LA DEVOTION A SAINT JOSEPH

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Que les époux se rappellent le dévouement avec lequel saint Joseph a rempli auprès de Marie la difficile et sublime mission
que le Ciel lui avait confiée. De quelle délicatesse il entourait sa virginale épouse ! Aucun travail ne lui paraissait pénible, tous les
sacrifices lui devenaient agréables pour témoigner à la sainte compagne de son existence son amour dévoué.


Que les pères et mères suivent les traces de Joseph et de Marie
et Dieu sera toujours avec eux. Qu'ils se respectent, qu'ils
s'aiment, qu'ils se portent mutuellement à la vertu. Comme
saint Joseph, qu'ils reconnaissent l'image réelle de Dieu dans
chacun des enfants qu'il leur a donné ; alors ils le traiteront
avec respect, car il appartient à Dieu avant d'être à eux ; alors
ils aimeront véritablement leurs enfants et leur prodigueront
le meilleur de leur tendresse et de leur dévouement.


Les parents sont tenus de bien élever leurs enfants. Nulle œuvre n'est plus laborieuse ;
nulle n'exige plus d'abnégation, plus de force et de bonté. Elever l'enfant, c'est le prendre
petit sur la terre pour le faire monter peu à peu jusqu'au ciel, c'est développer son corps
dans la pureté et la tempérance, son esprit dans la lumière et dans la foi, sa conscience
dans la droiture et la délicatesse, son cœur dans la charité et la générosité, son
caractère dans la rectitude et la force, son âme dans la grâce et la vertu, tout son être
dans la sainteté ; c'est diriger chacune de ses facultés de degré en degré jusqu'à cet idéal
réel, vivant et divin qui s'appelle Jésus-Christ ; c'est lui assurer non seulement une situation
dans le monde, mais une place dans l'autre ; c'est en faire un chrétien dans le temps,
un élu dans l'éternité ; en un mot, c'est le former en Dieu et former Dieu en lui.


Que les parents se rendent bien compte de leur responsabilité
devant Dieu ; qu'ils remplissent leur devoir ; qu'ils conduisent
leurs enfants à la maison de Nazareth. Là ceux-ci apprendront
du Fils de Marie et de Joseph avec quel amour, avec quel
respect, avec quelle soumission ils doivent répondre aux bienfaits
qu'ils ont reçus de leurs parents. Comme le divin Jésus ils verront
dans les auteurs de leurs jours les représentants du Père
céleste.


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A SUIVRE...

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Il y a dans l'Eglise de Dieu une autre famille qui peut se réclamer de saint Joseph d'une façon toute particulière, c'est la famille religieuse composée de membres qui s'engagent par vœux à tendre vers la perfection. Ils veulent vivre détachés des biens de ce monde, ils font vœu de pauvreté ; ils sont décidés à se priver des plaisirs sensibles, ils promettent de pratiquer la chasteté ; ils connaissent les dangers de la volonté propre et de l'indépendance, ils prennent le joug de l'obéissance.


Ces familles religieuses ont des motifs aussi pressants que les familles séculières de se mettre sous la protection de saint Joseph.

Gardien de la Sainte Vierge, saint Joseph est appelé à être à tout jamais et partout le gardien des vierges.

Dans la petite maison de Nazareth, n'a-t-il pas donné un
excellent exemple des vertus de pauvreté, de chasteté,
d'obéissance ? N'a-t-il pas été un modèle parfait de la vie commune,
une règle vivante de la vie radiée et de la vie contemplative?
Cette maison était le type des maisons religieuses de la nouvelle
alliance, où la virginité est la loi, où les conseils évangéliques
exhalent tout leur parfum.


Que toutes les âmes que le Saint Esprit appelle par cette voix secrète qui n'est pas entendue de tous, à vouer leur virginité au Seigneur, et qui ont obéi à cette voix, prennent saint Joseph pour leur protecteur, pour leur père spirituel ; qu'elles s'abandonnent sans réserve à la conduite d'un saint qui, même pendant sa vie mortelle, comme le chante l'Eglise, a eu l'insigne honneur de jouir de Dieu dans les délices de la contemplation ; qu'elles remettent à saint Joseph le dépôt de leur virginité consacrée, elle sera bien gardée ; elle demeurera intacte ; elle deviendra chaque jour plus ferme ; non seulement le souffle des passions ne la ternira pas, mais elle croîtra de clarté en clarté.


