Les merveilles divines dans les àmes du purgatoire

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Monique
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XXXVIII MERVEILLE.



La dévotion du Saint Rosaire renferme de précieux avantages.


Fructifiez comme le rosier planté au bord des eaux, ( Eccli. XXXIX, 17.)

Ce que Pline dit de la rose, qu'elle a reçu de la nature non-seulement le privilège de nous charmer par sa beauté et ses parfums, mais encore de nous guérir, peut s'appliquer à la dévotion du rosaire, car en même temps qu'elle réjouit les âmes vouées au culte de Marie elle leur procure des grâces abondantes. En voici une preuve admirable:

Dans le royaume d'Aragon, une jeune fille de haute naissance, vivement impressionnée par les prédications de saint Dominique, s'était fait recevoir de la confrérie du Rosaire. Mais, tout adonnée aux vanités du monde, elle oubliait souvent la récitation de son chapelet, préférant passer des heures entières devant son miroir, plutôt que de prier. Son extraordinaire beauté lui attira une foule de prétendants de la première noblesse.

Le désir de l'obtenir pour épouse, suscita parmi ces jeunes gens de grandes rivalités. Deux surtout, de familles illustres, se signalèrent par leur jalousie et leurs contestations. Ils en vinrent même à se défier en duel.

Au jour marqué, les deux champions bardés de fer et armés, chacun d'une longue lance, entrèrent en lice, en présence de la jeune fille qui devait elle-même, comme dans un tournoi, proclamer le vainqueur. Au signal donné, ils fondirent l'un sur l'autre avec tant de fureur qu'ils tombèrent tous deux blessés mortellement. Quelques minutes après ils étaient entrés dans leur éternité...

Lorsque les parents des jeunes seigneurs apprirent cette triste nouvelle, leur douleur et leur indignation furent si grandes, que, oubliant les lois divines et humaines, ils se saisirent de la malheureuse Alexandra et la frappèrent jusqu'à la laisser expirante. Baignée dans son sang, l'infortunée demanda grâce, et supplia de la laisser au moins se confesser avant de mourir Cette demande qui aurait dû exciter leur pitié, enflamma encore leur courroux; ces forcenés se précipitèrent sur elle et lui tranchèrent la tète d'un coup de sabre. Puis, pour cacher leur crime aux yeux de la justice, ils jetèrent le cadavre de leur victime dans un puits profond.
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Monique
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Mais la Mère de miséricorde qui n'avait pas oubliée les quelques hommages que lui avait rendus la malheureuse Alexandra, révéla l'horrible événement à saint Dominique qui demeurait dans une autre ville. Le saint, malgré son zèle et sa compassion, ne put se rendre où la sainte Vierge l'appelait qu'au bout de quelques jours.

Arrivé au bord du puits, le serviteur de Dieu dit d'une voix forte; « Alexandra! Alexandra! » O prodige! A cet appel, la tête décapitée, et encore toute sanglante, s'élève du puits avec le buste auquel elle s'unit. Alexandra ressuscitée, se jette aux pieds du saint et lui demande la confession. Saint Dominique reçoit l'aveu de ses fautes; l'absout et lui donne la sainte communion. Elle lui rendit d'affectueuses actions de grâces de ce qu'il l'avait reçue du Rosaire qui lui avait obtenu de la Reine des cieux de si grands bienfaits. L'heureuse ressuscitée vécut encore deux jours qu'elle consacra, soit à dire les chapelets qui lui avaient été donnés pour pénitence, soit à recommander la dévotion du Rosaire à la foule immense accourue pour la voir.

Interrogée par le saint patriarche sur ce qui lui était arrivé après sa mort, elle raconta trois choses mémorable. La première, que par les mérites de la confrérie du Rosaire, elle avait eu au moment d'expirer, la grâce de la contrition, sans laquelle elle eût été damnée; la seconde, qu'au moment où on lui tranchait la tête, elle s'était trouvée assaillie par une troupe de démons qui voulaient l'entraîner dans l'abîme, mais que la sainte Vierge était accourue pour la défendre, et la délivrer; la troisième, qu'elle était condamnée à deux cents ans de purgatoire pour avoir causé la mort des deux jeunes gens; en outre, qu'en expiation de sa Vanité et de ses parures immodestes, qui avaient été pour beaucoup une occasion de péché, elle avait à endurer cinq cents autres années de purgatoire; mais qu'elle espérait que par les mérites et l'intercession des membres de la confrérie, elle serait promptement délivrée. Lorsque Alexandra eut achevé son récit, elle s'endormit paisiblement dans le Seigneur, et où lui fit des funérailles solennelles. Saint Dominique et tous les confrères, offrirent à Dieu tant d'oraisons, de pénitences et d'aumônes pour délivrer cette âme, que bientôt, on obtint la grâce espérée.

