La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

4. — Détachement des biens et des affections
terrestres.

Si les choses de la terre sont un si grand obs-
tacle au salut, c’est surtout parce qu’on y attache
son cœur.
Le commerce des choses terrestres
débilite l’âme, qui finit par s’y habituer et y
prendre son plaisir. Et pourtant, comme nous
dit saint Paul, « nous n’avons rien apporté en
ce monde, et il est certain que nous ne pouvons
non plus en rien emporter »
(Tim., vi, 7).

Si nous réfléchissions bien, nous n’attendrions
point d’être dépouillés des biens de ce monde
pour les abandonner, mais nous en ferions le
sacrifice de bon cœur. Et lors même que nous
sacrifierions une grande fortune, de nombreuses
affections, de précieuses amitiés, des honneurs
et des plaisirs de tout genre, comme tout cela
serait peu de chose en échange de la vocation
religieuse qui nous rend riches des biens cé-
lestes, et qui nous fait jouir de l’affection et de
l'intimité de Jésus, l’Epoux des vierges et la féli-
cité des bienheureux !
« Qu’importe la terre à
celui qui possède le ciel ! s’écrie saint Pierre
Chrysologue. Qu’importent les choses humaines
à celui qui a goûté aux choses divines ! »



Entendez le grand Apôtre proclamer sa joie
d’avoir tout abandonné pour se contenter de
Jésus : « Je regarde toutes choses comme une
perte, à cause de l’excellence de la connaissance
de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j’ai
renoncé à toutes choses, les regardant comme
des ordures, afin de gagner le Christ »
(Phil., iii, 8).


L’âme appelée à la vie religieuse, ne fait pas
plus de cas que saint Paul des choses terrestres.
Elle en comprend le néant et la bassesse ; et plus
elle apprécie sa sublime vocation, plus elle les
méprise. C’est dans le fond du cœur que s’opère
ce détachement ; et c’est ce qui en fait à la fois
le mérite et la joie. L’abandon extérieur n’est
qu’une manifestation du dépouillement intérieur
que l’amour de Jésus opère dans les âmes géné-
reuses et fidèles. Car une âme religieuse dont le
détachement ne serait qu’extérieur, se mentirait
à elle-même et ne comprendrait pas le premier
mot de sa vocation. « Certes, dit justement saint
Isidore d’Espagne, il est bon de s’éloigner cor-
porellement du monde, mais il vaut mieux s’en
éloigner par le cœur ; mais s’en éloigner de
corps et de cœur, c’est la perfection. »



Pour être tout à Jésus, comme le réclame
la vocation religieuse, il ne faut plus être, en
aucune manière, au monde et aux choses du
monde. Il n'y a plus de lien possible entre les
biens terrestres et les trésors célestes, entre les
amitiés humaines et l’amour divin. Pour pos-
séder les uns, il faut sacrifier les autres ; pour
jouir du ciel, il faut perdre la terre de vue ; pour
trouver tout en Jésus, il faut avoir immolé tout
ce qui n'est pas Lui.



C’est là le bonheur incomparable de l'àme re-
ligieuse, et que chante saint Jérôme : « Jésus-Christ
est tout à l'àme qui se donne, qui se
consacre à Lui, afin qu’ayant tout quitté pour
Jésus-Christ, elle trouve tout en Lui seul, et
que, dégagée de tout le reste, libre, elle puisse
s’écrier : Le Seigneur est mon partage ».



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

5. — Vie de liberté.

Quand une âme s’est séparée du monde, qu’elle
s’est débarrassée de ses soucis, qu’elle a fui ses
dangers, qu'elle a sacrifié ses biens et ses atta-
ches, elle se sent libre et légère ; rien ne la re-
tenant plus sur la terre, elle vole vers le ciel.
Sur les ruines de tout ce qu’elle a sacrifié, elle
s’élance vers Celui qui habite les hauteurs et qui
seul l’attire, selon l'expression de saint Jérôme :

« Foulez aux pieds le monde, afin de vous en
faire un marchepied pour monter au ciel ».