Sainte Thérèse ne craignait pas d'assurer qu'on ne pourrait
citer aucune âme dévote à saint Joseph qui n'ait fait de grands
progrès dans la vie spirituelle.


Allez donc à saint Joseph, âmes consacrées au Seigneur,
anges de la prière, du sacrifice et de la charité. Il est le patron
de la vie intérieure et cachée. A son école, vous apprendrez à
jouir, loin du monde, de cette bienheureuse solitude que Dieu
seul doit remplir, à goûter les délices de cette manne que chaque
jour, dans le silence de la prière, le ciel vous envoie, à vous
dévouer pour vos frères comme il se dévoua pour Jésus.


***


A SUIVRE...

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Et quel modèle achevé, quel protecteur puissant, les prêtres,
les ministres de l'Eglise trouvent dans saint Joseph !

L'Eglise chante que le Roi des rois, le Maître du monde, celui qui d'un
signe fait trembler les puissances infernales, fut soumis à Joseph :

" Rex Deus regum, Dominator orbis,
Cujus ad nutum tremit inferorum Turba,
cui pronus famulatur œther, Se tibi subdit. "


On peut dire également que le Fils de Dieu obéit à un signe
du prêtre et qu'à sa voix il descend du ciel sur la terre :
obediente Deo voci hominis. Et à peine Jésus-Christ
est-il né dans le Sacrement que le prêtre peut à son gré
l'exposer à l'adoration des fidèles ; le renfermer dans le
Tabernacle, le porter aux infirmes, le distribuer à ceux
qui se présentent à la Table eucharistique. Le Roi des rois,
le Souverain de l'univers s'est fait le sujet du prêtre : O
veneranda sacerdotum dignitas !


Et les prêtres qui touchent si souvent le corps de Jésus-Christ
comme ils doivent aimer le Saint qui, le premier de tous les
hommes reçut le Sauveur entre ses mains, qui offrit au Père
éternel les prémices du sang précieux que le Verbe incarné
versa dans la circoncision.

Ils ont souvent occasion de porter aux malades Jésus caché
sous les voiles du Sacrement ; ils doivent alors se rappeler
avec quels tendres sentiments de piété, de révérence et d'amour,
Joseph portait le divin Enfant entre ses bras sur le chemin de
l'Egypte.

Joseph était l'intendant de la maison de Dieu ; les mêmes
fonctions sont dévolues aux prêtres.

Il était le dispensateur des dons de Dieu ; les prêtres le sont
également. Il était le gardien du pain de vie, c'est là leur grand
prévilège.

Il touchait, il portait, il élevait, il baissait le corps de Jésus-Christ ;
les prêtres ne le font-ils pas de même ?

Si Jésus était soumis à Joseph, il l'est et d'une manière plus
admirable encore à ses prêtres.

Si Joseph revêtit les membres de Jésus, les prêtres, lavent
les linges et les vases de l'autel, enveloppent le ciboire de Jésus,
voilent son Tabernacle et ornent son trône couronné de fleurs.

Qu'est-ce que l'exposition, la procession, la bénédiction, la communion,
l'action d'ouvrir et de fermer le tabernacle, sinon autant de répétitions
de ce que saint Joseph faisait pour l'Enfant-Jésus.

Les prêtres ont un prévilège sur saint Joseph en consacrant
le corps de Jésus et en lui donnant naissance à l'autel.

Joseph trouvait dans les mains de Jésus la grâce d'agir uniquement
pour lui, dans les yeux de Jésus la lumière qui le faisait sans cesse
pénétrer de plus en plus ses divins mystères, dans
le cœur de Jésus des flammes d'amour qui l'embrasaient à
chaque instant d'une charité toujours plus vive et plus ardente.

Jésus veut produire les mêmes effets dans nos âmes ;
il se remet tout entier à notre discrétion. Prions donc souvent
saint Joseph de nous obtenir la grâce d'être de dignes ministres d'un
sacrement qu'il n'a pas eu le bonheur d'administrer ni de
recevoir.


