Écoutez les pervers : —
« Ces gens sont pleins de vin,
De toi, Béelzébub, ils tiennent tout prodige,
C'est l'ombre de ton doigt fatal qui les dirige,
Retire de leurs mains ton talent de devin. »
Les bons, les admirant, suivent de ville en ville
Les disciples du Christ annonçant l’Évangile
Avec beaucoup d'ardeur.
Dans les divers pays.
On adore Jésus le Fils de Dieu fait homme
Pour racheter le monde. En peu de temps, à Rome,
Dans la Grèce et ailleurs, l’Évangile est transmis.
Voyez briller la croix à jamais adorée ;
Sous ce bois merveilleux, sous cette arme sacrée,
Tout s'écroule à l'envi. Sous ses pieds, le vrai Dieu
Foule la vaine idole et l'écrase en tout lieu.
Chaque jour voit faiblir la voix des faux prophètes,
En vain les apostats embouchent leurs trompettes,
Pour mépriser le Christ, pour abattre la croix.
En vain implorent-ils les vains secours des rois :
Les faux dieux sont tombés. Parthénon, Propylées,
Vos déesses d'argent et d'or sont mutilées ;
Rome, ton Colisée aussi s'est renversé,
A peine aperçoit- on le doigt qui l'a tracé.
Et vous, fières cités, vos fortes citadelles
Ne nous montrent que des ruines solennelles.
Royaumes, je vous vois d'ennemis entourés;
Vous êtes comme autant de bricks désemparés
Dont les mâts sont rompus et la triste voilure
S'agite au gré des vents comme une chevelure.
Vous voguez au hasard à la merci des flots,
N'ayant pas le secours des bras des matelots,
Privés même d'hélice et carène entr'ouverte,
Comme un grand poisson mort vous flottez sur l'eau verte.
La dérive vous mène aux portes de l'enfer,
Ce royaume maudit où règne Lucifer.
(à suivre)