La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

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InHocSignoVinces
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Message par InHocSignoVinces »

11.— Service exclusif de Jésus.


Il y a bien des joies dans la pratique de la
vertu, il n’y en a pas de comparable à celle de
se donner à Jésus et de se contenter de Lui.
Voilà pourquoi la vie religieuse est remplie de
tant de pures jouissances et de céleste bonheur.
Les sacrifices qui l’ont précédée sont vite ample-
ment récompensés par la grâce incomparable de
n’appartenir plus qu’à Jésus, de n’avoir plus à
s’occuper que de Lui, de dépenser sa vie à son
service et de ne connaître plus qu’un seul idéal
sur la terre, en attendant la suprême consomma-
tion de l’amour dans la gloire : aimer Jésus et
s’immoler avec Lui.



Saint Bonaventure a raison de s’écrier : « Oh !
qu’il est heureux celui à qui il a été donné de
mépriser le monde et de servir le Christ ! Car le
service du Christ vaut mieux que toute liberté ».

Perdre la liberté de s’attacher au monde et d’en
jouir, pour ne plus servir que le grand Dieu du
ciel et de la terre, c’est le plus doux et le plus
beau des esclavages.
« Qu’il est grand le bonheur
d’être l’esclave du Christ ! »
dit saint Jérôme.
Ce n’est, en vérité, qu’en se constituant son es-
clave, que l’on prouve son amour à Jésus. « Que
l’amour vous fasse esclave »,
recommande saint
Ambroise.



Cette servitude toute d’amour est le plus grand
honneur que puisse ambitionner l’âme reli-
gieuse. Comme le dit encore le même docteur :
« Il n’y a pas de plus grande dignité que de ser-
vir le Christ »,
car servir Dieu, c’est régner ; et
saint Bernard dit à son tour : « Voulez-vous ré-
gner dans le bonheur? servez le bon Jésus, et
vous régnerez ».



En embrassant l’état religieux, l’élu du Sei-
gneur dit un réel adieu à tout ce qu’il y a dans
le monde. Outre que c’est une condition de sa
persévérance, c’est un devoir de noblesse et de
justice à l’égard de Celui à qui il se donne et qui
ne l’accepte que parce qu’il croit à sa sincérité.
A partir de ce moment, il devient la propriété
exclusive de Jésus, perdant le droit d’apporter
la moindre réserve à sa donation et se dépouil-
lant lui-même de toute personnalité propre.



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InHocSignoVinces
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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Il est important que l’aspirant à la vie reli-
gieuse envisage ainsi ses obligations futures.

Les demi-donations ne font pas des saints ; et
on n’entre en communauté que pour se faire
saint. Jésus Lui-même n’a pas toute sa liberté
d’action dans une âme qui apporte des restric-
tions à son sacrifice ; et le malaise spirituel qui
s’ensuit crée une situation qui aboutit presque
toujours à l’infidélité.



Il n’y a pas de milieu : embrasser l’état de per-
fection, c’est abdiquer tous ses droits et n’en
plus reconnaître d’autres que ceux de Jésus qui
exige un service d’amour exclusif et absolu ;
condition sine qua non de bonheur et de per-
sévérance
.



Entendez l’appel embrasé du grand saint Au-
gustin, et faites-en la règle de votre vie : « O âme
faite à l’image de Dieu, rachetée par le sang
de Jésus-Christ, épouse de Jésus-Christ par la
foi, enfant d’adoption du Saint-Esprit, ornée de
vertus, destinée à être avec les anges ; aime Ce-
lui qui t’a tant aimée ; occupe-toi de Celui qui
ne pense qu’à toi ; cherche Celui qui te cherche ;
aime Dieu ton divin amant ; veille avec ton Dieu
qui veille sur toi ; travaille avec lui, car il ne
travaille que pour toi ; sois pure avec Celui qui
est pur par excellence, sainte avec le Saint des
saints »



Peut-il, en vérité, y avoir un bonheur compa-
rable à celui de n’avoir plus d’esprit que pour
penser à Jésus, de cœur que pour L’aimer, de
volonté que pour Le servir, de vie que pour la
Lui sacrifier? Tout abandonner pour posséder
Jésus, mourir à soi-même pour vivre de Jésus,
n’avoir plus au cœur que la passion de Jésus,
ne plus connaître d’autre joie que celle d’aimer
Jésus, de glorifier Jésus et de s’immoler pour
Jésus : c’est le bonheur, c’est la sainteté.



