Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

1

Il n'est pas rare d'entendre même dans nos milieux, par la bouche de personnes pourtant érudites, qu'il serait contraire à la constitution de l'Eglise que Dieu confère de façon tout à fait miraculeuse et en dehors de la hiérarchie un sacrement ou une juridiction.
Nous allons donc étudier à cet égard l'enseignement que l'Eglise nous donne à travers les Docteurs et auteurs approuvés qu'elle a posé pour notre instruction. Nous verrons ensuite ce qui en découle logiquement, et répondrons aux objections les plus courantes sur ces sujets.


L'enseignement du Docteur Angélique Saint Thomas d'Aquin :

Dans sa Somme Théologique ( IIIª q. 64 a. 7) :
« […] C'est pourquoi il appartient aux hommes de dispenser les sacrements et de les administrer, tandis que cela n'appartient pas aux Anges. Cependant il faut savoir que comme Dieu n'a pas attaché sa vertu aux sacrements au point de ne pouvoir sans eux produire leur effet, de même il n'a pas non plus enchaîné sa vertu aux ministres de l'Eglise, de manière qu'il ne puisse pas donner aux Anges la puissance de les administrer. Et parce que les bons Anges sont les messagers de la vérité, s'ils remplissaient un ministère sacramentel, on devrait croire le sacrement valide, car il devrait être constant que cet acte s'est fait par la volonté de Dieu. C'est ainsi qu'on dit qu'il y a des temples qui ont été consacrés par le ministère des Anges. Mais si les démons qui sont esprits de mensonge remplissaient un ministère semblable, on ne devrait pas croire à sa validité.» 1

Dans le Commentaire des Sentences ( lib. 4 d. 5 q. 2 a. 3 qc. 2 co. ) :
« Le pouvoir de baptiser n’a pas été donné aux Anges bons pour deux raisons. Premièrement, parce qu’il n’ont pas de similitude avec les sacrements et le Christ, qui est l’auteur du sacrement. Deuxièmement, parce que le pouvoir qui leur aurait été confié n’apporterait rien puisqu’ils ne sont pas facilement accessibles aux hommes pour que ceux-ci soient baptisés par eux. Mais, de même que Dieu n’a pas lié sa puissance aux sacrements, de même n’a-t-il pas lié le pouvoir de confectionner les sacrements à certains ministres. Celui qui a donné ce pouvoir aux hommes pourrait donc le donner aussi aux Anges. Et l’Ange bon ne baptiserait qu’en vertu du pouvoir qui lui aurait été confié. S’il baptisait, il ne serait donc pas nécessaire de rebaptiser, pourvu qu’il soit clair qu’il s’agissait d’un Ange bon, comme on a jugé qu’un temple consacré par les Anges ne devait pas être consacré par l’homme, ainsi qu’on le lit dans l’histoire de la dédicace de Saint-Michel.» 2

Cet enseignement est commun chez les théologiens (voir plus bas).

1 Extrait de IIIª q. 64 a. 7. Traduction de l'Abbé Drioux.
Voir en Annexe l'article intégral en latin.
2 Super Sent., lib. 4 d. 5 q. 2 a. 3 qc. 2 co. Traduction Jacques Ménard légèrement remaniée par nos soins. Voir en Annexe l'article intégral en latin.
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

2
La Théologie du Docteur Saint Robert Bellarmin, certainement le plus éminent des Docteurs en matière de hiérarchies dans l'Eglise, qui prend pour illustrer son enseignement, l'exemple de Saint Amphiloque qui a été sacré Evêque par des Anges, témoignage repris par nombre d'auteurs3 comme Billuart. 4

Bellarmin (Controversiarum : de sacramentis in genere. Liber Primus, Qui est de natura, et causis sacramenti. Caput XXIV) :
Prima propositio :
“Minister Sacramentorum homo esse debet, non autem Angelus, sive bonus, sive malus.” Haec est adversus Lutherum, et communis apud Theologos.
Est tamen observandum, quod si forte Angelus bonus Sacramentum aliquod ministraret, illud habendum esset ratum, quia certum esset id factum esse divina dispensatione extraordinaria. Quocirca refert Nicephorus lib. XI. Cap. 20. S.Amphilochium ab Angelis ordinatum Episcopum ; idque ratum habitum ab Episcopis ejus provinciae. At si diabolus idem faceret, iterandum esset Sacramentum, quia diabolus nec habet ex se potestatem, nec peculiari Dei dispensatione acciperet, sed sibi usurparet, aut faleret.

