Des révélations privées

Si vis pacem
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Des révélations privées

Message par Si vis pacem »

Dans le droit fil de la controverse sur le "grand monarque", voici pour éclaircir les idées ce texte d'un jésuite du XIXè :
R.P. Pouplard S.J. Un mot sur les visions révélations et prophéties, Paris, 1896 Page 39 a écrit :
§ I. Que faut-il entendre par révélations privées ?

Par révélations privées ou particulières, il faut entendre des communications directes, immédiates et personnelles que DIEU fait à certaines âmes privilégiées, soit pour leur donner une connaissance plus claire des mystères proposés à la foi commune des chrétiens, soit pour leur faire entrevoir les secrets de l'avenir; soit encore pour leur dévoiler, dans le présent, des choses qu'il est impossible de connaître naturellement, comme les desseins libres de la Providence, les secrets des coeurs, ou pour leur inspirer de faire certains actes qui étant utiles directement aux individus ou à un groupe isolé de quelques personnes, tournent au moins indirectement, au bien général de la Religion. (Gravina, cité par Amort.)

On appelle ces révélations, privées ou particulières, revelationes privatae, pour les distinguer de la grande révélation universelle, dite encore la révélation canonique. Cette dernière est la parole de DIEU, manifestée aux prophètes et aux Apôtres, et consignée par eux dans les saints livres, avec l'assistance de l'Esprit-Saint, ou simplement transmise par la tradition. Saint Thomas et tous les théologiens avec lui, enseignent que cette révélation est le seul fondement de la foi catholique : Fides nostra innititur revelationi prophetis et apostolis factae, qui canonicos libros scripserunt, non vero revelationi, si quae fuit aliis doctoribus facta. (I P. q. I, art. 8, ad 2.)

Cette révélation universelle, canonique, est l'expression officielle et authentique de l'autorité de DIEU; elle s'impose donc avec un empire absolu à la croyance de tous les hommes. Lui refuser son assentiment serait se mettre en état de révolte contre DIEU, et faire naufrage dans la foi.

Les illuminations privilégiées, que nous appelons révélations privées, sont purement exceptionnelles et surérogatoires; elles n'ont qu'un caractère relatif et officieux; en aucun cas, elles ne peuvent devenir la règle de la foi catholique (V. S. Th., supra). De là, nous pouvons déjà conclure que jamais aucune révélation privée ne peut venir de DIEU, quand elle est en opposition avec les saintes Ecritures, avec les traditions apostoliques et les définitions infaillibles de l'Eglise. De semblables révélations doivent, au contraire, être anathématisées, quand même elles auraient pour auteur un ange descendu du ciel. C'est l'enseignement exprès de l'Apôtre : « Sed licet nos aut Angelus de caelo evangelizet vobis praeterquam quod evangelizavimus vobis, anathema sit.» (Gal. I, 8.)

Mais qu'il y ait eu dans l'Église des révélations privées, que des infidèles même se soient faits chrétiens, éclairés par des visions divines, sur la foi desquelles ils couraient d'eux-mêmes au martyre, comme l'assure Origène dans son livre contre Celse, rien n'est plus certain : les saints Pères, les histoires ecclésiastiques et, notamment, les Actes des martyrs et les Vies des grands fondateurs d'Ordres religieux, nous offrent à cet égard les témoignages plus irréfragables, et nous pouvons affirmer, après saint Thomas (II. 2, q. CLXXIV, a. 6), qu'il a toujours existé, dans l'Église, une série non interrompue de révélations privées. Tous les docteurs, tous les théologiens catholiques sont unanimes sur ce point. Les révélations de sainte Hildegarde, de sainte Gertrude, de sainte Brigitte, de sainte Thé­rèse, de sainte Madeleine de Pazzi, de la bienheureuse Marguerite-Marie sans parler de beaucoup d'autres, ayant mérité l'approbation de l'Église, il serait singulièrement téméraire de nier absolument et de rejeter de parti pris toutes les communications surnaturelles de ce genre. Une telle tendance dénoterait, à coup sûr, un esprit bien éloigné de celui des vrais catholiques, qui ne craindront jamais de souscrire à ce que l'Église ne craint pas d'approuver...
Si vis pacem
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R.P. Pouplard S.J. Un mot sur les visions révélations et prophéties, Paris, 1896 Page 42 a écrit :
§ II - Quelle est la valeur des révélations privées ?