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Rappelons-nous souvent cette parole de M. Olier, fondateur
du séminaire de Saint-Sulpice : " Notre-Seigneur dans sa bonté
m'a fait connaître qu'il a chargé saint Joseph du soin de ses
prêtres. "

Et saint Léonard de Port Maurice disait aux prêtres : " Vous
trouverez en tête de votre hiérarchie saint Joseph, le premier
qui ait administré le patrimoine de Jésus-Christ ; vous lui devez
donc une dévotion toute spéciale. "

Récitons toujours avec ferveur cette prière exclusivement
réservée aux prêtres pour être dites avant la messe, et qui
est indulgenciée par le Saint-Siège : " O Dieu qui nous avez
revêtu d'un sacerdoce royal, accordez-nous que, de même
que le bienheureux Joseph a mérité de prendre respectueusement
et de porter entre ses bras votre Fils unique, né de la Vierge
Marie, nous puissions nous aussi le bien servir à l'autel."

Allons donc à saint Joseph, nous prêtres du Seigneur qui,
dans un ministère supérieur à celui des anges, avons avec
saint Joseph des traits si frappants de ressemblance.
Comme lui,, nous sommes les chefs d'œuvre d'une famille
sainte, les gardiens du Fils de Dieu caché sous les voiles
eucharistiques, ses nourriciers dans les âmes, ses défenseurs
et comme ses pères, lui donnant à l'autel une naissance mystique.

Prenons saint Joseph pour guide, pour appui, pour modèle.
Les vertus de notre saint état sont une pureté angélique,
la prière, l'humilité, l'oubli de nous-mêmes, le dévouement aux
intérêts de Dieu et des âmes, un tendre et respectueux amour
pour Notre-Seigneur et sa tendre Mère. Ces vertus brillèrent
du plus vif éclat dans la vie de notre saint Patriarche,
supplions-le de nous les obtenir et de faire de nous ce qu'il
était lui-même un serviteur prudent et fidèle. (Eccl. 44, 17.) Mettons
aussi sous sa protection notre famille spirituelle.


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CHAPITRE XVIII - Saint Joseph, patron de la bonne mort


Le Curé d'Ars parlait souvent d'écrire un livre sur les délices
de la mort qu'il définissait " l'union avec le souverain bien. "

Ces délices un grand nombre de saints les ont goûtées.

Mgr Bougaud nous dit que la mort fut pour sainte Monique :
" un bel ange venu du ciel pour la couronner de fleurs. "

Saint Ambroise, les bras en croix, expira à l'aube du jour
c'était l'aube de Pâques, et la parole suprême qu'il dit à ses amis
fut un acte d'amour : " Je vais être jugé par celui que j'ai
beaucoup aimé. "

Avant de rendre le dernier soupir, sainte Thérèse s'écria :
"Je ne crains rien, je vais être jugée par mon meilleur ami. "

" Que ma sœur la mort soit la bienvenue, répétait saint François
d'Assise mourant. Frère médecin dites-moi que je vais mourir,
car la mort m'ouvrira les portes de la vie. "

Après avoir reçu l'Extrême-Onction et puis communié,
sainte Elisabeth s'écria d'une voix forte et claire :
" Voici que l'Epoux vient chercher l'épouse. " Puis,
à voix basse : " Silence, silence. " Et en prononçant
ces mots elle baissa la tête comme dans un doux sommeil,
et rendit en triomphe le dernier soupir.

" Les justes m'attendent, murmurait saint François de Sales,
terrassé soudain par la maladie, et il s'en allait prendre place
dans les phalanges des justes.

Sur son lit de sangle, autour duquel brillait l'auréole de toute
une vie de sacrifices, le Père de Ravignan répétait avec une
ardeur de soldat blessé : " Combattez, combattez les combats
du Seigneur. " Et quand au milieu de la nuit, le Père qui le veillait,
voyant à certains signes que la mort approchait, lui dit : " Allons,
mon frère, vous allez mourir, " le saint religieux
s'écria : " Enfin, merci. "

Sur la tombe de tous les saints nous pourrions mettre cette
inscription gravée sur celle de sainte Sabine : Ut moriens
viveret, vixit ut moriturus, pour vivre dans la mort,
elle vécut comme devant mourir. "


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Mais si la mort de tous les saints est paisible, précieuse devant
Dieu et devant les hommes, qui pourra célébrer dignement celle du
saint patriarche Joseph ? Sa mission sur la terre est terminée.
Durant trente ans, il a rempli fidèlement les devoirs de l'Epoux
le plus chaste, du père le plus aimant. Il est étendu sur son lit
de pauvre ouvrier. Auprès de lui, à sa tête, le soutenant doucement,
est Jésus. Il parle et comme il parlera plus tard à Marthe
de Béthanie : "Je suis la Résurrection et la Vie ; " comme
il parlera aux Apôtres : " Je veux que là où je suis, se trouve
aussi mon serviteur ; " comme il parlera à son compagnon
de la croix : " Vous serez avec moi au paradis ; " Il lui suggère
la parole que lui-même près de mourir dira à son Père : " Père,
je remets mon esprit entre vos mains. "