Première Proposition :
« Le Ministre des sacrements doit être un homme, et non pas un Ange, qu'il soit bon ou qu'il soit mauvais ». Cette proposition est contre Luther, et commune chez les Théologiens.
Cependant l'on doit observer, que si d'aventure un bon Ange administrait quelque sacrement, il faudrait le tenir pour bon, parce qu'il serait certain que ce fait est une dispense divine extraordinaire. A ce sujet, Nicephore rapporte lib. XI. Cap. 20 que Saint Amphiloque a été ordonné Evêque par des Anges ; et que cela a été reconnu par les Evêques de sa province. Mais si le diable faisait de même, le sacrement devrait être réitéré, parce que le diable n'a ni le pouvoir par lui même, ni ne recevrait de dispense spéciale de Dieu, mais il se l'usurperait ou tromperait.»

Nous dressons en page suivante un tableau des courants théologiques, nous marquerons d'une ? les auteurs qui ont utilisé l'exemple de Saint Amphiloque et afin de ne pas surcharger nous renvoyons en annexe les références des auteurs cités :
3 Voir plus bas les noms marqués d'une ? dans le tableau.

4 Billuart (Tomus sextus, articulus II), Quis sit sacramentorum minister ?
Dico 1̊ : De lege ordinario solus homo, non Angelus, est sacramentorum minister.
[...]
Dixi de lege ordinaria; quia de lege extraordinaria et potentia Dei absoluta Angeli possunt esse sacramentorum ministri; sicut enim Deus virtutem suam non sic alligavit sacramentis, quin possit sine sacramentis effectum sacramentorum conferre; ita etiam virtutem suam non sic alligavit Ecclesiae ministris, quin etiam Angelis possit virtutem tribuere ministrandi in sacramentis. Et ita quandoque contigisse testantur variae historiae. Sic, teste Nicephoro, l. 11, c.20, S. Amphilochius ab Angelis consecratus fuit Iconii episcopus, hancque consecrationem ratam habuerunt caeteri episcopi; teste Clemente VIII, in bulla canonizationis S. Agnetis de Monte Politiano, Angelus ei saepe porrexit Eucharistiam; teste Petro de Natalibus, lib. 8, c. 13 o, et Molano ad 29 Sept., basilica S. Michaelis ab ipso fuit consecrata.
3
Les Anges sont ministres des sacrements.
Les Anges ne sont pas ministres des sacrements, mais toutefois lorsqu'ils administrent un des sacrements on doit le considérer comme valide.
Les Anges peuvent seulement administrer la communion.

Théologien de renom

Duns Scott
Saint Thomas d'Aquin (Docteur)
Saint Robert Bellarmin?(Docteur)
Cajetan
Suarez
Billuart ?
De Lugo ?
Théologien
L'Ami du Clergé
Antonio Maria Boranga
Jean Martinez de Prado (OP)?
Martin de Esparza?
Christophore Delgadillo
Jean Lorent Berti?
Vincent Fernandez?
Nicolaus Muszka (ESJ)
les Bénédictins d'Etonnis?
Ioannis Aegidii Trullench
Jacques Marchant?
Edmond Voit (S.J.)
Edmond Simonnet (S.J.)?
Constantino Roncaglia
Gaspar Hurtado?
Maurus Oberascher (OSB)?
Gabriel a Sancto Vincentio?
Bricout5
Bernal
Domenico Viva
(François Godefroy)6
Pitigianus
Vincent Vinial?
Nugnus
Cabrera
Surianus?
Coninchus
Sylvius
Soto
Vasquez
Sayrus?
Morandus?
Antonio Joseph
Hurtadus?
Berthier
Antoine(S.J.)?
Ambroise Guillois
Petrus Ledesma
Nicolas Pawels
Sayrus
C. L. de Lantage
Valentia
Reginaldus
Paul Gabriel?
Candidus
Becanus?
Bonanica
Reynaud
Henriquez?
Heredia
Corazza
Drouin?
Gamachaeus
Prümmer?
et d'autres...

5 Nous espérons que Bricout, n'a pas voulu éliminer l'administration de la Sainte Eucharistie. Il semble l'exclure en parlant des légendes quant au ministère des Anges. Mais de quelles légendes parle-t-il au juste ? Nous n'osons penser par exemple qu'il remettrait en doute le ministère de l'Ange qui a administré la communion à Sainte Agnés de Monte Policiano, miracle inclus par Clément VIII dans sa Bulle de canonisation (23 février 1601).