Quinze jours s'étaient écoulés, lorsque tout-à-coup le saint patriarche vit apparaître la défunte plus resplendissante que l'étoile matinière. Elle supplia saint Dominique de rendre de cordiales remerciements à ses bienfaiteurs; puis elle ajouta qu'elle venait, embassa-drice des âmes du purgatoire, le prier qu'il prêchât et étendit la dévotion du Rosaire; que, spécialement, il exhortât les confrères à appliquer à ces âmes leurs bonnes œuvres et les riches indulgences qu'ils possédaient, promettant qu'elles aussi dans le ciel, leur obtiendraient mille bénédictions. Les anges, ajouta-t-elle se réjouissent de la dévotion du Rosaire, et leur glorieuse Reine se déclare la bienfaisante mère de tous ceux qui l'honorent par la récitation de cette prière.Puis, cette âme bienheureuse s'envola au séjour des éternelles félicités.

(V, Alain Durocher (De Rupe), Psalterium, 5e p., ch. 52; Eusèbe Niéremberg. Strophe. Marian., liv. IV. ch. 29. )
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XXXIX MERVEILLE.


Une fontaine changée en feu.


Nous avons passé par l'eau et par le feu, et vous nous avez conduits au lieu du rafraîchissement, (Ps. LXV, 12.)


Autrefois, le Seigneur pour récompenser la fidélité des trois enfants de Babylone, changea en une douce rosée les flammes de la fournaise. Et de nos jours, par un prodige tout opposé, il convertit une fontaine fraîche et limpide en une véritable fournaise, pour punir une infidélité qui avait blessé son divin coeur.

On lit dans la vie des hommes illustres de l'ordre des Cisterciens, qu'un abbé d'une éminente piété portait néanmoins une affection trop partiale à un neveu qu'il avait élevé lui-même dans le monastère, et formé de bonne heure à l'observance de la règle.

Après un long gouvernement, comme il touchait au terme de sa vie, les moines qui l'aimaient à cause de ses bonnes qualités, lui laissèrent le choix d'un successeur. L'abbé, qui tant de fois avait donné des preuves de sa prudence et de son désintéressement, écouta dans cette circonstance la voix de la nature, et nomma son neveu qui était tout jeune encore, mais cependant, mûr en vertus. Puis le bon vieillard partit pour l'autre vie, et Dieu l'envoya en purgatoire expier son amitié trop humaine.

Pendant sa vie, il avait l'habitude de prendre sa récréation dans un jardin fleuri, plein d'ombre et de fraîcheur, où coulait une source limpide. C'était là surtout qu'il aimait à se reposer de ses longues fatigues, et des soucis qu'entraîne après soi le gouvernement d'une abbaye.

Le neveu, à l'imitation de son oncle, visitait souvent cette douce retraite. Un jour, qu'il était assis auprès de la fontaine, il en entendit sortir une voix plaintive qui disait: «Hélas! hélas!» Le jeune abbé troublé déprime abord, reprit courage, et conjura cet être mystérieux qui gémissait, de se manifester. Un profond soupir se fit entendre, et la même voix dit encore « Hélas ! je suis l'âme de l'ancien abbé, votre oncle; un feu dévorant me consume dans le sein de l'onde même. Le juste Juge en a ordonné ainsi, pour me punir de n'avoir écouté que mon cœur, dans l'élection de mon successeur.»

Cette vision remplit de tristesse l'âme du jeune abbé, et immédiatement, il renonça à la supériorité pour mener une vie cachée en Dieu. Il passait ses jours, dans l'exercice de la pénitence et de l'oraison, afin de délivrer son oncle châtié à cause de lui. Il ne cessa d'offrir des suffrages, que lorsqu'il eut acquis la certitude que l'âme du défunt était entrée dans l'éternel repos.