Auprès de Joseph, se tient la Sainte Vierge Marie, celle à qui
nous disons si souvent : Priez pour nous, pauvres pécheurs,
maintenant et à l'heure de notre mort. " Elle ne prie pas pour
Joseph, elle prie avec lui.


La mort de notre glorieux Patriarche fut un couchant de
soleil magnifique ; il mourut doucement, comme la barque
touche au rivage d'un branle léger et insensible ; son âme
se détacha de son corps comme le fruit mûr tombs dans la main
qui le cueille. Nulle mort fut aussi belle que la sienne ; tout
se réunit pour rendre son trépas heureux et consolé. Dans le passé,
il voit une vie innocente et pure, consacrée à la pratique des
plus nobles vertus ; il voit les services sans nombre rendu à Jésus,
à Marie, à l'Eglise, à l'humanité tout entière ; une vie de travail
et de souffrance acceptée avec patience, en esprit de foi et de
charité. Le passé ne lui laisse donc rien à regretter, rien à craindre ;
il ne lui offre que des motifs d'espérance.


Le présent lui rend la mort non seulement bonne, mais consolante et joyeuse.
Il expire entre les bras de Jésus, son Fils et son Dieu, entre le bras de Marie.
Et Jésus et Marie, à cette heure suprême, récompensent par des grâces de choix
tout ce qu'ils doivent à son amour. Ils le soutiennent et le consolent ; ils
réconfortent et réjouissent son cœur par les grâces les plus douces ; ils versent
dans son âme la paix et la joie.


L'avenir lui montre après une courte attente dans les Limbes,
la joie de revoir Jésus ressuscité et le ciel où le Père céleste
accueillera celui qui l'a si dignement représenté auprès du
Sauveur et qui s'est montré un serviteur bon et fidèle.


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Le saint vieillard Siméon mourut en paix et plein de joie
pour avoir eu le bonheur de voir Jésus et de le porter dans ses bras
pendant quelques instants. Combien plus justement Joseph, avant
d'expirer put-il chanter ce cantique de joie et d'espérance : "Et
maintenant, mon Dieu, laissez aller en paix votre serviteur."


" O trop heureux, trop privilégié, chante l'Eglise, le saint vieillard
qui vit veiller auprès de lui, à son heure dernière, Jésus-Christ et
la Vierge, le visage serein. Vainqueur de la mort et délivré des filets
de la chaire il s'endort d'un paisible sommeil ; il arrive aux demeures
éternelles où son front est orné d'une brillante couronne.


O nimis felix, nimis o beatus,
Cujus extremam vigiles ad horam
Christus et Virgo simid adstiterunt.
Ore sereno

Hinc, stygis victor, laqueo solutus
Carnis, ad sedes placido sopore
Migrat œternas, rutilisque cingit
Tempora sertis.


Un jour, nous aussi nous mourrons. Qui que nous soyons,
quoique nous fassions, un jour viendra où nous serons couchés
côte à côte, muets et froids comme le marbre qui recouvrira
notre cadavre.

Ce qui peut encore assombrir cette pensée, c'est que ce jour
n'est pas loin. La vie est si courte ! Elle est, dit l'Ecriture Sainte :
" Un coursier qui s'élance dans la plaine et qui disparaît. "
La vie, dit-elle : " Est un oiseau qui passe et repasse
dans les airs sans laisser de traces de son passage ; elle est une
fleur qui s'épanouit à l'aurore et qui se flétrit au coucher du
même soleil. " Sur cette terre nous sommes entre le passé
qui est un abîme et l'avenir qui en est un autre, et, entre ces
deux abîmes il y a un temps inconnu qui est à la mort. Le
fera-t-elle long ? Le fera-t-elle court ? Nous l'ignorons. Ce
qui est certain, c'est que dans quelques mois, dans quelques
semaines, dans quelques jours peut-être, nous sentirons les
cruelles atteintes de notre dernière maladie; nous paierons notre
tribut à la nature ; nous serons portés dans notre dernière demeure
ici-bas ; nous aurons tout quitté au plutôt tout nous quittera.
Au milieu de quelques pleurs sincères ou affectés, nous descendrons
seuls dans la tombe, n'emportant de tout ce que nous aurons
possédé qu'un linceul et quelques planches. Et alors tout sera
fini avec les hommes, mais non pas avec Dieu à qui chacun
devra rendre un compte sévère de l'usage qu'il aura fait de la
vie.