6 Nous avons mis cet auteur entre parenthèses car il est prêt à admettre que ça puisse arriver.

4
Il nous semble donc avec Vincent Vinial 7 qu'il y a unanimité 8 morale des théologiens à ce sujet, je conclurai avec l'Ami du Clergé :

“Il n'y a pas de doute qu'un sacrement administré par un Ange ou un Bienheureux soit validement conféré.”9
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

Passons au cas analogue de la juridiction :

D'après de Lugo et Martinez de Prado : un Ange ou un Bienheureux en vertu d'une dispense de Dieu peuvent faire usage d'une juridiction, ce que confirme indirectement les autres auteurs.
Le célèbre Cardinal Jean de Lugo (SJ) traite le sujet en plusieurs pages par le cas hypothétique de Saint Pierre revenant sur terre. Il affirme que celui-ci n'aurait pas le pouvoir des clefs puisqu'il les a transmises à ses successeurs10. Par conséquent il ne pourrait faire usage d'icelles... Mais il ajoute : « nisi expresse constaret de divina dispensatione, quae in dubio praesumi non debet » c'est à dire : « sauf si l'on constatait clairement une dispense divine que dans le doute on ne doit présumer ». 11

Citons encore Jean Martinez de Prado (OP) qui dit que les Anges et les Bienheureux n'ont pas de juridiction, si ce n'est par une dérogation spéciale de Dieu... 12

Chez ces deux théologiens en matière de dispense divine, tout se passe pour la juridiction comme pour les sacrements, l'on ne voit pas du reste pourquoi il en serait autrement.

7 Tractatus primus de sacramentis in genere, anno 1643, par Vincent Vinial. p.351

8 Voici l'unanimité morale des Pères (que l'on appliquera pour les théologiens) expliquée par le Révérend Père Goupil dans « la Règle de la Foi » :
« Pour qu’il y ait « commun accord », l’unanimité absolue n’est pas exigée, mais l’unanimité morale. Donc le désaccord de quelques Pères, le silence de plusieurs n’empêche pas le commun consentement. » (chapitre troisième, point 56)
Notons aussi que l'histoire de Saint Amphiloque est elle aussi communément admise chez les théologiens, comme je l'ai montré dans le tableau et comme l'affirme le R.P Jean Martinez de Prado (OP) De Sacramentis in genere Dub. 6, p. 358 point 24. « per tot saecula in Ecclesia admissa ».

9 Table des matières, 1924-1933 p. 392, développée dans 28eme année p. 664.
10 Il est généralement admis chez les théologiens que la juridiction se perd à la mort, et que donc si un Pape ou un Evêque ressuscitait, il n'aurait aucune juridiction.
11 Responsorum Moralium, liber I, dubium XVI. La pensée du Cardinal exposée ainsi peut paraître rapide, en réalité comme nous venons de le dire elle est très développée.
12 R.P Jean Martinez de Prado (OP), De Sacramentis in genere, Dub. 6, p. 361 (anno 1660) qui traite la question en plusieurs pages.
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

5
Mais si nous n'avons trouvé que peu de théologiens traitant explicitement la question, cela ne nous empêche pas de réfléchir et de remarquer que tous les auteurs du tableau, (y compris ceux de la troisième colonne) en affirmant qu'un Ange ou Bienheureux peut dans certains cas administrer un sacrement, affirment par là-même, que Dieu leur permet de passer outre la juridiction de l'Eglise : car telles que les choses ont été instituées par le Christ, il ne saurait y avoir de sacrement licite en dehors d'une mission provenant de la hiérarchie juridictionnelle. 13

Comment expliquer que Dieu puisse passer outre la hiérarchie juridictionnelle ? Les raisons pour lesquelles Dieu peut passer outre la hiérarchie juridictionnelle qu'il a instituée, sont sans doute les mêmes que les raisons pour lesquelles Dieu peut passer outre la hiérarchie sacramentelle qu'il a établie. Il suffit de remplacer le mot sacrement par le mot juridiction dans les textes cités pour se rendre compte que les difficultés et les solutions sont les mêmes.

Nous pensons même, quoique cette étude n'est pas pour but principal de le démontrer, que Dieu pourrait très bien instituer un Pape par puissance divine extraordinaire. En effet le Souverain Pontificat est la plénitude de la juridiction et si Dieu, de façon extraordinaire, peut la donner en partie, pourquoi ne pourrait-il pas la donner en totalité ? Bien que ce soit un cas d'école, nous nous y attarderons sur quelques lignes.
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

Développons notre étude plus en détail en répondant aux objections...

