LE MYSTÈRE DE MARIE

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Monique
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Or, cet Homme-Dieu, tout plein de vie divine, c'est Marie qui l'a fait. Il est véritablement le Fils de la Vierge. Aussi Marie par sa maternité, qui est divine puisque son fils est Dieu, entre-t-elle dans la sphère même des grandeurs de Jésus-Christ. Dans l'existence, cette maternité confère à la Vierge une dignité sans égale en la rattachant réellement à l'ordre de l'union hypostatique.

Dans la vie spirituelle, elle lui a valu dès l'origine une grâce sans exemple, découlant, de la façon la plus proche et avec la plus complète plénitude, de la grâce sanctifiante et capitale de son Fils. Cette dignité et cette spiritualité réunies sont « les grandes choses » que l'humble Vierge elle-même est bien obligée d'avouer que « le Tout-Puissant a faites en sa faveur », par privilège spécial, et pour lesquelles « désormais toutes les générations la diront bienheureuse (1) ».

Par là en effet se révèle également et s'explique ce que nous nommions plus haut, d'après les mots de saint Paul, les dimensions du mystère. Dieu donne à Marie assez de grandeur d'être pour qu'elle puisse concevoir tout un monde et porter en elle tout le corps mystique du Christ. De même, il la remplit d'assez de grâce sanctifiante pour qu'il soit bien vrai que nous recevons de sa plénitude et qu'elle nous communique une vie qui est la sienne. Aussi devons-nous dire de cette divine Mère, comme nous disons de son Fils: S'il y a tant en elle, c'est pour nous et pour notre salut (1).
1. Luc I, 48-49.
1. « Propter nos et propter nostram salutem. »


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Monique
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CHAPITREI III

OÙ LA TRÈS SAINTE VIERGE EST CONSIDÉRÉE DANS LA DIGNITÉ SURÉMINENTE DE SON ÊTRE


L'éminente dignité de la Mère de Dieu, deux femmes, dans l'Évangile, la saluent « à grand cri », L'une le fait dans un mouvement naturel d'enthousiasme qui ne laisse pas d'être touchant; l'autre, avec plus de profondeur et sous l'inspiration du Saint-Esprit. - « Une femme, un jour, éleva la voix du milieu de la foule pour crier à Jésus: Heureux le sein, qui t'a porté! et les mamelles que tu as sucées ! ()1 » - L'autre fois c'est Élisabeth au jour de la Visitation. « Remplie de l'Esprit-Saint, elle éleva la voix avec un grand cri et dit: Tu es bénie parmi les femmes, et le fruit de ton sein est béni! Et d'où m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? (2) »

Ces deux scènes ne sont-elles point des souvenirs de Marie, de ces choses qu'elle savait si bien retenir et méditer dans son coeur? Toujours est-il que c'est saint Luc qui les a consignées toutes les deux,saint Luc l'historien de la Vierge et le théologien discret mais profond de sa maternité. Il a senti tout ce qu'il y avait dans cet hommage.

S'inspirant de l'Évangile même, les chrétiens à leur tour n'ont fait que joindre la salutation d'Élisabeth à celle de Gabriel pour composer la prière qu'ils envoient sans cesse à leur divine Mère. C'est louer une dignité, c'est proclamer une grandeur, à laquelle ils se savent tous intéressés. Sans doute, cette dignité ne fait pas que Marie soit Dieu, ni qu'elle sorte, le moins du monde, du rang de créature. Mais elle n'est pas, non plus, une dignité purement honorifique, sans retentissement ni conséquence dans la réalité. Elle vient, dans les degrés de l'union à, Dieu, ainsi que les théologiens ont pris soin de le remarquer, aussitôt après l'union hypostatique, fort au-dessus de l'union à Dieu par la grâce sanctifiante et même par la vision béatifique (1).

