La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

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La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils


M. E. de la CROIX
de la Fraternité Sacerdotale



NIHIL OBSTAT : Paris,
20 Mai 1927
Mgr Jouin,
Prot, Apost.


IMPRIMATUR :
Paris, 25 Mai 1927
H. Odelin,
v. g.




PREFACE


Lorsque Sa Sainteté Pie XI daigna nous demander, il y a deux ans, de composer un livre sur la Vocation Sacerdotale, sa pensée était de susciter un plus grand nombre de vocations dans la Sainte Eglise, et de faire ressortir les immenses avantages que renferme, pour les familles et les sociétés, comme pour les Prêtres eux-mêmes, l'honneur d’être appelé à participer au Sacerdoce éternel de Jésus-Christ 1. C’est la même pensée qui nous a inspiré, dans la composition du présent ouvrage.

Quoique sur un théâtre moins élevé que le Sacerdoce, la Vocation Religieuse joue un tel rôle dans l’histoire de l’Eglise et la sanctification des âmes, qu’aucun autre état n’est plus approprié à façonner des saints et à envoyer des âmes au ciel. Ce que le Sacerdoce opère par la sublimité de son caractère et par la puissance divine de sa mission, l'état religieux s'efforce de le réaliser auprès des âmes, par la surabondance des grâces, dont il est la source, et par l'exemple offert au monde des vertus les plus héroïques qui conduisent à la sainteté.

Les Prêtres et les Religieux sont les phares lumineux qui éclairent le chemin de l'exil, les dépositaires sacrés qui conservent intacte la doctrine du divin Maître et prêchent ses enseignements, les hérauts divins qui, par leurs paroles et leurs exemples, rappellent sans cesse que le vrai bonheur consiste dans la vertu et que les sacrifices du temps ne sont rien en regard des récompenses éternelles.

Il n'y a aucun doute que si Jésus désire voir se multiplier dans son Eglise le nombre de ses Prêtres, Il ne désire pas moins voir s'accroître le nombre des âmes qui se consacrent à Lui dans la vie religieuse. Les uns et les autres, Il les appelle à la sainteté ; de tous, Il se fait des confidents et des amis; et si la multitude des hommes Le méconnaissent et L'abandonnent, au moins Il trouve en ceux qu'Il s'est choisis des consolateurs et des apôtres de son oeuvre divine.

A ce seul point de vue la Vocation Religieuse a des attraits puissants, bien propres à ravir le coeur de ceux qui aiment Jésus et qui aspirent, par l'éloignement du monde, à vivre avec Lui dans une plus grande intimité.

Avant tout, nous avons désiré donner des âmes à Jésus pour Jésus Lui-même. Il le mérite à tant de titres, et il y a tant de bonheur à Lui permettre de réaliser ses desseins d'amour et de miséricorde sur les âmes !

Nous avons pensé aussi aux âmes que Jésus aime tant et qui hélas ! se perdent en si grand nombre dans le monde. La vie religieuse est un port de salut, où se réfugient ceux qui veulent éviter de faire naufrage. Elle est également le vestibule du ciel, pour ceux que fatiguent les bruits de la terre et qui sont attirés à une vie de plus grande perfection.


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Si nous avons appuyé avec plus de développements sur certains points, nous l'avons fait pour mettre davantage en lumière les bienfaits de la Vocation Religieuse et pour combattre certains préjugés qui ont cours souvent, même parmi les âmes pieuses.

Nous croyons fermement quil y a beaucoup plus d'âmes appelées à la vie religieuse qu'il n'y a de religieux en réalité. D'où vient cela ? De l'attache trop grande au monde et à sa liberté, sans aucun doute ; mais aussi de l'ignorance et du manque de direction. On ne parle pas assez de la vie religieuse aux jeunes gens et aux jeunes filles. Avant de s’engager dans une voie définitive, cette question devrait être agitée ; et pour qu’elle le soit avantageusement, il faut qu’elle soit préparée à l’avance. Ne pas s’en préoccuper, c’est manquer à son devoir ; attendre que les âmes fassent des ouvertures, c’est intervertir les rôles. Il y a parfois, en outre, trop de considérations complexes autour d’une vocation, pour ne pas prendre le temps et employer les moyens de la traiter avec soin.