13 Le Concile de Trente a en effet fulminé contre les protestants :

« Si quelqu'un dit […] que ceux qui n'ont pas été légitimement ordonnés ni envoyés par une autorité ecclésiastique et canonique, mais viennent d'ailleurs, sont des ministres légitimes de la Parole et des sacrements : qu'il soit anathème.»

« En dehors d’une commission reçue de l’Eglise catholique, l’administration des sacrements est illicite et sacrilège. (…) L’autorité pour dispenser les sacrements vient toute entière de la mission donnée aux apôtres. (…) Mais la mission apostolique ne se trouve que dans l’Eglise catholique… Bien qu’il soit possible, de fait, de dispenser les biens d’un autre sans avoir reçu de lui une mission à cet effet, rien n’est plus sûr que le fait que personne ne dispense légitimement ce qui appartient à un autre si ce n’est par son mandat. Or, les sacrements sont le bien du Christ. Donc ils ne sont légitimement dispensés que par ceux qui ont une mission de la part du Christ, c’est-à-dire par ceux desquels découle la mission apostolique » (Cardinal Billot, de Sacramentis, thèse xvi).
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

6
Objection 1 :

Si Dieu instituait un nouveau Pape par un miracle, ce Pape ne ferait plus partie de la même hiérarchie que celle que Dieu a fondée sur le Bienheureux Pierre : il y aurait alors une nouvelle hiérarchie.

1ère Réponse :

De par l'institution du Christ la succession juridictionnelle se passe à peu près 14 ainsi :
« [La succession apostolique] est dite pérenne ou ininterrompue, soit materialiter, dans la mesure où ne font pas totalement défaut des personnes qui sans interruption ont pris la place des apôtres, soit formaliter, dans la mesure où ces mêmes personnes ayant succédé aux Apôtres jouissent de l'autorité transmise par les apôtres eux-mêmes en la recevant de celui qui la possède en acte et peut la communiquer » (p. 559).15
Mais nous avons vu plus haut que Dieu peut passer outre son institution 16. Le problème est donc seulement de savoir comment le nouveau Pape institué de façon extraordinaire se raccrocherait à la succession Saint Pierre, s'il ne s'y rattache pas de par icelle.
Nous répondons qu'il y aurait alors succession morale : Dieu veut que le nouveau Pape succède au précédent, et cela doit suffire : un droit juridique s'ouvre à la succession ; mais aussi et dans une moindre mesure, succession : dans l'espace (succession au même endroit), dans le temps (succession chronologique), succession juridique (en place de, sur le siège de), succession morale de par la même doctrine, etc. Rien oblige en effet qu'il y ait une succession physique, par dispense divine une hiérarchie peut se perpétrer moralement comme on le voit dans la réponse suivante.

2eme Réponse :

le Docteur Bellarmin et beaucoup d'autres citent comme propre à illustrer leur enseignement le fait que Saint Amphiloque ait été sacré par des Anges17. Ils ne voient pas d'inconvénient à cela18. Pourtant l'on pourrait objecter exactement les mêmes arguments : la hiérarchie sacramentelle instituée par Notre-Seigneur serait interrompue au profit d'une autre hiérarchie sacramentelle instituée bien plus tard. D'où la nécessité d'admettre une succession morale qui n'en est pas moins réelle et suffisante lorsqu'elle est scellée par un miracle.
Notons encore à la suite de divers auteurs que les sacrements administrés par les anges changent souvent de forme et de matière par rapport à l'institution initiale du Christ : par exemple pour le cas de saint Amphiloque, la matière du sacre est l'imposition des mains : les anges n'ont pas de mains corporelles mais des apparences de mains, donc la matière n'est plus la même. Pour la forme des sacrements, celle-ci consiste en la parole du ministre, les anges n'ont pas la faculté de parler, mais simplement de produire des sons en faisant vibrer l'air. Là encore la forme instituée par le Christ est la parole produite par la faculté humaine de parler (un prêtre qui la veille du baptême enregistrerait la forme sur un magnétophone et appuierait sur lecture au moment de verser l'eau ne baptiserait pas validement). Donc le Christ n'est pas obligé d'utiliser la même forme et la même matière que celle qu'il a institué initialement. Nous ne voyons pas pourquoi il en serait autrement de la succession au Siège de Pierre : Dieu ne s'est pas obligé à passer par la hiérarchie, la matière et la forme qu'il a instituées ; nous ne voyons nulle trace d'une telle aliénation.