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Message par InHocSignoVinces »

12. — Compagnie de Jésus-Eucharistie.


Une des plus grandes joies de la piété, dans
le monde, c’est de pouvoir s’acheminer souvent
vers une église ou une chapelle de communauté
et d’y aller visiter le divin Prisonnier du Taber-
nacle. Les moments passés à ses pieds sont les
plus doux et les plus réconfortants. L'âme y
puise la consolation avec la force, la lumière
avec la paix, la constance avec la fidélité.
Mais
ces heureux moments sont isolés et plutôt rares ;
les obligations sociales et les devoirs d’état sont
là qui vous appellent et vous éloignent forcé-
ment du lieu saint.



Dans l’état religieux il n’en est pas ainsi.
Jésus-Eucharistie se fait le compagnon habituel,
l’ami de tous les jours, l’hôte adoré qui vit dans
le voisinage immédiat, que l’on peut aller saluer
facilement et avec qui l’on a le bonheur de s’en-
tretenir fréquemment.



De son Tabernacle, Jésus projette sa lumière
dans les maisons qui l’abritent et les remplit
d’une atmosphère divine qui révèle sa présence.
Par son action toute-puissante II agit dans les
esprits et les cœurs, Il s’insinue en quelque
sorte dans les divers services de la Commu-
nauté et fait sentir partout la douce influence
de son voisinage.



La pensée qu’il est là, tout près, qu’il y vit
intensément d’amour pour nous et que nous
allons Le retrouver toujours le même, toujours
disposé à nous entendre, toujours prodigue de
ses dons, toujours heureux de nous revoir et
toujours désireux de nous entendre dire que
nous L’aimons et ne voulons que Lui : cette pen-
sée encourage, réconforte, réjouit et nous excite
à nous montrer plus généreux et plus fidèle.



Oh ! que le Psalmiste a raison de s’écrier :
« Un jour dans votre demeure vaut mieux que
mille autres »
(Ps. lxxxiii, 11). En vérité, si le
bonheur existe quelque part sur la terre, c’est
bien dans les communautés religieuses où le ciel
est si près et où le Roi des anges et des saints
a établi sa demeure dans la compagnie des pri-
vilégiés de son Cœur.



Oui dira les communications intimes qui s’éta-
blissent entre Jésus et l’âme par le seul fait de
cette cohabitation et de cet échange continuel
d’amour qui en est le suave résultat ! Quel cé-
leste commerce et quelle étonnante intimité di-
vine sur la terre d’exil ! Saint Alphonse de Liguori
y voit une tendresse divine poussée jusqu’à
la familiarité : « Chaque maison religieuse, dit-il,
est une douce retraite où Dieu se communique à
ses amis avec la plus tendre familiarité. Les âmes
qui aiment ardemment Jésus-Christ, ne sau-
raient désirer un meilleur paradis sur la terre,
que de se trouver en présence de leur Seigneur
au Sacrement de l’autel, où il demeure constam-
ment pour l’amour de qui le cherche et le visite».



Ce bienfait inappréciable de la présence eu-
charistique de Jésus acquiert une valeur plus
grande encore dans les Communautés où se fait
l’Exposition quotidienne du Très Saint Sacre-
ment. Outre cette manifestation plus solennelle
de Jésus sur son trône, donnant officiellement
audience au milieu d’un culte festival, l’organi-
sation d’un service spécial d’adoration ramenant
régulièrement les adorateurs à ses pieds rend la
vie religieuse plus attrayante et plus sanctifiante.




Nous ne pouvons mieux faire que de termi-
ner par ces paroles enflammées du Bienheureux
P. Eymard : « Tant que nous n’aurons pas pour
Notre Seigneur au Très Saint Sacrement un
amour de passion, nous n’aurons rien fait. Lui,
nous y aime avec passion, à l’aveugle, sans pen-
ser à Lui : il faut Lui rendre la pareille ! Voyez
les saints ; leur amour les transporte, les fait
souffrir, les embrase ; c’est un feu qui les con-
sume, use leurs forces et finit par les faire
mourir. Heureuse mort ! Oh ! oui, aimons l’Eu-
charistie avec passion ! »



Bienheureux, ajoutons-nous, ceux qui com-
prennent assez l’Eucharistie pour tout quitter et
se consacrer irrévocablement a son service!