La grâce et la vision, en effet, ne nous font rejoindre Dieu que dans l'ordre de l'activité et de la vie: elles nous font entrer dans une intimité avec Dieu où lui-même s'offre.aux esprits comme objet de pensée et d'amour. Avec la divine humanité de Jésus comme avec la divine maternité de Marie, avec l'Enfant-Dieu et sa Mère, nous sommes dans un autre ordre, et engagés dans le divin sur le plan même de l'existence et, pour ainsi parler, des choses. La divinité est là «corporellement», dit saint Paul (2). Ce qui signifie, explique saint Thomas, qu'elle les investit d'une manière tout à fait exceptionnelle et qu'on ne saurait trop qualifier de réelle et de physique.
1. Luc, XI, 27.
2. Luc, I, 42-43.
1. s. THOMAS, I Sent., dist, 44, qu I, art. 3.
2. Col., II, 9.

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Monique
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C'est Dieu est avec nous, Emmanuel (1), d'une façon absolument singulière. Cette présence de Dieu dans son Christ enrichit d'une manière incompréhensible tous les autres modes de présence. Elle couronne d'une sorte de majesté inattendue la présence d'immensité par laquelle Dieu existe en toutes choses.Elle provoque un renouveau magnifique en cette présence d'intimité par laquelle Dieu habite les âmes qui le cherchent. Tout est comme transformé par ce grand fait qu'il y a dans le Christ un Dieu en personne. (2).

Mais cette présence singulière ne peut pas ne pas étendre sa singularité dans une certaine mesure de Jésus à Marie. Ce Christ dont toute la nature est accaparée par Dieu, dont tous les faits et gestes et jusqu'au moindre clin d'oeil (3) sont strictement divins, c'est en cette Vierge qu'il s'est formé, c'est d'elle qu'il est né, c'est par elle qu'il est donné. Marie est trop mêlée à ce mystère pour n'en pas recevoir elle-même en tout son être comme une onction qui la mette à part des autres êtres, l'ordonne et la consacre à tout jamais. Elle tient de sa maternité. divine, comme son Fils de l'union hypostatique, la sublime investiture qui fait qu'elle est de l'ordre du Christ, de la même promotion en quelque sorte, et qu'elle se situe avec lui au-dessus de tout et de tous.

Il y a là une chose si étonnante pour ceux que n'a pas intérieurement éclairés la lumière de la foi, qu'ils ne peuvent s'en faire aucune idée; et un mystère si admirable même pour les croyants, qu'il nous. faudra plus loin en scruter les raisons providentielles. Présentement, nous ne cherchons qu'à mesurer, par le dessein de Dieu, la grandeur de la dignité conférée.

Pour concevoir le Fils de Dieu, pour le mettre au monde, pour l'y élever, et même pour le communiquer et le livrer, il semble que la divinité tout entière n'a plus voulu du tout se passer de la très sainte Vierge. Tout démontre que les Trois Personnes divines ont décidé de ne plus rien faire en cet ordre de choses si nouveau, que par Marie. Et cette conduite qu'elles ont visiblement adoptée dans l'Incarnation et le premier avènement de Jésus-Christ, elles la gardent, en effet,tous les jours, d'une manière invisible mais non moins réelle, dans la sainte Eglise, lorsque Jésus s'étend et pour ainsi dire s'incarne dans ses membres, et elles la garderont sans nul doute jusqu'à la consommation des siècles, même dans le dernier avènement et dans le règne céleste de Jésus-Christ (1).
1. Matth., I, 23.
2. Somme, IlIe, qu, 2, art. 10 ad 2 ; qu, 7, art. 13 ad 3.
3. Comme dit Bossuet.
1. MONTFORT, Vraie dévotion, I, ch. I, àrt, I-2.


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Voilà pourquoi la liturgie ne craint pas d'appliquer à Mark les strophes où sont chantées les splendeurs mêmes de la Sagesse divine: « Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies, et avant même qu'il fît quoi que ce soit ... Les abîmes n'étaient point encore et déjà, moi, j'étais conçue (2).» L'Eglise, en accommodant ainsi les saintes Ecritures, ne croit pas exagérer la place immense que Marie occupe dans le plan divin, la providence privilégiée dont elle est l'objet, et enfin l'espèce de majesté et de souveraineté hors de pair à laquelle elle est prédestinée.