Nous espérons que ces pages donneront une idée plus exacte de la Vocation Religieuse, et des responsabilités qui incombent aux uns et aux autres.

Nous nous sommes efforcé de ne laisser dans l’ombre aucun aspect de la question, du moins pour le but pratique que nous nous sommes proposé. Nous avons tenu à appuyer nos sentiments sur l’autorité des saints et des docteurs les plus expérimentés dans les voies spirituelles ; aussi, remarquera-t-on que nos pages sont émaillées de leurs citations.

Nous souhaitons vivement que ce livre devienne comme un conseiller surnaturel pour ceux qui aspirent à la vie religieuse, ou qui ont un rôle quelconque à remplir dans cette grave question qui intéresse si vivement la gloire de Jésus et les intérêts des âmes. C’est dans l’espérance de leur être utile que nous l'avons écrit, sans cesser de prier pour tous ceux qui, après nous, feront les mêmes réflexions et se convaincront davantage qu’il n’y a pas de voie plus directe pour aller au ciel que la vie religieuse.

Nous dédions ces pages à Marie, la Mère des vocations religieuses, et nous la supplions humblement de les bénir pour la gloire de son divin Fils, le salut et la sanctification de ses enfants.


Marie Eugène de la Croix

Paris, en la fête de Pâques, 1927


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LA VOCATION RELIGIEUSE


CHAPITRE PREMIER - Notions générales sur la Vocation


Il est une chose certaine et consolante entre toutes, c’est que nous avons été créés pour le ciel et non pour la terre. Nous ne faisons que passer ici-bas. Le trajet est plus ou moins rapide ; mais le terme de toute vie humaine est la mort, au-delà de laquelle commence l'éternité.

La vie de l’exil est donc essentiellement ordonnée à la vie éternelle. Le temps ne nous est donné que pour préparer notre éternité. A cette oeuvre unique et nécessaire concourent deux éléments également essentiels : la grâce et notre volonté. « Dieu nous a créés seul, dit saint Augustin, mais il ne peut nous sauver sans nous. »

Le premier agent de notre salut toutefois est Dieu, qui agit par sa grâce, selon que le dit saint Grégoire le grand : « la grâce agit d’abord en nous, sans notre concours, afin que notre libre arbitre venant ensuite, elle accomplisse avec nous le bien que nous désirons. » Ce qui fait dire à saint Jean Chrysostome que «la grâce ne peut rien faire sans la volonté, ni la volonté sans la grâce, comme la terre ne produit pas si elle n’est pas arrosée par la pluie, ni la pluie ne produit rien sans la terre».

Dieu nous ayant créés pour sa gloire, et sa gloire étant notre salut et notre sanctification, il ordonne tout, et dans l’ordre de la nature et dans l’ordre de la grâce, en vue de notre destinée éternelle. C’est pourquoi, non seulement il n’est étranger à rien de ce qui nous regarde, mais encore il s’en préoccupe et il dirige tout dans notre vie selon les desseins éternels qu’il a formés sur nous. Nous sommes l’oeuvre de ses mains ; il a tous les droits sur nous et il les exerce. Il nous aime d’un amour infini, et tout est ordonné pour satisfaire l’amour qu’il nous porte. C’est pourquoi il est allé jusqu’à nous donner son propre Fils pour nous montrer le chemin du ciel, nous y accompagner et nous sauver.

Cette vérité doit rayonner dans notre vie avec un éclat particulier : c’est la vérité qui éclaire toutes les autres. « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité », dit saint Paul (I Tim., ii, 4). Qui donc pourrait en douter, lorsqu’on considère tout ce que Jésus a fait pour nous? Aucune lumière ne nous manque, aucune grâce ne nous fait défaut, aucun secours ne nous est refusé.

Voilà la vocation générale : nous sommes faits pour le ciel, nous nous en allons au ciel, nous y arriverons sûrement, si nous savons correspondre aux grâces et aux volontés divines.

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Message par InHocSignoVinces »

Les voies pour parvenir au ciel sont cependant variées, suivant les desseins de Dieu d’une part et suivant les circonstances ou les divers états d’âme de l’autre. C’est ainsi que Jésus impose à tous l’obéissance à ses commandements, et qu’il ne propose la pratique des conseils qu’à un certain nombre.