Les révélations privées ou particulières approuvées par le Saint-Siège (nous ne parlons que de celles-là), revêtent, par suite de cette approbation, non pas un caractère d'infaillibilité absolue, mais des garanties de crédibilité suffisantes pour affirmer qu'elles n'ont rien de contraire à l'Écriture ou à la tradition, et qu'elles peuvent être publiées pour l'édification et l'utilité des fidèles. C'est l'enseignement de Benoît XIV : « Sciendum est approbationem istam, nihil aliud esse quam permissionem ut edantur ad fidelium institutionem et utilitatem, post maturum examen. Mais, dit encore ce savant pontife, cette approbation n'impose aucunement l'assentiment certain de la foi ; » approbatio ejusmodi certitudinem fidei nequaquam exposcit, sed tantùm efficit ut illae tanquam probabiles habeantur.» (Lib. III, de Beatific.)

Non seulement cette approbation ne rend pas la foi obligatoire à l'égard de ces révélations privées, mais elle ne l'autorise même pas; et tous les théologiens sont unanimes pour enseigner qu'il n'est pas permis d'accorder à ces révélations l'assentiment qu'on prête aux vérités de la foi, le témoignage divin, objet formel de la foi, leur faisant défaut : « Quum illi desit objectum formale fidei divinae, assensus non potest esse, nisi solius fidei humanae.» (Bened. XIV, loc. cit., C. ult., n. 14.)

[…]

Parlant des révélations de sainte Brigitte et de sainte Mecthilde, Baronius s'exprime ainsi : « J'honore et je vénère, comme il est juste, ces deux saintes ; mais s'il s'agit de leurs révélations ou plutôt des révélations qu'on leur attribue, je n'admets que ce que l'Église admet. Veneror quidem et colo, ut par est, sanctas ipsas ; sed revelationibus ipsis factis, vel potius ipsis adscriptis, ea dumtaxat recipio quae Ecclesia recipitIl ajoute même que plusieurs de ces révélations sont opposées entre elles et ne concordent pas toujours avec la vérité catholique (T. VIII. in vit. Greg. et Phocae.) C'est en ce sens que Suarez, parlant d'une révélation qui affirmait que Jésus-Christ avait reçu plus de 5900 coups à la flagellation, ajoute : « Les révélations des femmes ne nous obligent pas à les croire vraies. Revelationes foeminarum non cogunt nos, ut eas veras esse credamus.» (T. III. in. 3. D.)

Aussi bien, l'Église ne se porte-t-elle pas garant de la vérité de chaque proposition en particulier. Tout en déclarant qu'elle n'y trouve rien qui soit directement contraire à la foi ou aux bonnes moeurs, elle permet pleinement d'y contredire, à la seule condition qu'on ne témoigne aucun sentiment de mépris, et que l'on n'exprime point son opinion témérairement et sans motif raisonnable. Cette conclusion est encore celle de l'illustre Benoît XIV :
« Ex quibus proinde sequitur, posse aliquem, salvâ et integrâ fide catholicâ, assensum revelationibus paecedictis non praebere, et ab eis recedere, dummodo id fiat cum debitâ modestâ, non sine ratione, et citra contemptum. » (Loc. cit., n. 15.) Avouons-le, cette liberté, laissée par l'Église aux appréciations de ses enfants, ne ressemble guère au servage si injustement reproché aux catholiques par l'ignorance ou la mauvaise foi.

L'Église, en donnant son approbation à certaines révélations, ne prétend pas déclarer que toutes soient absolument vraies, mais que, si elles contiennent quelques erreurs, ces erreurs ne sont pas visibles ou nuisibles. C'est le sentiment du chancelier Gerson : « Quaedam solum permittuntur ut legantur, non quin, sint mixtae falsitates, sed habent aliunde plurimas utiles doctrinas, sicut sunt scripta multorum doctorum.» (Tract. de examinat. doctr. P. I. consid. I.)

