Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

chartreux
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Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

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Olavo de Carvalho a écrit : Dans l'acte de charité, "aimer Dieu par-dessus toutes choses" n'est pas un but
à atteindre, mais quelque chose que toute créature fait à chaque instant sans aucune exception, fut-ce en croyant à tort le contraire, fut-ce en étant trompé par un bien partiel qui éclipse le souverain bien
La première fois, cette opinion m'avait parue téméraire voire hérétique, puisqu'elle semble anéantir la notion de haine de Dieu. Je me suis ravisé en lisant ce passage du R. P. Monsabré :
R. P. Monsabré, Gouttes de Vérité, Paris, 1907, p. 69 a écrit : L'Enfer est la privation de Dieu. Est-ce donc une si grande perte que d'être privé de ce que l'on a dédaigné ? — Le pécheur ment s'il dit cela. Il n'a pas dédaigné Dieu. Il l'a cherché partout où il ne se trouvait pas ; il le trouve maintenant là où il ne le cherchait pas. — Son âme, loin de revenir sur le mouvement natif qui l'emporte vers le souverain bien, obéit éternellement à ce mouvement, et son supplice est de se sentir éternellement repoussée
(lien ici)

Je cherche des explications plus détaillées sur cette difficulté, peut-être qu'il y en a dans la Somme de S. Thomas ?
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Abbé Zins
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Re: Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

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chartreux a écrit : jeu. 23 janv. 2025 13:26
Olavo de Carvalho a écrit : Dans l'acte de charité, "aimer Dieu par-dessus toutes choses" n'est pas un but
à atteindre, mais quelque chose que toute créature fait à chaque instant sans aucune exception, fut-ce en croyant à tort le contraire, fut-ce en étant trompé par un bien partiel qui éclipse le souverain bien
La première fois, cette opinion m'avait parue téméraire voire hérétique, puisqu'elle semble anéantir la notion de haine de Dieu.

Cette affirmation d’Olavo est fortement tordue, mélange tout et se trouve remplie d’erreurs.

1° Un acte de charité découle de la vertu de surnaturelle de Charité et d’un don de Dieu, et n’est pas un acte naturel. Ce qui montre la complète fausseté de cette déclaration : “que toute créature fait à chaque instant sans aucune exception” : y compris en l'acte d'un péché mortel ou de haine de Dieu ? Quelle énormité, de soi blasphématoire.

2°"aimer Dieu par-dessus toutes choses" relève déjà de la vertu surnaturelle d’Espérance.

3° Ce qui est propre à la Charité est d’aimer Dieu par-dessus toutes choses en Lui-même et pour Lui-même.

4° Aimer un bien particulier en lui-même, en s’y complaisant au point de se détourner Dieu est le propre du pécheur et du péché.

5° Les damnés, à la fois comprennent leur grand malheur de s’être détourné du Souverain Bien pour ce qui leur apparaît dès lors comme de passagères peccadilles, s’en veulent à eux-mêmes, haïssent les démons qui les tourmentent, les autres damnés et particulièrement ceux qui ont contribué à les attirer ou les maintenir dans le mal et par là en la damnation, mais se retournent aussi haineusement à l’encontre du Juste Juge qui les a condamnés.

chartreux a écrit : jeu. 23 janv. 2025 13:26
Je me suis ravisé en lisant ce passage du R. P. Monsabré :
R. P. Monsabré, Gouttes de Vérité, Paris, 1907, p. 69 a écrit : L'Enfer est la privation de Dieu. Est-ce donc une si grande perte que d'être privé de ce que l'on a dédaigné ? — Le pécheur ment s'il dit cela. Il n'a pas dédaigné Dieu. Il l'a cherché partout où il ne se trouvait pas ; il le trouve maintenant là où il ne le cherchait pas. — Son âme, loin de revenir sur le mouvement natif qui l'emporte vers le souverain bien, obéit éternellement à ce mouvement, et son supplice est de se sentir éternellement repoussée
(lien ici)

Je cherche des explications plus détaillées sur cette difficulté, peut-être qu'il y en a dans la Somme de S. Thomas ?