En effet, par le fait même de sa légèreté, elle
tend sans cesse vers les choses célestes; l’amour,
qui est le fruit de son détachement universel, lui
donne des ailes pour s’envoler loin de la terre
et plus près de Jésus.
« Ceux qui méprisent la
terre, dit saint Grégoire, qui ne désirent rien de
tout ce qu’elle possède, s’élèvent et volent jus-
qu’au ciel. »



Destinée à posséder les biens éternels et à en
jouir sans fin, elle use encore des choses terres-
tres, mais d’une façon toute spirituelle, sans y
prendre aucun plaisir et y chercher aucune satis-
faction, selon la recommandation de l’Apôtre :

« Que ceux qui usent des choses de ce monde,
soient comme s’ils n’en usaient pas »
(I Cor., vii, 31).


Faite pour la vie et la vie éternelle, sans ombre
et sans déclin, elle fuit d’instinct ce qui lui parle
de la terre, où tout passe, « la figure de ce monde
passe »
(I Cor., vii, 31), et où tout aboutit à la mort :

« Ce monde est mortel, et il est le séjour des
mourants »,
dit saint Jean Damascène,

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Message par InHocSignoVinces »

Mais l'âme religieuse, pour être vraiment libre,
ne doit pas se contenter de se dégager des liens
terrestres, et faire en elle un vide que rien ne
remplisse. Ne pouvant être sa fin propre, elle ne
peut s’appartenir à elle-même ; et si elle con-
quiert sa liberté vis-à-vis du monde, ça ne peut
être que pour la perdre au service de Jésus.
Tout ce qu’elle a soustrait à la terre, elle l’offre
à Jésus ; tout ce qu’elle refuse au monde, elle
le donne avec empressement à son Bien-Aimé.
Ne voulant plus connaître d’autre amour que le
sien, elle veut appartenir sans retour à Celui
à qui elle a voué sa vie ; et c’est ainsi qu’elle
trouve la vraie liberté à la place des chaînes
dont elle a été délivrée. Comme saint Augustin
a raison de dire :
« Il n’y a de vraie liberté que
celle des bienheureux et celle des cœurs en-
chaînés à la loi éternelle ».



Mais la loi éternelle est la loi de l’amour ; et
l’amour, c’est la liberté de l’âme, c’est l’épanouis-
sement du cœur dans la douce et divine servi-
tude des enfants de Dieu.
« La servitude est libre,
dit saint Augustin, chez le maître où l’on ne sert
pas par nécessité, mais par amour. »
Ce n’est là
que le commentaire de la belle parole de saint
Paul : « Dieu est esprit; et là où est l’esprit du
Seigneur, là est la liberté »
(II Cor., iii, 17).


Pourra-t-on jamais trop apprécier une voca-
tion qui procure une telle liberté d’esprit et de
cœur au service de Jésus le divin conquérant
des âmes !



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

6. — Vie de paix et de repos.

Le fruit immédiat de la liberté que procure la
vie religieuse, est une paix douce et réconfor-
tante, comme celle que I'on éprouve après avoir
déposé un lourd fardeau ou avoir échappé à un
immense danger. On se sent soulagé, calme et
paisible, car on se sait arrivé au port. On consi-
dère de loin les chaînes dont le monde lie les
âmes, et les écueils où celles-ci font si souvent
naufrage ;
et le seul fait de se voir à l’abri et en
sécurité, répand dans l’âme une paix qui la sou-
tient, la fortifie, et la fait s’exclamer avec saint
Ephrem : « O paix, compagne inséparable et sé-
curité de mon âme ! O paix, joug aimable et
fardeau léger, qui fortifiez et soutenez celui qui
vous porte ! Soyez ma joie et ma compagne
inséparable ! »



Mais le principal motif de la paix qui inonde
l’âme religieuse, c’est qu’après avoir tout quitté,
elle trouve Jésus, et que, possédant Jésus, elle
possède Celui qui est la paix par essence : « La
paix de Dieu, c’est Dieu lui-même, sa nature est
la paix »,
dit saint Ambroise. Isaïe appelle le
Verbe incarné «le Prince de la paix» (ix, 6); et
c’est pourquoi Jésus a sans cesse sur les lèvres
des paroles de paix et qu’il lègue la paix comme
un héritage sacré à tous ceux qui veulent être
ses disciples : « Je vous laisse la paix ; je vous
donne ma paix »
(Jean, xiv, 27).