14 Nous disons « à peu près » car à vrai dire, nous ne pensons pas qu'une définition aussi étroite et aussi physique puisse rendre compte de la succession telle qu'elle s'est opérée à certain moment de l'Eglise, mais cela dépasse le cadre de notre étude.
15 Camillus Card. Mazzella De Relligione et Ecclesia Proelectiones Scholastico-dogmaticae, Romae : 1986. Cité dans La Papauté Matérielle de l'Abbé Donald Sanborn. Voir le latin en référence.
16 Qui ne peut disparaître pour autant. Voir objection 4
17 Certains théologiens que nous n'avons pas marqué d'une ?dans le tableau, sans parler de Saint Amphiloque, citent malgré tout l'exemple du sacrement d'ordination qui pourrait être conférer par un Ange.
18 Du reste même en supposant que l'on arrive à prouver que le fait soit non advenu, cela ne change rien à la doctrine des théologiens qui le considèrent comme tout à fait plausible.
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

7

Objection 2 :

Si un sacrement ou une juridiction étaient donnés par miracle, l'on ne pourrait les reconnaître comme valides qu'après l'approbation du miracle par l'Eglise. Donc l'institution d'un Pape par un miracle serait de reconnaissance impossible du fait qu'on n'aurait personne pour reconnaître avec certitude le miracle.

Réponse :

Cet argument entend que la raison ne peut reconnaître avec certitude l'existence du miracle, que le miracle ne devient certain qu'après l'approbation qu'en fait l'Eglise.

Cet argument est contraire au Concile Vatican (1869-70), c'est celui des rationalistes qui en détruisant l'accessibilité de la raison au miracle, détruisent la divinité de l'Eglise qui repose sur le miracle. En effet nous savons que l'Eglise est divine parce qu'elle a été instituée par Jésus-Christ qui est Dieu et nous savons que Jésus-Christ est Dieu parce qu'il a fait de nombreux miracles. Mais si notre raison ne peut accéder avec certitude au miracle, elle ne peut accéder à la divinité de Notre-Seigneur et donc de son Eglise. C'est pourquoi le Concile Vatican déclare :
« Néanmoins, afin que l'hommage de notre foi fût d'accord avec la raison, Dieu a voulu ajouter aux secours intérieurs de l'Esprit-Saint les preuves extérieures de sa révélation, à savoir les faits divins et surtout les miracles et les prophéties, lesquels, en montrant abondamment la toute-puissance et la science infinie de Dieu, sont les signes très certains de la révélation divine et appropriés à l'intelligence de tous.» 19

Voici le canon du Concile :

« Si quelqu'un dit qu'il ne peut y avoir de miracles, et, par conséquent, que tous les récits de miracles, même ceux que contient l' Ecriture Sainte, doivent être relégués parmi les fables ou les mythes ; ou que les miracles ne peuvent jamais être connus avec certitude, et que l'origine divine de la religion chrétienne n'est pas valablement prouvée par eux ; qu'il soit anathème.» 20

Citons encore l'Encyclique Immortale Dei : 21

« Quant à décider quelle religion est la vraie, cela n'est pas difficile à quiconque voudra en juger avec prudence et sincérité. En effet, des preuves très nombreuses et éclatantes, la vérité des prophéties, la multitude des miracles, la prodigieuse célérité de la propagation de la foi, même parmi ses ennemis et en dépit des plus grands obstacles, le témoignage des martyrs et d'autres arguments semblables prouvent clairement que la seule vraie religion est celle que Jésus-Christ a instituée lui-même et qu'il a donné mission à son Eglise de garder et de propager.»

19 Constitution Dei Filius, chapitre III (latin en annexe)
20 Constitution Dei Filius, chapitre III, canon 4 (latin en annexe)
21 Encyclique Immortale Dei. (latin en annexe)
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

8

Cela n'empêche pas qu'il y ait des personnes séduites par des prodiges opérés, tels ceux de « Grégoire XVII » ou autres papocryphes, de même qu'il y a des gens qui se laissent séduire par les prodiges des orthodoxes, protestants ou musulmans...

Il n'en reste pas moins que comme on l'étudie en apologétique, le miracle divin peut se distinguer de son imitation diabolique.