( V. le fr. Alexis Ségala, Triumph. animarum, 2e part., ch. 16, ex. 3; le P. Martin de Roa, De Statu animarum, ch. 4. )
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XL MERVEILLE.


Les âmes du purgatoire protègent leurs bienfaiteurs.


Ses ennemis ont été repoussés par la crainte qu'il leur inspirait. ( I Mach. III, 6.)



Dans l'ancienne Loi, le vaillant Judas Macchabée mérita par sa confiance en Dieu d'avoir l'armée du ciel pour le défendre contre ses ennemis. Pareillement dans la loi nouvelle, bien des fois, des défenseurs invisibles ont protégé les faibles contre les attaques de l'ennemi.

En voici un exemple. Il y avait un soldat plein de vaillance et de vertus, qui se fiait plus dans la force de Dieu que dans celle de ses armes. Sa confiance lui valut d'avoir les âmes du purgatoire pour protectrices. Parmi ses œuvres de piété, il s'était fait une loi de ne jamais passer par un cimetière ou devant une église sans s'arrêter quelques instants à prier pour les morts qui y reposaient.

Or, un jour qu'il se promenait seul et sans armes, il fut observé par des ennemis qui l'épiaient pour lui ôter la vie. Le bon soldat, dans le péril qui le menace, s'enfuit à toute vitesse, et rencontrant un cimetière sur sa route, il le traverse sans savoir seulement dans quel lieu il se trouve; mais s'apercevant tout-à-coup qu'il est dans la demeure des morts, le voilà dans une grande perplexité: fuira-t-il? ou s'arrêtera-t-il pour prier? Sa piété l'emporte sur la crainte, et il dit dans son cœur: « Que je perde la vie plutôt que de manquer à ma résolution de soulager les âmes. Le Dieu Tout-Puissant pourra bien me faire un bouclier contre les armes de mes enragés ennemis. » Et il se mit à genoux pour réciter un De profundis. Ceux qui le poursuivaient, entrèrent dans le cimetière; déjà leurs épées étaient levées, pour le frapper mais le voyant cloué comme une statue, ils s'imaginèrent que la crainte de la mort lui avait comme enlevé l'usage des sens, et ils se regardaient l'un l'autre. Enfin ils allaient le tuer.

Mais quel ne fut pas leur effroi, de le voir entouré tout-à-coup d'un essaim d'hommes armés! Contraints d'abandonner leur projet homicide, les assassins, tremblant pour leur propre vie, s'enfuirent à toutes jambes. Par une permission du Ciel, le pieux soldat ne s'était aperçu ni du secours ni du péril. Lorsqu'il eut achevé sa prière, il leva les yeux, et ne voyant personne, il se remit en route en bénissant Dieu.

Quelque temps après, des amis communs ménagèrent une réconciliation. Lorsque la paix fut faite, les deux anciens ennemis demandèrent au pieux soldat quelle cause l'avait rendu immobile dans le cimetière lorsque les épées se levaient contre lui, et quelle était cette troupe d'hommes armés qui, soudain l'avait environné. Les questions et les réponses mutuelles firent connaître que les âmes du purgatoire étaient intervenues.

Le bruit de cet admirable, événement se répandit dans tout le pays; il excita dans bien des cœurs, dit l'historien, un zèle ardent en faveur des Âmes souffrantes, toujours si promptes à secourir ceux qui les soulagent par leurs bonnes œuvres.

(V. Alex. Ségala, Triumph. animarum , 2e P., Historia viorum illuster. Cisterciens, ex. 4. )
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XLI MERVEILLE.


Œuvres d'insignes charité envers les âmes du purgatoire.


La charité est patiente, elle est bienveillante, elle endure tout. (I Cor. XIII.)


La véritable charité est tout esprit, tout industrie, pour trouver les moyens de subvenir à l'indigence du prochain, spécialement a celle des âmes souffrantes.

Nous en voyons un bel exemple dans la grande servante de Dieu, sœur Marie Villani, de l'ordre de Saint-Dominique. Elle s'étudiait nuit et jour à inventer des œuvres satisfactoires pour le soulagement des défunts. Dans cette intention, une veille d'Epiphanie, elle s'était adonnée à de plus grandes oraisons, et avait offert à Dieu les cruels tourments de la passion du Sauveur, méditant sur chaque détail, chaque douleur, chaque instrument. La nuit suivante. Jésus lui lit connaître combien cette méditation lui avait été agréable.

