Saint Epiphane a écrit :
« L’Eglise n’admet pas à l’Ordre des Diacres, Prêtres, Evêques, ou Sous-Diacres ceux qui vivent
encore dans le mariage et procréent des enfants, même s’ils sont l’homme d’une seule femme.
Mais seulement celui qui se contient de l’usage d’une unique épouse, ou l’a perdue ;
ce qui est pratiqué surtout dans les lieux où les Canons Ecclésiastiques sont observés.»
(Saint Epiphane, Hérésies 59, n. 4)
A l’objection de pratiques contraires en certains lieux, il montre que ce sont des abus dus à la négligence et au relâchement :
Saint Epiphane a écrit :
« Je réponds que cela se fait non par l’autorité du Droit, mais en raison de la lâcheté humaine qui porte en certains temps à agir avec négligence.» (ibid.)
Avant de citer d’autres textes d’autorité à ce sujet, abordons donc d’abord l’objection connexe à ce point, sur laquelle s’est attardé le récent défenseur de cette relâche de la morale ecclésiastique.
- Que dites-vous là ? N’est-ce pas Saint Paul lui-même qui écrit tant à Timothée (I 3,2) qu’à Tite (1,6) :
« Opportet ergo episcopum irreprehensibilem esse, unius uxoris virum, sobrium, prudentem, ornatum, pudicum ..» (I Timothée 3,2) ;
« Il importe que l’Evêque soit irrépréhensible, homme d’une seule épouse, sobre, prudent, honorable, pudique » ;
« unius uxoris virum, .. sobrium, justum, sanctum, continentem ..» (Tite 1,6,8) ;
« homme d’une seule épouse, .. sobre, juste, saint, continent ».
Alors ? Vous voyez bien !
Et, poursuivent-ils, ce sont “les Romains” (on croirait entendre R. Williamson) qui ont changé cela, et voulu imposer à tous le célibat ecclésiastique ; pour ceux qui le désirent, pas de problème, mais pour les autres .. c’est une question de choix.
Avant d’en venir aux commentaires patristiques et aux documents d’autorité, puisque « l’Ecriture n’admet point d’interprétation personnelle » (II Pierre 1,20), conformément à la prescription du Saint Concile de Trente et à la profession de Foi demandée par le Pape Pie IV (1564) : « j’admets la Sainte Ecriture dans le sens qui a été et qui est encore celui de Notre Mère la Sainte Eglise à laquelle il appartient de juger de la véritable signification des Saintes Lettres ; et jamais je ne les recevrai et les interpréterai que selon le consensus unanime des Pères.» (cf. DB 786, 1788 ; DS 1507, 3007), il convient de souligner le contexte d’alors.
Bien que la virginité ait toujours été fortement estimée en ce qui concerne le choix d’une épouse jusque là intacte et pour la vente des jeunes filles en cette optique, qu’elle ait même été vénérée à Rome au travers de l’institution des six vestales qui devaient rester vierges quelques années en cet office avant d’être remplacées par d’autres et de pouvoir se marier, la virginité donc, sauf dans le tout jeune âge, n’était pas pratiquée avant l’avènement du Christianisme.
Qui plus est, d’une façon générale et tout spécialement parmi les Hébreux, il importait que les femmes aient de multiples enfants pour démultiplier le nombre du peuple et contribuer ainsi à en faire une nation puissante.
En outre, les prêtres de l’Ancien Testament étaient mariés, et se succédaient de pères en fils en la tribu de Lévi et la descendance d’Aaron.
Comme il a fallu toute une période de transition pour l’abandon de la circoncision, très avantageusement remplacée par le Saint Baptême, des ablutions légales et des autres rites cérémoniaux de l’Ancienne Alliance, des viandes impures et défendues, ainsi en a-t-il été pour le passage au célibat sacerdotal et ecclésiastique.
A l’époque de la toute première évangélisation, quasi tous les hommes convertis en âge d’être choisis pour Evêques étaient ou avaient été mariés en étant veufs.
Pour la mieux comprendre, il faut encore saisir une profonde donnée mystique soulignée ailleurs par le même Saint Paul.
Tous les Evêques doivent être des imitateurs de Notre Divin Sauveur.
Or Celui-ci n’a qu’une seule Epouse, la Sainte Eglise Catholique en son ensemble (Eph. 5,25,29, 32),
qui est de surcroît, sous un autre point de vue, Son Corps Mystique (Eph. 5, 30).
