Notion catholique du Martyre (DTC)

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Abbé Zins
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Re: Notion catholique du Martyre (DTC)

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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.


Certains théologiens admettent qu'on peut être martyr par suite du seul désir intense du martyre selon le canon 26 De Poenitentia, dist. I. Il y aurait dès lors des martyrs de la patience, de l'observance claustrale, de la virginité, de la charité chez ceux qui se laissent consumer par le zèle de l'amour divin ou chez ceux qui ont supporté avec vaillance une longue maladie ou qui, soignant les pestiférés, sont morts de la contagion.

Dès lors une question se pose : la mort est-elle nécessaire pour constituer le martyre ? Non, répond Martin De agistris, tract. De martyrio, q. I-IV. Oui, répond saint Thomas d'Aquin, IIa-IIae, q. CXXIV, a. 4, suivi par Cajétan, Capissucchi, Hurtado, Raynaud. Le mérite peut d'ailleurs être le même, puisqu'il dépend des sentiments intérieurs, mais l'auréole manque, ainsi que l'explique saint Thomas, In I Vum Sent., dist. XL IX, q. V, a. 3, quxest. 2, ad 3am : Actes exterior semper addit ad rationem meriti, vet demeriti, secundum quod in actu oportet voluntatem variari ex vehementia actus a statu, in quo prias fuerat... Cum actus martyrii maximam difficultatem habeat, voluntas martyrii non pertingit ad illud meritum, quod actui martyrum debetur ratione difficultatis, quamvis etiam possit pervenire ad alterius praemium, considerata radice merendi, quia aliquis ex majori charitate potest velle sustinere martyrium, quam alias de facto sustineat, unde voluntarie martyr potest mereri sua voluntale præmium essenliale aequale, vel majus eo, quod martyri debetur, sed aureola, cum debeatur difficultati, quœ est in ipso pugna martyrii, non debetur, nisi iis, qui actum externum martyrii sustinent.

Les saints eurent généralement un grand désir du martyre et sont néanmoins honorés comme confesseurs, ainsi saint Dominique, d'après saint Antonin, Sum. theol., part. III, tit. XXXI, c.IX, saint François d'Assise, sainte Thérèse, saint Jean de Capistran, saint Romuald, saint Martin, saint François Xavier et tant d'autres.

Pour ceux qui moururent de la contagion en soignant les pestiférés, Théophile Raynaud, De martyrio per pestent, prétend que c'est un vrai martyre; il est suivi par le trinitaire Jean d'Andrada, mais son livre fut condamné par l'Index en 1646, et sa doctrine réfutée par Hurtado, le card. de Lauria, Muratori, Tract. de peste, 1. III, c. vr. Le cardinal Capisucchi. Controversia de martyrio, n. I1, fait une distinction entre celui qui serait placé par le persécuteur au service des pestiférés en haine de la foi et qui serait vraiment martyr, et celui qui s'y mettrait de lui-même.

Le martyrologe romain signale au 28 février des martyrs d'Alexandrie morts en soignant des contagieux, mais il emploie le terme veluti martyres qui indique une analogie avec les martyrs et non une assimilation complète. Le cas de Louis de Gonzague confirme cette-doctrine, puisqu'il n'est pas honoré comme martyr quoiqu'il soit mort en soignant des contagieux, de même pour saint Jérôme Émilien.
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Abbé Zins
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MARTYRE.


Cas des martyrs qui se sont donné la mort.

—Le persécuteur est alors cause occasionnelle, non cause efficiente. C'est le cas de sainte Apollonie qui sauta dans le feu pour éviter le déshonneur et de sainte Pélagie, vierge d'Antioche, qui se précipita dans l'eau avec sa mère et ses soeurs : de même les trois cents martyrs honorés le 21 août dans le martyrologe romain et désignés sous le titre de Massa candida.

