Des devoirs à rendre aux morts.
Publié : mar. 05 nov. 2019 18:25
Saint Augustin a écrit :Devoirs à rendre aux morts
Ce traité fut écrit pour répondre à saint Paulin, évêque de Nole, qui avait demandé à l'auteur si la sépulture dans les églises des martyrs est de quelque utilité aux âmes des morts. — Les morts eux-mêmes ne souffrent pas lorsque leurs corps sont privés de sépulture. — Le lieu où leurs corps sont ensevelit ne leur est pas utile par lui-même, mais seulement par occasion, en ce que le souvenir de ce lieu excite et augmente l'affection de ceux qui prient pour les morts. — Le soin d'ensevelir les morts vient du sentiment naturel d'affection que l'homme éprouve pour sa chair, et les saints martyrs n'y furent pas sensibles, parce qu'il est indifférent au bonheur ou au malheur. — Dissertation incidente sur les apparitions des morts aux vivants, pour réclamer la sépulture. — Plusieurs exemples de ces visions, pour montrer de quelle manière elles ont lieu. — Dernière question : les morts interviennent-ils dans les affaires des vivants ?
(écrit vers l'an de J.-C. 421).
CHAPITRE PREMIER. EST-IL UTILE A UN MORT D'ÊTRE ENSEVELI AUPRÈS DU TOMBEAU D'UN MARTYR ?
1. Je suis votre débiteur depuis longtemps, cher collègue dans l'épiscopat, vénérable Paulin ; car il y a longtemps que vous m'avez fait remettre une lettre par les gens de notre très-religieuse fille Flora, pour me demander s'il est utile à quelqu'un qui est mort que son corps soit enseveli auprès du tombeau d'un saint. La veuve susnommée vous avait fait une demande de ce genre pour son fils décédé dans votre pays; et vous lui avez répondu par une lettre de consolation, lui annonçant en même temps que le vœu de sa piété et de son amour maternel était accompli , et que le cadavre du fidèle jeune homme Cynégius était déposé dans la basilique du bienheureux confesseur Félix.
A cette occasion vous m'avez écrit à moi-même, par les messagers porteurs de la lettre destinée à la veuve. En me soumettant la question, vous me demandez de vous faire connaître mon opinion, sans me taire la vôtre. A votre avis, ce ne sont pas de vains sentiments qui portent les âmes religieuses et fidèles à rendre ces sortes de soins à leurs morts. Vous ajoutez de plus qu'on ne peut taxer de vaine pratiques la coutume universelle dans l’Église d'adresser des supplications pour les défunts; et vous croyez pouvoir aussi conclure de là qu'il est utile à un homme, après la mort, que la piété de ses proches pourvoie à l'inhumation de son corps en choisissant un lieu de sépulture tel, qu'il apparaisse qu'on réclame pour lui le secours des saints.