Partout où règne Jésus, Il répand nécessaire-
ment la paix, car, comme dit saint Bernard :
« Dieu, la paix même, met la paix partout où il
habite ; le contempler, c’est être au sein de la
paix ».
C’est dans le même sens que saint Paul
dit aux Thessaloniciens : « Que le Seigneur de
la paix vous donne lui-même la paix toujours et
en tout lieu »
(II Thess., iii, 16). Et cette paix, par
cela seul qu’elle vient de Jésus et qu’elle est le
fruit de l’amour qu’on Lui porte et qui a mo-
tivé tous les sacrifices, est une paix suave et
profonde qui remplit l’âme tout entière. C’est
encore l’Apôtre qui nous l’enseigne : « Que la
paix de Dieu, qui surpasse tout sentiment, garde
vos cœurs et vos esprits dans le Christ Jésus »

(Phil., iv, 7).



La vie religieuse est une fontaine de paix qui
ne tarit jamais et que la fidélité de l’âme peut
rendre toujours plus abondante. Les divins col-
loques et la vie d’intimité qui s’établissent entre
l’âme et Jésus, distillent la paix. La parole du
Seigneur est une parole qui ne fatigue jamais,
que l’on se plaît à entendre toujours, et dont les
charmes répandent dans l’âme une douce séré-
nité qui pacifie et repose.
C’est pourquoi le
roi-prophète dit : « J’écouterai ce que Dieu me dira
au fond du cœur, parce que ses paroles sont des
paroles de paix »
(Ps. lxxxiv, 9).



Cette éducation divine faite par Jésus Lui-même,
dans la solitude pacifique de la vie reli-
gieuse, entraîne naturellement l'âme dans la
voie de l’amour et du sacrifice. La pratique des
préceptes et des conseils, la fidélité à tous les
devoirs d’état, la délicatesse et la générosité ap-
portées jusque dans les moindres détails de la
vie de perfection, alimentent constamment la
paix de l'âme, suivant ces paroles du Psalmiste :
« Ceux qui aiment votre loi, Seigneur, jouissent
d’une grande paix »
(Ps. cxviii, 165).



Aussi, n’y a-t-il rien de calme et de paisible
comme l'âme des saints. La vie religieuse étant
destinée à former des saints, est donc, par là
même, le royaume de la paix et du repos en
Jésus.



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

7. — Vie de solitude et de prière.


Un autre bienfait inappréciable de l’état reli-
gieux, c’est la vie de solitude et de prière qu’on
y mène. Jésus n’attire les âmes à Lui et ne les
éloigne du monde, que pour entretenir avec
elles des rapports plus intimes et plus suivis.
Mais l’intimité veut la solitude et le silence. Loin
des bruits du monde et des préoccupations ter-
restres, le cœur jouit des douceurs de sa liberté
et s’épanche plus facilement ; Jésus, de son côté,
trouvant l'âme mieux préparée et plus désireuse
de ses divins colloques, se communique avec
plus de condescendance et de tendresse. « J’atti-
rerai cette âme à moi, dit le Seigneur par le pro-
phète, je la conduirai dans la solitude et là je
parlerai à son cœur »
(Osée, ii, 14).



Autant les choses de la terre pèsent sur l'âme
et la fatiguent, autant les choses du ciel l'élèvent
et l’épanouissent. Faite pour jouir éternellement
de Dieu, l’âme le recherche instinctivement ; et
afin de le mieux trouver, elle va se cacher dans
le creux de la pierre, pour parler le langage
de l’époux des Cantiques, et, seule à seul avec
Jésus, elle goûte par anticipation les joies cé-
lestes. Saint Jérôme a raison de lui dire : « Re-
gardez votre cellule comme un paradis. La soli-
tude, c’est le ciel. »



Saint Alphonse de Liguori fait admirablement
ressortir le bonheur de l’âme consacrée, par le
contraste entre la vie du monde et la vie du
cloître.
« Les âmes qui restent dans le monde
sont des arbres plantés dans une terre aride, où
la rosée du ciel ne tombe que rarement. Pauvres
séculiers ! vous voudriez prier longtemps, mé-
diter longtemps, entendre souvent la parole de
Dieu, jouir d’un peu de solitude, d’un peu de
recueillement.... Vos affaires domestiques, vos
parents, les convenances, les visites de vos amis
vous en empêchent.
Les âmes religieuses, au
contraire, sont d’heureux arbrisseaux plantés
dans une terre féconde que continuellement ra-
fraîchit la céleste rosée. Le Seigneur les assiste
et aide sans cesse par des lumières, par des ins-
pirations, qu’elles trouvent dans leurs médita-
tions, dans les sermons, dans les lectures des
saints livres et dans les bons exemples ».