Notez cependant que la personne à laquelle ces révélations sont faites directement par le ciel peut et doit y croire d'une foi surnaturelle, lorsqu'elle a, non pas une simple probabilité, mais une vraie certitude de leur origine divine : « Non sufficit probabilitas, sed requiritur certitudo divinae revelationis, ut quis ei fidem adhibere possit.» (Ben. XIV., loc. cit., n. 12 et 13.) Cette condition indispensable met encore singulièrement à l'aise la conscience des fidèles.

Pour tout dire en un mot, les révélation privées n'ont qu'une autorité purement humaine et probable ; et quel que soit d'ailleurs l'appoint qu'elles peuvent donner à certaines opinions théologiques, — chose assez vivement controversée parmi les docteurs, — il est certain qu'elles ne peuvent être reçues comme vérités dogmatiques, commandant, permettant même la croyance de foi divine : « Nec, si credant, talem assensum posse esse fidei catholicae aut divinae.» (Ben. XIV., loc. cit., n. 14.) Ces principes sont admis par l'unanimité des théologiens, et appliqués en général aux miracles, aux légendes des saints, aux vies des Pères , aux prophéties et visions des personnes dévotes dont l'Église permet la publication, pour nourrir la piété des fidèles et exciter leur ferveur. Mais son approbation se borne là ; et c'est assez dire avec quelle réserve, disons mieux, avec quelle sage défiance il faut accepter les visions, les révélations, les prophéties non approuvées par elle.
Si vis pacem
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R.P. Pouplard S.J. Un mot sur les visions révélations et prophéties, Paris, 1896 Page 51 a écrit : § IV. Quelle conduite tenir à l'égard des révélations non approuvées par l'Église ?

Disons, avant tout, que, dans l'appréciation de ces sortes de faits, la circonspection la plus sévère est de rigueur. C'est la règle générale donnée par tous les maîtres de la vie spirituelle, et, en particulier, par saint Alphonse de Liguori, qui ne craint pas d'affirmer que les révélations fausses sont beaucoup plus communes que les véritables. Voici, d'après les mêmes docteurs, les règles qui devront, dans la pratique, diriger notre jugement, et dont on ne pourrait s'écarter sans manquer aux lois de la prudence, et sans s'exposer à confondre le vrai et le faux, l'oeuvre de DIEU et celle de Satan.

I — Rejetez absolument comme imposture et illusion diabolique toute révélation particulière en opposition avec la sainte Ecriture, avec les traditions divines et apostoliques et les définitions infaillibles de l'Eglise. Cette règle est sans exception et n'a pas besoin de commentaire : ici revient la parole de saint Paul : « Si quis vobis evangelizaverit praeter id quod accepistis, anathema sit.» (Gal. I, 9.) « Si quelqu'un vous annonce un autre Evangile que celui de Jésus-Christ, qu'il soit anathème.» Entendez comment sainte Thérèse juge les âmes qui ne seraient pas inébranlablement attachées à la foi, comment elle apprécie les visions non conformes à la sainte Ecriture. Cette admirable vierge, nos lecteurs le savent bien, fait autorité dans la matière que nous traitons. Je tiens pour certain, écrit-elle au chapitre 25e de sa vie, que Dieu ne permettra jamais au démon de tromper une personne qui, se défiant d'elle en tout, est si ferme dans la foi, que pour la moindre des vérités révélées, elle serait prête à affronter mille morts. Pour prix d'une si généreuse disposition, Dieu rend encore plus vive et plus forte la foi de cette âme. Elle met un soin continuel à se conformer à tout ce qu'enseigne l'Eglise. Dans ce but elle interroge souvent ceux qui peuvent l'éclairer ; elle est si immuablement attachée à son symbole que toutes les révélations imaginables, vit-elle les cieux ouverts, ne seraient pas capables d'ébranler sa croyance sur le plus petit article enseigné par l'Eglise.