L’explication du R.P., cherchant à répondre à une argutie en forme de faux-fuyant, me paraît déficiente et inadaptée.

1° S’il est vrai que tout ce qui a raison de bien partiel au moins sous tel angle de vue vient du Créateur, quand Grosjean cherche à satisfaire son goût avec un morceau de lard, ce n’est point le Créateur qu’il cherche en cela, mais sa propre satisfaction.

2° Si la recherche de l’obtention illicite de tel bien particulier le fait se détourner de la loi naturelle ou divine et par là de Dieu en péchant, il ne fait pas en cela que dédaigner Dieu mais s’en détourne en acte.

3°Par contre, une fois détaché des biens terrestres et en Enfer, le damné saisit la perte immense qu’il a faite par la privation du Souverain Bien.

4° Quant au mouvement natif qui emporte vers le souverain bien, il a été obscurci et affaibli par le péché originel et par chaque péché actuel, par obnubilation centrée sur la recherche constante de la propre satisfaction à court terme.

5° Mais une fois cette satisfaction temporaire reconnue caduque, vaine et trompeuse en l’état de damnation, le damné déplore sa perte définitive du Souverain Bien.
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Re: Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

Message par chartreux »

Merci bien pour ces explications M. l'abbé. Vous tenez donc que le damné saisit la perte immense ... du Souverain Bien tout en ayant un mouvement natif vers le souverain Bien ... obscurci et affaibli.

La difficulté qui reste alors est de concilier ces deux choses, par ce qu'il semblerait que si un mouvement vers quelque chose de perdu est affaibli, la consience de l'immensité de la perte devrait être proportionnellement affaiblie.

A ce point de vue, il semblerait que la seule privation des biens temporaires terrestres, immensément aggravée par les tourments éternels venant des démons, "suffit pleinement" à désespérer totalement le damné, et que le tourment de la conscience de la perte du Souverain Bien paraît surajouté et non nécéssaire logiquement.

Sed contra, sans cet élément la justice de Dieu serait imparfaite puisque les condamnés ne comprendraient pas vraiment la raison de leur condamnation.
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Abbé Zins
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Re: Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

Message par Abbé Zins »

chartreux a écrit : mar. 28 janv. 2025 7:47 Merci bien pour ces explications M. l'abbé. Vous tenez donc que le damné saisit la perte immense ... du Souverain Bien tout en ayant un mouvement natif vers le souverain Bien ... obscurci et affaibli.

La difficulté qui reste alors est de concilier ces deux choses, par ce qu'il semblerait que si un mouvement vers quelque chose de perdu est affaibli, la consience de l'immensité de la perte devrait être proportionnellement affaiblie.

A ce point de vue, il semblerait que la seule privation des biens temporaires terrestres, immensément aggravée par les tourments éternels venant des démons, "suffit pleinement" à désespérer totalement le damné, et que le tourment de la conscience de la perte du Souverain Bien paraît surajouté et non nécéssaire logiquement.

Sed contra, sans cet élément la justice de Dieu serait imparfaite puisque les condamnés ne comprendraient pas vraiment la raison de leur condamnation.

Tout d’abord, reconnaissez-vous ou pas l’énormité de la déclaration d’Olavo ?

Banalisant et prétendant commun, universel et constant l’acte de la plus haute vertu, le mélangeant comme naturellement à tout autre acte, même les pires et les plus abjects.

A quoi aurait servi la Rédemption en ce cas ? C’est tellement répugnant qu’il serait inquiétant, surtout une fois énoncé ce mélange abominable, de ne pas le saisir.

Pourtant, votre réponse semble passer à côté, comme s’il s’agissait d’un point insignifiant ou secondaire ; ce qui est déjà surprenant.