Il faut aussi prendre garde de ne pas confondre le miracle publique en attestation directe d'une dérogation de Dieu à l'ordre qu'il a établi, avec une révélation privée, ou avec des miracles en attestation de la sainteté d'une personne. Par exemple ce n'est pas parce qu'une sainte personne stigmatisée dit que, ou bien a eu la révélation que, ou la vision que, ou fait de véritables miracles, que l'on peut invoquer l'autorité de ses révélations privées, ou de ses miracles pour passer outre la hiérarchie.

Ainsi Saint Vincent Ferrier a pu dire pendant le grand schisme probablement à propos de Saint(e)s de son temps jugeant quel Pape était le véritable : « Nous ne devons pas juger de la légitimité des papes par des prophéties, des miracles et des visions. Le peuple chrétien est gouverné par des lois, contre lesquels les faits extraordinaires ne prouvent rien.» 22

Ainsi s'appuyer aujourd'hui uniquement sur « les prophéties de Saint Malachie » ou les révélations de Marie-Julie pour dire un tel est Pape, serait sans nul doute absurde. Pour ne pas rallonger nous renvoyons à ce sujet à la distinction entre phénomènes surnaturels publics et phénomènes surnaturels privés, ainsi qu'à l'autorité faible pour ne pas dire inexistante de ces derniers.

22 Saint Vincent Ferrier, De moderno Ecllesi schismate, cité par F. Mourret in Histoire générale de l'Eglise, tome V (p. 128), æ Bloud et Gay, 1914. Citation aimablement transmise par N.
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

9

Objection 3 :

Votre conclusion est contraire au Concile de Trente et à l'enseignement des théologiens, par exemple l'enseignement qui déclare que l'on ne peut être ministre légitime de la parole et des sacrements si l'on n'a pas été envoyé par la puissance ecclésiastique et canonique.

Réponse :

Dans une définition de l'Eglise l'on doit non pas s'en tenir à la lettre qui tue, mais à ce que l'autorité qui a défini a voulu signifier.

Les Pères du Concile de Trente dans le cadre de la contre réforme, ont voulu signifier contre les protestants que de par l'institution du Christ, il faut être envoyé par l'Eglise et qu'il ne saurait y avoir de ministère en dehors de cet envoi. Je suis bien d'accord.
Que les Pères du Concile de Trente aient eu en vue de définir que même le Christ ne pouvait passer outre son institution en envoyant un Ange n'est guère crédible.
Le Concile de Trente a été fait dans le cadre de la Contre Réforme c'est à dire contre les pasteurs protestants. Maintenant je ne vois nulle part que les Pères du Concile aient eu cette intention d'éliminer le cas rarissime du surnaturel. Il faudrait alors admettre que les auteurs comme le Docteur Bellarmin et tous ceux que j'ai cités et qui ont écrit après le Concile de Trente, ont un enseignement hérétique.
Du reste l'interprétation du Concile que je donne, se retrouve déjà dans l'étude de l'Abbé Cekada « Home-alone ? », étude que le lecteur pourra consulter.
L'on peut faire le même raisonnement avec divers théologiens qui paraissent s'opposer à ce qui est plus haut, mais qui en fait ne s'y opposent que verbalement, n'ayant pas en vue ce cas tout à fait exceptionnel.
Fulgurator
Messages : 81
Inscription : ven. 06 oct. 2006 2:00

Re: Dispense Divine dans l'Economie de l'Eglise

Message par Fulgurator »

Objection 4 :

Votre conclusion est contraire au Concile Vatican qui dans Pastor Aeternus déclare que Saint Pierre doit toujours avoir des successeurs en sa primauté, et qu'il doit y avoir des Pasteurs et des Docteurs jusqu'à la fin des temps.

Réponse :

En affirmant que Dieu peut passer au-dessus des voies ordinaires qu'il a établies, je n'affirme pas que ces voies-là n'existent plus. Pour éviter toute confusion : je réaffirme solennellement qu'il y a encore à l'heure où j'écris, possibilité humaine de pourvoir au Siège de Pierre et crois la hiérarchie toujours présente (quoique diminuée : c'est le moins que l'on puisse dire). J'affirme aussi qu'il n'est pas nécessaire que Dieu recoure au miracle pour la restauration de son Eglise toujours vivante, mais qu'il s'agit d'une possibilité que l'on ne peut lui enlever.
Répondre

Revenir à « Actualité et thèmes secondaires »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité