Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

Le péché par omission, qui peut prendre des formes subtiles et cachées, est un de ceux qui s'opposent le plus fortement à la maturation et qui infantilisent le plus sûrement les hommes.

Si un trop grand nombre parmi ceux qui ont charge d’âmes ne savent pas comprendre, c'est pour avoir évité de vivre; ils sont passés à côté des déchirements que demandait la fidélité à Jésus-Christ au coeur de leur vie. Ils ont été déloyaux avec la vie.

Une autre condition pour mûrir est de demeurer près de Dieu et de ne pas s’arrêter de prier. Alors seulement on est mordu par l'expérience sans être détruit par elle. On éprouve la vie et ses grandes leçons mais on résiste à la vie, à ses possibilités redoutables de nous désespérer; on reste jeune, d'une jeunesse jaillissante et pourtant avertie. On participe de la jeunesse de Dieu. On acquiert son expérience en Dieu; c'est alors que la maturité est vraiment ce qu'elle doit être c'est-à-dire une dimension de la jeunesse --- la profondeur de la jeunesse.

A suivre...
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

Le message de la petite Thérèse

Les différence d'appréciation au sujet de la petite Thérèse doivent venir en particulier de ce que les uns croient qu'elle sait ce qu'elle dit, d'une part quand elle parle de sa tentation contre la foi et d'autre part lorsqu'elle affirme : ''Quand même j'aurais commis tous les crimes je ne perdrais rien de ma confiance, ''(1) alors que d'autres inclinent à penser que ce sont là de pieuses exagérations.

Évidemment si on estime qu'elle dit vraie, exactement vraie, on la tiendra pour une très grande sainte qui fut capable, des ici-bas, de s'égaler par son Amour et sa souffrance aux abîmes d'horreur de notre humanité et qui, auprès du Seigneur de Gloire, continue de s'y égaler par son intercession.

Si on estime qu'elle a exagéré, serait-ce inconsciemment, on la tiendra pour une sainte qui ne comprend pas vraiment le mal humain et qui ne saurait beaucoup le secourir. Avec la tradition commune, je crois qu'elle a parlé sachant de quoi il retournait.

Elle était assez simple, elle se tenait assez simplement près du Rédempteur, pour avoir compris que la confiance va beaucoup plus loin que n'importe quel crime, fait dépasser n'importe quel crime et reste toujours possible quel que soit le crime. Les monstruosités morales sont répugnantes; il est des perfections d’hypocrisie, de sacrilège, de haine ou de méchanceté qui vous comblent de dégoût; et plus dégoûtant encore, le repos satisfait dans le hors-nature, l'accoutumance à la monstruosité.

(1) Se reporter aux manuscrits autobiographiques, p. 313 et 252.


A suivre...
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

Thérèse de Lisieux sans connaître le hors-nature dans les détails et dans sa matérialité l'a cependant connu et deviné parfaitement quant à son essence, qui est la profanation du Divin Amour. Elle a de même deviné que les horreurs morales abondaient sur cette terre; elle a deviné aussi que la confiance au Père, à cause de son Fils Immolé, pouvait d’élevé du fond des gouffres et permettre aux âmes de revivre.--- Elle a dit, parce qu'elle le savait, que les êtres les plus vieux,les plus flétris, les plus déformées, pouvaient refleurir et redevenir jeunes, à la condition première de faire confiance.

Sue les aventures repoussantes des Prodigues et les Madeleines, parce qu'elle a compris plus profondément qu'elle dérision de l'Amour de Dieu leurs aventures représentaient. Mais aussi, mieux encore que les pécheurs, elle a su comment on revenait de ces aventures et comment on était nettoyé. Comment ? Par une confiance sans limite.

Le coeur de la petite Thérèse est à la dimension des horreurs étranges du monde moderne. Sa tentation du néant et la victoire sur cette tentation est à la mesure du désespoir inouï du monde moderne. Plus que d'autres saints elle est capable d'arracher à leur morne enlisement dans l'enfer éternel celles que Bernanos appelait les '' saintes Brigittes du néant '', et tous leurs frères lamentables.

A suivre...
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

Bien loin que la petite Thérèse soit en dehors de la vie réelle de l’humanité, avec tout ce qu'elle renferme souvent d'ignoble et d'infâme, elle est venue au contraire faire signe aux êtres les plus abîmés, les plus perdus (en sachant bien qu'ils étaient perdus en effet); elle est venue leur dire qu,ils étaient appelés eux aussi à la pénitence, c'est-à-dire au renouvellement, au jaillissement de la vie, à la voie d'enfance.

La petite Thérèse doit être lue par rapport à la vie réelle, et c'est aux êtres réels, qu'ils soient restés honnête, qu'ils aient descendu au fond des vices, c'est à tous sans distinction qu'elle enseigne à redevenir comme de petits enfants.