« S'il arrive que l'âme sente vaciller sa foi sur quelque point enseigné par l'Eglise, ou qu'elle s'arrête tant soit peu à cette pensée : « Si c'est Dieu qui me dit ceci, ce pourrait bien être aussi vrai que ce qu'il a dit aux saints, » cette hésitation et cette pensée viendraient du démon qui commencerait à la tenter par un premier mouvement, et ce serait un très grand mal si elle s'y arrêtait. Mais je suis con­vaincue que même ces premiers mouvements seront bien rares dans une âme revêtue de cette force que Dieu donne aux personnes inébranlablement attachées à leur foi. Car, pour la plus petite des vérités que l'Eglise nous propose, elle se sent la force de défier et de confondre tous les démons.

« Lorsqu'une âme ne voit point en elle cette mâle vigueur de la foi, et lorsque les tendresses de dévotion ou les visions qu'elle a ne contribuent pas à l'augmenter, je dis qu'elle ne les doit pas tenir pour sûres. Quoiqu'elle ne s'aperçoive pas sur l'heure de mal qu'elle en reçoit, ce mal est grand et il peut le devenir davantage. Je vois et je sais par expérience qu'il ne faut se persuader qu'une chose vient de l'Esprit de Dieu, qu'autant qu'elle se trouve conforme à l'Ecriture sainte. S'il y avait la plus légère divergence, je croirais que ces visions viennent de l'auteur du mensonge, avec une conviction incomparablement plus ferme que je ne regarde les miennes comme venant de Dieu, quelque certitude que j'en aie. Avec cette divergence on n'a pas besoin d'autres marques et elle dispense de toute recherche ultérieure ; car seule elle démontre d'une manière si évidente l'action du mauvais esprit, que si le monde entier m'assurait que c'est l'esprit de Dieu, je ne le croirais pas »

II. — Regardez comme plus ou moins douteuses et suspectes les révélations qui renferment des assertions nouvelles et singulières, celles qui ont pour objet des choses curieuses et inutiles, celles enfin qui sont faites à des personnes dont la vie, le caractère et les dispositions n'offrent que de médiocres garanties (1).

Par assertions nouvelles et singulières, nous entendons celles qui donnent, comme révélée de DIEU, telle ou telle opinion rejetée par le plus grand nombre des docteurs ou même librement controversée dans les écoles, ou dont on ne trouve presque aucune trace dans les écrits des saints Pères.

Nous, ne disons pas qu'il faut les rejeter, mais il faut, comme toute chose suspecte et douteuse, les étudier avec une plus grande attention et les passer au crible d'un plus rigoureux examen. Majori attentione et examine rigidiore indiget. C'est le sentiment de Benoît XIV citant Martin Delrio, c'est l'opinion aussi du docte Hurtado.

Il est difficile sans doute, de déclarer ce qui est absolument chose curieuse et inutile; car les conseils de DIEU ne sont pas les nôtres, et il pourrait arriver que ce que nous condamnons comme vain et inutile entrât dans le plan de la divine Sagesse. Mais quand il est évident qu'une prétendue révélation n'est propre qu'à piquer une vaine curiosité, et ne sert en rien à la glorification du Seigneur et au salut des âmes, Benoît XIV juge qu'il faut la rejeter avec le même soin que les révélations contraires à l'enseignement unanime des Pères, à la tradition de l'Eglise, à la sainte Ecriture elle-même ; car la première ne peut, pas plus que les secondes, être l'œuvre de l'Esprit de DIEU : « Quae dicta sunt de revelationibus adversantur Scripturae,... debent sibi etiam vindicare locum..., si inutilia aut curiosa revelentur..., si aliquid reveletur quod non est conforme sapientiae DEI et aliis ejus attributis.» (Lib. III, de Beatif. sanc. c. ult., n. 6. — Saint F. de Sales, lett. cit. — Gerson, de Dist. vis., signo 4.).

C'est à ce genre de révélations que nous pouvons appliquer dans une large mesure ce que le Pape saint Léon disait au sujet des écritures apocryphes.