Pendant son oraison, elle tomba en extase et vit une longue procession de personnes vêtues de manteaux splendides, d'une éclatante blancheur, chacune portait un insigne de la passion: celle-ci, les cordes; celle-là, les fouets; une troisième, la colonne: d'autres enfin les épines, la croix, les clous, la lance. Une vierge portant une palme, précédait le cortège.

On s'arrêta devant un autel magnifique. Là, toutes déposèrent leurs emblèmes de douleur, et reçurent en échange, des mains d'un roi, une riche couronne d'or, et chaque personne venait, rayonnante de joie, remercier la vierge qui les avait accompagnées. Cette vision lui fut expliquée. Ces personnages mystérieux étaient les âmes du purgatoire; les signes sacrés qu'elles portaient, signifiaient qu'elles avaient été délivrées de leurs peines par les mérites de la divine Passion; cette vierge qui les précédait, tenant une palme à la main, c'était Marie Villani elle-même dont les suffrages avaient procuré aux âmes souffrantes leur délivrance et la couronne de gloire.

Le jour de la fête des morts, on lui ordonna de continuer la composition d'un ouvrage qu'elle avait entrepris sous le titre De tribus divinis flammis; elle s'en excusa parce qu'elle désirait passer tout ce jour en oraisons, pénitences et autres bonnes oeuvres pour le soulagement des âmes du purgatoire. Mais le Sauveur lui apparut et lui ordonna d'écrire, et pour l'encourager, il lui promit de délivrer autant d'âmes qu'elle écrirait de lignes dans le courant du jour. La charitable religieuse, enchantée de cette libérale promesse, se mit au travail, avec une admirable ardeur.
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Monique
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La véritable charité est tout esprit, tout industrie, pour trouver les moyens de subvenir à l'indigence du prochain, spécialement a celle des âmes souffrantes.

Le démon, jaloux du bonheur qu'elle procurait aux âmes, mit tout en œuvre pour interrompre son travail; il alla même jusqu'à se transformer en oiseau noir et difforme, essayant de la fatiguer par un vol continuel: tantôt il s'efforçait de la frapper avec ses ailes, tantôt il se lançait sur son visage. Mais la sainte religieuse connaissant que c'était l'esprit malin, s'en moqua, et écrivit encore avec plus de vitesse, tellement, qu'à la fin de la journée, son ouvrage était terminé. Mais pendant quatre jours elle fut prise de douleurs violentes, et ne put pas même remuer un seul doigt de la main: on aurait dit qu'une partie des tourments dont elle avait délivré les âmes, lui avait été réservée pour satisfaire à la divine Justice.
Sa grande charité ne connaissait pas de bornes, aussi passa-t-elle outre, au point de vouloir assumer sur elle-même les tourments des âmes dont elle demandait la délivrance. En voici un exemple.

Un jour qu'elle priait dans la même intention, elle fut ravie en esprit et conduite au purgatoire. Parmi la triste multitude qui peuplait ce lieu, elle aperçut une âme plus tourmentée que les autres; des flammes horribles l'enveloppaient des pieds à la tête. La servante de Dieu lui demanda pourquoi elle était ainsi punie, et si jamais elle n'éprouvait de soulagement: « Je suis ici depuis longtemps, répondit cette infortunée, j'endure des peines atroces pour mes vanités et mes parures immodestes! et jusqu'à cette heure, je n'ai pas obtenu le moindre rafraîchissement; le juste Juge a permis que je fusse oubliée de mes parents, de mes enfants et de mes amis. ils ne font jamais pour moi la moindre prière. Quand j'étais sur la terre j'étais tout adonnée aux pompes et aux vanités du siècle, et dans l'entraînement des plaisirs et des fêtes, j'oubliais pour ainsi dire Dieu et mon âme; à peine trouvais-je le temps de faire de loin en loin quelque acte de dévotion; mais en revanche je songeais à accroître mes richesses, hélas! pour des ingrats! »

