B - L'analyse des faits
1° - Le décret
Paru dans les Acta Apostolicae Sedis (Tome VII [Année 1915], page 594), le décret de 1915, mentionné ci-dessus dans le deuxième point, est déterminant. Nous constatons en effet qu'il n'interdit ni de diffuser, ni de lire le Secret mais d'en traiter et d'en discuter (disserant aut pertractent) c'est-à-dire de l'interpréter par des commentaires rajoutés au texte, et ceci sans l'approbation des autorités ecclésiastiques.
D'autre part l'apparition de la Très Sainte Vierge à la Salette rentre dans le cadre de l'article 13 de la Constitution Officiorum ac munerum, de Léon XIII en date du 25 janvier 1897, citée dans le décret de 1915 :
A ce titre, la brochure intitulée L'apparition de la Très Sainte Vierge de la Salette publiée par Mélanie en 1879, avec l'Imprimatur de Mgr Zola, Évêque de Lecce, ne déroge à la règle énoncée.13. Les livres ou écrits qui racontent de nouvelles apparitions, révélations, visions, prophéties ou miracles, ou qui suggèrent de nouvelles dévotions, même sous le prétexte qu'elles sont privées, sont proscrits s'ils sont publiés sans l'autorisation des supérieurs ecclésiastiques.
L'abbé Boudinhon souligne dans son commentaire de cet article 13 les abus réels de certaines publications qui soulèvent les passions par des interprétations téméraires et imprudentes :
Ceci explique les mises à l'Index des ouvrages de l'abbé Combe, commentant et traitant du secret de la Salette, sans autorisation officielle.Abbé Boudinhon, La nouvelle législation de l'Index. Texte et commentaire de la Constitution "Officiorum ac munerum" du 25 janvier 1897, page 114, a écrit :
« Il est pénible d'avoir à constater que la crédulité d'un trop grand nombre de fidèles et même de prêtres, en matière de miracles, de révélations, de manifestations surnaturelles, divines ou diaboliques, atteint des limites invraisemblables. Sans rappeler des faits récents qui se présentent à la mémoire de tous les lecteurs, qu'il me soit permis de signaler le véritable danger de cette crédulité, de cette curiosité mal dirigée; elle fait perdre peu à peu la véritable notion de l'ordre surnaturel, que certains confondent avec le merveilleux, et encore un merveilleux qui se rapproche davantage des contes de fées que de l'Évangile. Il est nécessaire de réagir contre ces abus et de ramener l'opinion du peuple chrétien à des notions sérieuses et exactes sur ce point. Un avis de l'autorité diocésaine, rappelant que tels livres, telles revues, tels écrits, publiés sans l'approbation ecclésiastique, sont par là même prohibés, aura pour effet certain de détourner le plus grand nombre des fidèles de cette lecture. »