La mort fixera à jamais notre destinée. Quelque part l'auteur de l'Imitation
raconte qu'un jour un religieux disait : " Ah ! si je savais le jour et l'heure de
ma mort ; " Et il lui fut répondu : " Faites comme si vous saviez que c'est
pour aujourd'hui, " et quand le moment viendra effectivement,
vous vous trouverez bien de vous être ainsi comporté.


A SUIVRE...

[InHocSignoVinces]

Sans doute la plus sûre garantie d'une bonne mort c'est une
bonne vie ; mais il ne faut pas oublier qu'alors nous aurons à
soutenir un terrible combat. Satan fera des efforts inouïs pour
nous perdre. Il emploiera toutes ses ruses pour endormir,
troubler ou désespérer notre conscience. Nous ne pourrons
pas résister seul et celui qui est le plus capable de nous aider
à bien mourir, c'est bien saint Joseph.


De temps immémorial il a été invoqué par les chrétiens comme
le patron spécial de la bonne mort. Et pourquoi ? Parce que nul
au monde n'a fait avant lui une aussi belle et une aussi bonne
mort. Il est mort entre les bras de Jésus et de Marie, comblé
de grâces, de bénédictions divines, avec l'assurance de son salut
éternel, dans une gloire incomparable. Qui ne désirerait ardemment
mourir dans une assurance équivalente, toute proportion gardée ?


De plus, saint Joseph est le Père adoptif du Juge Souverain
de qui seul dépend notre salut éternel. Moïse n'était que le chef
et le conducteur d'Israël, et cependant il en use à l'égard de
Dieu même avec tant d'autorité que, s'il le prie en faveur de
ce peuple rebelle, sa prière devient un commandement qui lie
les mains à la divine majesté et la réduit à l'impuissance de
châtier les coupables jusqu'à ce que Moïse lui en ait rendu
la liberté. Mais combien plus d'autorité n'aura pas pour lier
les mains au Souverain Juge notre saint Patriarche qui fut
appelé à la dignité sublime de guide, de gardien, de père de
celui qui jugera les vivants et les morts ! Avec un pareil avocat,
on est d'autant plus sûr de gagner sa cause qu'en la plaidant
il va au-devant de la volonté de Jésus dont l'Incarnation
n'a eu d'autre raison d'être que la manifestation de sa bonté
pour nous et du désir qu'il a de notre salut.


Saint Joseph est le plus puissant pour nous protéger à cette
heure contre les redoutables assauts du démon. Le divin
Sauveur, pour le récompenser de lui avoir sauvé la vie en délivrant
de la fureur d'Hérode, lui a donné le pouvoir spécial de soustraire
aux embûches de Satan et à la mort éternelle les agonisants
qui se sont mis sous sa protection.


Et nous n'avons pas à craindre de voir saint Joseph aux
prises avec Satan. Il est l'Epoux de celle qui lui a écrasé
la tête ; il est le Père de celui qui a renversé son empire ; Dieu
s'est servi de lui pour déjouer tous les pièges tendus à l'honneur
et à la vie de sa Fille et de son Fils bien-aimés.


A SUIVRE...

[InHocSignoVinces]

Il est donc juste et raisonnable de choisir saint Joseph pour
protecteur au moment critique et inévitable de la mort. Père
de notre Juge, il ne manquera pas d'autorité pour l'apaiser et le
ramener à la clémence. Vainqueur des démons, il saura
les chasser du lit de la mort par sa présence. Favorisé lui-même
de la mort la plus douce et la plus heureuse qui fût jamais,
il viendra aider à bien mourir ceux qui l'auront invoqué
et se seront déclarés ses dévots serviteurs pendant leur vie.