Il est de foi que Dieu préside à tous les évènements de ce monde, même purement matériels et terrestres. Combien plus ne le fait-il pas dans l’ordre surnaturel, et spécialement lorsqu’il s’agit d’une âme qu’il a créée à son image et à sa ressemblance. Le Dieu de bonté, dans la pensée duquel nous existons de toute éternité, a tout prévu de ce qui devait nous arriver dans le cours de notre vie ; et, nous connaissant à fond, avec nos qualités et nos défauts, nos vertus et nos misères morales, notre tempérament et nos tendances diverses, nos goûts et nos aspirations, il a mis sur notre route les secours appropriés à nos besoins. De plus, comme il est libre dans ses dons, il a formé sur chacun de nous des desseins particuliers qui correspondent à sa sagesse et à sa miséricorde ; et, pour les accomplir, il nous a tracé une voie et fourni des moyens proportionnés.

C’est cette voie spéciale que chacun doit suivre ; ce sont ces moyens dont il faut user ; ce sont ces grâces de salut et de sanctification qu’il est nécessaire de faire fructifier. Ce qui revient à dire que notre premier devoir à tous, est de chercher à réaliser dans le temps les desseins d’amour et de miséricorde que Dieu a formés pour nous de toute éternité ; et, pour cela, marcher généreusement dans la voie de vertu et de perfection qui correspond le mieux aux volontés divines sur nous.

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C’est ici qu’apparaît, à l’origine, la vocation à laquelle Dieu nous a destinés, et dont il faut faire la lumière de nos réflexions et la règle de nos déterminations. Ce n’est pas nous, en premier lieu, qui nous déterminons. Avant nous, dans le sein de Dieu, une volonté éternelle s’est manifestée; le tout est de nous y conformer. « Il nous a élus en lui avant la constitution du monde », dit saint Paul (Ephés., 1, 4). « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, dit Jésus à ses apôtres, mais c’est moi qui vous ai choisis » (Jean, xv, 16).

Ces choix sont absolus et n’ont d’autres raisons d’être, que la volonté divine. C’est ce qu’exprime saint Augustin, lorsqu’il dit : « Dieu choisit ceux qui ne sont pas encore, et il ne se trompe pas en les choisissant, et il ne les choisit pas légèrement ; cependant il choisit, et il a ses élus qu'il créera choisis ».

La vocation d'une âme devient également pour Dieu comme la règle de conduite à son égard. Il donne les lumières, les inspirations et les grâces en harmonie avec ses choix divins. Dieu nous le dit par le prophète Isaïe : « C'est moi qui lui parle, c’est moi qui l’appelle, qui le conduis, et ses voies sont aplanies » (XLVIII, 15). Et le grand Apôtre nous donne comme un commentaire de cette lumineuse vérité, quand il écrit : « Ceux que Dieu a prédestinés, il les a appelés; ceux qu’il a appelés, il les a justifiés; ceux qu’il a justifiés, il les a glorifiés » (Rom., VIII, 30).

Comme il est souverainement important, dès lors, de connaître d’abord sa vocation, et, une fois connue, de la suivre ! C’est la grande recommandation que faisait saint Paul aux Corinthiens : «Voyez, examinez votre vocation» (I Cor., 1, 26). Et aux Thessaloniciens :
« Connaissez, frères aimés de Dieu, votre élection » (I Thess., 1, 4).

Pour nous y encourager, saint Augustin nous dit que le secours divin ne nous fera pas défaut : « Dieu nous prévient pour nous appeler ; et il nous accompagne pour nous glorifier ». Et ailleurs, plus explicitement encore : « Dieu ne manque pas d’appeler, d’instruire celui qu’il a appelé, de perfectionner celui qu’il a instruit, et de couronner celui qu’il a perfectionné ».

Le premier devoir qui s’impose, c’est de vouloir connaître la vocation à laquelle on peut être appelé. Dieu attend cette disposition de notre part, pour nous donner les grâces voulues de lumière et de force. Saint Jean Chrysostome dit à bon droit : « Quoique Dieu nous appelle, il attend cependant que nous allions à lui volontairement, et il nous donne son secours pour cela».

