LES SAINTES NUNILO ET ALODIE, VIERGES. EN L'ANNÉE 851.
Par saint Euloge.
Nous avons appris d'un homme saint et vénérable, Vénérius, évêque d'Alcala, que dans la ville d'Osca, dans le château de Barbitan, vivaient deux soeurs, Nunilo et Alodie, nées d'un père païen et dune mère chrétienne. Après la mort de leur père, leur mère s'étant remariée à un païen, les jeunes filles eurent la douleur de se voir dans l'impossibilité d'embrasser la foi chrétienne, à cause de la défense expresse de leur beau-père. Elles quittèrent alors leur mère et allèrent demeurer chez leur grand'mère. Aussitôt, malgré leur jeune âge, elles s'adonnèrent avec la plus rigoureuse fidélité au service du Christ; elles répudièrent la religion de leur père, purifièrent leurs âmes et les maintinrent inviolablement dans la sainteté que possède seule la religion chrétienne. Comme elles étaient distinguées autant par leur noblesse que par leurs dignités, la ville entière ne tarda pas à être informée de leur résolution, que trahissait visiblement, du reste, le genre de vie tout nouveau qu'elles menaient.
Elles n'avaient encore atteint que la fleur de leur âge, et déjà la province entière était remplie de la renommée de leur sainte vie. Tout le monde s'étonnait de voir deux roses si charmantes issues d'un buisson d'épines. L'antique et jaloux ennemi, déplorant la perte de ces deux membres qui lui appartenaient autrefois, crut pouvoir détourner de leurs saintes résolutions, par les menaces des juges, ces deux épouses qu'il voyait prédestinées à entrer dans la chambre nuptiale du Christ; mais il ne réussit qu'à hâter pour les saintes vierges, par une mort dolente, les récompenses qui leur étaient réservées. Satan poussa donc ses satellites à porter une accusation contre ces deux jeunes filles qui furent conduites au tribunal du préfet de la ville. Celui-ci les fit comparaître aussitôt en sa présence, et commença par leur promettre de vaines récompenses, des richesses abondantes, des mariages avantageux, si elles consentaient à répudier la religion chrétienne pour retourner au culte de leurs pères ; puis il ajouta que si elles méprisaient avec entêtement son conseil, elles seraient soumises à toutes sortes de tortures et enfin périraient par le glaive.
BOLL. Acta sanctor., 22 octob. t. IX, p. 642-647 ; Patr. lat., t. CXV, col. 774.
LES MARTYRS
TOME V
LE MOYEN-AGE
Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du christianisme jusqu'au XXe siècle
TRADUITES ET PUBLIÉES
Par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Moine bénédictin de Saint Michel de Farnborough