Le diable s'acharne à rendre les hommes vieux et très vieux. Il leur enseigne à étouffer la pure voix de l'enfance, à renier ses pures intuitions, à s'adapter au monde, à ses mensonges, à ses luttes ténébreuses. D'une foule d'êtres humains nous sommes amenés à penser, en les entendant parler, en les voyant faire ; ils sont vieux et à peu près morts; ils ont tué la vie au-dedans de leur âme;on dirait la damnation qui discourt et qui déambule. Comment leur faire sentir que la vie, la vérité et la victoire résident dans l'esprit d'enfance ?

A suivre...
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

La petite Thérèse a compris cela à la perfection,elle qui fut mûrie par la participation aux lamentables épreuves du monde moderne: la dégénérescence des corps, le vide total et le néant des âmes.

Je veux dire que les épreuves de la petite Thérèse ont été celles la foule humaine de notre XXe siècle: elle a dû offrir à Dieu la tuberculose qui consumait sa jeunesse; et, ce qui était bien plus dur, la diminution mentale de son père.

Elle a dû garder la Foi et l'Espérance malgré tous les diables qui lui proposaient le néant.

Sa sainteté est enracinée dans l'infortune de notre époque et, sans doute, dans la zone la plus infortunée de l'infortune humaine. (1)

C'est pourquoi nous pouvons croire à l'authenticité de son sourire et à son message d'esprit d'enfance; ils sont tellement vrais, qu'ils ont pu résister à des conditions mortelles; ils sont tellement forts qu'ils ont dépassé les pires tentations de désespoir.
(1) Voir Thibon, la douleur et la mort chez Saint Thérèse de Lisieux, dans Une sainte parmi nous (édit. Plon).


A suivre... BIENHEUREUX LES PAUVRES
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

BIENHEUREUX LES PAUVRES

Pourquoi Dieu permet-il que certains êtres qui n'étaient pas douées pour cela aient à vivre seuls ? Dieu le permet ou plutôt Dieu le veut parce qu'Il ne dispose pas de meilleur moyen pour leur faire donner un Amour vrai, un Amour qui les atteigne au profond et au vif de leur être.

Sans doute, en ne vivant pas seuls, de tels êtres arriveraient aussi à donner au Seigneur un vrai Amour; cependant le chemin serait moins direct, et sans doute l'Amour serait moins pur; ces êtres se trouveraient moins immédiatement et moins irréductiblement confronté avec Celui qui veut devenir notre tout: de sorte qu'ils seraient très exposés à s'esquiver de Lui. Lorsque Dieu veut pour un être le risque de cette solitude redoutable il lui confère un immense privilège, le privilège d'avoir à aimer sans appui et sans intermédiaire. Ce privilège comporte le risque du désespoir ou de la révolte; mais la Confiance nous vivre au-delà du risque.

D'un côté, nous devons faire ce qui est en nous pour que la vie ne condamne pas les êtres au dénuement (et le dénuement affectif est sans doute le plus radical et le plus déchirant.) Mais d'un autre côté, lorsque serait-ce par le simple jeu des circonstances, --- ce simple jeu qui est celui d'une Providence d'Amour, --- lorsque le Seigneur Dieu veut le dénuement pour un être il faut alors, tout en ne cessant de communier à cet être, bénir et remercier pour lui, redire le Beati Pauperes Sipritu et nous tenir en prière pour que ce privilégié --- s'appellerait-t-il nous-même --- ne se dérobe pas à l'honneur qui est fait.

A suivre...
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

L'Amour de Dieu n'est pas ce que disent certains dévots. Il n'est pas accommodant et sa douceur est trop vraie pour ne point commencer par l’amertume. Même quand il semble épouser les tendances de la nature il ne coïncide pas avec elles; d'une manière ou d'une autre il va à l'encontre et ces tendances sont invitées à se redresser dans une autre mystérieuse direction.

Dieu ne serait pas le vrai Dieu si son amour n'avait pas ce caractère déconcertant et terrible.

L'appel de Dieu se fait entendre à des êtres qui semblent comme spontanément adaptés à la solitude, à la virginité, à la force que suppose l'amitié divine.

Par ailleurs, dans la vie de certains êtres faibles ou démunis, ou terriblement attirés par l'amour et le plaisir, l'appel de Dieu se fait également entendre, mais quelquefois d'une manière fort mystérieuse; ce sont les privations, les empêchements, les arrachements de leur vie qui les obligent à s'apercevoir que Dieu les veut particulièrement pour Lui.

