou comme tête visible.

Vous revenez encore sur l'affirmation que S. Robert et S. Alphonse réclamaient la nécessaire intervention d'un organisme officiel de l'Eglise, mais vous seriez bien en peine de citer un texte où ils en parleraient, puisqu'il n'y en a pas (cf. ibid. p. 8).

Enfin, vous écrivez étonnamment que pour le sens du mot "manifeste" employé par S. Robert, vous êtes "incapable d'en juger" et que vous me croyez "sur parole", alors que je vous ai fourni une démonstration fouillée (ibid. p. 11-12) vous donnant d'amples indications vous permettant de porter un jugement certain. A ce propos, je compte effectivement que vous m'expliquiez aussi comment ce terme de manifeste opposé à occulte renforce votre thèse.

Il me reste à vous dire qu'un Pape pourrait perdre le Pontificat non seulement par démission et hérésie, mais aussi par schisme, apostasie ou folie (cf. "Sub Tuum" n° 3, p. 24).

Je ne crains qu'une chose, pour la suite de notre si intéressante correspondance : votre résistance à la Vérité connue ! Je sais qu'il est excessivement dur de reconnaître que l'on ait pu se tromper sur un point depuis 12 ans...

Alors ma logique, pas si déraisonnable que cela, m'induit à penser que vous sentant de plus en plus "coincé" par cette force irrésistible (sagement parlant) de la Vérité, et ne voulant sans doute point l'avouer, ni à vous-même ni à moi, vous ne remettiez en avant le "dialogue de sourds" pour justifier la fin de cette correspondance et pour échapper (devant les hommes, non devant Dieu) à cette reconnaissance de votre erreur.

Comme vous le pensiez, votre numéro sur les sacres m'a grandement intéressé. Au milieu d'une foules de bonnes choses, j'y ai cependant relevé 5 erreurs dont je vous parlerai lorsque j'aurai reçu le travail complet de l'abbé de Blignières qu'il m'a promis (cet été) de m'envoyer.

Daignez agréer, Monsieur, mes sentiments respectueux.
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Georges SALET
Chatelguyon - le 30 Septembre 1987

à Monsieur l'Abbé ZINS
TOURS

Monsieur l'Abbé,

Le facteur ayant mis le courrier contenant votre lettre du 22 septembre dans la boîte aux lettres d'un autre occupant de la "Résidence du Parc" et celui-ci s'étant absenté pendant quelques jours, votre lettre du 22 m'a été remise seulement aujourd'hui avec le courrier que m'a valu mon N° 81.

Je veux bien discuter avec vous mais à la condition que vous preniez le temps de me lire sérieusement. Vous m'avez répondu par retour du courrier et j'ai le regret de vous dire que votre lettre est parfaitement incohérente.

Vous dites, par exemple, que "la réalité d'un fait ne dépend pas du jugement que nous en avons". Où avez-vous vu que je pense le contraire ?

Qu'un occupant du trône de Pierre soit hérétique ou ne le soit pas, c'est en effet un fait objectif qui ne dépend pas de notre jugement. Mais ce n'est pas être idéaliste que de dire que vous, Abbé Zins, qui déclarez que Jean Paul II est hérétique, proférez un jugement qui peut être vrai ou faux. Il est insensé de dire que l'argument du cercle vicieux que je vous ai exposé "pourrait impressionner un idéaliste mais pas un réaliste thomiste" !

Je ne relèverai pas toutes les erreurs de votre lettre mais seulement celle-ci qui prouve bien que vous ne m'avez pas lu sérieusement.
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite et fin de la L GS du 130/9/1987

J'avais pris la peine de vous exposer p. 4 quelques notions de logique élémentaire que l'on enseigne maintenant en Seconde. Je vous avais dit, notamment, qu'il était faux que A ==> B entraine B ==> A mais que A ==> B entrainait Non B ==> Non A et réciproquement, vérité que n'importe quel élève de Seconde est capable de démontrer. Autrement dit, en utilisant la notation actuelle, on a :
( A ==> B ) <====> ( Non B ==> Non A) .