En vérité, Dieu l'a choisie et préférée, cette femme. Il l'a ornée de toutes les prérogatives dont une créature humaine est susceptible. De sa Toute-Puissance à lui il saura tirer les plus beaux dons qu'un Dieu puisse faire à sa créature de choix. Mais en même temps, de toutes ses possibilités à elle d'obédience et de soumission à Dieu, il saura tirer les plus grandes choses qu'un être de cette qualité pût offrir au Dieu. qui la choisissait. Qu'on relise le Magnificat(1) là la lumière que cette haute considération et l'on y verra se dévoiler cette dignité unique que je peux bien appeler la grandeur métaphysique de la Vierge.

A travers ces strophes on sent passer comme dans un mélange singulier le divin et l'humain: à entendre cette jeune fille, il y a Dieu et il y a Elle ; et elle dit cela avec tant de bonne grâce et de simplicité que nul ne peut s'en offusquer. Cependant lorsqu'elle. parle ainsi, elle n'est pas encore en possession de la gloire qui lui est réservée de toute éternité (2). Elle n'est que dans la fleur de l'âge. Mais déjà elle est dans sa jeune maternité, et l'on voit que Dieu la possède entièrement et qu'elle-même lui est vouée absolument. C'est la marque de la grandeur qu'elle emprunte de son Enfant par le fait même qu'elle est la Mère et que cet Enfant est Dieu.

« Tu es, lui dit Dante, celle qui as ennobli la
nature humaine tellement que son auteur n'a
pas dédaigné de devenir son ouvrage (1). »
2. Proverbes, VIII, 22, 24.
1. Luc, I, 46-54. Nous y reviendrons, Cf. ch. 4.
2. Luc, XXIV, 26.
1. DANTE, Paradis, chant 33,


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Monique
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On est en droit de se demander de quelle manière une telle grandeur va se produire en ce monde. Remarquons d'abord qu'elle ne bouleverse point l'ordre existant et ne va point se révéler avec éclat. Ainsi le veut l'économie du mystère. Tout ce qui concernait l'Incarnation du Fils de Dieu se fait avec une discrétion infinie et un tact adorable. La Providence divine y met ces ménagements qui accompagnent généralement ses plus grands ouvrages. Apparemment rien ne distingue Marie en Israël, alors qu'elle est déjà dans toute sa dignité et dans le miracle de sa maternité divine. Elle n'est qu'une adolescente en prière dans sa chambre, au moment même où l'ange la salue si bas (2).

Elle n'est qu'une jeune fille en visite de charité chez une cousine vénérable, quand celle-ci lui rend hommage comme à « la mère de son Seigneur (3) », Elle est et reste la silencieuse et virginale fiancée de Joseph, au moment où ce juste, fils de David, reçoit d'en-haut l'ordre de la prendre chez lui « parce que ce qui est conçu en elle est l'ouvrage de l'Esprit-Saint (1) ». Veut-on savoir quelles sont les deux plus admirables qualités qui s'imprimeront ainsi dans toute l'existence de cette femme et seront sans conteste le signe le plus certain de sa grandeur devant Dieu et devant les hommes? Ce sera son humilité et sa virginité.

Saint Paul a montré dans l'anéantissement de Jésus comme un résumé de l’Incarnation du Verbe (2), et saint Augustin, à la suite de l'Apôtre, a toujours vu dans cette magnifique humilité un des côtés les plus caractéristiques de l'union hypostatique. Un être qui est à ce point la propriété de Dieu, peut-il éprouver autre chose que le sentiment de son néant devant Dieu et de l'entière dépendance où il est à l'égard de Dieu? Une sorte d'humilité non seulement dans les actes mais dans la substance même de l'être, un état profond de mendicité spirituelle, d'absolu dévouement et de complète servitude, telle est l'attitude essentielle de Jésus dans sa nature humaine. Telle est semblablement celle de sa Mère. De là, le sens en quelque sorte métaphysique et la portée incalculable de sa réponse à l'ange lors de l'acquiescement à la maternité divine: « Voici la servante du Seigneur: qu'il me soit fait selon ta parole (3). »
2. Luc, I, 28-29.
3. Luc, I, 39-45.
1. Mathieu, I, I9-20.
2, Philippiens, II, 6-8.
3. Luc, I, 38.