Ensuite, vous mélangez ce qui est dit en ma réponse d’une part de l’état et de la mentalité du pécheur, pris en ses multiples illusions terre-à-terre durant sa vie sur terre, et d’autre part de l’état de l’âme damnée alors dégagée en Enfer de ses funestes et trompeuses illusions de la vie présente.

Autrement dit, votre attention s’est centrée sur ce qui est dit dans le 4° de l’état du pécheur en ses illusions en la vie terrestre, en oubliant étonnamment les précisions de ce qui est précisé dans les 3° et 5° concernant l’état de l’âme damnée en Enfer. Sans doute avez-vous répondu trop vite.

L’obscurcissement et affaiblissement par le péché du mouvement natif qui emporte vers le souverain bien vaut donc pour le pécheur en ses illusions en cette vie, mais pas pour l’âme damnée en Enfer qui en est alors totalement dégagée.

Et la peine du dam, ou de la privation de l’union avec Dieu, est de très loin la pire des peines de l’Enfer.

Quant aux raisons multiples de sa condamnation, chaque âme damnée en a une connaissance parfaite.
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Re: Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

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Abbé Zins a écrit : mar. 28 janv. 2025 12:43
Tout d’abord, reconnaissez-vous ou pas l’énormité de la déclaration d’Olavo ?

Banalisant et prétendant commun, universel et constant l’acte de la plus haute vertu, le mélangeant comme naturellement à tout autre acte, même les pires et les plus abjects.

A quoi aurait servi la Rédemption en ce cas ? C’est tellement répugnant qu’il serait inquiétant, surtout une fois énoncé ce mélange abominable, de ne pas le saisir.
Abbé Zins a écrit : mar. 28 janv. 2025 12:43
Tout d’abord, reconnaissez-vous ou pas l’énormité de la déclaration d’Olavo ?
Oui. Cette énormité m'avait quelque peu échappé pour diverses raisons, essentiellement en raison de la forme particulière de l'acte de charité, qui est une forme affirmative (alors que la plupart des prières ont forme de demande).
Abbé Zins a écrit : mar. 28 janv. 2025 12:43
Sans doute avez-vous répondu trop vite.
Je m'étais en effet mépris sur ce que vous trouviez de déficient et inadapté dans le commentaire du R. P. Monsabré. Mais je dois avouer que je ne regrette pas de vous avoir contraint à répondre une deuxième fois : alors que votre premier message m'avait globalement laissé un certain nombre de doutes, votre second message m'a paru très clair, surtout après avoir relu quelques passages sur l'Enfer dans le livre VII de votre collection Consummatum Est.

C'est l'occasion pour moi de citer deux de ces passages sur le fil ; le premier qui excusera peut-être un peu que je vous ai fait répondre longuement (en adéquation avec mon cerveau tournant au ralenti) à un moment où, comme vous l'expliquiez tantôt sur votre chaîne Youtube, votre état de santé ne se prête guère à ce genre d'exercice :
S. Jean Chrysostome, hom. 43 in Mt. 12,44, cité en Consummatum Est VII, Ch. 19, 4016 a écrit :
Il doit être doux d'en entendre parler [de l'Enfer], par ce qu'il n'y a rien de plus triste de plus effroyable que d'y tomber.
Vous me demanderez peut-être comment on peut trouver du plaisir à entendre parler de l'Enfer.
Il y en a sans doute, mes frères, car l'Enfer est une chose si horrible, que les entretiens qui servent à nous en éloigner, quelque durs et insupportables qu'ils paraissent, doivent être doux.


Le second offre quelque ressemblance avec l'explication du R. P. Monsabré, en moins problématique il me semble :
S. Alphonse de Liguori, Traité de la bonne mort, cité en Consummatum Est VII, Ch. 6, 3688 a écrit :
Et S. Ignace de Loyola : «Seigneur, je consens à tout, excepté au malheur de me trouver séparé de Vous ! » Quant aux pécheurs, ils ne comprennent rien à cette peine, eux qui, de gaieté de cœur, passent des mois et des années loin de Dieu, par ce qu'ils vivent dans les ténèbres.

