Ami du Clergé, n 50, 12 décembre 1907, p 1126, colonne de gauche a écrit :
dent que ce n'est pas moi qui l'ai divulguée [1]; mais puisque l'indiscrétion ne vient pas du point d'arrivée (?), il faut qu'elle vienne du point de départ.
[1] Le cardinal Foulon, dans son
Histoire de la vie et des oeuvres de Mgr Darboy, arrête ici sa citation et remplace toute la suite de la lettre, qui est fort longue et surtout fort caractéristique, par ces lignes qu'il ajoute de son cru et qu'il laisse entre guillemets comme si elles étaient de Mgr Darboy « Cet acte n'a pas les apparences du courage, et il a tous les inconvénients de l'indélicatesse. Le sentiment qu'il fait éprouver ne ressemble pas à de l'indignation. »
La publication qui est faite aujourd'hui de tous ces documents met en fort fâcheuse posture Mgr Foulon historien. On savait qu'il avait fait surtout oeuvre de panégyriste ; on ne pensait pas qu'il eût eu aussi peu de souci de la probité historique. Il supprime, mutile à plaisir, sans en avertir au moins par une série de points comme c'est de règle. On comprend qu'il se soit senti gêné dans son devoir d'historien par les liens qui l'unissaient à Mgr Darboy, dont il avait été le fils de prédilection et le vicaire général à Paris et le compagnon d'armes ensuite au Concile du Vatican ; mais qui l'obligeait à intituler son livre «
Histoire » ou simplement à l'entreprendre ?
Que le Saint-Siège l'ait ou ne l'ait pas prescrite ou permise, il en est responsable aux yeux du public, car elle est le fait d'un de ses affidés, de quelqu'un qui peut avoir la minute des lettres pontificales. C'est donc le Saint-Siège qui se trouve ici engagé, et de la manière la plus défavorable.
En effet, toute lettre privée, comme celle dont il s'agit, appartient au destinataire et ne doit pas être publiée sans son agrément [2].
[2] Mgr D. oublie qu'il avait menacé, deux ou trois ans auparavant, de publier lui-même toutes les pièces de sa correspondance avec le Saint-Siège, assurément sans demander l' « agrément du destinataire ».
C'est l'usage des peuples civilisés, et c'est conforme au sentiment de l'honnêteté la plus vulgaire. On n'y manque pas sans révolter toute âme loyale.
Qu'un individu s'affranchisse de cette règle à l'égard d'un autre individu, c'est un outrage ; mais qu'un gouvernement qmi commande à deux cents millions de consciences, s'en affranchisse à l'égard d'un homme seul et désarmé, cela porte peut-être un autre nom.
Le procédé n'est donc pas fort magnanime ; il n'est pas non plus canonique. Quelle loi de l'Église permet de poursuivre un évêque par la voie des journaux, et de recourir, pour le diffamer, à je ne sais quels agents honteux, irresponsables et protégés d'ailleurs par un sentiment qui ressemble au mépris ?
Quelques mois après (7 décembre 1868) Mgr Darboy, dans une nouvelle lettre à Antonelli, se plaint que le Nonce se soit « cru autorisé » à donner au ministre des cultes à Paris communication de la fameuse Lettre pontificale, mais ajoute et essaie de prouver que « c'est bien de la Chancellerie pontificale qu'émane originairement la honteuse divulgation » après quoi, passant au fond de l'affaire, il écrit :
En ce qui touche le fond de l'affaire, puisque la lettre de 1865 n'aurait pas dû être publiée, la justice, la loyauté et le bon sens veulent qu'on fasse en sorte que le blâme qu'elle contient, soit regardé comme non avenu, d'autant plus qu'il est immérité, ainsi que je le démontrerai quand la marche de cette affaire amènera mes arguments. I1 y a donc lieu de prendre une mesure qui, de près ou de loin, plus ou moins explicitement, rappelle à la vérité l'opinion égarée sur mon compte [3].
[3] Il notait la même chose déjà dans son Journal intime, sous la date du 28 octobre 1868 : « Je dis à Mgr Isoard, au Val, que la chose à faire, c'est qu'on m'écrive de Rome une lettre bienveillante pour
désintéresser , en temps utile,
l'opinion indûment saisie des plaintes d'ailleurs injustes et injustifiables de 1805. »