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Quant à la virginité, ce ne fut pas seulement chez elle une vertu exquise mais le miracle permanent de l'existence même. Or cette virginité rend témoignage, elle aussi, à la dignité de Marie. Elle démontre, dit saint Thomas, tout ce qu'il y a de spirituel dans la conception et dans l'enfantement du Sauveur (1), Et puis, elle fait éclater aux esprits à quel point Marie est l'être voué à son Dieu, la jeune fille secrète que le Seigneur s'est totalement et à tout jamais réservée et qui n'a plus de raison d'exister que lui. On ne peut comprendre qu'à cette profondeur la belle parole de l'Annonciation: « Comment en sera-t-il ainsi, puisque je ne connais pas d'homme ? (2) »

Nous verrons finalement la dignité de la Mère de Dieu s'épanouir au ciel en une véritable royauté. Mais dès qu'elle commence sur la terre, sommes-nous fondés à considérer cette dignité sous les aspects d'un sacerdoce ? Pour mieux caractériser la grandeur de Marie, pouvons-nous dire qu'elle est la Vierge-Prêtre ?

De sévères théologiens seraient bien près de nous l'interdire. Ils pensent que la très sainte Vierge n'a pas été et ne pouvait pas être ordonnée prêtre. Sans doute croient-ils que son sexe était un empêchement. A cause de cela il manquerait malgré tout quelque chose à la majesté de sa personne et au caractère de sa mission, du moins ce quelque chose de physique qu'est effectivement le sacerdoce. - Cela est-il bien vrai ? N'est-il pas, manifeste, au contraire, que cette Vierge en devenant par une fécondation toute divine dans l'ombre de la vertu du Très-Haut (1) la Mère du Fils de Dieu, a été marquée, dans toute sa personne et dans son être même, d'une empreinte sacrée dont n'approche pas le caractère sacramentel ? Le Christ, non plus, n'a pas eu à être ordonné prêtre. Par son union hypostatique, il l'est substantiellement. Et Marie sa Mère, par le rapport même qu'elle a à cette union, reçoit, elle aussi, plus qu'une ordination.

Il est vrai que sa maternité divine ne lui est pas consubstantielle et innée, comme l'est à Jésus-Christ la personnalité divine. On ne peut pas dire qu'elle Soit « née dans ce secret et dans. cette gloire (2) », comme-on le dit de son Fils. Mais on peut dire néanmoins qu'elle est née pour cela et qu'elle n'a existé que pour cela. Et l'on est très sûr que cette dignité, en vue de laquelle elle a été choisie de toute éternité, lui est donnée pour toute l'éternité. La maternité divine a donc toute la qualité d'un véritable sacerdoce.
I. Somme, IIIe, qu. 28, admirable question.
2. Luc, I, 34.
1. Luc, I, 35.
2. C'est le mot de Bossuet à propos de Notre-Seigneur.

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Monique
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Ce sacerdoce s'est exercé et s'exerce toujours en parfaite harmonie avec celui de Jésus, dont il est un merveilleux complément, Marie, par la mission qu'elle a reçue de mettre au monde le Verbe incarné et d'être associée en tout, ainsi qu'on le verra, à l'oeuvre rédemptrice, se trouve nécessairement située pour toujours entre Dieu et nous dans un rôle médiateur qui est proprement sacerdotal: Cette médiation est aussi ample que celle même du Christ, quoiqu'elle soit évidemment de valeur moindre.

La Mère de Jésus, étant aussi proche que possible de son divin Fils est élevée par là même à un tel degré d'être qu'elle est devant Dieu l'adjointe du Verbe incarné, placée comme telle au-dessus du genre humain et en mesure de le contenir spirituellement, tout entier (2).