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

13. — Signe de prédestination.


Personne sans doute ne peut être absolument
sûr de son salut éternel. Néanmoins, il est des
moyens de sanctification et des états de vie qui
sont une précieuse garantie morale de fidélité
et de persévérance finale.
Aucun n’offre plus de
sécurité que l’état religieux.
Le dépouillement
universel qui y est exigé allège déjà considéra-
blement la marche et permet d’arriver à un som-
met plus élevé, d’où il est plus facile de s’en-
voler vers le ciel. La vie de renoncement qu’on
y mène prédispose l’âme à une union plus étroite
avec Jésus, union que la mort même ne saurait
briser. L’esprit d’amour et de sacrifice, sur le-
quel est fondé l’état de perfection, transforme
peu à peu l’âme en Jésus qui en devient le
centre et la vie, et la fait sienne pour la vie
éternelle.



On conçoit difficilement qu’une âme qui a per-
sévéré jusqu’à la fin dans la pratique de toutes
les vertus que réclame la perfection de l’état
religieux, puisse ne pas être sauvée. Sa vocation
la fait vivre déjà dans le vestibule du ciel, com-
ment n’y entrerait-elle pas ? « La religion est la
porte du paradis »,
selon que s’exprime saint
Laurent Justinien ; le religieux a comme un
droit d’y pénétrer, car, ajoute-t-il, « être reli-
gieux, c’est un signe que l’on est déjà choisi
pour être le compagnon des élus ».



Passer sa vie dans l’éloignement des choses
terrestres et dans la contemplation des vérités
éternelles, tenir constamment les yeux de son
âme fermés du côté de la terre et ouverts du
côté du ciel, marcher avec persévérance dans la
voie du sacrifice et de la mortification, s’appli-
quer avec ferveur à l’accomplissement parfait
de ses devoirs d’état, travailler sans relâche à
mourir à soi-même, n’avoir plus au cœur que
le désir ardent d’aimer Jésus et de s’en aller à
Lui pour Le posséder sans fin, vivre et mourir
dans ces sentiments des saints, et ne pas s’en-
voler de sa cellule au ciel, est-ce bien possible?



Quand saint Bernard affirme que « la route est
facile de la cellule au ciel ; et qu’il n’en est pres-
que jamais aucun qui de sa cellule descende en
enfer »,
il parle d’expérience et ne fait qu’expri-
mer, sous une autre forme, renseignement for-
mel de Jésus Lui-même promettant la vie éter-
nelle à ceux qui quittent tout pour Le suivre.
« Quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères
ou ses sœurs, ou son père ou sa mère, ou sa
femme et ses fils, ou ses champs, à cause de mon
mon, recevra le centuple et possédera la vie éter-
nelle ».
(Mat., xix, 29).



Telle est la principale assurance du religieux,
assurance qui doit sans cesse relever son cou-
rage et l’engager à demeurer fidèle coûte que
coûte à sa vocation. « Dieu ne peut mentir, dit
à ce sujet saint Jean Chrysostome ; il a promis
la vie éternelle à qui abandonne le monde ; vous
avez tout quitté, qui donc vous empêche de
compter avec confiance sur cette promesse ? »



Bienheureux ceux qui se préoccupent ainsi de
leur salut éternel et qui mettent en Jésus toute
leur confiance. Purs pendant la vie, paisibles et
abandonnés à la mort, ils peuvent s’écrier avec
saint Bernard : « O vie pleine de sécurité, où la
conscience est pure, où l’on attend la mort sans
crainte, où l’on se complaît à la désirer et où on
la reçoit avec amour ».



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Message par InHocSignoVinces »

CHAPITRE NEUVIÈME - Les doux engagements de l'étât religieux


1.Les vœux de religion.

La vie religieuse n’est pas une vie simplement
vertueuse, comme on peut, avec de la bonne
volonté et de l’énergie, en mener une dans le
monde ; mais elle est un état où la pratique de
la vertu prend le caractère de l’immolation com-
plète de soi-même et atteint jusqu’au sommet
de la perfection.


Les vœux de religion sont les glaives de
l’amour qui donnent la mort à la victime, pour
la transformer ensuite en Jésus à qui elle s’offre
en sacrifice. A ce titre, les vœux sont une source
de grâces et un sujet de joies ineffables, qui font
de l’état religieux une école de sainteté et un
véritable paradis sur la terre.


