Par Don Félix Sarda y Salvany,
docteur en théologie,
Prêtre du diocèse de Barcelone
et directeur du journal « La Revista popular »
Traduit de l’espagnol par Madame la marquise de Tristany
Suivi de la lettre pastorale sur le libéralisme des évêques de l’Equateur
Pie IX, condamna le libéralisme lors du Concile Vatican I
Pour une meilleure compréhension du texte, nous avons profité de cette nouvelle édition pour ajouter des notes en bas de page. L'édition originale ne possédait aucune note. Aussi, toutes les notes de bas de page de cet ouvrage sont de l'éditeur.Le naturalisme... « qu'on l'appelle rationalisme, socialisme, révolution ou libéralisme, par sa manière d'être et par son essence même, sera toujours la négation franche ou artificieuse mais radicale de la foi chrétienne ». (Lettre collective des illustrissimes prélats de la province ecclésiastique de Burgos)
Préface en français du premier éditeur Retaux-Bray 82, rue Bonaparte, Paris, 1887
A suivre...Au jour de la Présentation au Temple, le vieillard Siméon, parlant sous le souffle de l'Esprit prophétique, disait à la Sainte Vierge que son divin Fils serait placé dans le monde comme un signe de contradiction d'où sortirait la ruine pour un grand nombre et pour un grand nombre la résurrection. Ce caractère de sa mission divine, Jésus-Christ l'a transmis à son Église et c'est ce qui explique comment, dès les premiers temps du christianisme, l'hérésie s'est attaquée aux vérités de la foi. Depuis, cette contradiction n'a pas cessé, mais à chaque siècle, pour ainsi dire, elle s'est transformée, prenant un caractère nouveau dès que l'erreur dernière en date avait été pleinement détruite ou démasquée. Pour ne parler que des trois derniers siècles, le seizième a vu dominer l'hérésie protestante ; le jansénisme a essayé de pervertir le dix-septième, et le naturalisme philosophique a pensé, au dix-huitième, bouleverser les fondements mêmes de la société.
Avec le résidu de toutes ces erreurs, le dix-neuvième siècle devait nous en apporter une autre, plus dangereuse peut-être que les précédentes, parce qu'elle est plus subtile, et qu'au lieu de viser tel ou tel point de la doctrine, elle a prétendu s’insinuer dans l'ensemble même de la doctrine pour la corrompre jusqu'au fond. Erreur séduisante d'ailleurs, parce qu'elle a de faux aspects de générosité, et dont le nom, intentionnellement vague, devait, pour beaucoup, la rendre tout ensemble attrayante et insaisissable. Il s'agit du libéralisme.
Libéral, au sens où ce mot était pris jadis dans notre langue, qui ne se piquerait de vouloir l'être, puisque ce mot signifiait l'ouverture d'esprit et de cœur, et, en résumé, la largesse dans l'aumône, comme une chrétienne largeur dans l'accomplissement de toutes les vertus ! Mais combien autre est le libéral de nos jours, soit qu'il s'agisse du libéralisme doctrinal, du libéralisme politique ou du libéralisme pratique par application de cette doctrine et de cette politique. On peut dire en deux mots que la caractéristique de cette erreur moderne du libéralisme, c'est, chez ses partisans, d'être accommodants pour l'erreur à qui, en doctrine ou en fait, on se réjouit de voir reconnaître les mêmes droits qu'à la vérité.
Avions-nous tort, par suite, de dire que cette erreur nouvelle était pire que toutes les autres, puisque toutes les autres y trouvent un abri facile, sinon une protection directe et un certain appui ? Aussi le danger en a-t-il été signalé de bonne heure en France par les meilleurs esprits, dans de remarquables œuvres d'apologétique, parmi lesquelles nous nous contenterons de rappeler les immortelles Lettres synodales du cardinal Pie.