A ce récit, le cœur de la sainte fut vivement ému; elle pria cette âme de lui faire connaître quelque chose de ce qu'elle endurait. Alors, l'âme s'approche, et, de l'extrémité du doigt, lui touche légèrement le front. Ce contact fit éprouver à Marie Villani une douleur de brûlure si violente, qu'à l'instant même, elle sortit de son extase. Pendant deux mois elle conserva au front une plaie extrêmement douloureuse; et avec cela, notre sainte offrait encore d'autres pénitences pour délivrer cette âme malheureuse. Enfin, elle lui apparut en songe pour lui annoncer qu'elle s'envolait aux joies du paradis. Dès ce moment cette charitable vierge ne ressentit plus aucune souffrance, et la trace de feu avait disparu de son visage, au grand étonnement des religieuses qui n'avaient nulle connaissance du dernier trait que nous venons de rapporter.

( V. Vita Mariae Villani, par le P. Domin. March, I, II, 5, )
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XLII MERVEILLE.


Supplications d'une Vierge défunte.


Ouvrez la main au pauvre, afin que votre sacrifice d'expiation soit parfait. (Eccli. VII, 36. )


Parmi les nombreux prodiges arrivés pendant le chant de l'office de Requiem autour des cercueils des morts, on en cite un très-frappant arrivé à Mantoue dans un monastère de Saint-Vincent, en présence des religieuses rassemblées. Une sœur nommée Paule, de l'ordre de Saint-Dominique, après une vie sanctifiée par la pratique des plus grandes vertus, revint de l'autre monde, nous prouver que l'âme la plus parfaite n'est pas sans tache devant les yeux très-purs de l'éternel Juge.

Le corps de la défunte avait été transporté au milieu du choeur selon l'usage; toutes les religieuses, formant une couronne autour du cercueil, chantaient pieusement les psaumes consacrés aux morts. La bienheureuse Etiennette Quinzana, remarquable par sa belle intelligence et par les faveurs célestes dont Dieu la comblait, fut exhortée spécialement à offrir de ferventes prières pour la délivrance de cette âme, d'autant plus que ces deux saintes religieuses avaient eu ensemble d'intimes communications spirituelles.

Etiennette donc, mue par un sentiment de profonde affection, s'approche de la bière, les mains jointes, et prie avec une grande ferveur. Tout-à-coup la morte laisse tomber de ses doigts glacés le petit crucifix qu'elle tenait, étend sa main gauche, saisit la main droite de son amie, et la serre si étroitement qu'aucun effort ne la lui peut arracher.

A un tel prodige, les religieuses demeurent atterrées. Les deux mains restèrent entrelacées une heure entière; on essaya vainement de les délier. Alors intervint le supérieur. Il commanda à la défunte, au nom de la sainte obéissance, de laisser promptement la main de la sœur Quinzana. A l'instant même, Paule retira sa main. Exemple admirable d'obéissance qui enseigne éloquemment aux vierges consacrées, de quelle manière elles doivent recevoir et exécuter les commandements des supérieurs.
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Etiennette comprit parfaitement ce que signifiait ce serrement de main; mais comment le comprit-elle? La défunte lui avait-elle parlé en réalité, ou bien par une. voix intérieure?

L'historien ne le spécifie pas, seulement il affirme qu'Etiennette a reçu de la défunte cette supplication:

« Secourez-moi, ô Etiennette ! secourez-moi dans les supplices où je me trouve. Si vous saviez, combien sont terribles, au moment de la mort, les assauts des ennemis invisibles! Oh ! vous ne pouvez comprendre combien le Sauveur compatissant devient un juge sévère lorsqu'une âme comparait à son tribunal suprême!

Quel examen terrible! et pour les fautes même les plus légères, quels supplices inexplicables dans aucune langue humaine. Si vous saviez combien je souffre pour ces fautes dont on ne tient aucun compte dans la vie ! O Etiennette, des oraisons, des jeûnes, des pénitences pour votre bien-aimée sœur Paula. »

La servante de Dieu, émue par ces touchantes plaintes, s'adonna à toutes sortes d'œuvres satisfactoires, et ne cessa point qu'elle n'eût acquis la certitude, qu'en vertu de ses suffrages, l'âme de son amie, affranchie de ses liens, s'était envolée dans le sein de l'éternelle béatitude.