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Message par InHocSignoVinces »

L’âme doit tout d’abord s’établir dans une grande indifférence, recherchant uniquement l’accomplissement de la volonté de Dieu, selon la sage recommandation que saint François de Sales faisait à l’une de ses dirigées : « Soyons ce que Dieu veut, pourvu que nous lui soyons tout dévoués, et ne soyons pas ce que nous voulons être contre son intention ; car quand nous serions les plus excellentes créatures du ciel, de quoi cela nous servirait-il, si nous ne sommes pas au gré de la volonté de Dieu ».


C’est dans la prière que l’on doit traiter la grande affaire de sa vocation, en suppliant le Seigneur de nous faire connaître sa volonté, à l’exemple des apôtres réunis au Cénacle pour élire un successeur au traître Judas. « Seigneur, s’écriaient-ils, vous qui connaissez les coeurs de tous, montrez-nous lequel des deux vous avez choisi » (Act., i, 24).


Le salut éternel dépendant de la fidélité à la vocation, rien ne doit être négligé, une fois qu’elle est connue, pour y correspondre avec générosité. « Ne suivez que la vocation que la Providence céleste vous a donnée, écrit saint François de Sales, et n’ayez qu’un coeur qui soit tout à la remplir. » C’est la chose qui doit passer avant tout, sans se laisser distraire des moyens à employer pour la réaliser, selon l’exemple que nous donne saint Paul : « Je ne pense pas avoir atteint le but; mais seulement, oubliant ce qui est en arrière, et m’élançant pour saisir ce qui est devant moi, je marche à ma destination, je m’efforce d’arriver à la récompense de la vocation divine qui vient d’en haut en Jésus-Christ » (Phil., iii, i3, 14).


Il n’y a pas de malheur comparable à celui d’une âme qui contrecarre les desseins de Dieu sur elle ; et, comme nous le verrons plus loin, les secours spirituels destinés à nous sanctifier et à nous sauver étant en rapport avec la vocation à laquelle nous sommes appelés, les négliger et y être infidèle, c’est s’exposer aux pires châtiments. « Çeux qui méprisent la volonté de Dieu qui les invite, dit saint Augustin, sentiront la volonté de Dieu qui se vengera. » Et ailleurs, il va jusqu’à dire que c’est s’exposer à la damnation : « Celui qui méprise l’appel de Dieu s’aveugle et se damne. » « Et pourtant, ajoute saint Jean Chrysostome, vous n’avez pas une autre âme que vous puissiez donner pour votre âme. Celui qui perd son argent peut le recouvrer, mais si vous perdez votre âme, vous ne pourrez jamais rien donner qui puisse tenir lieu de cette perte. »


Oh ! plutôt, suivons le conseil de l’Apôtre : « Je vous conjure de marcher d’une manière digne de la vocation à laquelle vous avez été appelés » (Gal., IV, 1) ; et celui de saint Pierre : « Efforcez-vous de plus en plus d’affermir, par vos bonnes oeuvres, votre vocation et votre élection » (II Pier., I, 10).

La joie intérieure, fruit de cette fidélité, comme le dit l’auteur de l’Imitation : « Que vous serez heureux, si vous accourez avec joie et promptitude à l’appel intérieur de Dieu », sera pour l’âme un précieux excitant à poursuivre l’oeuvre de sa sanctification dans l’accomplissement délicat et généreux des volontés divines.


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CHAPITRE DEUXIÈME - Nature de la Vocation Religieuse


Deux voies principales s’ouvrent devant les âmes en marche vers le ciel : la voie large, celle des commandements ; la voie étroite, celle des conseils. Les deux sont bonnes, puisqu’elles sont également établies par Notre Seigneur Jésus- Christ ; mais la seconde, de sa nature, est plus parfaite que la première. Celle-ci correspond à la vie chrétienne dans le monde, celle-là constitue l’état de perfection proprement dit.

Tous sont tenus à l’observance des préceptes ; c’est une loi générale imposée en conscience. La pratique des conseils, en outre, est simplement proposée aux âmes de bonne volonté ; et, de ce chef, elle est un secours puissant de perfection, qu’une âme ne peut impunément négliger sous prétexte que l’invitation divine n’est pas un précepte formel.