Solitude et prière, silence et recueillement, vie
intérieure et union d’âme avec Jésus : voilà le
secret des charmes divins de la vie retirée du
monde et consacrée au Seigneur. L’âme porte
en elle-même son bonheur ; elle habite avec
Jésus, dont elle fait le compagnon assidu de ses
jours et de ses nuits ; elle se recueille pour
L’entendre et Lui parler, elle L’écoute et Lui
parle pour augmenter en elle sa solitude et son
recueillement.



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Saint François d’Assise, ce grand ascète et cet
amant passionné de Jésus, exprime dans un lan-
gage imagé quelle doit être l’attitude habituelle
d’une âme religieuse : « Lorsque nous prions,
dit-il, le corps doit être une cellule et l’âme un
ermite ».
Saint Paul va plus loin, il veut que
nous vivions tellement unis à Jésus et perdus
en Lui, que nous soyons comme des morts pour
tout le reste, c’est-à-dire que nous soyons si oc-
cupés de Jésus et en relation d’âme si intense
avec Lui, que nous ne prêtions pas plus d’atten-
tion aux choses de la terre que ne le fait un
cadavre : « Vous êtes morts, et votre vie est ca-
chée en Dieu avec le Christ »
(Col., III, 3).



C’est d’ailleurs le vrai moyen de vivre vrai-
ment et de vivre toujours, que de ne vivre ainsi
que de Jésus et pour Jésus. Insensible à tout le
créé, l’âme en commerce constant avec Jésus do-
mine les choses du temps ; ses pensées, ses sen-
timents, ses aspirations, ses entretiens célestes
défient en quelque sorte la mort et inaugurent
ici-bas ce qu’elle fera éternellement au ciel. C’est
en ce sens que saint Jean Chrysostome dit :
« Nous sommes mortels par nature, mais par
la prière, par nos entretiens, par notre familia-
rité avec Dieu, nous passons à la vie immortelle.
Celui qui parle familièrement avec Dieu, devient
nécessairement plus fort que la mort et que tout
ce qui est soumis à la corruption ».



Comme elle est vraie la parole du Psalmiste :
« Le Seigneur est près de ceux qui le prient,
de ceux qui l’invoquent dans la vérité de leur
cœur »
(Ps. cxliv, 18). Bien plus, il habite dans
l’âme même de ceux qui font de leur vie une vie
toute de solitude et de prière ; et c’est pourquoi
la vie religieuse est la vie du ciel sur la terre.



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

8. — Vie la plus conforme à celle de Jésus sur
la terre.

L’âme qui quitte tout pour ne plus se préoc-
cuper que des choses du ciel est attirée par le
divin modèle qu’elle a sous les yeux. Jésus l'a
ravie, puis Il l'a invitée à Le suivre pas à pas
dans la pratique de toutes les vertus et dans
une offrande perpétuelle de tout elle-même à la
gloire de Dieu ; elle n’a plus de repos qu’elle
n’ait reproduit en elle la sainteté de son Maître.


Des religieux, on peut affirmer à bon droit ce
que dit saint Paul : « Dieu les a appelés pour
être saints, il les a prédestinés à devenir con-
formes à l’image de son Fils »
(Rom., viii, 29). Mais
« les saints, nous dit saint Thomas, ne se réjouis-
sent et ne se glorifient que dans les richesses de
la vertu ; ils se glorifient dans l’amour de Dieu,
dans la connaissance de Dieu, dans l’imitation
de Dieu ».


L’âme religieuse n’a plus autre chose à faire
que d’étudier son divin Modèle pour le con-
naître, de le connaître pour l’aimer, de l’aimer
pour l’imiter. « Vous avez été appelés à suivre
les traces du Christ, qui vous a laissé son exem-
ple »,
nous dit saint Pierre (I Pïer., ii, 21). « Suivre
le Christ, comme s’exprime saint Bonaventure,
c’est se rendre semblable à lui aussi parfaite-
ment que possible»
; et il ajoute : « C’est en quoi
consiste la parfaite religion, c’est la perfection
religieuse. »