A suivre....
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

Que ces êtres aient la simplicité de faire confiance contre eux-même à l'Amour de leur Dieu et de croire que Sa Puissance se manifeste dans la faiblesse. (1) Quant aux premiers, ceux qui paraissaient spontanément adaptés à l'amitié divine, un jour viendra où, semblables en cela à leurs frères moins favorisés, ils comprendront que nul n'est fait naturellement pour l'amitié divine; ils sauront d'expérience que leur solitude n'est tenable que parce que Dieu les y tient; leur virginité n'est pure que parce que Dieu la garde; leur force ne résiste que parce que Dieu la fortifie.

Dans l'amitié divine l'aventure des forts et celle des faibles se ressemblent étrangement. Quelque différente qu'elle soit en effet elle a ceci de communs, et c'est l'essentiel, qu'elle est conduite par Dieu même. Et c'est pour cela du reste qu'elle a une signification d'Amour.

Pourquoi le Seigneur Dieu qui nous savait fait pour une certaine forme de plénitude nous amène-t-il au dénuement, à moins qu'il ne nous y précipite ? Parce qu'Il a connu la déréliction de la Croix et qu'il nous aime assez pour nous demander d'y participer.
(1) Cor. 12.9.

A suivre... LA JOIE QUE NOUS DONNE JÉSUS-CHRIST.
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

LA JOIE QUE NOUS DONNE JÉSUS-CHRIST

'' En vérité, en vérité je vous le dit, vous allez pleurer et vous lamenter; le monde, lui, se réjouira, vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie. La femme, sur le point d'accoucher, s'attriste, parce que son heure est venue; mais quand elle a enfanté elle oublie les douleurs, dans la joie qu'un homme soir venu au monde. Vous aussi maintenant vous êtes tristes; mais je vous reverrai et votre coeur se réjouira, et votre joie,nul ne pourra vous la ravir. '' (Jo. XVI. 20-22.)

Parmi ceux qui entendent ces paroles faisons attention à Simon-Pierre. Simon-Pierre, quelles heures après devait se laisser aller à renier le Maître. Dès qu'il eut pris conscience de sa lâcheté il fut désolé et bouleversé. Cependant, il finit par dépasser sa désolation, parce que, après Pâques, lorsque Jésus-Christ lui apparut personnellement, Pierre fit l'expérience que non seulement il était pardonné, mais que toujours il serait considéré comme un apôtre et même comme le chef des apôtres.

bien que dans un moment solennel sa conduite eût été misérable Pierre ne fut pas désespéré pour le reste de ses jours. Du fait de l’apparition et des paroles de Jésus ressuscité il connut, pour le reste de ses jours, une joie sans doute très humble, très cachée mais très sûre et que, rien ne put lui enlever.

En notre vallée de larmes la joie que donne Jésus-Christ est rarement éclatante; qui en douterait ?Mais c'est une joie qui résiste; assez cachée, assez profonde, assez vivace, pour que rien ni personne n'en puisse venir à bout.

A suivre...
Avatar de l’utilisateur
Monique
Messages : 694
Inscription : mar. 23 janv. 2007 1:00

Re: Sur nos Routes d'Exil: Les BÉATITUDES

Message par Monique »

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que nous sommes aimés par un Dieu Sauveur et qu'Il nous donne de L'aimer; parce que, à cause de sa Passion et de sa Résurrection, la grande source de tristesse, c'est-à-dire le péché, est désormais tarie. Personnellement, nous pouvons ne plus être roulés dans les flots du péché. Et bientôt, le monde lui-même n'y sera plus roulé. Ces flots épouvantable s'arrêteront. Ils seront renfermés dans l'Enfer; ils n'auront plus alors le pouvoir de déborder; Dieu sera devenu tout en tous dans la Jérusalem céleste.

A mesure que les années passent nous faisons l'expérience qu'il y a dans la vie plus de tristesses que de consolations, plus de déceptions que de promesses tenues. Nous nous apercevons que cette terre est non seulement une vallée de larmes et de deuils mais, ce qui est plus lamentable, un lieu de scandales et d'embûches.

Nous nous souvenons de tel et tel qui étaient si bien partis et qui, après des essais étonnants, après des lutes héroïques et acharnées, ont fini par lâcher pied, par faire comme tout le monde, par se résigner, par laisser le désir de justice et de sainteté vaciller et s'éteindre. Découragés, ils ne sont peut-être pas devenus franchement mauvais mais ils se sont abandonnées à la tiédeur. Comme ils disent: ils laissent courir; ils veulent bien encore se sauver, mais pas plus. Voilà ce que fait la vie d'un grand nombre de chrétien. Nous-mêmes ne serions-nous pas de ce nombre ?

A suivre...
Répondre

Revenir à « Les Béatitudes »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invités