LE MARTYRE DE JOHN ROBERTS,
MOINE BÉNÉDICTIN,
A TYBURN, LE 10 DÉCEMBRE 1610.
Le vénérable John Roberts fut le premier moine profès de l'Ordre de Saint-Benoît qui souffrit en Angleterre depuis la rechute de ce pays dans l'hérésie sous Elisabeth. Sous Henri VIII, trois abbés mitrés, Richard Whiting, de Glastonbury, Hugh Cook, de Reading, John Beche de Colchester et plusieurs moines avaient souffert le martyre; John Roberts devait renouer la tradition.
John Roberts naquit dans le Merionethshire, au pays de Galles, sous le règne d'Elisabeth, l'an 1576, de famille noble, mais tombée dans le protestantisme. Tout ce qui a trait à cette période de la vie de J. Roberts est resté longtemps obscur; c'est à Dom Bède Camm, O. S. B., qu'on doit les traits définitifs. John Roberts fit son abjuration à Paris et se rendit au collège Saint-Alban de Valladolid, où il arriva le 15 septembre 1588. Au mois de mai 1599, il reçut l'habit bénédictin à Compostelle et fit profession dans les derniers mois de l'année 1600. Rentré peu de temps après en Angleterre, il s'y livra à l'apostolat et fut arrêté dans la maison de Mrs Percy, la femme de ce misérable Thomas Perey dont le rôle dans la conspiration des Poudres nous est assez connu. John Roberts fut arrêté, comme il était sur le point de célébrer la messe, et emmené à la prison de Gatehouse, dans l'enceinte de l'abbaye de Westminster, près de l'extrémité ouest de l'église abbatiale, là où se trouve à présent la cour du dean.(doyen)
Exilé d'Angleterre à la suite de la découverte de la conspiration des Poudres, Roberts revint sur le continent et passa successivement à Douai, à Pau, à Valladolid, à Salamanque, à Saint-Jacques en Galice. Rentré en Angleterre à l'automne de 1607, il fut saisi le 17 décembre et interrogé le 21. Après un séjour d'un mois environ, il s'évada de la prison par la fenêtre de sa cellule, mais fut réduit à se cacher. De nouvelles pérégrinations sur le continent et un retour en Angleterre occupent ces dernières années. Il achevait de célébrer la messe le 2 décembre 1610, devant cinq autres prêtres, lorsqu'on les arrêta. J. Roberts fut mis en prison encore revêtu des ornements sacerdotaux, à Newgate. Le 5 décembre il comparut au, jugement avec M. Thomas Somers (ou Wilson), prêtre séculier.
BIBLIOGRAPHIE. — Il ne reste guère à ajouter à la longue étude consacrée à J. Roberts par D. BÈDE CAMM, Le vénérable Jean Roberts, dans la Revue bénédictine, 1895, t. XII, p. 258-270, 310-323, 359-371, 397-409, 456-466, 558-572 ; 1896, t. XIII, p. 16-26, 154-165, 268-278, 412-422, 444-458, 557-369; 1897, t. XIV, p. 9-28, 77-90, 124-133. Il reste plusieurs comptes rendus très détaillés du jugement. L'un d'eux, en italien, a été publié par le P. Pollen, Acts of the English Martyrs, p. 145, d'après le manuscrit de Stoneyhurst (Anglia, III, n° 102); un antre donné par la Chronique de Yepès ; enfin une biographie française qui est en substance la traduction du récit envoyé par le martyr lui-même à ses frères de Douai, ainsi que l'atteste Dom Augustin Bradshaw. Pour la journée du martyre, il existe neuf récits : le celui de Dom Roberts Haddock, témoin oculaire ; 2° le récit italien publié par le P. Pollen, Acts of the English Martyrs ; 3° récit de l'évêque Challoner d'après une relation à lui envoyée de Saint-Omer ; 4° autre récit italien du P. Robert Jones, S. J. ; 5° lettre latine du P. Coffin, S. J., 28 mai 1616; 6° lettre du P. Th. Arnforth, S. J., 2 octobre 1616, contenant le témoignage d'un maître d'école protestant, témoin oculaire ; 7° relation espagnole de Yepès, etc. Nous citerons de préférence la vie française « émanant de sources plus authentiques » (B. CAMM). La plus ancienne vie est intitulée : Discours et traité véritable du martyre enduré à Londres, en Angleterre, par le R. Père JEAN DE MERVINIA, autrement dit ROBERTS, Religieux très renommé de l'Ordre de Saint-Benoist de la congrégation d'Espaigne, exécuté le 10 décembre, l'an 1610. A. DOUAY, de l'imprimerie LAURENT KELLAM à l'enseigne de l'Agneau pascal, MDCXI.