Et vous m'écrivez sans sourciller que je me contredis moi-même en disant que A ==> B entraine B ==> A ! C'est insensé !

La formule que je viens d'écrire veut dire que les deux implications
A ==> B et Non B ==> Non A ne peuvent être que simultanément vraies ou simultanément fausses.

J'insiste : Si l'on a démontré que Non B ==> Non A, on a démontré du même coup que A ==> B.

J'avais, page 5, appliqué ces notions élémentaires aux propositions que j'avais appelées A et C en disant que

"S'il est vrai que Non A ==> Non C, alors, il est nécessairement vrai que C ==> A.
Or, Non A ==> Non C (reportez vous à ma lettre) veut dire :

"Sil est vrai que l'occupant du Siège de Pierre N'EST PAS hérétique", alors il est vrai que

"Le jugement de l'Eglise qui a précédé la déclaration N'EST PAS légitime et ne correspond pas à la réalité objective".
Si vous admettez cette proposition qu'il me parait bien difficile de contester, alors c'est la LOGIQUE qui vous oblige à en déduire que
C ==> A soit

"Si le jugement de l'Eglise qui a précédé la déclaration EST légitime et correspond à la réalité objective, alors, il est vrai que l'occupant du Siège de Pierre est hérétique".

Si vous n'êtes pas convaincu, allez voir un professeur de Seconde C.

J'attends donc que vous réfléchissiez et reconnaissiez que votre précipitation à me répondre vous a empêché de me lire sérieusement et vous a fait commettre une grossière erreur de raisonnement.

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur l'Abbé, l'expression de mes sentiments profondément agacés.

Georges SALET
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Abbé ZINS
TOURS

à M. Georges SALET
Versailles

Saint Denis et ses compagnons
Vendredi 9/10/1987

Monsieur,

Une fois de plus vous faites gravement monter le ton de la controverse dans votre lettre du 30/9, par les expressions violentes : "c'est insensé" (p. 1) et "mes sentiments profondément agacés" (p. 2).

A moi donc de le faire redescendre à nouveau, en acceptant avec patience et sans agacement de telles assertions.

Avant de répondre à votre lettre du 30/9, je voudrais vous demandez les deux précisions suivantes :

1̊) Vous écriviez en p. 4 le 17/9 : "si B est faux, alors A l'est aussi". Assertion que vous sous-entendez par la suite sans jamais plus la rappeler que par le fait d'indiquer : B = faux par Non B, et A = faux par Non A.

Et vous écriviez (ibid.) :

" Autrement dit : (A ==> B) ==>(Non B ==> Non A), en ajoutant en p. 1 le 30/9 : "et réciproquement".

Autrement dit :

(A ==> B) <====>(Non B ==> Non A)."



La première précision souhaitée est la réponse à la question suivante :

Affirmez-vous aussi que :
Si A est faux, alors B l'est aussi. Autrement dit : (A ==> B) ==> (Non A ==> Non B), et réciproquement, soit : (A ==> B)<====>(Non A ==> Non B) ?

Pouvez-vous donc répondre à cette question, en précisant de plus (au niveau de la règle, et non de tel cas particulier) le motif de votre réponse soit positive, soit négative ?

2̊) La deuxième précision souhaitée est la réponse à cette 2e. question :

La légitimité de la déclaration que J.P. II est hérétique dépend-elle du fait de l'hérésie publique de J.P. II, ou bien est-ce le fait de l'hérésie publique de J.P. II qui dépend de la légitimité de la déclaration ?

Le propre d'un professeur étant d'être patient surtout avec les élèves qui semblent ne pas comprendre, j'espère que le Professeur Salet se montrera tel en cette occasion qui se présente à lui.

Daignez agréer, Monsieur, mes salutations en Jésus et Marie.
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Georges SALET
21 Octobre 1987

Monsieur l'Abbé,

J’ai bien reçu votre lettre du 9 octobre et je satisferai à votre demande mais c’est impossible dans l’immédiat.