(V. Franc. Seghizzus, Vita B. Stephanoc, p. 110; J.-B Manni, Trig, disc, VI, n. 27.)
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XLIII MERVEILLE.


Admirable reconnaissance d'une âme du purgatoire.


Soyez miséricordieux, car vous amasserez ainsi un trésor pour le jour du besoin. (Tob. IV, 9.)



Plusieurs historiens ont rapporté l'assistance merveilleuse dont les saintes âmes du purgatoire favorirent Christophe Sandoval, archevêque de Séville. Quand il n'était encore qu'un enfant, il distribuait aux pauvres une partie de l'argent destiné à ses menus plairs; parvenu à l'adolescence, il s'appliqua aussi au soulagement des défunts, et donnait pour eux ce dont il pouvait disposer, même jusqu'à se réduire à la nécessité.

Lorsqu'il était étudiant à l'université de Louvain, il arriva un jour que les lettres de change qu'il attendait d'Espagne, ayant tardé, il se trouva réduit à une telle extrémité, qu'il ne lui restait pas même de quoi prendre un repas.

L'heure du dîner était passée depuis longtemps, et Sandoval était à jeun. Par surcroît, un pauvre vint lui demander l'aumône pour l'amour des âmes du purgatoire; refuser la charité, surtout lorsqu'il s'agissait des défunts, c'était pour lui une peine bien amère. Aussi pour consoler sa tristesse, il entra dans une église, et tout exténué qu'il était, il se mit à prier pour les âmes, ne pouvant pas autrement les secourir.

Il n'avait pas fini sa prière, qu'il vit venir à lui un beau jeune homme, en habit de voyage, qui lui fit un salut gracieux et plein de respect. Christophe, à cette vue, resta tout interdit, un frisson indéfinissable parcourut tous ses membres; cependant il se rassura, quand l'étranger, d'une voix pleine de douceur, lui donna des nouvelles du marquis de Dania son père, ainsi que de ses parents et de ses amis, absolument, comme s'il arrivait à l'heure même de l'Espagne. Notre étudiant était enchanté de cette rencontre; mais il le fut bien davantage lorsqu'il entendit l'étranger, le prier très-gracieusement de venir dîner avec lui à son hôtel : pour un estomac vide l'occasion était belle, aussi Christophe ne se fit pas renouveler l'invitation, et voilà nos deux jeunes gens à table avec le meilleur appétit du monde, causant avec une familiarité charmante, comme s'ils s'étaient toujours connus.

A la fin du souper, le jeune étranger mit dans la main de l'étudiant une grosse pile d'écus avec la liberté d'en disposer à son gré, ajoutant qu'il se fera rembourser cette somme quand il voudra, par le marquis de Dania. Puis prétextant quelques affaires, il prit congé du jeune homme.
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Monique
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Quelques recherches que fit Sandoval, soit à Louvain, soit dans sa patrie, il n'eût jamais aucune indice de cet inconnu; jamais l'argent ne fut réclamé à la famille, et chose singulière, cette somme suffit à ses dépenses jusqu'au jour où lui arriva d'Espagne, l'argent qu'il attendait. Aussi demeura-t-il persuadé que c'était une âme du purgatoire qui, sous l'apparence d'un étranger, était venue le secourir en reconnaissance de ses suffrages.

Lorsque Sandoval se rendit à Rome, lors de sa promotion à l'épiscopat. il raconta en secret à Clément VIII, ce miraculeux et providentiel événement: le Souverain Pontife lui ordonna de le publier afin d'exciter es fidèles à secourir les défunts. Christophe, quoique très-humble, y consentit dans l'intérêt des âmes du purgatoire. Il s'efforça de répandre cette dévotion non seulement jusqu'aux confins de son diocèse, mais encore dans toute l'Espagne. Pour ces pauvres exilées que leurs dettes retiennent captives loin de la sainte patrie, Christophe Sandoval fut animé jusqu'à sa dernière heure de la plus tendre compassion et du zèle le plus infatigable.

De là, on peut conclure avec certitude que, dans le cours de sa longue existence, ce saint archevêque a envoyé au ciel un grand nombre d'âmes, et qu'il s'est acquis lui-même une belle couronne.

(V. P, Martin de Roa, De Statu animar., c. XXI.)
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