C’est sous cet aspect plutôt que sous celui
des sacrifices qu’ils imposent, qu’il faut les con-
sidérer. « Qu’importe, en effet, la croix sur les
épaules, quand on a Jésus dans le cœur ! »
comme
dit un pieux auteur. Qu’importe la blessure au
cœur qui aime, quand il y voit un moyen de
prouver son amour ! Qu’importe le monde en-
tier, lorsqu’on échange ce qui passe pour ce qui
demeure éternellement ! Qu’importe la mort à
une ame qui la désire pour y trouver la vie !


Celui qui embrasse l’état religieux prétend
donner à Jésus une plus grande marque d’a-
mour, tout en s’assurant de plus puissants se-
cours de sanctification : et cela lui suffit ample-
ment. Voulant se sanctifier davantage, il en
prend les moyens, car il n’ignore pas, comme
dit saint Thomas, « qu’il est plus louable et plus
méritoire d’accomplir un acte par suite d’un
vœu que de le faire sans vœu »
. Et c’est dans
l’exercice plénier de sa liberté qu’il agit, suivant
ce qu’enseigne le même saint Docteur : « Dieu
nous invite à faire des vœux ; il ne nous ordonne
point d’en faire, mais de les tenir... Le vœu dé-
pend donc de notre volonté libre ».
Mais il aime,
et, selon la belle expression de saint Augustin,
«les trois vœux de religion sont pour lui trois
clous d’amour qui l’attachent à la croix ».



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Message par InHocSignoVinces »

L’amour se prouve par le sacrifice, et plus il
est ardent, plus il cherche à se sacrifier. Le sacri-
fice qui consiste à renoncer au monde et à soi-même,
pour s’attacher à Jésus seul, en comprend
une multitude d’autres; et c’est pourquoi l’âme
religieuse trouve dans son état un aliment si
puissant à son amour.
« Celui qui se consacre â
Dieu par des vœux, dit saint Augustin, fait un
sacrifice, en ce qu’il meurt au monde pour vivre
en Dieu ».
Et saint Anselme nous l’explique ad-
mirablement : « C’est donner davantage, dit-il,
de donner l’arbre avec ses fruits plutôt que les
fruits seuls. Celui qui ne fait pas de vœu, donne
les fruits seuls des vertus ; celui qui s’engage
par vœu, donne à Dieu avec les fruits, l’arbre
lui-même, c’est-à-dire sa liberté et sa volonté,
afin qu’il ne puisse vouloir ni agir autrement
que de la manière promise ».



Ce don total de tout soi-même constitue le bon-
heur comme la perfection du religieux. Choisi
par Jésus pour Le suivre de plus près et L’imiter
en tout, il aspire à se donner et à se livrer sans
réserve ; et c’est parce que les vœux répondent
à ce besoin de son cœur, qu’il les fait avec em-
pressement. Victime avec Jésus, il veut mourir
avec Lui ; et, dit saint Grégoire, « quand on a
voué au Dieu tout-puissant toutes ses posses-
sions, toute sa vie, tous ses sentiments, c’est un
holocauste ».
Holocauste d’un très grand mérite,
car lorsqu’une âme s’est liée par les vœux, il ne
lui reste plus rien.
C’est la pensée que développe
saint Thomas. « L’état religieux, dit-il, est un
holocauste par lequel on s’offre à Dieu tout en-
tier, avec tout ce qu’on possède : les biens exté-
rieurs, par le vœu de pauvreté volontaire ; le
bien de son propre corps, par le vœu de conti-
nence ; le bien de l’âme par l’obéissance, en lui
faisant le sacrifice de sa volonté propre, qui
est la faculté par laquelle l'homme se sert de
toutes les puissances et de toutes les habitudes
de l’âme ».



Ne possédant plus rien et ne s’appartenant
plus elle-même, l’âme religieuse vole libre et lé-
gère dans la voie de la perfection. Comprenant
de plus en plus le peu qu’elle a donné et le tré-
sor qu’elle a trouvé, elle chante sa joie à tous
les échos et elle répète, avec le Psalmiste, ses
doux et perpétuels serments : « J’accomplirai
mes vœux au Seigneur à la face de son peuple,
dans les parvis de la maison du Seigneur, dans
l’enceinte de tes murs, ô Jérusalem »
(Ps. cxv,
18, 19).



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Message par InHocSignoVinces »

2. — Le vœu de pauvreté.