« Ces écritures apocryphes, qui font passer sous le couvert des apôtres une foule de faussetés, non seulement doivent être interdites, mais elles doivent complètement disparaître ; il faut les jeter au feu. Car si elles renferment quelques pages ayant un air de vérité, elles ne sont jamais sans poison, et elles arrivent insensiblement par le charme de leurs fables, à envelopper dans le filet de quelque erreur les âmes qu'ont séduites ces merveilleux récits. Apocryphae scripturae, quae sub nomine Apostolorum multarum habent seminarium falsitatum, non solùm interdicendae, sed etiam penitus auferendae sunt alque ignibus concremandae. Quamvis sint in illis quaedam quae videantur habere speciem veritatis, nunquam tamen vacuae sunt venenis, et per fabularum illecebras hoc latentes operantur, ut mirabilium narratione seductos laqueis cujuscumque erroris involvant.» (S. Leon. epist. 93 ad Turib., c. 15.)
Si vis pacem
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R.P. Pouplard S.J. Un mot sur les visions révélations et prophéties, Paris, 1896 Page 128 a écrit :
CONTRE-ÉPREUVES. — APPLICATION DES RÈGLES DONNÉES DANS LE CHAPITRE SECOND AUX ÉTATS EXTRAORDINAIRES DE CERTAINS VOYANTS MODERNES

[...]

Assurément, notre siècle a vu de vrais miracles; mais précisément parce qu'il plaisait à DIEU et à sa divine Mère de manifester, à notre égard, leur puissance et leur bonté, on pouvait être sûr que l'esprit mauvais forgerait de faux miracles, pour discréditer le vrai surnaturel. Il fallait donc nous tenir sur nos gardes; et c'est ce qu'on n'a pas fait suffisamment. Non contents de se laisser tromper eux-mêmes, certains catholiques ont mis tout leur zèle à se faire les propagateurs de la supercherie, soit humaine, soit diabolique, acceptée et colportée comme révélation divine. Mais, en vérité, qui donc, ayant quelque connaissance des opérations divines dans les âmes, pourra croire que l'Esprit de Dieu éclaire ces voyants et ces voyantes dont l'insoumission à l'autorité légitime n'est que trop connue ? Qui pourra croire au surnaturel divin, quand les agents de ces phénomènes extraordinaires se montrent dépourvus des plus nécessaires garanties, L'HUMILITÉ ET L'OBÉISSANCE ? Que l'on cesse de nous parler de toutes ces merveilles qui fuient le contrôle de l'autorité ecclésiastique, bien loin de le rechercher, et que des feuilles réputées pieuses s'empressent de servir à leurs lecteurs, au risque de compromettre la religion et de développer dans les âmes une curiosité morbide, antipode de la vraie piété.

§ I - Voyants et voyantes modernes.

Dans un opuscule intitulé : A la veille des Evènements et publié (15e édition) en 1881, nous lisons : « La plupart des prophéties, qui concernent notre temps et qu'on regarde comme authentiques, se sont accomplies dans leur ensemble jusqu'à présent, et nous offrent, pour l'avenir, un précieux cachet de vraisemblance... Quant aux détails prophétiques, il est difficile de ne pas reconnaître que plusieurs sont parfaitement accomplis.» Puis, pour prouver cette dernière assertion ; l'auteur cite certains faits qui sont loin d'avoir à nos yeux ce caractère de « vérité frappante » qu'il veut bien leur trouver. Ce qui nous semble beaucoup plus évident, c'est ce grand nombre de prophètes et de prophétesses, d'extatiques et de stigmatisées, de voyants et de voyantes dont un certain public se préoccupe infiniment trop et dont la mission providentielle n'est rien moins que douteuse. Depuis une douzaine d'années qui n'a entendu parler d'horribles catastrophes réservées à la France et de triomphes magnifiques devant succéder à la période de malheurs ? Prédictions peu compromettantes sans doute, lorsque les dates de ces grands évènements ne sont pas précisées, mais qui deviennent fort gênantes pour les interprètes dont les calculs sont déjoués ainsi que leurs explications par de perpétuels démentis. « Selon toute apparence, l'avènement au trône du grand roi devait avoir lieu au plus tard fin d'août 1881 » nous voici aux premiers jours de 1883, et le Grand Monarque, hélas, ne paraît pas !...
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R.P. Pouplard S.J. Un mot sur les visions révélations et prophéties, Paris, 1896 Page 141 a écrit :
La prophétie dite d'Orval.