Loin du monde, dégagée des soucis terrestres,
sans autre responsabilité que celle de travailler
à sa propre sanctification, l’âme vit de solitude,
de prière, de pénitence et de recueillement.
Constamment préoccupée de plaire à son Maî-
tre, elle dépense à son service ses talents, ses
forces, sa vie ; elle demeure amoureusement dé-
pendante de Jésus, comme Jésus l'était de son
Père; elle met son bonheur à s’entretenir avec
Lui, elle jouit ineffablement de ses saints col-
loques et elle réalise ainsi, par ces relations d’in-
timité divine, ce que dit saint Paul : « Celui qui
est uni à Dieu est un même esprit avec lui »

(1 Cor., vi, 17).


Eloignée du regard des hommes, elle n’est
vraiment connue que de Dieu seul, et sa vie est
cachée en Dieu son Seigneur. Sans autre ambi-
tion que celle de rendre sa vie conforme à celle
de son divin Epoux, elle reste étrangère aux
choses du siècle et elle ne s’intéresse plus qu’aux
choses éternelles ; elle pratique à la lettre les
conseils évangéliques, elle se voue avec joie
aux exercices de pénitence et de mortification,
elle ambitionne de devenir une copie vivante
de son Maître et, poussant l’amour jusqu’à l’hé-
roïsme, elle se considère comme la victime de
son sacrifice et elle se laisse immoler.


L’apôtre saint Jean nous avertit que « qui-
conque dit qu’il demeure en Jésus-Christ, doit
suivre la voie que Jésus-Christ a suivie »
(I Jean,
ii, 6). Mais « suivre le Christ dans sa passion et
dans sa mort, dit saint Bonaventure, c’est une
parfaite et souveraine imitation du Christ ».
C’est
au Calvaire qu’aboutit et se couronne la vie de
Jésus ; c’est donc jusque sur la croix que doit Le
suivre l’âme religieuse, pour s’y laisser crucifier
avec Lui. Comme pour Jésus, sa vie n’est qu’une
préparation au grand sacrifice. Avec Jésus, elle
s’immole chaque jour. Constamment les regards
de son âme restent fixés sur Jésus, comme ceux
de Jésus l’étaient sur son divin Père. A tous
les moments de sa vie, faite de renoncement et
d’obéissance, elle peut dire qu’elle fait sa nour-
riture de la volonté divine, et s’écrier dans des
transports de joie et d’amour : « Ce n’est plus
moi qui vis, c’est Jésus qui vit en moi... Ma vie
c’est Jésus-Christ »
(Gal., ii, 20 ; Phil., i, 21).



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

9. — Ecole de perfection.

Quoique l’on puisse devenir parfaits dans le
monde, car la sainteté est de tous les états, Jésus
s’adressant à tous quand II dit : « Soyez parfaits
comme votre Père céleste est parfait »
(Mat., v,
48), il n’en est pas moins évident que l’état reli-
gieux fournit des moyens spéciaux et précieux
de sainteté et que la perfection y est plus facile.


La vie religieuse consistant dans la pratique
des conseils, et les conseils réclamant un en-
semble de renoncements et de sacrifices que
n’imposent pas les préceptes, le seul fait d’y as-
pirer est un indice certain que l’on désire pra-
tiquer la vertu d’une manière plus parfaite qu’on
ne le fait dans le monde. Ce seul désir est déjà
un excitant à une plus grande perfection, lors
même qu’on ne s’y serait pas encore exercé.
C’est
l’enseignement de saint Thomas, qui nous dit :
« Entrer en religion, c’est avantageux non seule-
ment à ceux qui sont exercés dans la pratique
des préceptes, afin de les conduire à une plus
grande perfection, mais encore à ceux qui n’y
sont pas encore exercés, afin qu’ils évitent plus
facilement le péché et acquièrent la perfection ».


D’où vient que les âmes qui se sentent pous-
sées à la perfection regardent quasi instinctive-
ment du côté de la vie religieuse, si ce n’est
parce que cet état leur paraît le plus apte et le
plus sûr pour les conduire à la sainteté ? Le reli-
gieux, en effet, prend l’engagement formel de
toujours tendre à la perfection par des efforts
généreux et un travail assidu. Tout dans la vie
du religieux doit porter l’empreinte de la plus
grande perfection.
« Non seulement, lui dit saint
Bernard, vous avez fait vœu de sainteté, mais
de la perfection de toute sainteté et de tout ce
qu’il y a de plus parfait. »
C’est également ce
qu’affirme l’auteur de l’Imitation, quand il dit :
« Parce que vous êtes religieux, vous êtes obligé
d’aspirer à une plus haute sainteté ».