Les choses de la terre n’ont pas de valeur aux
yeux d’une âme qui ne soupire plus qu’après la
possession et l’amour de Jésus. Plus cet amour
divin croît en elle, et plus elle se détache ; elle
regarde comme une infidélité d’aimer quoi que
ce soit en dehors de Jésus, selon ces belles pa-
roles de saint Augustin : « Celui, ô mon Dieu,
qui aime avec vous quelque chose qu’il n’aime
pas pour vous, vous aime moins ».
Dès lors, tout
ce qu’elle peut sacrifier, elle le fait de bon cœur.
Ce dépouillement total, par la pauvreté volon-
taire, est nécessaire, d’après saint Thomas, à
l’acquisition de la charité parfaite que l'âmé reli-
gieuse doit à son Bien-Aimé :
« Pour acquérir
la perfection de la charité, dit-il, le premier fon-
dement est la pauvreté volontaire, qui fait que
l'on vit sans rien posséder en propre ».



En effet, plus une âme est détachée des biens
de ce monde et débarrassée des soucis terres-
tres, plus elle se consacre au Seigneur et se voue
aux œuvres de sainteté qu’inspire et alimente
son amour. Rencontrant moins d’obstacles sur
sa route, elle suit plus fidèlement la voie de la
perfection ; libre au dehors et paisible au dedans,
elle est uniquement attentive à servir Celui qui
est devenu son unique trésor.
« La pauvreté, dit
saint Jean Climaque, est une abdication des sol-
licitudes du siècle, un chemin sans obstacles
vers Dieu, l’expulsion de toute tristesse, le fon-
dement de la paix, la pureté de la vie ; elle nous
exempte du soin des choses d’ici-bas, et nous
conduit à l’observation parfaite des commande-
ments de Dieu. »



En faut-il davantage pour aimer la pauvreté et
pour regarder comme une grâce de choix d’être
appelé à la pratiquer ? Plus on renonce aux
biens terrestres, moins on éprouve de désirs de
posséder ; et lorsque l’âme est devenue indiffé-
rente à tout, c’est alors qu elle est parfaitement
heureuse et vraiment riche, comme s’exprime
saint Ambroise : « Combien est riche celui qui
connaît Dieu, qui travaille pour l'éternité ; qui
a la paix de l’âme, la tranquillité, le repos ; qui
ne désire rien, qui ne se trouble de rien, qui ne
se dégoûte pas des choses qu’il a et qui n’en
cherche pas de nouvelles ».



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Comme l’on comprend l’enthousiasme de saint
François d’Assise, cet admirable amant de la
pauvreté, lorsqu’il écrivait dans ses Règles : « La
pauvreté est un trésor caché, pour l’achat duquel
il faut vendre tout le reste et mépriser ce qu’on
ne peut pas vendre. Tous les biens de la terre ne
sont rien comparés à la valeur de la pauvreté ».



L’expérience prouve, en effet, que les vrais
riches ne sont pas ceux qui possèdent les ri-
chesses, mais plutôt ceux qui en sont détachés.

« Moins on désire les richesses, dit saint Ber-
nard, plus on est libre, maître de soi-même et
vraiment riche ; l’homme détaché de tout, pos-
sède tout et le possède pleinement ; l’avare a
faim des choses de la terre comme un mendiant,
en les possédant, il les mendie ; le fidèle les
méprise comme un maître, en les méprisant,
il les possède ».
En cela, il ne fait que com-
menter la parole de l’Apôtre : « Nous sommes
pauvres et nous enrichissons les autres ; nous
n’avons rien et nous possédons tout »
(II Cor.,
vi, 10).



La raison de cette richesse qui est le partage
des âmes vouées à la pauvreté volontaire, c’est
qu’elles possèdent des biens impérissables
, selon
ce que dit le Sauveur dans l’Evangile : « Si vous
voulez être parfait, allez, vendez ce que vous
avez et donnez-le aux pauvres, et vous aurez
des trésors dans le ciel »
(Mat., xix, 21), « où ni
la rouille ni les vers ne rongent, et où les vo-
leurs ne fouillent ni ne dérobent »
(Mat., vi, 20).



Notre patrie est le ciel ; envoyons-y devant
nous des trésors qui nous en ouvriront l’entrée
et nous seront un sujet de jouissance éternelle.