A propos de ces cas difficiles, saint Augustin, De civ.Dei, I, XXVI, dit prudemment : De his nihil temere audeo judicare. Mais Coquée, dans ses notes sur le livre de la Cité de Dieu, indique que saint Augustin était tenu à une réserve excessive à cause des circoncellions de son temps qui se livraient à la mort.

En réalité, puisque ces saints sont admis dans le catalogue des martyrs. il faut déclarer qu'ils y ont été poussés par une inspiration divine, ainsi le card. Cozza, Com. hist. dogm. in lib. S. Auguslini de Haeres., part. I. c. I, n. 177 ; Gravina. Contin. sec. P. Cath. Praescript., L. IV, p. 336 ; Soto, In IVum Sent., dist. XLIX, q. V, a. 2 ; Baronius, Annales, an. 870, n. 41.

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MARTYRE.


Peine infligée par le persécuteur (c. XII.)

— Nous avons vu que la mort est nécessaire pour le martyre ; cependant, si le martyr reçoit une blessure mortelle et survit néamoins par miracle, il ne sera pas privé de l'auréole, de même ceux qui subissent pour le Christ la prison, l'exil, des souffrances jusqu'à la mort. Ainsi pensent avec saint Thomas d'Aquin, Soto, Capisucchi, les Salnranticenses, Suarez, Hurtado, Ilaynaud, Gotti, Maurus et d'autres.

C'est le cas de saint Jean, sorti par miracle de l'huile bouillante, de sainte Thècle, honorée comme première martyre, condamnée aux bêtes mais sauvée par protection spéciale, de saint Félix de Nole honoré le 14 janvier dans le martyrologe romain, de saint Grégoire, évêque de la Grande Arménie, honoré le 29 septembre, comme d'ailleurs de Daniel, échappé de la fosse aux lions et des trois enfants, sauvés de la fournaise. S. Cyprien, Epist. LVIII.

Dans les premiers temps, le titre de martyr était donné aux simples confesseurs comme on peut le voir dans Tertullien, Ad martyres et dans saint Cyprien, Epist., X, Ad martyres et con/essores Jesus-Christi, Epist., XIV, XV, XXX. Notons toutefois que certains repoussaient ce titre dont ils se déclaraient indignes ; d'autres distinguaient un double degré : martyre initial et martyre parfait ; nous parlons de ce dernier, c'est le martyre au sens strict.

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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.


Que penser de celui qui, miraculeusement, n'a ressenti aucune douleur au milieu des supplices ? Le cardinal Capisucchi dans sa controverse sur le martyre, n. 5, déclare qu'on peut y voir tout au plus un martyre inchoative, mais non au sens rigoureux. C'est d'ailleurs la doctrine de Cajetan. Théophile Raynaud soutient le contraire. C'est le cas des saints Typhon et Respicius, de saint Théodore d'Ancyre et de saint Basile d'Ancyre. Ce fut d'ailleurs le cas des trois enfants jetés dans la fournaise, que Tertullien et saint Cyprien appellent martyrs.

Que penser maintenant si la blessure, mortelle par elle-même, est guérie par un médecin ou au contraire si la blessure, qui n'est pas mortelle de soi, entraîne la mort faute de soins ? Dans le premier cas, répond Soto, p. 1037, il n'y a pas martyre, quia Ecclesia nullum medicorum judicium, sed solam modem tamquam sufficiens testimonium approbat martyrii. Dans le second cas, il faut distinguer : ne serait pas martyr celui qui aurait négligé de recourir au médecin alors qu'il aurait pu le faire facilement, car il paraîtrait avoir désiré la mort d'une façon excessive et être coupable de négligence. Dans le cas contraire, il y aurait martyre et c'est le cas de 20 moines de la Laure de Saint-Sabas, au IX siècle, honorés au 20 mars.

Si le cas se présentait d'un serviteur de Dieu guéri miraculeusement de blessures mortelles, il faudrait dans la discipline actuelle prouver juridiquement la blessure mortelle, la guérison miraculeuse et la persévérance jusqu'à la mort dans la charité et la pratique héroïque des vertus.