Disons un mot de la Prophétie d'Orval

[...]

A notre époque il n'est aucun livre s'occupant de prédictions, où la prophétie dite d'Orval ne se trouve à la place d'honneur. Nous lisons dans la brochure intitulée A la veille des grands évènements cette phrase de l'auteur : « Parmi les prédictions qui regardent le temps actuel, la célèbre prophétie d'Orval de 1544 parait une des plus authentiques, celle qui s'est mieux réalisée jusqu'à présent, presque la seule qui indique des dates un peu précises. C'est comme un épanouissement de l'Apocalypse ! » Selon les interprétations de l'auteur, les grands malheurs devaient commencer en mai, an plus tard en septembre 1881 . Nous sommes en janvier 1883. Evidemment l'interprète devra revenir sur ses explications et changer ses dates... Ces variantes ne coûtent guère malheureusement à ces interprètes quand même ! Témoin l'imperturbable persévérance de celui qui s'est fait le champion de la prophétie de BLOIS et dont la perspicacité a été si singulièrement mise en défaut. N'importe, on l'enregistre encore et on la colporte. Populus dilexit talia. (Jér. v, 31.) Mais quelle est l'authenticité de cette célèbre prophétie d'Orval ? Voici en quelques lignes ce qu'en disait, le 10 février 1882, monsieur l'abbé Jaugey, professeur à l'école supérieure de l'Institut catho ligue de Lyon. Dans une de ses conférences publiques ayant pour sujet « De l'usage des prophéties modernes, » il s'exprimait ainsi : « La prophétie d'Orval, dont la première édition parut en 1839, donne, ce qui n'a rien d'étonnant si l'on fait attention à la date de sa publication, des détails minutieux sur l'Empire, les Cent-jours et la Restauration. Mais des événements prédits, postérieurs à cette date, un seul s'accomplit, la chute de Louis-Philippe.

En 1849, Monsieur de Manouville écrit qu'il a entendu lire cette prophétie en 1793 ; d'autres personnages ont dit l'avoir entendu lire pendant l'émigration; mais, ce qu'il y a de remarquable c'est que l'on n'a pu fournir de cette prophétie aucune copie avant la restauration. On parle bien d'un petit livre imprimé à Luxembourg en 1544, lequel aurait contenu dans son intégrité la fameuse prophétie; mais cette assertion n'a plus aucun fondement, quand on songe, preuves en main, que le premier livre imprimé à Luxembourg est daté de 1577.

Mais voici mieux. Dans une lettre adressée à tous les évêques de France en 1849, Monseigneur l'évêque de Verdun démontre l'invraisemblance et la fausseté de cette prophétie. Elle est l'oeuvre d'un prêtre égaré par l'esprit de singularité, qui n'eut, en composant cette mystification, que le désir de s'amuser de la crédulité de ses contemporains. Le prêtre avoue lui-même dans une lettre qui existe encore que cette prophétie n'a jamais été autre chose qu'une mystification. Ses aveux, recueillis par Monseigneur l’Évêque de Verdun, sont publiés dans la lettre circulaire envoyée à l'épiscopat. » Cette citation a passé sous les yeux de Monsieur l'abbé Jaugey. En nous autorisant à la publier, il nous écrivait : « Vous ferez une excellente œuvre, mon Révérend Père, en combattant cette maladie de beaucoup d'esprits qui les porte à croire comme à la parole de Dieu à toutes ces niaiseries ou ces impostures anonymes qui circulent sous le nom prophéties. » (Lyon, 20 juillet 1882.)
Paulus
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Re: Des révélations privées

Message par Paulus »

Si cela intéresse l'un d'entre vous, je peux vous révéler une prophétie, assez courte, mais dont les conséquences sont absolument effroyables.

Paulus
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