Une âme chrétienne ne désire pas seulement un protecteur
qui puisse la soutenir dans ses derniers combats, elle cherche
encore un ami qui sache la consoler, la fortifier et lui adoucir
les angoisses de la mort. Or qui saura mieux remplir un si utile
et si doux ministère que celui qui reçut lui-même à la mort
les plus puissants secours et les plus douces consolations qui furent
jamais ? A Joseph seul éteit réservé le bonheur de voir d'un
côté Jésus, de l'autre Marie entourer son lit funèbre. Tous deux
en effet, reconnaissants des services que saint Joseph leur avait
rendus durant tant d'années avec tant de zèle et d'affection,
les lui rendaient à leur tour, comme à l'envi, pendant sa dernière
maladie. Ils le servaient de leurs propres mains avec une
charité digne de l'Homme-Dieu et de la Mère d'un Homme-Dieu.
Ils suppléaient aux secours que leur pauvreté ne permettait
pas de donner par des soins redoublés, par des gages de tendresse
qui ravissaient d'admiration toute la cour céleste.


C'est un fait d'expérience mille fois constaté que l'agonie
des pieux serviteurs de saint Joseph n'est que le prélude de
leur réveil dans la paix du Seigneur. Sainte Thérèse, parlant
des derniers instants de ses chères filles si dévotes à leur
saint Protecteur a dit : " J'ai remarqué en elles, au moment
de rendre le dernier soupir, une paix et une tranquillité indicibles ;
on eut dit qu'elles entraient dans un ravissement ou dans le repos
de l'oraison. Rien n'indiquait au dehors que quelque tentation
troublât la paix intérieure dont elles jouissaient. Ces saintes
lumières ont banni de mon cœur la crainte que j'avais de la mort.
Mourir me semble maintenant la chose la plus facile pour une
âme dévouée à saint Joseph."


A SUIVRE...

[InHocSignoVinces]

Il doit être facile en effet de mourir quand on s'est fait une douce habitude de demander souvent cette grâce par l'intercession de celui qui a tant de pouvoir sur le vainqueur de la mort. Cette habitude prouve que nous avons souci de nos fins dernières, et elle ne règne pas ordinairement dans une âme amie du péché ; car l'Esprit-Saint nous dit : " souvenez-vous de votre fin dernière et vous ne pécherez jamais. " Saint Anselme à écrit : " Ils ne sont jamais surpris par la mort ceux qui ne perdent jamais de vue leur dernier jour." Cette vue nous deviendra familière, réglera notre conduite et rendra notre mort précieuse devant Dieu, si nous demandons chaque jour à saint Joseph de l'entretenir en nous.


De même que la Très Sainte Vierge a été conçue sans tache dans l'amour, et comme dans le sein de Dieu, de même saint Joseph est mort sous le regard et dans les bras de Jésus et de Marie.


Mais cette faveur, incomparable dans son genre, il ne l'a pas reçue pour lui seul. En la lui accordant, le Seigneur y a joint une mission, un office spécial. Il a confié à son saint Privilégié le ministère, et s'il est permis de parler ainsi, le département de la bonne mort. Voilà pourquoi saint Joseph est partout reconnu, honoré et invoqué dans l'Eglise de Jésus-Christ comme le patron par excellence des agonisants.


Demandons-lui donc souvent la grâce d'une bonne mort ; disons-lui souvent :

Joseph, saint époux de Marie,
Des mourants puissant protecteur.
Soyez notre guide en la vie,
A la mort notre défenseur.


Et quand nous serons à l'entrée de ces sombres défilés qui
conduisent à la vie d' outre-tombe, la main paternelle de
ce grand Saint viendra délier les liens qui nous attachent
si fortement à la vie ; son influence fera pénétrer dans notre âme
les sentiments résignés et confiants ; il nous rappellera que
notre juge est aussi notre frère ; il fera passer de son cœur
dans le nôtre quelques étincelles de l'amour immense qui
le consuma jadis ; il recueillera nos âmes quand elles
s'envoleront pour le voyage de la terre au ciel, et il les
présentera à son Fils, au Jésus qui est mort pour les âmes.


Et ceux qui seront près de nous à notre dernière heure,
témoins de notre confiance en Dieu et de notre joie,
seront tentés de nous dire :

Triomphe donc, âme exilée,
Tu vas sous un monde meilleur
Où toute larme est consolée
Où tout désir est le bonheur.

Encore une heure de souffrance
Encore un douloureux adieu
Puis endors-toi dans l'espérance
Pour te réveiller dans ton Dieu.


A SUIVRE...