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MARTYRE.


Cause du martyre ex parte persecutoris (C. XIII).

— Elle doit être examinée avec soin, et d'abord l'intention du persécuteur. C'est ce qui fut fait notamment avec un souci particulier dans la cause célèbre des martyrs du Japon, étudiée par la congrégation des rites en 1685-1687. Précisément l'édit de l'empereur du Japon, interdisant à ses sujets tous rapports avec les Portugais, n'invoquait d'autres raisons sinon que ceux-ci avaient introduit et favorisé les prédicateurs de la foi chrétienne. Cf. Gotti, De vera Ecclesia, t. 1, C. III, n. 1, 1.1. Or, le martyr consiste dans l'acceptation volontaire de la mort pour la foi du Christ ou pour tout autre acte de vertu rapporté à Dieu. Il faut donc de la part du persécuteur la haine de la foi ou de toute autre bonne œuvre en tant que commandée par la foi du Christ.

1. Peu importe que le persécuteur soit païen, hérétique, ou même catholique; il suffit qu'il inflige la mort par haine d'une vertu qui peut se ramener à la foi, ainsi Stanislas de Cracovie, Thomas de Cantorbéry, Jean Népomucène furent mis à mort respectivement par Boleslas roi de Pologne, Henri roi d'Angleterre, Wenceslas roi de Bohême qui étaient pourtant catholiques.

2. Il n'est pas nécessaire que le persécuteur soit décidé par la haine de la foi: il peut se faire qu'il croie punir un vrai crime dont la victime a été calomnieusement chargée. Il faut alors prouver que l'accusateur a procédé ex odio fidei. Le cas s'est présenté dans les premiers temps du christianisme, puisque les chrétiens étaient accusés par leurs ennemis de toutes sortes de crimes odieux, et quoique la preuve juridique n'en ait jamais été faite, il a pu arriver que les juges, en envoyant les martyrs à la mort, aient cru parfois punir de justes crimes.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.


3. Il n'est pas nécessaire que le persécuteur avoue expressément agir en haine de la foi ; il suffit que ce soit son vrai motif, même s'il invoque un autre prétexte. Cf. Borellus, De regis Cath. praestant., c. LXXI, n. 29; Gotti, Theol., t. XIII, q. II. C'est ce que confirme l'histoire, puisque Néron commença la persécution en prétextant l'incendie de Rome qu'il attribua lâche--ment aux chrétiens.

4. Il n'est pas nécessaire que le persécuteur condamne expressément à mort ; il suffit que ses paroles soit interprétées dans le sens d'une condamnation à mort. C'est le cas célèbre du roi Henri d'Angleterre qui s'est défendu d'avoir expressément commandé l'assassinat de saint Thomas de Cantorbéry. Saint Bernard cite un cas analogue, celui de Thomas, prieur de Saint-Victor de Paris, Epist., CLIX, P. L., t. CLXXXII, col. 319.

5. L'occasion du martyre peut venir d'ailleurs, pourvu que la cause finale soit vraiment la haine de la foi, car tout acte reçoit sa véritable espèce de sa cause finale. Ainsi le martyrologe romain célèbre au 16 mai le martyre de saint Abdas dont parle Theodoret, H. E., V, XXXVIII. Or, Abdas avait détruit le temple consacré par les Perses au soleil, ce dont le blàme Théodoret ; mandé par Isdegerde, roi des Perses, et sommé de le reconstruire, il refusa et fut mis à mort. Il est considéré comme martyr, non pour avoir détruit ce temple, mais pour avoir refusé de le réédifier. Benoît XIV cite deux autres cas plus célèbres, étudiés de son temps, celui de saint Josaphat et celui de Pierre de Arbues ; il cite également le cas plus curieux encore de la bienheureuse Camille Gentili, tuée en 1486 par son mari, pour avoir causé avec sa propre mère, Brandine Gracie. Personnellement il était favorable à lui accorder le titre de martyre pour avoir méprisé les menaces de son mari, et avoir voulu pratiquer le commandement de Dieu qui ordonne d'honorer ses parents, mais la difficulté de la cause provenait de l'impossibilité de prouver que cette mort injuste lui avait été infligée en haine de la foi.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.