Je suis, en effet, très affecté par la lente agonie de mon collaborateur et ami H. Le Caron de Joyeuse. On lui a donné l’Extrême Onction le 14 ; j’ai voulu y assister, ai pris froid et suis pour l’instant au lit avec une bronchite + antibiotiques et je suis épuisé.

Priez pour H. Le Caron et aussi pour moi. Respects.
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Abbé ZINS
TOURS

à M. Georges SALET
VERSAILLES

Saint Denis et ses compagnons
Vendredi 4 décembre 1987

Monsieur,

En vous remerciant de votre mot du 21/10/1987, je m’étonne que vous n’ayez pas encore répondu aux deux questions de ma lettre du 9/10/1987 ; ce que vous pourriez faire en quelques mots :

. un oui ou non à la première :

- “affirmez vous aussi que : ( A ==> B ) <====> ( Non A ==> Non B) ? ”

.une ligne, ou à la rigueur 2, pour la 2e :

- “la légitimité de la déclaration que J.P. II est hérétique dépend-elle du fait de l’hérésie publique de J.P. II, ou bien est-ce le fait de l’hérésie publique de J.P. II qui dépend de la légitimité de la déclaration ? ”

Car il ne s’agit que de deux précisions que je vous demande, qui me permettront de répondre très précisément et brièvement à votre précédente lettre.

En espérant recevoir bientôt ces quelques mots, je vous prie d’agréer mes salutations en Jésus et Marie.


P.S. : Je n’ai pas apprécié la façon “d’argumenter” de M. l’abbé Bonneterre dans “Fideliter” n° 60 : c’est du persiflage à la Voltaire et non une démonstration digne de ce nom.
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Georges SALET
à VERSAILLES

le 8 Décembre 1987
Immaculée Conception

Monsieur l'Abbé,

Je ne vous ai pas répondu depuis mon mot du 21/10/1987 parce que j’ai été souffrant pendant 15 jours : une bronchite sans gravité spéciale mais tout de même très fatigante à mon âge.

J’ai ensuite du [sic] composer entièrement moi-même le très long N° 82 de mon bulletin. La campagne que je mène contre les sacres m’a ensuite valu de nouvelles lettres et pas mal de réactions, les objectants appartenant tous à la Fraternité.

Pour couronner le tout, mon collaborateur H. Le Caron est toujours à la mort depuis trois mois et je vous demande, en remerciement du temps que je vous consacre, de prier pour lui. C’est un miracle qu’il faudrait pour le sauver mais nous ne désespérons pas de l’obtenir.

Finalement, le dossier “Zins” est toujours sur ma table mais en 4e ou 5e position seulement. Je vais cependant vous satisfaire en vous donnant une réponse rapide aux deux questions que vous me posez.

1e Question : La formule(A ==> B ) <====> ( Non A ==> Non B) est Fausse.

La formule vraie, comme je vous l’avais clairement indiqué d’ailleurs, est la formule (A ==> B ) <====> ( Non B ==> Non A).

En lisant les considérations embrouillées de votre lettre du 9/10/1987, il m’apparaît que vous n’avez pas compris ce que signifie Non A. Je vous répète que Non A ne veut pas dire que A est faux mais que Non A est une proposition dérivée en la niant.

Je vous donne à nouveau un exemple.

A : “L’Abbé Zins est en ce moment à Versailles.”
On a alors, Non A : “L’Abbé Zins n’est pas en ce moment à Versailles.”
Si A est faux (ce qui est probablement le cas) alors Non A est vrai.

“Le Professeur Salet” veut bien vous donner des leçons (il donne des leçons de mathématique à plusieurs de ses 13 petits enfants, y compris à ceux qui sont en “mathématique spéciale”). Si vous venez à Versailles, prenez un rendez-vous avec moi (39508415) ; car je m’absente souvent. Mais je ne puis donner des cours par correspondance à des élèves qui, comme vous, me semblent peu doués pour les mathématiques. Demandez alors à un professeur de mathématique de Tours de vous indiquer un manuel pour la classe de Seconde C dans lequel vous trouverez tout ce que vous aurez besoin de savoir sur la “logique des propositions” laquelle, quant au fond, est identique à celle d’Aristote mais autrement efficace.