Cependant, à la mort, ils devront reconnaître la grandeur du bien qu'ils perdent. Au sortir de cette vie, l'âme comprend sur-le-champ que Dieu est sa fin suprême. « Libre des entraves du corps, elle voit que Dieu est le Souverain Bien et qu'elle a été créee pour Lui», dit Saint Antonin. Là voilà qui s'élance aussitôt pour Le posséder. Mais si elle est en état de péché, Dieu la repousse ...
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Re: Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

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Après les dernières interventions ci-dessus sur ce fil, tout me semblait résolu concernant cette question. Cependant, dernièrement il m'est venu à l'esprit une objection semblable qui m'a perturbé. La difficulté est la suivante : si l'amour désintéressé de Dieu pour Lui-même est la charité parfaite et la perfection spirituelle la plus haute, comment se fait-il que la formulation de l'acte de charité est affirmative et non impétratoire ? Ne devrait-on pas dire "Je veux vous aimer par-dessus tout", "Donnez-nous de vous aimer par-dessus tout" plutôt que "Je vous aime par-dessus tout" ? C'est pour cela que tantôt, quand je récitais mon acte de charité, il m'a paru un acte de présomption.
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Abbé Zins
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Re: Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

Message par Abbé Zins »

chartreux a écrit : ven. 12 sept. 2025 9:21 Après les dernières interventions ci-dessus sur ce fil, tout me semblait résolu concernant cette question. Cependant, dernièrement il m'est venu à l'esprit une objection semblable qui m'a perturbé. La difficulté est la suivante : si l'amour désintéressé de Dieu pour Lui-même est la charité parfaite et la perfection spirituelle la plus haute, comment se fait-il que la formulation de l'acte de charité est affirmative et non impétratoire ? Ne devrait-on pas dire "Je veux vous aimer par-dessus tout", "Donnez-nous de vous aimer par-dessus tout" plutôt que "Je vous aime par-dessus tout" ? C'est pour cela que tantôt, quand je récitais mon acte de charité, il m'a paru un acte de présomption.

Il y a en ceci la différence entre implorer le don ou l’accroissement de la vertu de Charité en nous ou en autrui, ce qui est la prière la plus importante et la plus habituelle qu’il importe de faire, et un acte effectif de Charité, comme celui que nous porte à faire l’Eglise par la récitation d’un tel acte.

La vertu de Charité étant de soi surnaturelle, donc au-dessus des forces humaines, doit donc être infusée par Dieu, lors du Baptême, ou ré-infusée après la perte de l’état de grâce par un péché grave avec l’obtention du pardon divin.

L’âme en état de grâce, d’amitié avec Dieu, est habitée par la Vie Divine de la Très Sainte Trinité y faisant Sa demeure, et c’est plus spécialement l’Esprit-Saint qui nous accorde la Charité, nous y maintient et insuffle la possibilité d’en produire dignement les actes.

De plus, les vertus sont de bonnes habitudes acquises ou infuses, donnant d’accomplir aisément les actes s’y rattachant ; comme, à l’opposé, les vices sont de mauvaises habitudes facilitant l’inclination aux actes mauvais qui y correspondent.

De même que quelqu’un ayant reçu le don d’une bonne santé et d’une capacité physique le rendant particulièrement apte à la pratique de tel sport doit l’entretenir en l’exerçant régulièrement pour demeurer compétitif, ainsi les vertus s’entretiennent et se développent en les pratiquant quotidiennement.

A l’opposé, les vices se combattent en luttant contre la pente à mal agir au moyen de la pratique et multiplication d’actes de la vertu qui leur sont contraires.

C’est en cette optique que l’Eglise nous porte à faire régulièrement des actes vertueux, et notamment à réciter quotidiennement les actes de Foi, d’Espérance et de Charité.

Il importe, certes, de nous appliquer à faire correspondre les élans intérieurs de nos âmes avec les paroles que prononce notre bouche.

Et comme ces vertus surnaturelles dépassent en elles-mêmes nos seules capacités naturelles, il importe d’implorer non moins régulièrement Dieu de nous en accorder la capacité intérieure.


Enfin, il faut remarquer que l’amour de Charité n’est pas une affection sensible, mais un état effectif nous faisant préférer tant en théorie qu’en pratique la Volonté de Dieu à la nôtre et à celle d’autrui.

Le minimum requis pour conserver cet état est le maintien en état de grâce en ne commettant aucune faute grave propre à nous le faire perdre.

Insistons et précisons, par un exemple concret.

Le fait de ne pas ressentir d’affection sensible envers Dieu, ou d’en ressentir une plus grande envers nos parents, amis, proches, n’implique pas que nous n’aimions pas Dieu ou moins que ceux-ci pour autant que nous ne fassions point passer leurs volontés et désirs avant la Volonté de Dieu au travers de Ses Commandements.

C’est cet amour effectif, et non affectif, que Dieu attend de nous :

« Ce n’est pas tous ceux qui Me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des Cieux, mais celui qui accomplit la Volonté de Mon Père qui est au Ciel.» (Mt. 7,21).

Or c’est la Charité qui permet d’entrer au Ciel.

De même, ce n’est pas en un ressenti affectif que consiste le véritable amour du prochain, mais à vouloir son véritable bien.

Il importe en outre de préférer Dieu et Sa Divine Volonté à Ses dons.

Vouloir les recevoir pour notre satisfaction à l’encontre de la Divine Volonté comporte en soi un désordre qui peut aller jusqu’à une faute grave.

Ainsi en est-il, par exemple, de faire passer les Sacrements avant la Confession de la Foi.
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Re: Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

Message par chartreux »

Merci bien pour ces utiles rappels, M. l'abbé.
Si vis pacem
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Re: Question sur l'acte de charité et l'état d'esprit des damnés

Message par Si vis pacem »

 
chartreux a écrit : ven. 12 sept. 2025 9:21 
… La difficulté est la suivante : si l'amour désintéressé de Dieu pour Lui-même est la charité parfaite et la perfection spirituelle la plus haute, comment se fait-il que la formulation de l'acte de charité est affirmative et non impétratoire ? Ne devrait-on pas dire "Je veux vous aimer par-dessus tout", "Donnez-nous de vous aimer par-dessus tout" plutôt que "Je vous aime par-dessus tout" ? C'est pour cela que tantôt, quand je récitais mon acte de charité, il m'a paru un acte de présomption.
 
Je ne vois aucune difficulté ici :
Mgr Joly de Choin – Instructions sur le rituel. Besançon 1819, tome IV, pp. 60-61 a écrit : 
Quand on dit que nous devons aimer Dieu de tout notre cœur, cela ne veut pas dire que nous devions l'aimer d'un amour intense c'est-à-dire, avec le plus grand effort, avec la plus grande ardeur, avec la plus grande véhémence qu’il est possible d'avoir ; cet amour ne convient qu'aux bienheureux, qui, voyant son essence à découvert, se portent vers Dieu avec d'autant plus d'ardeur qu'ils ont plus de connaissance de ses perfections adorables. Pour nous, qui ne le voyons que dans ses ouvrages et par la foi, nous l'aimons selon notre portée ; de tout notre cœur, lorsque nous sommes dans la disposition habituelle de lui rapporter tout ; de tout notre esprit, lorsque nous lui soumettons notre esprit et nos lumières ; de toute notre âme, lorsque nous réglons nos désirs suivant sa volonté ; de toutes nos forces, lorsque nous lui soumettons toutes nos actions ; en un mot, lorsque notre cœur n'est point partagé entre lui et la créature ; que nous n’aimons que lui seul, ou que si nous aimons quelque chose avec lui, nous n'aimons cependant ce quelque chose que par rapport à lui et pour lui.
 
Ainsi, par l’acte de charité, nous exprimons à notre niveau, l’amour que nous portons à Notre Créateur ; d’où la forme affirmative. Il ne saurait donc être ici question de prière.
 
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