Comment peut-on prouver que le persécuteur agit en haine de la foi ? Cette preuve peut s'administrer de différentes manières : a) Par la sentence du persécuteur qui peut le dire explicitement. — b) Par la discussion entre le persécuteur et le martyr. — c) Par les promesses faites au martyr pour l'amener à changer de résolution. — d Par l'impunité offerte au martyr s'il consent à renier la foi du Christ. — e) Enfin cela peut apparaître conclùdenter, c'est-à-dire par mode de conclusion, et résulter des circonstances, des actes, des démarches ; par exemple, il était chrétien, il a refusé de faire quelque chose d'incompatible avec la foi ou avec la morale chrétienne.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.


Conditions requises chez le martyr avant sa mort (c. XV).

— 1. Considérons d'abord le cas des enfants. Pour qu'ils soient martyrs, il suffit qu'ils soient morts pour le Christ, et cela même dans le sein maternel. Nous avons le cas célèbre des saints_ Innocents que l'Église a toujours honorés comme martyrs. Saint Augustin, De libero arbitrio, 1: III, c. XXIII : Etiam infantes illos, qui, cum Dominus Jesus Christus necandus quiereretur, occisi sunt, in honorem martyrum receplos commendat Ecclesia. P. L., t. XXXII, col. 1304.

Notons toutefois cette différence entre les enfants et les adultes que ces derniers seuls auront l'auréole. Cf. saint Thomas d'Aquin, In IVum Sent, dist. XLIX, q. v, a. 3, quest. 2, ad 12am; II-II, q. CXXIV, a. 1, ad 1um : Innocentes, sicut non pertingunt ad perfectam rationem martyrii (in quantum scilicet martyrium est actus virtutis et fortitudinis), sed aliquid martyrii habent ex hoc quod parsi sunt pro Christo, ita etiam aureolam, non guidera secundum perfectam rationem, sed secundum aliquam participationem, in quantum scilicet gaudent, se in obsequium Christi occisos esse, ut dictum est de pueris baptizatis, quod habebunt aliquod gaudium de innocencia et carnis integritate.

L'auréole signifie couronne d'or ; elle désigne la joie accidentelle s'ajoutant à la joie essentielle du Ciel et provenant de certaines victoires éminentes. Ces victoires peuvent provenir de la lutte contre la chair, contre le monde mauvais ou contre l'erreur ; l'auréole convient donc aux vierges, aux martyrs et aux docteurs. Or, les enfants n'ont point lutté, ils sont de vrais martyrs, mais ne peuvent avoir l'auréole.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.


2. Adultes. — Le martyre supplée le baptême d'eau ; il produit les mêmes effets, il efface le péché originel, les péchés actuels quant à la coulpe et à la peine ; voir la préface de saint Cyprien au De exhortatione martyrii : Docentes, hoc esse baptisma in gratia majus, in potestate sublimius, in honore praestantius; baptisma, in quo baptizant Angeli, in quo Deus et Christus ejus exultant ; baptisma post quod nemo jam peccat ; baptisma quod fidei nostrae incrementa consummat ; baptisma, quod nos de mundo recedentes statim Deo copulat. In aquae baptismo accipitur peccatorum remissio, in sanguinis corona virlutum. P. L., t. IV, col. 680. — Et saint Augustin, De civ. Dei, XIII, vin: Quicumque, etiam, non percepto regenerationis lavacro, pro Christi conlessione moriuntur, tantum eis valet ad dimittenda peccata, quantum si abluerentur sacra fonte baptismatis. Qui enim dixit : Si quis non renatus fuerit ex aqua et Spiritu sancto non intrabit in regnum coelorum, alia sententia istos fecit exceptas, ubi non minus generaliter dixit : Qui me confessus fuerit coram hominibus, confitebor et ego eum coram Patre meo, qui in coelis est ; et alio loco : Qui perdiderit animam suant propter me, inveniet eam. P. L., t. XLl, col. 381.