De toutes les prérogatives qui lui sont nécessaires pour remplir une pareille médiation; à mesure du moins que celle-ci prendra tout son développement, aucune ne lui sera refusée, ni le grand savoir qu'il lui faut pour nous connaître et pour nous suivre, ni. le grand coeur qu'elle doit avoir pour nous aimer, ni cette espèce d'omnipotence qui la fait agir en notre. faveur avec une autorité si particulière et bien à elle. Nous verrons toutes ces grandeurs se déployer et resplendir dans l'orbe de l'incomparable dignité dont est revêtue l'humble Vierge Marie Mère de Dieu.
I. « Propinquissima Christo » , dit saint THOMAS, Somme, III', qu 27, art. 5.
2. « Propter habitudinem ad genus humanum » , Somme, III', qu 7, art. I.


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CHAPITREI IV

OÙ LA TRÈS SAINTE VIERGE EST CONSIDÉRÉE DANS LA GRÂCE SURABONDANTE DE SA VIE


A cette dignité que nous venons de voir se joint une incomparable vie spirituelle. L'une appelle l'autre. La spiritualité est accordée en proportion de la dignité. Et les deux, la spiritualité comme la dignité, viennent de Jésus-Christ. Elles sont données à Marie pour qu'elle soit à la perfection la Mère, la mère de tout le Christ, c'est-à-dire celle de Jésus et la nôtre à nous membres du Christ.

De même que par sa dignité Marie se relie aussi étroitement que possible à l'ordre de l'union hypostatique, de même par sa spiritualité elle se rattache d'aussi près que possible à la grâce sanctifiante du Sauveur. La liaison est même de telle sorte que la plénitude de grâce et de vérité, dont parle saint Jean, s'écoule et se retrouve tout entière d'abord en Marie, plénitude sur plénitude. Il nous faut considérer maintenant la Bienheureuse Vierge dans cette plénitude de grâce, puisqu'aussi bien, c'est en cette divine grâce qu'elle sera notre mère et de cette plénitude que nous recevrons tous.

De ce chef il y a en effet dans l'âme de Marie « une richesse», comme dit saint Paul, qui est supérieure en un sens à la maternité divine, ou du moins, seule capable de donner à cette maternité même sa haute valeur de vie et toute sa portée spirituelle.

Élisabeth en a le sentiment très net lorsqu'elle complète son hommage à la dignité par ces mots qui font l'éloge de la spiritualité; « Heureuse celle qui a cru ... », celle qui a, de toute son âme, adhéré au mystère de Dieu et à son message (1). Quant à l'autre hommage consigné dans l'Évangile, c'est Jésus lui-même qui prend soin de le compléter comme il faut ; « Bien mieux, dit-il ; heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique ... Ma mère, mes frères, ce sont ceux-là ... », qui me conçoivent dans leur esprit et dans leur coeur et qui vivent de moi spirituellement (2). Nul doute qu'aux yeux de Jésus sa très sainte Mère ne fût de beaucoup la première et la plus excellente en cet ordre-là, qui est celui de l'état de grâce, des vertus et des dons. C'est par cette excellence que l'ange Gabriel l'avait déjà distinguée dès l'Annonciation, et à ce titre qu'il la vénérait; « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi (3). » Avec toi, dans une intimité sans égale.
1. Luc, I, 45.
2. Luc, XI, 28 ; VIII, 21.
3. Luc, I, 30.


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En Marie la vie de la grâce a commencé par une Immaculée-Conception 'et s'est terminée par une Assomption et par un Couronnement de gloire. Un triomphe de la grâce pour commencer, un triomphe pour finir. Et, dans l'intervalle, une constante « sanctification » comme parle saint Thomas (1), un état qui à chaque instant n'a fait que croître et embellir et qui à chaque phase de son magnifique développement a réalisé « la perfection ». Toujours il y eut en Marie pleine mesure de vie divine, d'abord la plénitude qu'il fallut à cette Bienheureuse Vierge pour se préparer à être la mère du Christ, puis celle qu'il lui fallut pour l'être en toute perfection, premièrement dans ce monde et finalement dans l'autre (2).