C’est ainsi que la vie religieuse conduit infailli-
blement à la perfection ceux qui y sont fidèles.
Quel encouragement à y persévérer, en dépit de
tous les obstacles et de toutes ses misères per-
sonnelles.
Entendez saint Thomas disant que
« ceux qui sont d’une vertu imparfaite ont un
plus grand besoin que les autres des moyens de
préservation que leur fournit la vie religieuse ».


Ce qu’il y a de consolant, c’est que, de sa na-
ture, l’état religieux ne laisse aucun répit à l’âme
de bonne volonté et qu’il lui devient ainsi un
gage assuré de perfection toujours croissante.
« Nul n’est parfait, dit saint Bernard, s’il ne dé-
sire de l’être encore plus, et c’est faire preuve de
perfection que de tendre à une perfection plus
haute. »


Le chemin à parcourir pourra être aride, la
lutte violente et prolongée, mais au moins il y
aura des secours et des grâces que l’on ne trou-
vera pas aussi abondants et efficaces dans le
monde. Saint Bernard a raison de dire que
« dans la religion, l’homme vit plus purement,
tombe plus rarement, se relève plus prompte-
ment, marche plus sûrement, reçoit plus sou-
vent les rosées de la grâce divine, se repose
avec plus de sécurité, meurt avec plus de con-
fiance, est purifié plus vite, et gagne une plus
grande récompense ».
C’est ce qui fait dire à
saint Ephrem que « le monde est comparé à la
mer et que la vie religieuse en est le port ».


C’est ainsi que Jésus protège et récompense
ceux qui ont tout quitté pour Le suivre, et de-
meurent fermes dans leur résolution, selon ce
que dit saint Augustin : « Quand Dieu a conduit
à la perfection, il n’abandonne jamais si on ne
l’abandonne pas ».


Cela suffit amplement, même pour les impar-
faits, à désirer le bienfait immense de la vie
religieuse, où la victoire définitive est assurée,
d’après saint Augustin : « Entrés dans la carrière
de la sainte perfection, persuadons-nous bien
tous que nous ne sommes pas parfaits ; c’est le
moyen d’arriver un jour, par la perfection de
nos luttes, à la perfection de nos triomphes ».



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

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10. — Secours de la vie de communauté.

De tous les avantages de la vie religieuse, l’un
des plus grands est la vie de communauté. Le
seul fait de sortir de l’isolement et de se trouver
en compagnie d’autres âmes animées des mêmes
sentiments et poursuivant le même idéal de per-
fection, est déjà un précieux secours et un grand
encouragement.
Saint Augustin a raison de dire
que « là où sont des cœurs unis et n’ayant qu’un
sentiment, Dieu fixe sa demeure ».



Jésus a dit que là où deux ou trois sont réunis
en son nom, Il est au milieu d’eux (Mat., xviii, 20).
Quand cette réunion est permanente, comme
dans la vie de communauté, Jésus y établit son
royaume, et la prière commune qui monte sans
cesse de ces âmes qui Lui sont consacrées touche
profondément son Cœur et en obtient des grâces
inappréciables pour tous et pour chacun en par-
ticulier.
C’est la pensée qu’exprime saint Am-
broise : « Les hommes les plus faibles, quand ils
sont nombreux et qu’ils sont sincèrement unis,
deviennent puissants, et il est impossible que
leurs prières ne soient pas exaucées »



Le temps que l’on y consacre à la prière et aux
divers exercices de piété et autres, établit l’âme
dans une habitude de silence et de recueillement
qui fait contraste avec les bruits et les dérange-
ments incessants du monde. Le calme de l’esprit
et la paix du cœur permettent alors de se livrer
plus fructueusement à des études approfondies
et à des lectures sérieuses qui sont un des char-
mes de la vie retirée du siècle et consacrée au
Seigneur.
« Etre toujours à louer le Seigneur,
s’écrie saint Ambroise, se rassembler fréquem-
ment pour la prière, occuper sans cesse son es-
prit par la lecture ou le travail, n’est-ce pas vivre
de la vie des milices angéliques ? »