— Aussi l'Église ne prie pas pour les martyrs, elle les invoque, et le pape Innocent III, citant saint Augustin, In Joannem, tract. LXXXIV, a pu dire : Injuriam fecit martyri, qui orat pro martyre.

Les théologiens discutent pour savoir si cet effet du martyre est produit ex opere operato, ou s'il est produit ex opere operantis et provient de l'acte de charité contenu dans l'acceptation du martyre,selon la doctrine de saint Thomas,. IIIa, q. LXVI, a. 12, ad 2VIIII : Effusio sanguinis non habet rationem baptismi, si sit sine caritate, et IIa-IIe, q. CXXIV, a. 2, ad 2um : Martyrium est caritatis ut imperantis, fortitudinis auteur ut elicientis. — Cajétan, Soto, Bellarmin, Suarez enseignent que le martyre ne justifie pas strictement ex opere operato, comme les sacrements, mais quasi ex opere operato, par suite d'un privilège fondé sur l'imitation de la passion du Christ qui a promis le salut éternel à qui donne sa vie par amour pour lui.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.


Quoiqu'il en soit de cette discussion théorique, il faut certaines conditions pratiques : Si l'adulte est catéchumène, il doit autant que possible recevoir le baptême d'eau avant le martyre.

S'il est déjà baptisé, il doit, si possible, confesser ses péchés à un prêtre ou du moins les regretter et recevoir la sainte communion, car ces préceptes obligent de droit divin au moment de la mort, et le martyre ne peut en dispenser. C'est la doctrine de saint Thomas, In I Vum Sent., dist. IV, q VI, a.3, quest. 3, ad1um; Ma, q.LXVI,a.11; cf. Soto, In IVum Sent., dist. XV, q. I, a. 1, concl. 3 et Estius, In I Vuai Sent., dist. IV, n. 21.

— Les théologiens se demandent si celui qui se rappelle un péché non confessé est tenu de le détester formaliter et peut être justifié par un acte d'amour de Dieu super omnia, mais si cette discussion théorique s'applique au cas où le précepte de la pénitence n'urge pas, en cas de mort imminente on est tenu de se repentir et de faire un acte formel de détestation de tous les péchés dont on a le souvenir.

— Celui qui va mourir pour le Christ et qui n'est pas baptisé ni ne peut l'être, est-il tenu de désirer le baptême ? Estius répond qu'il est seulement tenu de ne pas le mépriser, mais qu'il n'est pas tenu de le désirer puisqu'il a un moyen plus parfait d'obtenir la vie éternelle.

— La contrition au sens strict est-elle nécessaire ? Bellarmin assure que l'attrition suffit comme pour le baptême d'eau ; ainsi pensent Bonacina, Anaclet. Le cardinal de Lauria dit que c'est probable, non certain. Suarez, Maurus, Hurtado tiennent qu'en pareil cas il faut s'efforcer de faire un acte de contrition, seul moyen sûr ; Soto et Gotti admettent, comme probable, qu'il suffit de la contrition virtuelle incluse dans la ferveur de l'acte de charité par lequel on choisit Dieu plus que sa propre vie. Ces questions qui regardent le for interne intéressent le théologien plus que le canoniste.

L'histoire nous apprend que les fidèles des premiers siècles avaient l'habitude d'aller visiter les chrétiens dans leurs prisons ; ils leur apportaient charitablement des vivres, du vin mélangé de myrrhe pour les aider à supporter les tourments, il y eut même des abus contre lesquels saint Cyprien proteste dans son Épître V. Tertullien cite même un cas de martyr ivre, incapable de répondre aux interrogations du juge. Les diacres apportaient aux futurs martyrs la sainte eucharistie, les prêtres célébraient la messe dans leurs cachots pour les préparer au sacrifice suprême.
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