SAINT KENELM, ENFANT MARTYR, A WINCHELCUMBE, EN ANGLETERRE, 17 JUILLET 819.
à suivreLe roi des Merciens, Kenulf, ayant quitté le monde, en l'an du Seigneur 819, après avoir gouverné pendant 24 ans, ne laissa comme héritier que son fils Kenelm, qui avait deux soeurs, Quendreda et Burgenilda. Kenelm était encore enfant, mais ses qualités et sa piété lui avaient gagné l'affection du peuple, qui l'avait proclamé roi. Sa soeur Quendreda, jalouse et impatiente de régner, chercha à dresser des embûches à son frère. Ne pouvant réussir à l'empoisonner, elle gagna par de grandes récompenses et par l'espoir de partager avec elle le gouvernement du royaume, le tuteur de Kenelm, nommé Ascherbertus, et lui conseilla d'égorger son frère. De concert les deux scélérats préparèrent leurs flèches, pour frapper le roi dans l'obscurité.
Kenelm raconta un jour ce rêve à sa nourrice Wlibenna « Devant ma chambre poussait un arbre dont la tête touchait aux astres ; je me tenais sur ses branches les plus élevées, et de là je pouvais contempler le pays environnant à une très grande distance. Cet arbre était magnifique, ses branches s'étendaient majestueusement au loin, et, depuis le haut jusqu'au bais, il était tout couvert de fleurs. En outre, il me semblait que d'innombrables lumières rayonnaient de tout mon corps et que les trois provinces de ce royaume s'inclinaient devant moi avec une profonde vénération. Tandis que de l'extrême hauteur où je me trouvais je jouissais de ce spectacle, quelques-uns de mes sujets, s'élançant tout à coup, scièrent l'arbre qui s'abattit avec un fracas épouvantable. Mais je fus subitement changé en un petit oiseau blanc, et je m'envolai gaiement. »
Dès que l'enfant eut achevé, la nourrice, se frappant la poitrine, s'écria toute chagrine : « Hélas ! mon cher petit enfant, hélas ! toi qui as vécu de mon lait ! hélas ! mon tendre nourrisson ! Quoi ! est-ce possible que les embûches de tes parents; est-ce possible que les desseins pervers de ta soeur et de ton tuteur prévalent contre toi ? J'ai peur que la chute de cet arbre ne soit le présage de ta mort ! Ce qui me console, c'est le petit oiseau qui représente ton âme montant vers la gloire. (1) »
Ascherbertus, ayant enfin trouvé l'occasion cherchée, emmena avec lui Kenelm à une chasse, plaisir cher à ses aïeux. Comme on approchait de la forêt, l'enfant, qui n'avait encore que sept ans, s'endormit et glissa de son cheval, sans se réveiller. Alors le tuteur creusa promptement une fosse et y précipita le pauvre enfant.
Mais le petit Kenelm s'éveilla et le tuteur emmena l'enfant...
1. E. Renan, Hist. du peuple d'Israël, t. IV, p. 332.
BOLL. Biblioth. hagiog. lat. (1900), 693, 1364 ; Capgrave, N. leg. Angliæ (1516) 206 ; (2° II, 110-114), BOLL. Act, sanct. (1725) juill. IV, p. 297-300 ; Hardy, Descript. catal. (1862) I, I, 508-509
Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines
du christianisme jusqu'au XXe siècle
TRADUITES ET PUBLIÉES
Par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Moine bénédictin de Saint Michel de Farnborough