Non seulement cette grâce est la plus parfaite qui se puisse imaginer après celle même de Jésus, non seulement elle est le plus beau fruit de la Rédemption, mais elle est en' soi et, si l'on peut ainsi parler, quant à sa forme même, spécifiquement chrétienne. Elle est proprement la vie de Jésus en Marie. Avec beaucoup plus de vérité que l'Apôtre, la divine Mère peut dire; « Ce n'est plus moi qui vis. C'est le Christ qui vit en mo (3).»

L'honneur même du Verbe incarné était engagé à ce que sa mère fût toute belle et toute immaculée. C'est, à la lettre, le Fils qui sanctifie la Mère. La seule approche de l'Incarnation fait déjà des merveilles à cet égard. Mais que dire de la présence réelle du Fils de, Dieu dans le sein même qui le porte, et ensuite, de sa présence dans les bras de sa mère, ou à ses côtés tout le temps qu'ils vécurent ensemble ? Quel sacrement que ce contact ! N'est-il pas évident que la très, sainte Vierge se trouve ainsi à la source même de la grâce, dans un degré de proximité qui ne peut être dépassé ni même atteint par personne d'autre, puisque c'est le fruit béni de ses entrailles, son propre enfant, qui comme Dieu est l'auteur même de la grâce et qui comme homme en est l'organe et l'instrument principal (1) ? Physiquement « une vertu sortait » de la sainte humanité du Sauveur (2), « on se jetait sur lui pour le toucher » (3) : comment voudrait-on que cette action sanctifiante et transformante ne se fût pas exercée, d'abord et plus que pour tout autre, en faveur de la Vierge-Mère ?

« Vous êtes, Seigneur, toujours avec Marie, et Marie est toujours avec vous et ne peut être sans vous: autrement elle cesserait d'être ce qu'elle est; elle est tellement transformée en vous par la grâce, qu'elle ne vit plus; qu'elle n'est plus; c'est vous seul, mon Jésus, qui vivez et régnez eh elle, plus parfaitement qu'en tous les Anges et les Bienheureux. Ah ! si l'on connaissait la gloire et l'amour que vous recevez en cette admirable créature, on aurait de vous et d'elle bien d'autres sentiments qu'on n'a pas. Marie vous est si intimement unie, qu'on séparerait plutôt la lumière du soleil, la chaleur du feu; je dis plus, on séparerait plutôt les Anges et les Saints de vous, que votre bienheureuse Mère 4. Seigneur, toujours avec Marie, et Marie est toujours avec vous et ne peut être sans vous: autrement elle cesserait d'être ce qu'elle est; elle est tellement transformée en vous par la grâce, qu'elle ne vit plus; qu'elle n'est plus; c'est vous seul, mon Jésus, qui vivez et régnez eh elle, plus parfaitement qu'en tous les Anges et les Bienheureux. Ah ! si l'on connaissait la gloire et l'amour que vous recevez en cette admirable créature, on aurait de vous et d'elle bien d'autres sentiments qu'on n'a pas. Marie vous est si intimement unie, qu'on séparerait plutôt la lumière du soleil, la chaleur du feu; je dis plus, on séparerait plutôt les Anges et les Saints de vous, que votre bienheureuse Mère (4). »
1. Somme, III·, qu 27, Toute cette question est à méditer.
2. Somme, III·, qu 27, art. 2, sol. 2.
1. Somme, III·, qu 27, art. 5; qu 7, art. I, concl., I" ratio.
2. Luc, VI, 19.
3. Marc, III,10.
4. MONTFORT, Vraie dévotion, I, ch. 2, art. I, Ire. vérité.

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Ce qui fait donc le privilège de Marie dans l'ordre de la grâce et son élévation au-dessus de tous les autres saints, c'est son adhérence, absolument à part, au Verbe incarné et tout ce qu'exige à cet égard sa dignité maternelle. Cette dignité qui est immense attire la grâce immensément. En Marie et par Marie Dieu a dessein de réaliser de telles choses qu'il lui faut remplir cette sainte âme d'une surabondance de vie intérieure et mystique que ne pourrait recevoir aucune autre âme et sous laquelle succomberaient en quelque sorte même les plus grands anges. Car sans une telle grâce, l'humble Vierge Marie ne pourrait tenir son rang ni faire honneur à sa mission.