« Quelle folie, s’écrie saint Jean Chrysostome,
de placer vos richesses sur la terre, là où vous
ne resterez pas, et de ne pas les placer là où
vous irez pour toujours. Placez vos trésors dans
votre patrie, qui est le ciel. »



Jésus a assuré les pauvres volontaires que,
par leur détachement, non seulement ils retrou-
veront là-haut le prix de leurs sacrifices, mais
qu’ils achèteront même le royaume des cieux,
ce qui donne une valeur inestimable à la pau-
vreté : « Heureux les pauvres d’esprit, car le
royaume des cieux est à eux »
(Mat., v, 3). Aussi,
a-t-Il une tendresse particulière pour eux, selon
ce que dit saint Paul : « Vous connaissez la
bonté de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, étant
riche, s’est fait pauvre pour vous, afin que vous
fussiez riches par sa pauvreté »
(II Cor., viii, 9).
Sa manière d’enrichir ceux qui se font pauvres
pour son amour, c’est de leur donner son ciel :
« Dieu n'a-t-il pas choisi les pauvres en ce monde
dit saint Jacques, pour être riches dans la foi et
héritiers du royaume que Dieu a promis à ceux
qui l'aiment »
(Jac., ii, 5).



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Mais le ciel, c'est Jésus, c'est la possession
éternelle de Jésus ! La pauvreté nous met donc
en mains la monnaie avec laquelle nous ache-
tons Jésus, selon la belle expression de saint
Augustin : « Qu'y a-t-il de plus glorieux pour
l'homme que de vendre ses biens et d'acheter
Jésus-Christ ? »


Heureuses les âmes qu'aucune attache aux
choses terrestres ne retient plus ici-bas et à qui
la pauvreté donne des ailes pour voler vers la
patrie, comme s’exprime saint Bernard : « La
pauvreté a de grandes ailes avec lesquelles on
s'élève rapidement jusqu’au séjour des saints ».


Le Docteur angélique voit même dans la pau-
vreté comme un germe et un gage de béatitude,
parce qu’il n'y a pas de pauvreté sans amour, et
que c'est l'amour qui fait le bonheur éternel :

« On est mis en rapport, dit-il, avec la béatitude
future par la charité. Et parce que la pauvreté
volontaire est un moyen efficace de parvenir à
la charité parfaite, il s'ensuit qu'elle est très
puissante pour obtenir la béatitude céleste ».


Bienheureux dans le temps, bienheureux dans
l'éternité : voilà la richesse et la gloire des âmes
qui font le vœu de pauvreté !



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Message par InHocSignoVinces »

3.Le vœu de chasteté


L’âme qui aime assez Jésus pour abandonner
le monde et se retirer dans la vie religieuse, ne
se contente pas de sacrifier les biens terrestres ;
son cœur réclame d’autres immolations, et ce
sont des biens plus personnels qu’elle sent le
besoin d’offrir à son Bien-Aimé. Renonçant aux
affections les plus légitimes, imposant à son
corps comme à son cœur une loi inflexible de
mortification et de renoncement, elle fait de tout
elle-même un holocauste, qu’elle consacre par le
vœu de chasteté.


Rien ne rend une âme libre comme le sacrifice
des jouissances sensibles ; d’un trait elle vole
vers Jésus, et Jésus apprécie d’autant plus son
don, que c’est le cœur qui le Lui fait.
C’est la
pensée qu’exprime saint Jérôme : « Si le Christ
a un amour particulier pour les vierges, c’est
qu’elles Lui offrent librement ce qu’il ne leur a
pas demandé ».


Aussi Jésus illumine-t-Il la voie des vierges
et les attire-t-Il tendrement à Lui. « La chasteté,
dit saint Jean Chrysostome, est une voie qui
conduit à Jésus-Christ ».
Et, dans cette voie, on
se rapproche de Jésus dans la mesure de sa
pureté, selon ces paroles de saint Paulin : « Plus
on est chaste de corps, plus on est près de Jésus-Christ
par les sens ; plus on est chaste de cœur,
plus on est digne de recevoir Jésus-Christ ».


Les vierges, en effet, ne se donnent à Jésus
que pour Le posséder plus pleinement. Par leur
pureté elles L’attirent en elles, et par leur amour
elles s’unissent à Lui ; et c’est en toute vérité,
comme dit saint Jean Chrysostome, que « celui
qui a le cœur chaste donne l’hospitalité à Jésus-Christ »
.



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