Le règlement établi dans les communautés ne
laisse rien à l’initiative personnelle ou au caprice
du religieux. Tout y est réglé et ordonné ; le
temps y est apprécié â sa juste valeur et, en
dehors des moments de récréation fixés par la
règle, chacun l’emploie, sous l’obéissance, à des
occupations toujours utiles.
Que de temps l’on
perd dans le monde, dans les longs entretiens,
dans les visites, dans les délassements prolongés
et dans mille futilités qui remplissent l'âmé de
distractions et de dissipation !
La vie religieuse
remédie à ce grave inconvénient qui ne paralyse
que trop souvent les âmes même pieuses ou qui
aspireraient à le devenir.
Par contre, combien
est féconde la vie laborieuse du religieux qui est
jaloux de son temps et s’occupe toujours à quel-
que chose d’utile pour la gloire de Dieu, sa sanc-
tification personnelle et le salut des âmes !



Cet ensemble de prières, d’exercices et de tra-
vaux, habitue l’âme religieuse à une vie d’ordre
et de discipline qui la prédispose à un accom-
plissement plus fidèle de ses devoirs d’état, et la
préserve des dangers du caprice et du désœu-
vrement. Bien des âmes se perdraient dans le
monde qui trouveront leur salut dans la régu-
larité et la discipline de la vie religieuse. Pour
toutes, c’est un moyen assuré d’arriver à la per-
fection de leur état, selon ce que dit saint Bonaventure :
« Le religieux est arrivé au sommet de
la perfection quand il observe exactement les
règles de la communauté ».



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InHocSignoVinces
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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Cela ne veut pas dire que tout est également
facile dans la vie religieuse et que l’on y est
totalement à l’abri des défaillances, des infidé-
lités et des chutes ;
mais si l’on trébuche et si
l’on tombe, on trouve du moins des secours plus
prompts et plus efficaces pour se relever et se
prémunir contre de nouvelles faiblesses. On y
est entouré d’affection fraternelle, dont les aver-
tissements et les corrections nous éclairent et
nous fortifient.
Saint Alphonse dit justement :
« Dans le monde, quand nous péchons, nous ne
trouvons personne qui nous avertisse et nous
reprenne, mais dans l’état monastique, si quel-
qu’un tombe, ses compagnons accourent aussitôt
pour l’aider à se relever ».



A leurs remarques charitables ils ajoutent le
bon exemple ; et cette prédication vivante du
devoir saintement rempli ranime et fortifie la
bonne volonté de ceux qui sont plus faibles et
qui ont besoin d’entraînement pour poursuivre
le travail de leur perfection.



Quand le Psalmiste dit : « Qu’il est bon et doux
pour des frères d’habiter ensemble »,
il fait sans
doute allusion aux secours multiples énumérés
plus haut et que l’on trouve dans la compagnie
de ses frères.



Il y a, en outre, le regard vigilant et le dé-
vouement paternel des Supérieurs qui veillent
sur le religieux et l’aident à se conserver fidèle
et persévérant dans l’accomplissement de ses
devoirs. Les liens surnaturels qui s’établissent
entre le religieux et son Supérieur, créent des
sentiments de confiance filiale d’une part et de
pieuse paternité de l’autre qui ressemblent aux
rapports de Jésus avec ses Apôtres et du fils
avec son père. Il s'agit de former une âme à la
sainteté, et le Supérieur s’y consacre avec un
zèle constant pour la gloire du Maître dans l'âmé
de son enfant. Il s'agit de se laisser façonner sur
le modèle des saints, et le religieux s'abandonne
à la sagesse de son mentor chargé de le conduire
jusqu’au sommet de la perfection.



Ce doit être là un sujet continuel d'action de
grâces pour l’âme que Jésus a retirée du monde.
En ne voyant que Jésus dans son Supérieur, elle
lui obéit par amour et elle arrive ainsi à une
grande pureté de vie, selon la recommandation
de l'apôtre saint Pierre :
« Rendez vos âmes
pures par une obéissance d'amour »
(I Pier., 1, 22)


Les avantages immenses que procure la vie
de communauté devraient y attirer les âmes en
foule. O vous qui possédez ces richesses et goû-
tez ce bonheur, gardez votre trésor avec un soin
jaloux et bénissez le Seigneur tous les jours de
votre vie.



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