« Si on envisage l’état religieux en lui-même, dit Suarez, personne n’est tenu en rigueur de précepte de l’embrasser ni de le professer. » Mais par cela seul qu’il procure plus de gloire à Dieu et plus de secours à l’âme, il est très désirable. « Le conseil divin, dit encore le même auteur, indique en Dieu une complaisance à voir faire par les hommes un bien meilleur. » Et « il est certain, dit à son tour saint Thomas, que l’entrée en religion est un plus grand bien ; celui qui en doute déroge autant qu’il est en lui au Christ qui l’a conseillé ».


Ce qui fait, en effet, la grandeur et l’importance de l’état religieux, c’est que Jésus lui-même en est l’auteur. C’est l’enseignement formel du docte Suarez : « Il convenait que Jésus-Christ, venant du ciel sur la terre apporter une loi nouvelle et une grâce plus abondante, établît et enseignât dans son Eglise un genre de vie nouveau destiné à conduire plus efficacement les hommes à la perfection ». Puis, dans une courte formule, il précise la nature de cette institution divine : « L’état religieux, dans ce qui le constitue essentiellement, a été donné aux hommes et institué immédiatement par Notre Seigneur Jésus-Çhrist, de sorte qu’il est de droit divin, non point en ce sens que Dieu l’ordonne, mais en ce sens que Dieu le conseille ».


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Il n’y a pas de doute que Jésus désire ardemment voir les âmes embrasser en grand nombre l’état religieux, parce que c’est l’état de plus grande perfection. A la multitude des hommes Il impose les devoirs essentiels ; aux âmes plus généreuses, capables de plus grands sacrifices et désireuses de perfection, Il propose de Le suivre de plus près et de pratiquer des vertus surérogatoires aptes à les conduire promptement à la sainteté. Et c’est ici qu’apparaît la bonté miséricordieuse de ce tendre Maître, de solliciter des sacrifices et des renoncements qui transforment les âmes et leur procurent sur la terre des joies plus pures et au ciel une gloire plus grande.


Jésus sait qu’il en coûtera bien des peines et des efforts ; mais Il connaît le prix de la souffrance, Lui qui en avait fait sa compagne inséparable, et c’est pourquoi, en maintes circonstances, Il indique cette voie plus sûre d’opérer son salut et de conduire au ciel. « Efforcez-vous, dit-Il, d’entrer par la voie étroite » (Luc, xiii, 24). J’y marche le premier, et « si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Mat., xvi, 24). Au jeune homme riche, à qui Il vient de rappeler les commandements suffisants au salut, mais qui semble avoir des aspirations plus élevées, Il présente la pratique des conseils comme le moyen assuré mais nécessaire de la perfection : « Si vous voulez être parfait, vendez ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, puis venez et suivez-moi » (Mat., xix, 21).


Ce qui fait la supériorité de l'état religieux sur la simple vie chrétienne dans le monde, pourtant souvent très méritoire et très sanctifiante, c'est d’établir les âmes dans un état de perfection obligatoire. Celui qui embrasse la vocation religieuse est tenu de travailler sans cesse à acquérir la perfection ; il s’y engage et, s’il se maintient fidèle, il y parvient infailliblement.


Saint Thomas nous dit que « l’état religieux est comme une méthode et un exercice pour arriver à la perfection ». Et il fait consister précisément cette perfection dans l’holocauste complet que fait celui qui abandonne le siècle pour suivre Jésus-Christ. « L'état religieux, dit-il, est un holocauste par lequel on s’offre à Dieu tout entier, avec tout ce que l’on possède : les biens extérieurs, par le voeu de la pauvreté volontaire ; le bien de son propre corps, par le voeu de continence ; le bien de l’âme par l’obéissance, en lui faisant le sacrifice de sa volonté propre, qui est la faculté par laquelle l’homme se sert de toutes les puissances et de toutes les habitudes de l’âme. »


Cette immolation radicale de tout soi-même, qui peut paraître impossible aux âmes vulgaires ou plongées dans les frivolités du monde, devient une sainte ambition et un besoin du coeur pour les âmes qui aiment. Il s’agit d’aimer Jésus davantage ; les sacrifices de la vocation deviennent des preuves de son amour, en même temps qu’un moyen puissant de l’affermir et de le développer.