Dans le Christ qu'elle enfante, il y a « Dieu en personne se réconciliant tout un monde (1) », Ne perdons jamais de vue ce prodigieux mystère. La contenance totale du Christ, au fond c'est d'une part la très sainte et très auguste Trinité tout entière, et de l'autre tout l'ensemble de l'Humanité. Par conséquent, s'il est vrai que Marie conçoit spirituellement tout le Christ, il faut qu'elle soit dans la liaison la plus intime et la plus complète et avec la Divinité et avec l'Humanité qui sont dans le Christ. Il faut qu'elle soit élevée, par la grâce et par la gloire, aux plus hautes communications de la vie divine et qu'elle soit à même, par l'effusion et le trop plein de sa grâce, de nous transmettre cette vie divine (1).

Assurément la grâce sanctifiante de notre Mère ne peut pas égaler celle de notre Sauveur. Ce n'est pas la grâce capitale. Le Christ reste seul le chef et la tête du corps mystique. Sa Mère elle-même n'a pas cette qualité. Mesurons bien ici leur don respectif. Saint Thomas va nous guider avec sa précision accoutumée, lumineusement (2)

A chacun, dit-il, la grâce est donnée en proportion de la dignité à laquelle il est prédestiné. Or le Christ en tant qu'homme fut prédestiné à être le Fils de Dieu. A cause de cela, il a été sanctifié lui-même et doué d'une puissance de sanctifier les autres dans une plénitude qui lui demeure tout à fait personnelle. Toute la grâce est en lui comme dans sa source et comme à son principe, tellement qu'elle doive rejaillir de lui sur tous (3). Pareil privilège ne peut être accordé à Marie. Elle n'a pas été prédestinée à être l'auteur même de la vie surnaturelle, et comme elle n'est qu'une simple créature, elle ne fait pas la grâce (4).

La grâce étant quelque chose de tout à fait surnaturel qui s'achève dans la vision béatifique, n'est rien moins qu'une participation à la vie même de Dieu. C'est pourquoi elle échappe à toute cause seconde et créée. La déité, dit saint Thomas, est seule à pouvoir déifier (1). Si donc il plaît à la très sainte Trinité d'employer à la déification des âmes une créature, quelle qu'elle soit, fût-elle du rang le plus élevé et de la plus extraordinaire sainteté, cette créature ne peut aucunement promouvoir la grâce en qualité de cause principale. Elle peut seulement « collaborer avec Dieu », et sa fonction n'est jamais qu'un « ministère (2) »,; son rôle, celui d'un instrument (3). Jésus même ne sera par son humanité que l'organe et l'instrument de la vie de la grâce, instrument sublime, souverainement vivant et agissant, instrument conjoint au Verbe de Dieu, mais enfin instrument seulement, et lui-même serviteur (4). Ce n'est que par sa divinité que le Christ est l'auteur de la grâce.
1. II Cor., V, 19.Col., I, 20
I. Somme, IlI, qu 7, art. I, concl., 2a et 3a ratio.
2. Somme, IlI, qu 27, art. 5, sol. I.
« ... Talem plenitudinem gratiae quod redundaret in omnes.» Loco cit, qu 27, art, 5 sol. I. . .
4. Non ipso fuit ... ut esset gratiae auctor et factor. » ln Joan., ch. I, leçon 9.
I. Somme, lI. II, qu 112, art. I, concl.
2. II Cor., V,18,20; VI,1,3,4.
3. « Quodammodo eadem est ratio ministri et instrumenti..» Somme, III', qu 64, art, 4, concl,
4. Somme, III', qu 7, a. I, sol. 3 ; qu. 8, a. I, sol. I ; qu 48, a. 6; qu 62,
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