Chaque Evêque, à Son imitation, ne doit avoir qu’une seule Epouse,
la partie de l’Eglise qui lui est confiée et sur laquelle il a autorité,
avec l’exception du Vicaire du Christ, Successeur de Pierre qui, tout en étant plus spécialement
l’Evêque du diocèse de Rome, est aussi par la charge particulière reçue de Notre Seigneur,
l’Evêque des évêques (Jn. 21,15-17), le Chef du Collège Apostolique,
la Tête-Vicaire et le centre d’unité de toute l’Eglise Catholique,
comme nous l’avons vu dans le point précédent.
D’où la convenance que les tout premiers choisis pour l’épiscopat, n’aient au plus été mariés qu’une seule fois, et pas deux, même si un tel second mariage après le décès de leur épouse était en soi légitime.
Ce contexte étant précisé, venons-en aux textes d’autorité.
Soulignons ensuite, avec un autre Père Grec, le contresens intéressé de l’hérétique Vigilance et de ses imitateurs :
Saint Jean Chrysostome a écrit :
« Il importe, dit l’Apôtre, que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme.
Il ne dit pas ceci pour imposer une loi, de telle sorte que le mariage fût nécessaire pour être évêque, mais pour réprimer un excès ; attendu que, chez les Juifs, il était permis de contracter un second mariage, et d’avoir deux femmes en même temps. ..
Si l’homme marié se préoccupe des choses du monde (I Cor. 7, 33)
et qu’il se rapporte à l’Evêque d’avoir le moins possible une telle sollicitude,
comment se fait-il qu’il ait dit : mari d’une seule femme ?
Certains entendent que cela signifie celui qui après le décès d’une épouse est établi Evêque.
D’autres, que celui qui a une épouse soit comme n’en ayant pas.
Car il a justement concédé cela pour un temps, en raison de l’état des choses existant alors.»
(Saint Jean Chrysostome, hom. 10 in Tim. 3,2)
Ce même Père dit ailleurs (hom. 1 de patientia Job) que l’on n’use plus de cette indulgence accordée par Saint Paul parce qu’il faut que ceux qui sont honorés du Sacerdoce soient ornés d’une parfaite chasteté.
Saint Thomas a écrit :
« Toute la vertu morale concerne d’abord les passions ; et il en est deux qui portent à la sainteté, à savoir la chasteté et la sobriété, car l’âme est surtout inquiétée par la délectation ou les désirs de la chair.
C’est pourquoi il indique d’abord ce qui se rapporte à la chasteté en disant : unius uxoris virum ; et semblablement en Tite 1,6.
Il semble qu’il y ait en cela une discorde entre Saints Augustin et Jérôme.
Lequel dit que cela doit s’entendre après le baptême, car si avant le baptême il a eu deux épouses, ou une avant et une après, il n’y a pas d’empêchement à ce qu’il soit ordonné, puisque tout est ôté par le baptême.
Saints Augustin et Ambroise disent le contraire, que s’il a eu deux épouses, soit avant, soit après, il ne peut être ordonné.
Et pourtant le baptême n’ôte-t-il pas tout ?
Je réponds : il en est ainsi quant aux péchés, mais non quant à l’irrégularité, qui parfois est encourue même sans péché par seule institution ecclésiastique ; puisque le mariage n’est pas un péché même parmi les païens.
Mais quelle est la cause de cette institution ? ..
Il faut dire qu’elle n’est pas faite seulement en raison de l’incontinence,
mais à cause de la représentation du sacrement, puisque l’Epoux de l’Eglise est le Christ,
et que l’Eglise est Une : « Une est ma colombe.» (Cant. 6,8).»
Saint Ambroise a écrit :
« Unius uxoris virum. Bien qu’il ne soit pas prohibé d’avoir une épouse une seconde fois, cependant pour que quelqu’un puisse être digne de l’épiscopat il doit délaisser même ce qui est licite en raison de la dignité sublime de son ordre, car celui qui désire ce siège doit être meilleur que les autres.»
(Saint Ambroise, in I Tim. 3,2)
Cette discipline générale est répétée et défendue ainsi par le Pape Saint Léon I le Grand (440-461), écrivant à Anastase, Evêque de Thessalonique (Ep. 68) :
Saint Léon I le Grand a écrit :
« 3. Dans les villes dont les recteurs sont décédés, pour la nomination d’un Evêque successeur il faut respecter cette manière de procéder, en sorte que celui qui soit ordonné jouisse du témoignage d’une bonne vie ; ne soit pas un laïc, ni un néophyte, ni n’ait été marié deux fois, ou qui ait ou ait eu une seule épouse, mais en ne s’étant point uni à une veuve.
Car le choix des prêtres est si important que ce qui n’est pas tenu à faute pour les autres membres de l’Eglise est pourtant pour eux illicite.»