L’Ange de l’Ecole nous dit que « la perfection de la charité est la fin de l’état religieux ». Il confirme ailleurs cette doctrine, en disant qu’ « il est évident que les conseils appartiennent à la perfection de la vie, non parce que la perfection consiste surtout dans ces mêmes conseils, mais parce qu’ils sont une voie ou des instruments qui nous conduisent à la perfection de la charité ».


Nous verrons pratiquement plus loin quels sont les principes et les motifs de nature à éclairer les âmes dans le choix de la vocation religieuse. Qu’il nous suffise de proclamer ici, après tout ce que nous venons de dire, que c’est une grâce d’y être appelé et que rien ne doit être négligé pour correspondre à une pareille faveur. « Heureux, dit le Psalmiste, celui que vous avez choisi et que vous avez appelé pour habiter votre sanctuaire » (Ps. lxiv, 4).


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CHAPITRE TROISIÈME - Excellence de la Vocation Religieuse


L’excellence de toute vocation, et en particulier de la vocation religieuse, se tire de son origine, de sa fin et de ses moyens.

Dieu seul est l’auteur de toute vocation surnaturelle. Il est, lui seul, l’auteur et le dispensateur de ses dons, selon ces paroles de l’apôtre saint Jacques (I, 7) : « Toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut, et descend du Père des lumières ».

La moindre des grâces de Dieu est d’un prix infini et elle revêt à nos yeux le caractère d’une manifestation admirable de sa bonté et de ses desseins adorables sur nous.

Dieu ne nous prodigue ses dons que pour nous donner une intelligence plus grande de ses perfections infinies, nous rapprocher de lui et nous gagner à son amour.

Nous destinant à la vie éternelle, il a réuni tous ses dons dans son Fils unique qu’il nous a donné et par lequel seul nous pouvons être sauvés (Act., IV, 12), suivant ce que nous enseigne saint Jean : « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui... Il nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n'a pas le Fils n’a pas la vie » (I Jean, IV, 9 ; V, 11, 12).


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C’est pourquoi, nous dit Jésus, nous ne pouvons aller au Père que par le Fils : « Personne ne vient au Père que par moi » (Jean, XIV, 6), et en avoir la connaissance que par l’intelligence qu’il plaît au Fils de nous en donner : « Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler » (Mat., XI, 27).

De même, « nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père ; et nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jean, XI, 27 ; VI, 44).

Toute la vie du temps et de l’éternité est dans cette science suréminente du Père et du Fils, en l’unité du Saint-Esprit : « La vie éternelle consiste à vous connaître, vous, seul vrai Dieu, et Celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ » (Jean, XVII, 3). C’est là l’essentielle vocation, à laquelle nous sommes tous appelés et à laquelle toutes les autres vocations empruntent leur degré d’excellence et de perfection.

« Dieu, nous dit saint Paul, nous a délivrés et nous a appelés par sa vocation, selon son propre décret, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant tous les temps » (II Tim., i, 9).

Nous avons été appelés en vue de la gloire future qui nous est destinée. « Ceux que Dieu a prédestinés, nous dit encore le grand Apôtre, il les a appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a glorifiés » (Rom., VIII, 30).

Si donc il existe une vocation où l’appel de Dieu soit plus formel, dans laquelle les âmes arrivent à une plus grande justification, et, par la sainteté de leur vie, méritent une gloire plus grande au ciel, cette vocation est la plus excellente et elle est un gage de prédestination pour les âmes qui y sont appelées.

Or, telle est la vocation religieuse, qui arrache l’âme aux préoccupations terrestres et la consacre exclusivement au service de Celui qui ne choisit que pour rendre saint : « Celui que le Seigneur aura choisi sera saint » (Nom., XVI, 7), et qui n’attire à lui que parce qu’il aime sans mesure et sans fin : « Je t'ai aimé d’un amour éternel ; c’est pourquoi je t’ai attiré dans ma miséricorde » (Jérém., XXXI, 3).


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