Chaque mois, j’introduis dans mon ordinateur la formule (A ==> B ) <====> ( Non B ==> Non A) en vue de l’impression automatique des étiquettes des abonnés à jour de leur abonnement et de ceux qui ne le sont pas.

Etudiez donc sur un cours, étant entendu que je reste à votre disposition pour vous expliquer un point précis que vous n’auriez pas saisi.

J’ai montré ma démonstration “mathématique” du “sophisme de S. Bellarmin” à plusieurs personnes qui l’ont trouvée sans failles et qui m’ont suggéré de la publier ; ce que je ferai si je n’ai pas de choses plus importantes à dire.

2e Question : Vous me demandez (je copie textuellement) :

α : “La légitimité de la déclaration que J.P. II est hérétique dépend-elle du fait de l'hérésie publique de J.P. II” ou bien

β : “Est-ce le fait de l'hérésie publique de J.P. II qui dépend de la légitimité de la déclaration ? ”


Je suppose que par “hérésie publique”, vous entendez hérésie publique matérielle,
et que par hérétique tout court, vous entendez hérétique formel.

Car si “hérétique” à cet endroit, voulait dire “hérétique matériel”, vos questions n’auraient aucun intérêt. La question β serait, au surplus, absurde.

Votre question est alors suivante :

Soient les propositions :

A : La déclaration que J.P. II est hérétique (formel) est légitime.
B : Jean Paul II est (matériellement) hérétique.

Doit-on dire que B ==> A (1e ligne de votre texte)
ou que A ==> B (2e ligne).

Réponse :

- La proposition B est vraie ; elle n’a pas besoin d’être démontrée. Elle ne fait que traduire une réalité objective sur laquelle tous les traditionalistes sont d’accord.

- La proposition A est fausse et la prétendre vraie résulte d’un raisonnement en cercle vicieux que j’ai appelé “le sophisme de S. Bellarmin”.

Reportez-vous à ma démonstration de ma lettre du 17 septembre, tout spécialement p. 4, 5 et 6.

Si l’on avait B ==> A, alors A serait vrai puisque B est vrai ; mais je mets au défi qui que ce soit de le démontrer (que B ==> A).

Donc B ==> A faux.

L’implication A ==> B est vraie mais sans l’ombre d’intérêt puisque nous savons déjà que B est vrai.

Je vous rappelle que si l’on a (A ==> B) vrai et B vrai, on ne peut rien conclure sur la vérité ou la fausseté de A.

Respectueusement vôtre.
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Abbé ZINS
TOURS

à M. Georges SALET
VERSAILLES

Saint Damase
Vendredi 11 décembre 1987

Monsieur,

L’article de M. Le Caron dans le dernier “de Rome et d’ailleurs” m’avait fait songer que peut-être, après une fausse alerte, il allait mieux. Puisqu’il n’en est rien, je continuerai de prier pour lui.

En vous remerciant de votre lettre du 8/12, je viens vous demander une ultime précision.

Vous n’avez pas compris ma 2e question dans son sens exact.

Je vais donc y ajouter entre parenthèses le terme : “formel”, pour qu’elle soit explicite :


“La légitimité de la déclaration que J.P. II est hérétique (formel) dépend-elle du fait de l’hérésie (formelle) publique de J.P. II, ou bien est-ce le fait de l’hérésie (formelle) publique de J.P. II qui dépend de la légitimité de la déclaration ? ”

(Eventuellement, si votre point de vue diffère en cela de celui que vous pensez que S. Robert en a, daignez m’indiquer l’un et l’autre.)

Cela vous demande une réponse brève sur un seul point, même s’il s’agit de ne dire que dans telle partie elle est absurde, comme vous l’aviez fait dans votre lettre du 8/12.

En Vous souhaitant une meilleure santé et du courage dans votre épreuve au sujet de M. Le Caron, je vous prie d’agréer mes salutations distinguées.
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